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Jacqueline Chambon (Traducteur)
EAN : 9782877110259
166 pages
Jacqueline Chambon (19/05/1998)
4.31/5   8 notes
Résumé :
Dans les froides nuits de l'hiver prussien, les lumières du château de Dumala brûlent d'une flamme claire. Aussi claire que les yeux étroits de la baronne Karola qui, assise près de la cheminée, frotte la jambe de son marie paralysé. Autour d'elle, trois hommes épris de sa beauté, fascinés par la pureté de cette vie sacrifiée. (...) Un roman bref et intense sur le désir, la passion et la solitude des êtres.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
«Tout au plus chacun salue l'autre du fond de sa solitude.»

Quelle société décrite par l'auteur dans ce roman ! le froid exacerbe les désirs dans ce monde où l'ennui règne « Savoir supporter l'ennui est faire preuve de bonne éducation», où « l'on marche débordant d'amour dans la belle lumière du soir et que l'un vient déposer ses mensonges dans le coeur de l'autre.»

Trois hommes contemplent la belle Karola, châtelaine de Dumala : son époux, Werland handicapé pour qui elle donne son temps et sa patience, le soignant avec dévouement. Ce mari est le plus avisé selon moi, il comprend avec une vue perçante les signaux de cette société où parfois la raison vacille pour une bouffée d'oxygène ; le page Pichwit, fou d'amour pour Karola, se languit en silence et à qui elle peut tout demander ; et le pasteur Werner ! Ce pasteur qui espère, croit que Karola lui parle d'un battement de cils ou quand leurs ombres se mélangent, ressent l'amour pur pouvant exister entre deux êtres de coeur noble.

Mais voilà, monsieur le pasteur, vous êtes confronté à Rast. Rast ne respecte pas vos règles de l'amour courtois et vous révèle à vous-même vos sentiments violents. « Vous savez haïr comme il faut monsieur. Mais haïr jusqu'au bout vous ne le pouvez pas» vous dira-t-il en riant.

«On ne doit pas hésiter à tourner la page quand c'est fini. Et dans votre livre il reste encore beaucoup de bonnes pages, c'est ce que j'espère et ce que je vous souhaite.»

Le paysage hivernal est une matière vivante sous les mots de l'auteur : «Derrière les arbres, comme derrière un fer forgé blanc au dessin serré, s'étendait le château, une grande masse noire hostile.» , «Werner plongea ses mains dans les branches heureuses pour les refroidir, les ployant, les cassant, les faisant gémir.» On ne se sent bien dans cette région que lorsque le soleil vous couvre de lumière rouge.

«Pourquoi faut-il toujours souffrir ou faire souffrir ? A peine éprouvait-il un peu de bonheur, qu'immédiatement ce bonheur devait être payé par la souffrance d'un autre être. Pourquoi ? Étrange économie, étrange comptabilité !»

Un très beau roman.
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Von Keyserling est l'écrivain de la Courlande, cette province balte du vieil empire russe principalement remplie de bois humides de lettons et d'une part non négligeable d'aristocrates allemands plus raides que le premier junker qui passe. Dans ce drôle de pays qui semble ne jamais avoir existé, on meurt beaucoup, souvent en pleine nature : une nuit on se laisse glisser dans un étang, ou alors on s'adosse à un arbre et la vie vous quitte, comme ça, légèrement, sans en faire trop. La mort est la simple manifestation de l'ordre des choses, le suicide la façon la plus digne de « faire avec »… Dans Dumala, qui n'est pas un turban indien, mais un roman de Keyserling, c'est cette nature et son poids ontologique qui font toute la différence. L'intrigue est simple dans le compliqué : une baronne est aimée de quatre soupirants — un jeune, un vieux, un beau, un pasteur — rien de bien foudroyant. Là où tout devient un peu électrisant, c'est que notre baronne et ses soupirants, outre les intermittences de leurs sentiments, font aussi avec les caprices de la nature. On les voit errer dans les jardins, hanter le bord des étangs, se perdre en pleine forêt avec la nuit qui descend et le monde qui s'éloigne. Là est l'essentiel (c'est l'enfance de Keyserling), me semble-t-il.
Lien : https://novland.blogspot.com/
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Né en 1855 et mort en 1918, Keyserling était de langue allemande. le cadre de son oeuvre est celui de la noblesse germano-balte dont il est lui-même issu.

