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EAN : 9782867466625
361 pages
Liana Lévi (07/03/2013)
3.71/5   50 notes
Résumé :
Un disque de 3 minutes 33 secondes, c’est tout ce qu’il reste de ce temps-là. De ce Paris occupé où trois jazzmen planqués pour échapper aux nazis tentaient malgré tout d’enregistrer un morceau. Sid, Chip, et Hiero, deux Noirs de Baltimore et un métis allemand, unis le temps d’un enregistrement frondeur, au nez et à la barbe de l’ennemi. Avant, c’est à Berlin qu’ils jouaient, quand l’Amérique marquait le tempo des folles nuits européennes. Avant que Goebbels n’inter... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Berlin, 1989. C'est la chute du mur. Une projection festive, un documentaire sur un groupe de jazz qui fit un disque d'anthologie, 3 minutes et 33 secondes d'émotions et de souffle. Sid, Chip et Hierro, deux noirs de Baltimore et un métis allemand. D'ailleurs Wynton Marsalis sera même présent dans la salle pour applaudir à la projection et à la mémoire de ce trio éphémère. Sid et Chip arriveront sur un tapis rouge, les jambes flasques et tremblotantes par l'âge, la peur…

Berlin, 1939. Les rues sont devenues grises, les nuits sombres. Il y a encore quelque mois, cela groovait dans les petits cabarets. La jeunesse aryenne s'encanaillait dans cette effervescence presque sauvage, faite par des sauvages… Sid à la basse, Chip à la batterie et le jeune Hierro à la trompette, dans une ambiance enfumée. Deux noirs et un métis allemand quand Goebbels interdit cette « musique nègre », tu imagines le tableau. Nos trois musicos tentent la fuite, vers Paris où ils y croisent un certain Louis Armstrong, la grande vedette de ces temps-là, et ces 3 minutes 33 secondes.

Sauf que tu pressens la suite, les Boches arrivent sur Paris également… Nouvelle fuite… Tu aimes la trompette, tu aimes le jazz, (tu n'es pas obligé d'aimer les nazis), tu découvres ainsi cette ambiance en période de guerre, deux noirs, un métis allemand, en milieu hostile, et au milieu une histoire d'amour, le jazz et l'amour vont de paire. Et je me dis à moi-même, dans le genre susurrement intime, l'odeur de ton jasmin autour de mon cou : « What a wonderful world »… le jazz, faites l'amour pas la guerre. Mais qu'est devenu Hierro ? Si Sid et Chip ont pu embarquer pour leur pays d'origine, pour ce métis allemand, déraciné et banni de son pays… le jazz, c'est la vie, le jazz c'est l'amour. Tiens ça me donne envie de me servir un verre et d'écouter quelques vieux trucs, du genre Art Blakey & the Messengers, je prends une guest en plus, Lee Morgan à la trompette par exemple… Au Club St Germain.
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Amateurs de jazz, ce livre vous est dédié...
Hymne au jazz, à l'amitié, ce roman est un mélange complexe d'histoires. Histoire de guerres, histoires de vie, histoire du jazz.

Berlin, début années quarante.
La crise économique mondiale frappe de plein fouet l'Allemagne qui tombe peu à peu dans le nazisme. Un groupe de jazz formé de deux musiciens Black américains, d'un métis allemand noir et juif et d'autres musiciens allemands sont obligés de fuir le pays. Ce genre de musique n'est pas à l'honneur auprès de Goebbels.
Ils fuient donc le pouvoir nazi et se rendent en France où ils rencontrent le grand, l'immense Louis Armstrong, qui leur propose de réaliser ensemble leur rêve, réaliser un disque de jazz. 3mn 33s de bonheur pour des heures de travail. Mais tous les musiciens ne se montrent pas à la hauteur du grand jazzman, tous ne feront pas partie de l'aventure. le destin de chaque musicien prend alors une direction bien différente...

Roman qui se lit comme une partition. On y entend les standards du jazz des années de guerre. L'écriture prend le ton particulier du langage noir-américain, et on s'y habitue avec plaisir au fur et à mesure de la lecture. Les personnages sont touchants et très réalistes. Même si Hieronymus Falk ou Little maestro, trompettiste de génie, n'a pas existé, la musique de l'écriture l'a rendu bien vivant pendant ces quelques pages et j'ai goûté mon plaisir jusqu'au bout sans en perdre une note...

