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EAN : 9782262035297
700 pages
Perrin (19/12/2014)
4.29/5   35 notes
Résumé :
Consacré au conflit le plus emblématique de la rivalité franco-britannique au XVIIIème siècle, l'ouvrage associe l'histoire militaire et diplomatique à une analyse de la culture politique des puissances belligérantes. Son ambition est de montrer que la guerre de Sept Ans, loin de limiter ses effets au bouleversement de l'ordre européen et à la domination maritime et coloniale britannique, s'est également traduite par des mutations politiques capitales en France, en ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Le livre de Dziembowski s'ouvre sur une pièce de théâtre célèbre en 1765 qui, aujourd'hui nous est inconnue. Celle-ci raconte le sacrifice de six bourgeois lors du siège de Calais en 1347 imposé par la Grande-Bretagne. Ce qui fait l'énorme succès de cette pièce c'est que ce sacrifice se fait au nom de la nation. Car, comme nous le fait le comprendre l'auteur tout au long de l'ouvrage, s'il y a bien une chose à retenir de la guerre de Sept Ans c'est cette idée novatrice et envoutante, la nation.
La Guerre de Sept Ans, bien qu'étant à l'origine un conflit européen, se déroule sur l'ensemble des continents. Cette guerre a pour toile de fond, l'équilibre des puissances européennes qui caractérise toute l'époque des Lumières depuis le règne de Louis XIV. L'idée est qu'aucune puissance européenne ne peut et ne doit se montrer trop puissante. Ainsi, chaque guerre de conquête est vue comme une atteinte à ce principe qui gère toute la diplomatie des XVIIème et XVIIIème siècles.
Les alliances semblent, avant le déclenchement du conflit, immuables car vieilles de près d'un siècle. La France dispose de deux ennemis, l'un sur mer, la Grande-Bretagne et l'autre sur terre, l'Autriche.
L'Angleterre, elle, n'est pas vraiment une île et ne l'a jamais vraiment été par les alliances dynastiques qu'elle noue. Avant guerre, elle est liée au Roi de Prusse.
Ces deux blocs, l'un mené par la France et l'autre par l'Angleterre, constituent le « vieux systèmes ». Et, en cas de conflit, on sait qui s'opposera à qui.
La Prusse, nouveau protagoniste européen, devient, au fil du XVIIIème siècle une véritable « machine de guerre » pour reprendre l'expression de l'auteur, qui se met en marche sous le commandement d'un despote fanatique, Frédéric II. Souhaitant intégrer la Silésie à son royaume, ce dernier attaque l'Autriche et rompt ainsi l'équilibre des puissances.
D'un autre côté, le conflit qui oppose la France et la Grande-Bretagne se fait d'abord loin de la vieille Europe dans les colonies américaines, au nom de l'hégémonie commerciale. Là-bas aussi, un certain équilibre doit être respecté. L'un ne doit pas empiéter sur le territoire de l'autre. Or, nous sommes loin, trop loin, et le territoire à gérer est immense.
Si la guerre qui se déclenche entre la Prusse et l'Autriche se fait au nom de la conquête, celle qui se déroule entre la France et la Grande-Bretagne se fait au nom de l'hégémonie commerciale. Désormais, et c'est un fait nouveau né de la guerre de Sept Ans, un lien se crée entre empire colonial et marine de guerre. Il faut protéger ses intérêts économiques et souvent c'est le déclenchement d'un conflit. L'un se met au service de l'autre.
Ainsi, la guerre qui s'en vient est une guerre de conquête. Territoriale en Europe, commerciale en Amérique et se fait au nom de la puissance. Brisant ainsi l'équilibre fondamental qui régnait jusqu'alors. Car, si ces deux conflits (Angleterre France et Prusse Autriche) restent distincts au départ (bien qu'il faudrait relativiser ce propos) leurs finalités, leurs objectifs ne le sont pas. Tout est lié et aucun conflit ne peut désormais se comprendre de manière isolée.
Le traité de Versailles, signé en 1758 entre la France et l'Autriche, met fin au « vieux système ». le bouleversement provoqué par cette nouvelle alliance avec l'ennemi d'hier se fait au nom de la victoire finale qui devient l'objectif clairement défini. Les alliances ne se font pas au nom d'identité (dynastique ou religieuse) commune mais au nom d'un intérêt commun. La guerre prend ainsi la tournure qu'on lui connaît aujourd'hui. Cette alliance est, peut-être, l'une des dernières qui se fait sans l'aval de la nation qui reste circonspecte face à ce choix.
