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EAN : 9782246788966
240 pages
Grasset (06/03/2013)
3.33/5   59 notes
Résumé :
Comment un jeune écrivain doit-il s'y prendre pour s'atteler à son premier roman ? Par quel chemin de ruse passer pour séduire son lecteur ? Et quel tour de magie doit-il accomplir – s'il en a le talent – pour persuader le monde que ses fictions sont des morceaux de réalité ? Telles sont, parmi d'autres, les questions auxquelles Umberto Eco (lui-même romancier octogénaire) tente de répondre ici en rassemblant ses propres souvenirs et son expérience. Des confessions ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Umberto Eco, né en 1932 à Alexandrie dans le Piémont (Italie), est un universitaire, érudit et romancier italien. Reconnu pour ses nombreux essais universitaires sur la sémiotique, l'esthétique médiévale, la communication de masse, la linguistique et la philosophie, il est surtout connu du grand public pour son roman le Nom de la Rose paru en 1980. Titulaire de la chaire de sémiotique et directeur de l'École supérieure des sciences humaines à l'université de Bologne, il en est professeur émérite depuis 2008. Son dernier ouvrage, Confession d'un jeune romancier, est sorti il y a quelques semaines.
Comment un jeune écrivain doit-il s'y prendre pour s'atteler à son premier roman ? Par quel chemin de ruse passer pour séduire son lecteur ? Et quel tour de magie doit-il accomplir pour persuader le monde que ses fictions sont des morceaux de réalité ? Telles sont les questions posées par l'éditeur en quatrième de couverture et dont le lecteur suppose avec gourmandise, les réponses à l'intérieur du bouquin. Un programme fort alléchant, en somme.
La réalité est bien différente. Si les questions sont posées en termes simples, les réponses – encore que je ne sois pas certain qu'elles y soient toutes – rédigées par Umberto Eco sont d'un tout autre matériau. Vous avez lu ci-dessus sa biographie rapide, vous comprendrez que l'auteur ne va pas se livrer en termes médiocres ou galvaudés, même si l'essai s'adresse à un grand public, il reste néanmoins un texte plutôt complexe à appréhender.
L'essai est découpé en quatre chapitres, je me suis régalé durant les cent premières pages, c'est-à-dire grosso-modo, les deux premiers chapitres puis j'ai décroché lentement. le début du bouquin est passionnant sur les recherches et la préparation de ses romans, chaque écrivain ayant ses méthodes de travail. Il décortique et dépiaute les textes, leur sens voulu ou non par leur auteur, ce qu'en fait le traducteur et ce qu'en comprend le lecteur final. Les portes sont multiples et ouvrent vers autant d'interprétations, « l'acte de lire doit prendre en compte tous ces éléments, même s'il n'est guère vraisemblable qu'un seul lecteur puisse tous les maîtriser ».
C'est alors que le vertige commence à vous prendre car à trop disséquer et vouloir expliquer, le non intellectuel comme moi, passé l'éblouissement liminaire, se rend compte que l'étalage de toute cette « cuisine » tue un peu la magie de la lecture de ses romans. Bien sûr quand je lis ses oeuvres de fictions, je sais très bien que m'échappent des références et des allusions, pour autant je prends un plaisir immense à ma lecture. Tout expliciter ne me sert pas à grand-chose s'il s'agit de références à des textes ou des auteurs que je ne connais pas ! En tout cas, voilà matière à ouvrir un débat.
Eco a une écriture alerte, un esprit ouvert et plein d'humour qui transparaît dans son texte mais sa très grande culture, quasi encyclopédique, crée un fossé entre lui et le lecteur lambda comme moi. Je vois très bien qu'il fait des efforts pour rester compréhensible par beaucoup mais trop c'est trop. Quant au dernier chapitre consacré aux listes, j'avoue que ce fut le coup de grâce…
Pour résumer, sur les deux-cent trente pages du bouquin, une centaine de pages m'ont séduit avant que je ne perde pied. Néanmoins, j'adore Eco et son écriture reste un régal pour moi, la preuve je suis allé jusqu'au bout de cet essai.
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Suite - ou mise au point des aspects les plus importants - de de la littérature.
Dans le premier chapitre, l'auteur revient sur sa propre expérience d'écriture romanesque (par rapport à l'écriture scientifique), et à la genèse de ses romans. Comparé au dernier chapitre de l'essai cité, j'ai eu l'impression que c'était plus synthétique, ou en tout cas que je n'ai rien appris de nouveau.
Le second chapitre - "Auteur, texte et interprètes" est très important dans la pensée de l'auteur, car on sait que certains ont vu - à tort - un revirement entre L'Oeuvre ouverte (1965) et Lector in fabula (1985) d'un côté, et Les Limites de l'interprétation (1992) de l'autre côté. Dans ce long chapitre, Eco explique plus longuement et clairement qu'il ne l'a jamais fait sa position fondée sur la tripartition entre l'intention de l'auteur, celle du lecteur et celle du texte ; il précise et développe l'idée de la "sémiose illimitée" de Ch. Sanders Peirce, qui diffère selon le système linguistique (auto-référentiel et illimité) et les interprétations du texte qui, elles, nécessitent un critère de falsifiabilité selon l'intention du texte ; il y développe aussi les concepts de Lecteur Empirique/Lecteur Modèle et Auteur Empirique (qui a le moindre rôle interprétatif).