🎶 Un peu parti un peu naze
Je descends dans la boite de jazz
Histoire d'oublier un peu
Le cours de ma vie...🎶
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Dans les années 1960, en faisant des travaux dans une maison à Vichy, un entrepreneur découvre cinq disques de jazz cachés dans une paroi. Ces disques finissent par arriver sur le bureau d'un musicologue berlinois qui détecte dans ces "galettes" anonymes, un talent incroyable. Un trompétiste jazzmen, probablement l'un des plus doués de sa génération. Commence alors l'enquête pour savoir qui est ce trompétiste inconnu, Hieronymus Falk. Un journaliste décide d'en faire un documentaire, diffusé à Berlin en 1992.

Berlin, 1939. C'est clairement la fin pour un groupe de jazz réunissant deux jazzmen noir américains (Sidney Griffiths et Chip Jones), un métis issue de l'amour d'une allemande avec un soldat sénégalais ramené en Rhénanie par les français lors de la première guerre (Hieronymus Falk), un juif allemand (Paul Butterstein) et deux allemands "aryens" (Ernst et Fritz). Les autorités nazies, qui débutent leur entreprise de "purification" de la société allemande, ont dans leur viseur le jazz, cette musique de dégénérés jouée par des nègres (et un juif en l'occurrence).

Il faut fuir. Mais ce n'est pas simple dans un Berlin où la Gestapo est partout et rien ne se passe comme prévu. Paul sera attrapé et déporté. Fritz abandonne le groupe en espérant mieux s'en tirer seul. Restent Sid, Chip, Hiero et Ernst, qui rencontrent Dalillah, la manager d'un certain Louis Amstrong, qui voudrait bien les faire venir à Paris pour leur permettre de rencontrer le Maïtre.

C'est finalement Ernst qui permettra, en marchandant sa liberté avec son père influent, à Sid, Chip et Hiero de partir à Paris.

Là-bas, ils rencontrent Louis Amstrong qui leur propose d'enregistrer un disque ensemble, mais pas n'importe quel morceau. Une adaptation jazz d'un hymne nazi, le Horst Wessel, sorte d'ultime pied de nez à la tyrannie qui s'abat sur l'Europe.

Car oui, même à Paris en 1940, les musiciens sont rapidement rattrapés par L Histoire et encore une fois, rien ne se passera comme prévu. Il faut fuir à nouveau. Mais vers où ?

Sid et Chip sont américains, il leur faut partir vers le Portugal pour rejoindre les Etats-Unis. Mais Hiero ? Il est allemand, ou plus exactement apatride selon les nazis. La Suisse ?

Toujours est-il que la carrière de Hiero, baptisé "Litlle Louis" par le Grand, se terminera là.

Amitié, amour, jalousie, trahison dans le contexte compliqué d'un pays en guerre puis occupé. Les survivants, Sid, Chip et Hiero se retrouvant en 1992 pourront-ils se réconcilier ?

Le choix fait par l'auteure d'une narration non linéaire m'a dans un premier temps valu d'avoir un peu de mal à suivre et c'est seulement à la moitié du livre que j'ai vraiment définitivement accroché.

Le roman se déroule sur deux périodes, 1939-40 entre Berlin et Paris et 1992 à Berlin (avec un flash-back dans l'enfance de Sid et Chip à Baltimore) puis en Pologne. Mais particulièrement les évènements de 1939-40 sont narrés dans un désordre un peu perturbant, reflétant le désordre de la période historique décrite, mais qui m'a valu de devoir régulièrement revenir en arrière pour bien saisir ce que j'étais en train de lire.

Bref, tout est jazz dans ce très bon roman, et comme dans un bon morceau de jazz, on ne sait pas toujours où on en est...car l'on en est nulle part !
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Au crépuscule de sa vie, Sid Griffiths, un obscur jazzman noir de Baltimore se souvient de sa jeunesse et de cette galette de cire gravée de 3 minutes 33 secondes sauvée in extremis de la destruction dans un miteux studio d'enregistrement parisien aux premiers jours de la Drôle de Guerre. Lui tenait la basse, Chip Jones, son pote d'enfance, était à la batterie et à la trompette il y avait un jeune prodige, Hiero Falk, un métis allemand. Ils s'étaient rencontrés à Berlin, avant la guerre et jouaient dans un sextet héteroclite où se mélangeaient noir, juif, et grand bourgeois aryen, unis par l'amour de la musique et du rythme. Ils enflammaient les nuits dans les clubs de la capitale allemande et avaient enregistré quelques disques, jusqu'à ce que le régime nazi étende sa main de fer impitoyable et sanglante sur le pays et que Goebbels mette le jazz au ban de la société. Après l'arrestation d'un membre du groupe, ils se retrouvent tous les trois à fuir vers la France où les attend le trompettiste de légende Louis Armstrong. Malheureusement la guerre les rattrape et le bruit des bottes et des canons a tôt fait de recouvrir les mélopées jazzy et la musique de la vie bohème. Cinquante ans plus tard, lors d'un festival en l'honneur de Hiero Falk, que tout le monde croyait mort, la vérité sur ce qui s'est réellement passé à l'époque va éclater.