Cette guerre, pourrait être vue (cela n'engage que moi) comme une première forme de guerre totale. Certes, pas comme celles que connaitra le XXème siècle, mais on peut y voir une certaine forme d'engagement total. D'autant plus avec l'émergence, nous le verrons plus loin, de la nation à qui il faut rendre des comptes, notamment par voix de presse.
Car, au delà du nombre de batailles, toujours plus importantes durant la guerre, on voit apparaître un nouvel acteur indispensable pour mener un conflit de grande importance, le peuple et les politiciens qui l'incarnent. Pitt pour l'Angleterre et Choiseul pour la France. Sans le peuple, il est désormais impossible de consentir aux efforts (fiscaux) demandés. Ces deux hommes l'ont rapidement compris et chacune de leurs décisions se fait au nom du peuple. Car sans leur soutien, nulle guerre ne peut se gagner.
Outre-Atlantique, le républicanisme est, depuis les premières migrations, ce qui marque une nette différence entre Britanniques et colons britanniques. Pour les uns, toute action politique se fait au nom du peuple, pour les autres, il se fait au nom du Roi. le désaccord s'efface lors de la guerre car l'ennemi est commun. Or il s'affirmera immédiatement la paix signée. La France n'est pas en reste, car le peuple, sollicité durant la guerre, replonge dans un silence absolu. Les frustrations sont grandes pour une nation que les politiciens n'ont pas vu éclore.
Un autre acteur enfin est indispensable pour gagner la guerre en Amérique, le peuple indien que l'on a regroupé en une seule et même entité. On sait pourtant que ce peuple est aussi diversifié que l'est l'Europe.
Les promesses qui leur sont faites, le sont afin de s'approprier leur soutien mais aussi pour l'effroi qu'ils peuvent provoquer chez l'adversaire, véritable cauchemar pour l'ensemble des soldats embarqués dans le Nouveau monde.
Aux sorties de la guerre, les Anglais instaurent un régime de soumission afin de contrôler ces Indiens, alliés désormais dérangeants. La révolte de Pontiac qui s'en suit marque le début d'une guerre sans merci dans laquelle on parle de « guerre bactériologique » (p. 672). Plus que la représentation des colons britanniques à la bonne marche de l'État, c'est la relation entre la Couronne et les Amérindiens qui marque le conflit en gestation.
Côté Français, la paix signée en 1763 est inespérée aux vues de l'écrasante victoire anglaise. Or, la France conserve, malgré la perte de son premier empire colonial, de multiples points stratégiques. Bien que le désir de vengeance soit immense, l'Angleterre paraît bien clémente face à son adversaire. Car la guerre qui se termine a fait plus d'un million de victimes. du jamais vu jusqu'à présent. L'Europe est, certes, meurtrie par ce conflit, or, elle inaugure une domination qui ne cessera vraiment que deux siècles plus tard, aux sorties de la Seconde Guerre mondiale.
Enfin, autre phénomène majeur et à retenir pour mieux saisir l'importance de ce conflit et qui naît de cette première confrontation planétaire est l'émergence du peuple comme acteur majeur dans la diplomatie et, indirectement la politique des royaumes.
C'est d'abord en Grande-Bretagne que la volonté du peuple a contribué aux affaires publiques s'est faite ressentir. Puis celle-ci gagne le royaume de France. Les royaumes européens sont désormais face à un peuple qui veut jouer un rôle dans l'arène publique.
Le mot « patrie » devient dès lors en vogue. Car toute décision politique doit désormais se faire en son nom.
L'auteur revient en conclusion sur la pièce de théâtre évoquée dans l'introduction. Et c'est alors qu'elle prend tout son sens. L'histoire n'est pas celle du conflit qui vient de se conclure or c'est pour mieux exalter le public. Car désormais le maître mot, liant la tragédie et la guerre de Sept Ans et « patriotisme ».