Dans le troisième chapitre, le plus intéressant, il est question du statut ontologique des personnages de fiction. L'essai constitue une tentative de répondre à la question : "qu'est-ce qui nous émeut dans le sort d'Anna Karénine, bien que nous sachions qu'elle n'a pas existé en chair et en os ?" Alors que les deux plans, ontologique et sémiotique, semblent ne pas se croiser, en partant d'Avicenne qui "avait déjà posé que l'existence n'est qu'une propriété accidentelle d'une essence ou d'une substance ("accidens adveniens quidditati")" (p. 88), en poursuivant sur la plus grande facilité euristique de la phrase "Superman est Clark Kent" ou "Anna Karénine s'est suicidée en se jetant devant un train" que "Adolf Hitler s'est donné la mort dans un bunker berlinois", l'on parvient à accorder une fonction épistémologique fondamentale aux affirmations fictionnelles. Il est enfin question du triangle du référent de Peter Strawson, appliqué à Obama, à Napoléon, à Anna Karénine et pourquoi pas à Oedipe ou à Jésus-Christ... La chute, véritable perle de sagesse, qui est mieux amenée ici que dans l'essai précédent, porte paradoxalement sur le rôle des grands personnages de fiction comme "suprêmes exemples de la condition humaine 'réelle'" (p. 138).
Le quatrième et dernier chapitre parle des listes en littérature. Si un essai entier d'Eco y est consacré, je n'avais rien lu sur ce sujet, et je dois avouer qu'il m'a laissé plutôt tiède, sans doute parce que, contrairement à l'auteur, je ne raffole pas de la "rhétorique de l'énumération", tout en lui reconnaissant ses lettres de noblesse - surtout après lecture de ces fragments illustres, qui remontent aussi loin qu'Homère, dans son catalogue des mille cent quatre-vingt-six vaisseaux du chant II de l'Iliade. J'ai appris cependant qu'il y a une parenté entre ce sentiment d'ineffable procuré par les listes et la genèse historique des musées, par le truchement des Wunderkammern au XVIIe et XVIIIe siècle : excusez si c'est peu...
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Globalement cette lecture ne m'a pas franchement satisfaite. Les thématiques abordées me semblaient pourtant prometteuses.

Je me suis parfois retrouvée dans ce qu'énonçait Umberto Eco (principalement au début du livre). Pour autant, par la suite, je n'ai clairement que survolé certains passages, que je trouvais trop complexes ou trop redondants.

Au final, j'ai trouvé que le contenu correspondait peu au résumé qui en était fait. Ou peut-être n'ai-je pas su le comprendre, ce qui n'est pas impossible tant cet homme est érudit !
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C'est avec un certain plaisir que j'ai acheté cet essai d'Umberto Eco, me rappelant ses excellents et inoubliables romans, du Nom de la Rose au Cimetière de Prague en passant par le pendule de Foucault. Ses essais, tels Comment voyager avec un saumon, Pastiches et postiches, recueils d'articles et textes de conférences, me semblaient jusque là atypiques et plutôt jubilatoires. Jusque là.
Rude fut la déception. le lecteur se retrouve avec une série de réflexions indigestes sur le roman, le lecteur, les personnages et les relations que tissent tous ces acteurs. Tout cela sombre rapidement dans une espèce de verbiage de sémiologue profondément hermétique, d'autant plus indigeste que l'humour et le troisième degré ont totalement disparu. Les réflexions s'enchaînent, plus ou moins intéressantes mais toujours ennuyeuses : ce que le romancier veut dire, ce qu'il dit involontairement, ce qu'il a ou n'a pas conscience de dire, ce que le lecteur perçoit de ce qu'il a voulu dire, ce qu'il perçoit ce qu'il a dit malgré lui ou sans le savoir... Si vous êtes déjà perdu, ce livre n'est pas pour vous.
L'érudition est là, étourdissante mais déroutante, aride. Eco se prend ici au sérieux et c'est bien dommage. Vous pouvez toujours tenter, mais sur 200 pages, j'ai abandonné une fois dépassé le cap des 120.
