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Mapp & Lucia tome 1 sur 6

Yves-Marie Deshays (Traducteur)Patrick Micel (Traducteur)
EAN : 9782264023018
433 pages
10-18 (12/09/1999)
4.08/5   49 notes
Résumé :
Queen Lucia, premier volume du " Cycle de Mapp et Lucia " qui en réunit six, est une satire de la bourgeoisie provinciale anglaise au lendemain de la guerre 14-18. Lucia, une jolie quadragénaire métamorphosée en tyran culturel et en arbitre des élégances, règne en desposte éclairé sur le petit village de Riseholme et y impose son idée de la culture et des bonnes manières. Beaucoup d'humour imprègne cette comédie cocasse et ironique. C'est avec une jubilation non dép... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Délicieusement satirique, éminemment distingué, indubitablement britannique et exquisément drôle ce roman est un pur divertissement.

Dans le village de Riseholme, les matinées se déroulent selon un rituel immuable. Sous couvert des emplettes quotidiennes, les yeux et les oreilles quêtent la moindre nouvelle qui viendra émoustiller tout son petit monde. L'on s'espionne mutuellement en trottinant d'une information à l'autre, espérant jalousement avoir la primeur d'une révélation explosive.
Des cottages contigus bordent l'unique rue de ce village et l'arpenter donne l'impression de traverser un petit bourg du royaume de Grande-Bretagne. Mais ce n'est là qu'une illusion car Riseholme semble bien avoir sa souveraine, pour l'instant incontestée, en la personne de Lucia qui exerce son suprême pouvoir sur tous les villageois. Avec son mari Peppino, elle vit dans une maison restaurée dans le plus pur style élisabéthain. Un aperçu de son intérieur, divinement drôle, nous donne déjà toute l'aisance ironique et humoristique de l'auteur. Et lorsqu'il décide que Lucia, fière de ses petites touches décoratives insolites, en a fait un communiqué au Cercle littéraire l'intitulant de l'humour dans l'ameublement, on se doute qu'il ne va pas se priver de tourner en ridicule ses truculents personnages !

Lucia, fraîchement revenue de Londres, estime que ses activités à Riseholme sont bien plus enrichissantes qu'un emploi du temps londonien. Elle s'exerce au piano, rédige son courrier, envoie des cartons d'invitation n'omettant jamais le ton vestimentaire de ses réceptions, tout en veillant au côté élisabéthain, donc guindé, de tous les évènements donnés dans sa commune. Les divertissements, si peu divertissants d'ailleurs, répondent à un strict cahier des charges que Lucia supervise.
Elle fait étalage de quelques mots d'italiens, ajoutant ainsi l'art linguistique à tous ses talents. Les menus potins font étinceler ses yeux noirs et elle a la manie du contrôle poussée à son paroxysme.
Mais voilà que ce matin, son regard est attiré par la rondouillarde Mrs Quantock accompagnée d'un homme « au teint exotiquement tropical et à la barbe noire. » Il faut préciser que cette Mrs Quantock passe d'une croyance à l'autre, de la Science chrétienne au spiritisme, en passant par le yoga, et chacun de ses nouveaux dadas électrise le village. Lucia part immédiatement en croisade pour s'annexer l'inestimable brahmane et ses sujets n'ont qu'à ravaler leur rancune et lui céder la place. Queen Lucia agit détestablement mais ses manoeuvres sont tellement désopilantes qu'on lui pardonnerait presque son caractère autocratique. Et puis de cuisantes déconfitures l'attendent, ébranlant son temple de connaissances et maîtrises artistiques.

E.F. Benson se moque de cette petite société oisive, avec un superbe talent littéraire et humoristique. L'ironie qui perce sous tous les petits détails afférents à la vie quotidienne de Riseholme est tellement raffinée que l'on s'amuse énormément de ces personnages un brin caricaturaux. Il y a Georgie qui se préoccupe de sa calvitie, usant de tous les subterfuges pour la cacher et qui époussette amoureusement ses bibelots, ses chers trésors. Une Mrs Weston, conteuse admirablement prolixe, dont les tirades interminables analysent et décortiquent chaque faits et gestes des habitants. Et tant d'autres… Leurs conversations s'amorcent rituellement par un Quoi de neuf ? Et bien sûr, il y a toujours quelque chose de neuf à commenter !