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Voici une très bonne synthèse sur la Guerre de Sept ans, 1756-1763, véritable première guerre mondiale. Les combats se déroulèrent en effet en Amérique du Nord, en Europe, aux Indes, aux Antilles et pour une petite part en Afrique.

Le conflit débuta en Amérique du Nord, opposant deux puissances coloniales, la France et l'Angleterre. Louis XV, voulant éviter une extension au théâtre européen, imposa un virage diplomatique, en s'alliant avec l'Autriche, l'ennemi séculaire; cela pour neutraliser l'alliance anglo-prussienne.

Mais cela aboutit au résultat contraire : Frédéric II de Prusse, se sentant menacé, déclencha une attaque préventive et la France fut impliqué pour sept ans dans un conflit européen où elle avait peu d'intérêts. Défaite outre-mer et en Europe, elle perdit ses colonies canadienne et indienne. Et cette guerre fut la base de la puissance navale et coloniale de l'Angleterre.

L'ouvrage ne faisant que 500 pages, l'auteur doit survoler certains sujets. Ainsi, si il traite à fond les négociation diplomatiques, le front nord-américain et la politique intérieure en France et en Angleterre, il n'approfondit pas trop la guerre navale ou le front d'Europe centrale.

L'auteur insiste sur certains personnages décisifs, le ministre anglais Pitt, Choiseul ou Frédéric II (assez maltraité dans le livre). Il insiste sur le grand rôle de la propagande, celle de Frédéric II, pourtant grossière et mensongère, étant la plus efficace. Il montre surtout comment ce conflit entraîna une poussée du sentiment démocratique en France, en Angleterre et dans l'Amérique anglo-saxonne. Louis XV, via l'influence néfaste prêtée à Madame de Maintenon, y perdit sa popularité.

Loin de l'imagerie de la Guerre en dentelles, les batailles furent de véritables boucheries, surtout en Europe centrale. La "petite guerre" en Amérique du Nord fut toute aussi violente. Les Français durent s'allier aux Indiens, partenaires malcommodes; ils doivent leur défaite au Canada en grande partie à la perte de cette alliance.

Le texte est extrêmement clair et même plaisant, y compris pour les négociations diplomatiques. Et le choix des citations est judicieux; elles tombent toujours à propos, mais elles reflètent aussi l'esprit délicieux du Siècle des Lumières. On peut regretter le manque de cartes (juste 3, en fin de volume, et qui aident peu).

En gros, un ouvrage qui informe énormement et qui incite à en savoir plus le sujet. Donc excellent.




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Ce livre est un référence sur un évènement fondamental et pourtant méconnu de notre histoire. L'oubli de cette guerre contre l'Angleterre s'explique sûrement par notre peu d'empressement à ressasser nos défaites... Heureusement, la traduction de Dziembowski peut ressusciter notre mémoire.

On découvre alors un changement d'alliance majeur pour notre pays : on se tourne vers l'Autriche plutôt que la Prusse, d'où la venue de Marie-Antoinette quelques décennies plus tard. Visiblement cela ne fut pas notre choix le plus judicieux vu le résultat des batailles sur le front européen.

En effet, l'Europe n'est qu'un front parmi d'autres. On se combat aussi en Amérique du nord, où les Français sont bien moins nombreux que les Anglais, mais nous sommes bien aidés par des Indiens. Les affrontements ont aussi eu lieu en Inde : la France et l'Angleterre s'y disputent la création d'une zone d'influence.