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trompeur et risque fort de conduire nombre de lecteurs dans l'erreur. Sans doute parce que c'est plus vendeur, l'éditeur présente Confessions d'un jeune Romancier (2013) comme d'une sorte de vade-mecum pour écrivain en herbe. C'est faire insulte à Umberto Eco, tant cet essai est moins un manuel pratique pour jeune écrivain en quête de succès, qu'une brillante présentation de la carrière de "jeune" romancier d'Umberto Eco (seulement sept romans à son actif, en comptant le Cimetière de Prague publié après les conférences à l'origine de ce livre). Il y livre également sa vision du roman dans l'histoire de la littérature tout en répondant à quelques questions essentielles : comment lui vient son inspiration ? Quelles sont les contraintes de ses romans ? Quels sont les liens entre les intentions de l'auteur et les interprétations du(des) lecteur(s) ? Quelle est la réalité et la vérité des personnages romanesques (une question moins anodine qu'il n'y paraît) ? En quoi la sémiotique peut-elle s'intéresser aux personnages fictionnels ? Eco termine cet essai par une partie étonnante et passionnante sur la place des listes dans son oeuvre comme dans la littérature en général. Finalement, voilà un essai passionnant qui confirme qu'Umberto Eco reste l'un des plus passionnants intellectuel et artiste de notre époque.
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critiques presse (2)
LaLibreBelgique
22 mars 2013
L’auteur du “Nom de la rose” publie des textes étourdissants d’érudition. Où il explique, non sans humour, ce que veut dire être romancier.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Liberation
18 mars 2013
On touche ici, précisément, les limites de la puissance d’Eco. L’intellect du savant résiste aux bombes du rêveur, à la force autonome du langage, comme s’il n’avait écrit des romans que pour mieux déminer ce qui le déborde. Le spectacle d’une telle lutte fait tout l’intérêt de ce post-scriptum à une œuvre et à une carrière.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
En 1860, alors qu’il était sur le point de traverser la Méditerranée pour suivre l’expédition de Garibaldi en Sicile, Alexandre Dumas père fit une halte à Marseille et visita le château d’If, où son héros Edmond Dantès, avant de devenir le comte de Monte-Cristo, reste emprisonné quatorze ans et reçoit l’enseignement d’un codétenu, l’abbé Faria.
Alors qu’il se trouvait là, Dumas fit une découverte : on montrait régulièrement aux visiteurs du château la « véritable » cellule de Monte-Cristo, et les guides ne cessaient de parler de Dantès, de Faria et des autres personnages du roman comme s’ils avaient vraiment existé. En revanche, ces mêmes guides ne mentionnaient jamais que le château d’If avait été la prison de personnages historiques importants comme
Mirabeau.
D’où ce commentaire de Dumas dans ses Mémoires :
« C’est le privilège des romanciers de créer des personnages qui tuent ceux des historiens. La raison en est que les historiens se bornent à évoquer de simples fantômes, tandis que les romanciers créent des personnes en chair et en os. »
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Quand un livre est lancé dans le monde comme un message dans une bouteille – et ce n’est pas seulement vrai des romans ou de la poésie, mais aussi d’ouvrages comme la Critique de la raison pure d’Emmanuel Kant –, autrement dit quand il est produit non pour un seul destinataire mais pour une communauté de lecteurs, l’auteur sait qu’il sera interprété non selon ses intentions, mais selon une stratégie complexe d’interactions qui implique aussi les lecteurs et leur compétence dans leur propre langue, comprise comme un trésor social. Par « trésor social », je n’entends pas seulement une langue donnée avec son ensemble de règles grammaticales, mais toute l’encyclopédie que l’usage de cette langue a générée : les conventions culturelles et l’histoire des interprétations antérieures de ses nombreux textes, y compris celui que le lecteur tient dans ses mains.
L’acte de lire doit prendre en compte tous ces éléments, même s’il n’est guère vraisemblable qu’un seul lecteur puisse tous les maîtriser. Ainsi toute lecture est-elle une transaction complexe entre la compétence du lecteur (sa connaissance du monde) et le genre de compétence que postule un texte donné pour être lu de manière « économique », c’est-à-dire d’une manière qui augmente sa compréhension et le plaisir qu’il procure, avec le soutien du contexte.
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En poésie, les mots sont difficiles à traduire parce que ce qui compte est leur son, ainsi que la volontaire multiplicité de leurs sens, si bien que c’est le choix des mots qui détermine le contenu. Dans le récit, nous sommes dans la situation contraire : c’est l’univers que l’auteur a construit, ce sont les événements qui s’y produisent qui dictent le rythme, le style et même le choix des mots. Le récit est gouverné par la règle latine Rem tene, verba sequentur – « Tiens ton sujet, les mots suivront » –, alors qu’en poésie il faudrait renverser cet adage : « Tiens-t’en aux mots, le sujet suivra ».
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[...] Quand on me demande au cours d'un entretien : "Comment avez-vous écrit vos romans ?", j'ai l'habitude de couper court à ce genre de questions en répondant : "De gauche à droite [...]
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Je n'appartiens pas à la clique des mauvais écrivains qui prétendent n'écrire que pour eux-mêmes. Tout ce qu'un auteur écrit pour lui-même, ce sont des listes de courses qu'il peut jeter ses achats terminés. Tout le reste même les listes de linge à laver, sont des messages adressés à quelqu'un d'autre. Ce ne sont pas des monologues mais des dialogues. (p 37)
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