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EAN : 9782707300959
273 pages
Editions de Minuit (01/01/1976)
3.07/5   15 notes
Résumé :
Tony Duvert parle de l’homosexualité. Même si la description d’actes sexuels est présentée sans fard, le récit ne vise pas la provocation. L’homosexualité, qui répond aux mêmes exigences que la sexualité officielle, est considérée comme scandaleuse dans la mesure où elle met en question le pouvoir politique, au sens le plus large du terme. L’auteur s’amuse à décrire des situations terriblement choquantes qui seraient pourtant admises si elles ne concernaient pas des... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Depuis leur fondation, les Editions de Minuit se consacrent à la publication d'auteurs marginaux, expérimentaux, uniques en leur genre. C'est Minuit qui a diffusé les principaux néo-romanciers, Alain Robbe-Grillet, Claude Simon, Robert Pinget. C'est aussi Minuit qui publia les premiers écrits d'Hervé Guibert et d'autres auteurs que l'innovation formelle tentait moins que la marginalité des moeurs, et sa traduction littéraire. C'est ainsi que par hasard, je suis tombé sur le "Journal d'un Innocent" de Tony Duvert, paru en 1976, récit mené par un narrateur non seulement homosexuel comme beaucoup d'autres, mais aussi pédophile revendiqué, comme Jean Genet, Picasso, ou Daniel Cohn-Bendit et certains éditorialistes du journal Libération. Inutile d'ajouter que depuis 1976, les moeurs ont changé et qu'il est devenu impensable de publier pareil ouvrage aujourd'hui. Heureusement pour lui, l'auteur est mort en 2008.

L'intérêt de ce livre ne réside d'ailleurs pas dans le relent de scandale qu'il pourrait avoir acquis avec le temps. Notre narrateur y raconte ses séjours dans une ville innommée du Sud méditerranéen, peut-être au Maroc, et ses multiples rencontres amoureuses et sexuelles avec des garçons de tous âges auxquels il attribue des pseudonymes espagnols déformés tirés d'un livre De Quevedo en sa possession. Autrement dit, ce que nous considérons comme la limite légale d'âge autorisé n'a absolument aucune pertinence pour lui, ni dans ce pays, ni à cette époque. On se souvient des échanges réels de jeunes garçons entre Gide et Montherlant et l'on aura une idée de la relativité des moeurs et des époques.

Le narrateur raconte d'une plume allègre ses bonheurs sensuels et ses relations avec une série de jeunes gens, sans jamais oublier que ce qui les attire vers lui, Européen, c'est son argent et les cadeaux qu'il leur fait. Pas plus que les questions d'âge, cette relation de prostitution ne semble entamer sa bonne humeur et son goût du plaisir sans le moindre remords. On pourrait penser au Marquis de Sade, dont les récits sexuels sont très souvent étrangers à toute moralité, mais Sade ne raconte ces choses que pour démontrer ses thèses philosophiques, et il y a une lourdeur, une espèce de pédagogie immorale, qui le différencie très nettement de Tony Duvert.

Ces récits et cette chronique, drôles et bien écrits, passeraient presque, si, comme souvent, l'auteur ne se substituait au narrateur en seconde partie de volume et ne se mettait à prêcher ses vues sur la société, l'éducation des enfants, le sexe, etc, dans le plus pur esprit de 1968. On ne lui reprochera pas d'être de son temps, mais de laisser son temps, sa gravité enseignante, son idéologie libertaire et barbare, alourdir sa prose et la priver de sa grâce. Les auteurs de ce temps-là, tels W. S. Burroughs (si l'on excepte les néo-romanciers dont les oeuvres paraissaient chez Minuit) semblaient ne pouvoir s'abstenir d'injurier leurs lecteurs et le monde où ils tentaient de survivre : c'est déjà le cas, bien avant Tony Duvert et 1968, de Jean Genet dans son "Miracle de la Rose", ou bien "Notre-Dame des Fleurs", autres romans pédophiles. Ces auteurs semblaient penser que la déviance de leurs moeurs les autorisait à juger le monde de leur point de vue particulier, comme si la parole du déviant avait plus de valeur que celle des autres. Un des plus récents écrivains de ce genre, fort doué, fut Guillaume Dustan, victime de cette illusion.

"Journal d'un innocent" est donc un livre exotique à deux titres : l'un, parce qu'il dépeint une sexualité étrangère et contraire à nos principes et à nos lois ; l'autre, parce qu'il porte la marque d'idées mortes et d'un militantisme défunt qui furent dominants entre 1970 et 2010, au moment où la morale est enfin revenue investir le champ littéraire.
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Dans le dernier roman de Rachid O, Analphabètes, il y avait un passage dans lequel un protagoniste lisait ce livre et riait beaucoup, je me le suis procuré et là quelle surprise quand je me suis aperçut que c'était le journal (réel) d'un pédophile.
Il m'est arrivé de lire des livres traitant de ce sujet mais par dérision, humour noir dans tous les cas dans des fictions déjantées ou l'on ne respecte rien, je pense que l'on peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui.
Ici, ce n'est pas de l'humour, c'est du prosélytisme pour une pédophilie décomplexée qui se donne bonne conscience à travers des arguments irrecevables.
Au bout de quelques pages, j'ai eu envie de reposer ce livre, il me dérangeait, me remuait, me donnait la nausée. Une nuit de sommeil plus tard je me suis dit que c'était l'occasion de savoir ce qu'il y avait dans la tête d'un pédophile, de surcroit intelligent.
C'est le pire, ce livre est très bien écrit (en tous cas au commencement), le langage est fluide, évolué et agréable. Ce livre a été publié aux éditions de minuit en 1976, son auteur a reçu le prix Médicis en 1973, il est reconnu et ne vit pas caché ni enfermé, là je m'interroge sur les dérives post soixante-huitardes.
Je condamne et je réprime ces moeurs que je ne comprends ni ne tolère, cependant je reprends ma lecture.
Ce livre a sans nul doute du faciliter l'amalgame homosexualité/pédophilie, je m'en insurge et cela me consterne, que des adultes consentant soient libres de leur sexualité, c'est une évidence, que l'on pense que les enfants le sont aussi sous prétexte qu'ils se seraient pas mal traités, là j'ai envie de vomir. Je tremble à l'idée que ce livre a du rassurer ou même converti des gens à cette perversion qu'est la pédophilie.

Revenons-en au livre. Son auteur vie dans un pays étranger, on peut imaginer que l'histoire se situe au Magreb. Il abuse des enfants pauvres qui vont le trouver pour troquer leur jeunesse contre de l'argent, du tabac, des fruits. Ils le font en secret de leurs proches à moins que leur famille ne ferme les yeux en échange d'arrangements vénaux.
Il se donne bonne conscience en disant qu'un pédophile ne viole ni ne brutalise les enfants alors que ceux-ci reçoivent de mauvais traitements de leurs parents, on devrait presque les remercier.

Cependant, au milieu du livre, je cale, je n'en peux plus des descriptions cliniques de ces ébats avec de jeunes hommes, je vois de quel livre s'est inspiré Camus (non, l'autre) pour écrire Tricks deux ans plus tard.
J'ai bien aimé la prose du début et la pornographie littéraire qui a suivi m'a vite lassé.
Je vais donc mettre deux étoiles pour le style du début tant que l'on reste hors contexte et je ne conseille ce livre à personne.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Ma ville est de celles ou les pauvres sont les plus encombrants : ils ont l'air chez eux.
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