Je recommande ce livre pour découvrir la guerre de 7 ans. Il est simple, très factuel (il manque juste, à mon avis, quelques explications de fond, par exemple sur la démographie des différents pays européens), et nous permet de comprendre pourquoi Churchill appelait ce conflit "la véritable première guerre mondiale". Bref, une guerre pour le contrôle du monde, on ne peut s'empêcher de se demander ce qui serait arrivé si la France avait gagné...
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Ce livre est passionnant ! Parce qu'il engage dans une histoire largement méconnue, celle de la Guerre de sept ans, dans des terres elles aussi ignorées, d'abord dans les colonies canadiennes, et aussi parce qu'il emmène le lecteur dans la compréhension subtile de ce que fut la diplomatie avant la première guerre mondiale. le cheminement historique est vraiment captivant, prélude aux révolutions et guerres napoléoniennes, écho à ce qui a construit l'Europe que nous connaissons. La théorie de l'auteur selon laquelle la guerre de sept fut le premier conflit mondial surprend d'abord, et devient sérieuse à la lecture d'un livre très bien écrit.
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Sur un sujet sur lequel je ne connaissais presque rien, un livre que j'ai trouvé particulièrement passionnant tout en restant d'un bout à l'autre particulièrement facile à lire. Cette guerre qui nous conduit du Canada à la Prusse en passant par la Bretagne fait ici l'objet de ce long livre (plus de 800 pages) que j'ai en réalité dévoré.
J'ai trouvé que l'auteur avait le don de nous rendre très clairs les enjeux géostratégiques de l'époque, mais c'est aussi un historien très actuel qui étude la propagande politique mise en place en particulier en Angleterre. Les pages sur la guerre menée avec et contre les Indiens sont saisissantes.
Ne pas se laisser rebuter par la grosseur de ce livre tout à fait excellent !
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Oswego a constitué le baptême du feu au Nouveau Monde pour Montcalm et ses hommes. Ils en ressortent pour le moins ébranlés. Jean-Nicolas Desandrouins, qui a participé à la prise d'Oswego en qualité d'ingénieur militaire, est horrifié par la conduite des Indiens : "Je ne vous parle pas des horreurs et des cruautés des Sauvages. L'idée que l'on en a en France est très juste à cette égard. Il est malheureux de faire la guerre avec de pareilles gens, surtout quand ils sont ivres, situation où rien n'arrête leur fureur".
La "petite guerre" n'est pas belle, c'est un fait.
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A la fin de l'année 1757, Louis XV et Bernis contemplent avec effarement un spectacle qui, quelques mois plus tôt, paraissait inimaginable : une armée française humiliée par le petit marquis de Brandebourg, une guerre d'Allemagne appelée à durer, une guerre d'Allemagne qui, en vertu des clauses du deuxième traité de Versailles, engage massivement la France. Le tournant de la guerre de sept ans est atteint.
p232
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Alors que le parti allemand l'emporte en France et que les regards commencent à se détourner du Canada et de l'Ohio,  les partisans d'une politique étrangère favorable au Hanovre ont cédé la place en Angleterre aux Patriotes décidés à défendre de toutes leurs forces leurs cousins d'outre- Atlantique.
P223
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La veille, Frédéric II, dramatisant l'enjeu, s'efforce de faire revivre dans le coeur de ses généraux l'esprit qui animait les Spartiates aux Thermopyles :

"Je vous ai assemblés, Messieurs, non pas pour vous demander votre avis, mais pour vous dire que j'attaquerai demain le maréchal Daun. Je sais qu'il est dans une bonne position; mais en même temps il est dans un cul-de-sac, et, si je le bats, toute son armée est prise ou noyée dans l'Elbe. Si nous sommes battus, nous y périrons tous, et moi le premier. Cette guerre m'ennuie; elle doit vous ennuyer aussi ; nous la finirons demain."
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La Nouvelle-France a bel et bien failli connaîte un désastre. Les premiers intéressés en sont d'ailleurs conscients : quelques jours avnt la tempête qui a mis fin aux opérations d'Holburne, Montcalm rend compte en termes imagés de la nervosité qui règne toujours au Canada au sujet de l'île Royale : "de vous à moi et ne me citez pas, écrit-il à Lévis, tout le monde fait ici caca dans ses culottes pour Louisbourg."
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Vidéo de Edmond Dziembowski
Edmond Dziembowski vous présente son ouvrage "La main cachée" aux éditions Perrin.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2682131/edmond-dziembowski-la-main-cachee-une-autre-histoire-de-la-revolution-francaise
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