L'auteure canadienne nous propose une histoire de jazz, une histoire d'amour et une histoire d'amitié au sein de la grande Histoire, mélangeant habilement personnages réels et personnages fictifs. Elle nous entraîne, avec la gouaille des jazzmen américains de l'époque, dans une structure littéraire composée de six parties qui, comme un air de jazz, nous transporte d'un lieu à un temps donné vers un autre lieu dans un autre temps. le jazz, c'est brûlant, rouge épais comme la lave d'un volcan en fusion. le jazz c'est froid, bleu, effilé comme la glace d'un torrent en hiver. Recherche permanente et production de sens et de perfection, il jaillit souvent la nuit, au milieu de la fumée des cigarettes et dans les vapeurs d'alcool. Sylvie Vartan chantait 2 minutes 35 de bonheur ; avec ces 3 minutes 33 secondes on gagne presque une minute de ce bonheur, c'est à la fois rien et toute une vie.
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A Paris en 1940. Trois musiciens de jazz, deux Noirs américains, Sid et Chip, et un métis allemand, Hiero, enregistrent le disque qu'ils auraient du faire avec Armstrong. Un matin, Hiero est arrêté par les nazis. Cinquante-deux ans plus tard, en 1992, Sid apprend à Berlin que Hiero ne serait pas mort et vivrait en Pologne. Les souvenirs ressurgissent, tandis que Chip l'accuse d'avoir livré Hiero.
Peu de temps après la chute du mur de Berlin, deux jazzmen octogénaires (Chip Jones et Sid Griffiths ) retournent en Allemagne pour participer à un festival en l'honneur de Hieronimus Falk, trompettiste légendaire avec qui ils ont joué juste avant qu'il soit arrêté par la Gestapo. le deuxième roman du canadien Esy Edugyan (le premier n'a pas encore été traduit en français) est tout entier centré sur les circonstances de la disparition de Hieronimus et sur la vie qu'il menait avec les autres musiciens de son groupe avant son arrestation. Basé sur les souvenirs du personnage de Sid, le récit se déroule à deux époques et nous offre une plongée saisissante dans microcosme bouillonnant du jazz des années 30 à Berlin et à Paris. Edugyan entremêle réalité et fiction pour donner corps à ces musiciens qui brûlaient la chandelle par les deux bouts et tentaient d'entretenir le feu sacré des Années Folles malgré la montée du nazisme. On suit pas à pas le groupe tiraillé entre l'impérieux désir de jouer et les compromis nécessaires à leur survie. Restrictions, beuveries, discriminations (le groupe comprenait deux noirs-américains, un métis et un juif), peur des rafles, rétorsions contre le jazz que Goebbels qualifiait de « musique dégénérée », jalousies amoureuses, frustrations artistique, appétit inextinguible de célébrité _ tous ces éléments sont dépeints avec brio pour nous permettre de cerner les circonstances de la disparition du trompettiste. Ce mystère nous tient évidemment en haleine, mais le principal plaisir de la lecture de « 3 minutes 33 secondes » tient à la reconstitution d'une époque et surtout d'une ambiance particulière propre au jazz, ainsi qu'au plaisir qu'on a à croiser au fil des pages des légendes comme Louis Armstrong, Bill Coleman ou Marian Henderson.
Lien : https://collectifpolar.com/
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
J'ai fermé les yeux.
Ensuite, je me réveille dans une autre pièce, une pièce froide qui m' est étrangère, dont les fenêtres donnent sur une vieille rue de Baltimore que je reconnais à peine. Allongé sur un lit, dans les draps moites d'une dame qui n'est pas ma femme. Dans la chambre blanche comme les blés sous le soleil du matin, une odeur sèche comme celle de la braise se dégage de son corps. Je voulais me tourner vers elle, ramener ses membres menus contre mon flanc comme je l'avais fait à peine quelques heures plus tôt, en embrassant sa gorge, là où ses clavicules se rencontrent, ses boucles sales et humides. Mais je l'ai pas fait. Quelque chose se soulevait en moi, comme une mauvaise digestion. De la poussière sur la table de nuit, un verre d'eau à moitié vide. Les cris des mouettes dehors. J'étais couché à côté de cette femme, lourd de malheur, en pensant à la mienne.