Dumala est le nom du château où vit la baronne Karola. Son mari est infirme et la belle jeune femme suscite le désir ou l'amour des hommes de son entourage. Il y a Pichwit, le secrétaire du baron. Serviteur dévoué, il est prêt à piétiner ses propres sentiments pour obéir à Karola. Il y a le baron Rast qui ne doute de rien et met tout en oeuvre pour parvenir à ses fins. Enfin il y a le pasteur Werner, personnage principal du livre.

C'est l'hiver, le paysage est recouvert de neige, Rast se déplace en traineau dont les clochettes tintinnabulent, taraudé par le désir le pasteur Werner erre la nuit dans la campagne entre le presbytère et le château de Dumala. C'est un roman court qui se lit rapidement et sans déplaisir. le pasteur Werner m'agace un peu au départ, je le trouve très injuste avec sa femme, mais à la fin il se reprend et adopte un comportement plutôt courageux. Je constate que ces messieurs usent d'un paternalisme condescendant envers leurs épouses qu'ils appellent "mon petit" ou "mon enfant".
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
- Comment allez-vous ? demanda-t-il poliment au baron.
- Mal, répondit le baron, mal tout simplement. Je n'ai pas fermé l’œil de la nuit. Des douleurs insensées. Que voulez-vous, c'est ce satané vent de dégel !
- J'en suis désolé, dit Werner avec un peu de raideur.
- Vous en êtes désolé, pasteur, continua le baron. C'est naturel. Vous êtes compatissant. Cela fait partie de vos fonctions. Mais ce n'est pas d'une grande aide. Savez-vous ce que j'aimerais entendre pour changer ?
- Quoi donc ?
- Que lorsque je me plains d'avoir mal quelqu'un me réponde du fond du cœur, j'en suis heureux, du fond du cœur, vous comprenez. Ça apporterait un peu de nouveau pour une fois. Ce serait amusant.
- Quelqu'un qui, par bonheur, serait difficile à trouver, remarqua Werner.
Le baron fit la grimace : Qui sait ! Un héritier cupide peut-être.
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Pendant qu'il rentrait chez lui, la pensée de la laideur et du caractère contre nature de cette prétendue culture aristocratique ne quittait pas Werner. Deux hommes se haïssaient. N'aurait-il pas été plus beau qu'ils s'empoignent, s'affrontent au corps à corps, pressent l'une contre l'autre leurs chairs fiévreuses, mêlent leurs souffles ardents et cherchent à se faire mal, à se blesser, comme le font les jeunes paysans à l'auberge ? Au lieu de quoi, ils se serraient la main en souriant. « Merci bien, au revoir. » Pfui !
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On se croit douloureusement lié à quelqu'un, on croit qu'on est très proche et puis chacun va son chemin et ne sait pas ce qui se passe en l'autre. Tout au plus chacun salue l'autre du fond de sa solitude.(p.166)
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Pourquoi, se disait Werner, pourquoi cette femme est-elle si profondément et si terriblement inscrite dans ma chair ? Que représentait-elle pour lui ? Que pouvait-elle représenter pour lui ? Qui était-elle pour enfiévrer chaque fibre et chaque nerf de son corps. Il se tenait là, caché dans les buissons, affamé de cette femme, affamé comme il ne l'avait encore jamais été. (p.114)
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Tout au long de l'année elle me faisait répéter un morceau pour en faire la surprise le jour de l'anniversaire de mes parents. Mais quand arrivait l'anniversaire en question plus personne ne voulait l'entendre. C'est pareil avec l'exercice de la vertu. On s'exerce, on s'exerce- pour qui ? (p.148)
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