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EAN : 9782258105164
228 pages
Presses de la Cité (20/02/2014)
3.53/5   29 notes
Résumé :
Rebouteux en Bretagne pendant plus d'un demi-siècle, il nous livre sa vie fascinante mais a souhaité taire son nom.
A plus de quatre-vingt ans, cet homme hors du commun se penche sur son existence. Né en 1927 dans une famille de rebouteux, il passe son enfance à observer son père soigner les gens. C'est lui qui lui transmettra le don, tandis que sa mère lui enseignera celui de guérir le zona et les brûlures.
Dans la Bretagne des années 1950-1960, la v... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
En refermant ces mémoires d'un rebouteux breton, j'avoue être très partagé. Côté pile, il y a plein d'anecdotes savoureuses, de clins d'oeil à une France profonde, de flèches décochées à l'encontre de la médecine "traditionnelle", de détails sur la France d'après-guerre et sur l'évolution de la société. Côté face, il y a un homme, assez imbu de lui-même, qui s'étale bien plus qu'il ne se dévoile.

Cet homme qui donne plein d'infos sur lui, ce qui permettra à des personnes l'ayant côtoyé de le réconnaître, me semble jouer les faux pudiques quand il est question de son identité. Il a embrassé de nombreuses carrières. Mais c'est là l'apanage des gens de sa génération. Prenez les mémoires d'un clerc de notaire, d'un rémouleur, d'un forain, d'un "peu importe" de cette génération et vous aurez des récits hauts en couleur. Car né en 1927, il a connu des crises et des guerres dans une France meurtrie d'abord et se reconstruisant ensuite.

Boucher par nécessité et opportunisme. Maquignon. Boxeur. Il a la bougeotte. Service militaire en Algérie, dont il parle finalement peu, si ce n'est pour vanter ses mérites au close-combat.

A de rares exceptions près, ces mémoires consistent à dire qu'il a tout bien fait et que "les autres" ont fait plein de choses pas correctes. Les femmes, notamment, qui récriminent quand il "invente" l'autocross et le stock car (qui existait hors de France, mais il s'en attribue quand même la paternité). Ses femmes aussi. Celle qui ne l'a pas attendu quand il était en Algérie. Les deux suivantes ont également droit à leur volée de bois vert. Seule la dernière, récemment épousée s'en tire à (plus ou moins) bon compte. Pourquoi tant de récrimination, tant de haine? Pour un homme qui parle de fluides, de flux, d'énergie positive... j'ai trouvé qu'il dégoisait et vomissait pas mal d'ondes négatives.

Idem par rapport aux médecins. Les seuls médecins acceptables sont ceux qui l'ont accepté comme un pair, comme un des leurs, voire comme supérieur. Non, vraiment ce monsieur rebouteux ne se prend pas trop pour le vulgum pecus.

Bien sûr, le titre annonce la couleur. Mémoires d'un rébouteux breton. Est-ce que j'attendais "mieux"? Pas spécialement. J'attendais "différent". Je ne suis pas fan des biographies. Celle-ci ne me réconciliera pas avec le genre. On annonce rebouteux... et on met plus de 100 pages sur 214 à aborder réellement la profession donnée dans le titre. C'est un peu court, jeune homme. Sur ce point, l'autrice est (à mon avis) prise en faute. On annonce quelque chose que l'on ne tient pas. Elle aurait dû filtrer, remettre en perspective, ajouter des infos, du sociologique, du sociétal. Ecouter quelque'un et reproduire ses paroles sans filtre, sans direction, c'est un peu facile.