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Un homme a jamais rien vu de grand tant qu'il a pas posé les yeux sur un type de la trempe d'Armstrong. Voilà la vérité. Ces paupières tombantes, ce sourire aveuglant : le bonhomme était immense, majestueux. Mais autre chose aussi : il avait l'air rudement humain, comme s'il avait connu la souffrance pour son propre compte. Sa bouche était stupéfiante. Il s'était ruiné les mâchoires, avec la pression de toutes les notes aiguës qu'il atteignait depuis des années. Sa lèvre inférieure était légèrement entrouverte, comme un tiroir de velours rouge. Il a porté un mouchoir à sa bouche, essuyé un filet de salive. J'ai vu quelque chose en lui à ce moment-là : une sorte de patience dévastée, une terrible fatigue. Je connaissais cet air-là. Ma m'man l'avait eu toute sa vie.
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Paul ne tarissait pas sur lui, quel génie inouï c'était, quel talent rare. Un vrai virtuose. Moi, je pouvais pas quitter des yeux ses poignets maigrichons.
Mais quand il a soulevé son cornet, on lui a accordé un silence respectueux. Sa trompette avait l'air d'un truc bon marché, elle était cabossée comme un chocolat enveloppé de papier d'argent qui serait resté trop longtemps dans une poche. Il a posé ses doigts de lapin sur les pistons, incliné la tête, plissé l'œil gauche. « Buttermouth Blues», Ernst lui a crié.
Le môme a hoché la tête. Il s'est mis à taquiner l'air à travers le cuivre. Au début on était juste là avec nos instruments prêts à jouer, les yeux fixés sur lui. Rien ne se passait. J'ai lancé un regard à Chip et secoué la tête. Mais alors j'ai commencé à entendre, comme une piqûre d'épingle dans l'air - c'était vraiment aussi subtil -, le chant d'un colibri à une hauteur et une vitesse presque inaudibles. Ça ressemblait à rien de ce que j'avais jamais entendu. Le môme entamait le morceau par un angle bizarre, en faisant étinceler les notes comme du cristal. Il a fait une pause, pris une grande inspiration, et entamé une gamme à vous casser les oreilles, sur la lancée de la mesure invisible qu'il venait de jouer.
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Les mois passaient comme rien. Tout Paris paraissait cuver sa cuite, cette lente guerre pour de faux qui ressemblait pas du tout à une guerre. Les Mangeurs de grenouilles campaient toujours derrière la ligne Maginot. Leurs soldats, avec leurs fines moustaches, bien sapés dans leurs treillis, s'étaient mis à jouer au football et à cultiver des roses assez robustes pour supporter le froid. Des militaires en permission erraient dans les rues dans la brume du matin, frissonnants et moroses comme des poètes privés de vin. Des fois on en voyait dormir sur les bancs des jardins publics, blottis dans la lumière grise. On dormait comme des morts en ce temps-là.
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Le jazz. Ici en Allemagne c'était devenu pire qu'un virus, On était tous comme des puces, nous les Nègres, les Juifs et les voyous de basse classe, décidés à produire ce tintamarre vulgaire pour entraîner de mignonnes petites blondes dans le vice et le sexe. C'était pas une musique, c'était pas une mode. C'était un fléau envoyé par les hordes noires maudites, fomenté par les juifs. Nous les Nègres, voyez-vous, on ne pouvait nous le reprocher qu'à moitié, c'est tout bonnement plus fort que nous. Les sauvages ont un instinct naturel pour les rythmes dégradants, aucun self-control à proprement parler. Mais les Juifs, mon frère, eux ils faisaient exprès de mijoter cette musique de la jungle. Tout ça faisait partie de leur plan démoniaque pour affaiblir la jeunesse aryenne, corrompre ses filles, diluer son sang.
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