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Critique de Terraque


Troisième opus lumineux ! Avec « Des éclairs », Echenoz termine une trilogie dont chacun des trois ouvrages est centré sur une personnalité, l'ingénieur Nikola Tesla ici, après Ravel et Courir (Zatopek). C'est un plaisir incomparable que de retrouver la légereté de sa plume, avec toujours cette distanciation, le plus souvent bienveillante, parfois ironique et un peu cruelle, mais qui le plus souvent prête à sourire. Une manière de décortiquer l'absurde de l'existence, même (surtout?) chez les plus grand génies.

Un style direct, à l'économie, avec un vocabulaire précis et subtil, en un mot jubilatoire. Echenoz manie l'ellipse romanesque à merveille, n'hésitant pas à couper une phrase, dont on devine le prolongement, par un « etc ». Il écrit très vite que Gregor (prénom du personnage principal) est antipathique. Et pourtant, pleinement, on adhère à ses exploits, on partage ses déceptions, on en vient même à aimer comme lui… les pigeons ! Echenoz nous entraîne grâce par exemple à des phrases que lui seul Echenoz ose se permettre : « « Plus très envie de rien, d'un coup. Petit accès de tristesse » ou encore « Ma foi, dit Gregor, changer d'air pourquoi pas. Déménageons ».

J'ai ainsi découvert l'apport considérable de l'ingénieur Tesla aux avancées techniques liées à l'électricité, fin XIXème et début XXième, dont nous profitons encore pour la plupart. J'ignorais le tout, et rien que pour cela l'ouvrage vaut le détour. Un aspect histoire des sciences qui permet de relativiser sur des usages qui nous semblent aujourd'hui des acquis ! Mais surtout Echenoz livre un portrait original de la solitude du génie et de la folie créatrice. Pour moi, pas de doute, Echenoz est véritablement un virtuose, à la Ravel, et la lecture de cet ouvrage n'a suscité qu'une envie : celle de courir… compléter ma collection d'ouvrages signés de sa plume !
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