La transformation de la société au cours de la seconde moitié du XXè siècle est essentielle. le rebouteux du livre insiste sur la dimension "médicale" de sa pratique. Mais il s'offusque d'être mal traité par le corps médical. Il faut rester humble, dit-il, dans la profession. Mais on est un peu dans la posture "faites ce que je dis, pas ce que je fais". On passe un peu trop vite sur le développement de la kiné, de l'ostéopathie, des médecines parallèles et de l'approche holistique de la médecine pour que j'adhère au récit. On retient finalement que ce monsieur est fier de ses cheveux et qu'il s'est promené avec un max de blé sur lui pendant des années pour empêcher que sa seconde femme ne lui chourave son artiche... Ce n'est plus vraiment d'un rebouteux que l'on parle... Ma cassette, rendez-moi ma cassette...
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Un très vivant et très instructif témoignage. témoignage de la vie d'un rebouteux, mais aussi de la vie dans les campagnes, bretonnes et normandes. de sa jeunesse pauvre où il a travaillé comme un esclave pour un boucher sans vergogne à la tranquille aisance qu'il a acquise au fil des années, grâce à son travail de rebouteux notamment mais aussi son sens des affaires, ce rebouteux anonyme (il a choisi au moment de la publication de retirer son nom et bien lui en a pris) nous étonne et nous charme par sa personnalité entière et son sincère désir de soulager les gens de leurs douleurs, quand on sait que pour un paysan ou une paysanne, rester bloqué du dos ou boiteux, c'est une perte significative de force de travail donc de revenus. J'ai lu très rapidement ce livre, tant la plume alerte de Catherine Ecole Boivin est agréable à lire. Elle, que j'avais découvert avec Paul Bedel, sait admirablement s'effacer pour raconter la vie des gens.
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Encore une belle histoire de vie contée par Catherine Ecole -Boivin !
Cet homme, né près du Mont Saint Michel, a reçu de son père le don de soigner, de manipuler les corps blessés pour les remettre d'aplomb, et de sa mère celui de "passer le feu".
Il a observé les gestes de son père, avant de se lancer à son tour dans le soin, après avoir exercé la profession de ...boucher!
Ici peu de poésie mais la parole brute d'un homme du terroir. C'est humain, et il y a beaucoup de générosité dans les mains et la parole de cet homme déjà vieux.
Je n'ai pas vibré autant à cette lecture qu'à celle de " Embrasser l'eau et la lumière" mais j'ai apprécié ce récit truffé d'anecdotes.
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Superbe livre qui relate la vie pas toujours facile d'un homme, d'un sacré bonhomme avec une force de caractère incroyable qui a des idées bien tranchées. Comme le titre ne le montre pas, ce livre parle beaucoup de la Normandie, ma région, et pas seulement de la Bretagne comme on pourrait le penser. Ce personnage a vécu toute sa vie à cheval sur la Normandie et plus particulièrement la Manche et la Bretagne.
C'est l'histoire des petites gens, de la campagne, de nos traditions, de nos croyances, de notre pays. C'est l'histoire que j'aime.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Mes copains, tout comme leurs parents, pensent que la lune se perd pour de bon quand elle disparaît certaines nuits. Ils craignent la nuit noire et les ciels nus. À la nouvelle comme à la pleine lune, ils galopent à toutes jambes se mettre à l’abri, s’enfermant dans leurs maisons. Des maisons qui, pourtant, restent ouvertes la journée aux vents. La noirceur, selon eux, rend possible la rencontre avec les goubelins, esprits follets, farfadets et autres lutins. Sans compter les sorciers qui profitent de la nuit pour déposer leurs maléfices et envoûtent les personnes rencontrées. Mon père n’a peur de rien et nous transmet sa sérénité. L’absence de lune, au contraire, nous sort du « dedans ». Dehors, nous marchons dans ses pas, mes six frères et sœurs, main dans la main, à la découverte des cieux.
Ce père, proche du mètre quatre-vingts, assez grand pour l’époque, fin et nerveux, fatigué de ses visites à domicile, parfois, au temps des ciels clairs, aime parler à ses enfants des étoiles. Le ciel et ses chariots de lumière, notre télévision de l’époque, nous permet de ne jamais perdre le nord. Suivant la manière dont les étoiles se présentent, au fur et à mesure des saisons, il monologue sur le temps qui passe. Dans ses forêts lumineuses, parfois dans mes rêves, je marche à grands pas.
Le matin, à l’aube, le père tend sa montre, toujours mise à l’heure du soleil, l’heure naturelle donc. Il pointe la petite aiguille sur le soleil qui vient d’apparaître. Aidés d’une brindille, nous retrouvons le nord. Que de champs d’étoiles traversés en imaginaire et en réalité, grâce à ce ciel qui bouge, qui nous perd et nous retient à lui. Etoiles du printemps, étoiles de l’été, de l’automne et de l’hiver, et constellations. Les histoires et les corps des dragons, les aigles, les chevaux, les poissons, la baleine, ces signes du zodiaque, parcourus de génies, se transforment à une vitesse inimaginable devant nos yeux ébahis.
Et à nos pieds, les ronces, les buissons, les plantes, le bruit des animaux, toujours plus forts que nous, toujours plus vivants que nous, les hommes, frémissent. Ces plantes sauvages méprisées, les hommes du don les connaissent. Comme ces boqueteaux d’épines dans lesquels les fuyards se cachent, pour éviter d’être tués par la maréchaussée. Ces hommes comme mon père s’en servent et les transforment en tisanes miraculeuses.
Les pauvres, ces gens en sabots, ces résistants, veulent vivre. Ils se taisent, dissimulent les « renoueurs4 », pour ne pas avoir de problèmes. Nos clients camouflent notre nom et parfois même notre adresse. Guérir sans médecin paraît tellement louche. Anonyme, au fond, le rebouteux l’a toujours été. Je ne sais pas encore que devenir un rebouteux c’est choisir la bienveillance silencieuse du ciel.
Mon père, durant mon enfance, s’accroche à trois passions : ma mère, son métier et les étoiles ! Il unit, il vit l’ensemble, elles le rendent proche, je pense, de son frère décédé, réduit en cendres. Les étoiles contrent l’obscurité où veulent les enfouir les médecins, les diplômés, pour que des hommes comme lui disparaissent de nos bocages. Les médecins ont toujours voulu la disparition des soigneurs.
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Depuis des siècles, les vieux et les vieilles ont transmis l'art de « comment remettre en place » ce qui dans le corps a voulu s'échapper.
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Pas de rebouteux sans blessures, pas de bonnes récoltes sans mauvaises récoltes ! La nature et l'homme sont attachés l'une à l'autre.
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Vidéo de Catherine Ecole-Boivin
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