Bien loin des préoccupations actuelles, cette plongée en 1920 dans ce village anglais déride et chasse la morosité. Heureusement pour le moral, l'auteur a eu la bonne idée de continuer cette chronique communautaire et c'est avec impatience que je retrouverai l'exaspérante Lucia et sa cour si bigarrée.
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Fortune faite à Londres, les Lucas se sont installés dans la campagne anglaise, dans le charmant village de Riseholme. C'est depuis sa maison restaurée dans le plus pur style élisabéthain que Lucia Lucas lance les modes, définit le bon goût et mène son monde par le bout du nez. Férue de musique et d'art, elle aime converser en italien avec son mari Peppino, pratique le piano, organise de somptueux dîners et collecte tous les commérages du village grâce à son bras droit, son chevalier servant, le fidèle Georgie. Bref, Lucia est la reine incontestée de Riseholme.
Aussi est-elle un brin contrariée lorsque, de retour d'un bref séjour à Londres, elle découvre que sa voisine, Daisy Quantock, fait fureur en exhibant un maître yogi, tout droit venu de Bénarès. le gourou semble avoir conquis tous les villageois, au grand dam de Lucia qui n'a plus qu'un seul but : faire sien cet exotique personnage afin de rester celle qui donne le la au village.
Mais si elle réussit assez aisément à attirer le gourou dans ses filets, Lucia n'est pas au bout de ses peines. La célèbre diva, Olga Bracely, tombée en amour avec Riseholme, a décidé de s'y installer. Or, Olga est jeune, merveilleuse, extravagante, douée, généreuse…En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, la diva pourrait bien lui voler sa place dans le coeur de ses sujets !!

Entre snobisme et pédantisme, cette Queen Lucia est un personnage qu'on aime détester. A travers cette riche oisive, E.F. Benson se moque gentiment de ces privilégiés occupés seulement à cancaner et à collectionner les lubies. Il met au jour le ridicule de leurs comportements en brocardant leur manque de culture malgré leurs certitudes. Avenante de prime abord, Lucia sait aussi se montrer féroce lorsqu'elle se sent menacée. Dotée d'un sans-gêne hors du commun, elle se sort de toutes les situations sans la moindre honte.
Lucia est entourée d'une galerie de personnages hauts en couleur. A l'exemple de l'inénarrable Georgie, obnubilé par sa calvitie, doté de deux soeurs excentriques, que l'on dit amoureux de Lucia, quand il rêve en secret de la détrôner. Les autres sont à l'avenant. La seule à être loin des mesquineries est la pétillante Olga. Si elle met souvent Lucia dans l'embarras, c'est en toute bonne foi et elle se plaît à rapprocher les âmes solitaires et à faire le bien autour d'elle.
Tout ce beau monde forme une assemblée que l'auteur égratigne avec une réjouissante ironie et un humour très british. On ne s'ennuie pas une seconde dans cette comédie qui n'épargne pas la bourgeoisie anglaise d'un ridicule achevé et fait la part belle aux dialogues désopilants. A découvrir !
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Je ne connaissais pas cet auteur, qui m'a beaucoup fait penser à Elizabeth von Arnim, le style y est raffiné, très riche et empreint d'un humour extrêmement caustique.
Premier tome d'une série mettant en scène la fameuse Lucia, dans ce volume, on découvre un paisible petit village anglais, dans lequel Lucia fait figure de Reine incontestée, tout ce qui a lieu sous son égide est garant d'être culturel et de bon goût.
Cette femme qui peut sembler adorable tant que tout se passe comme elle l'entend, est en réalité un tyran qui gouverne son petit monde d'une main de fer.
Le village est pourtant peuplé de personnages bien comme il faut, de gens honnêtes, éveillés aux arts et à la littérature, aimant savourer de bons repas et assister à un concert de temps en temps.
Ce sont tous d'adorables hommes et femmes désireux que la vie au sein de leur village soit la plus agréable et charmante possible.
Ils s'invitent mutuellement à venir prendre le thé, à s'écouter jouer du piano, et surtout, ils passent un temps infini à s'épier gentiment les uns les autres et à rapporter de menus potins sur ce qu'ils ont vus, entendus ou crus deviner de ce qui se passe dans les maisons voisines.
Mais c'est toujours Lucia qui lance les bonnes idées, qui organise les meilleures fêtes, qui crée des événements légendaires, et quand une nouvelle habitante menace de la détrôner, Lucia devient une véritable vipère, mordante, fourbe, préparant les pires coups bas.
Qu'elles se battent pour organiser des séances de yoga autour d'un gourou mystérieux, qu'elles débusquent une obscure princesse russe portée sur le spiritisme, qu'elles rivalisent d'habilité pour créer des soirées mémorables ou qu'elles se lancent les pires vacheries avec des sourires mielleux, les femmes de ce village veulent finalement toutes être calife à la place du calife.
La futilité de telles entreprises est fantastiquement drôle et j'ai passé un moment formidable avec Lucia et sa cour, ce petit monde semblant bien loin des réalités terrestres de tout un chacun.
Le style d'écriture est somptueux, les dialogues sont à mourir de rire et de nombreuses scènes sont sacrément cocasses, le tout raconté d'une façon très délicate mais où la perfidie n'est jamais loin.
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Le ridicule ne tue pas et le personnage de Lucia le prouve bien. Auto proclamée reine du bon goût du petit village de Riseholme, cette mégère tient mordicus à toujours occuper le premier plan, à se considérer au-dessus des autres villageois en tout alors que dans les faits elle n'est qu'apparence, de mauvaise foi et d'un narcissisme abyssal. Son attitude royale suscite à la longue envie, jalousie et rancoeur, ce qui animera cancans, complots et autres stratégies revanchardes. J'ai souri à chaque défaite de cette prétentieuse invétérée, été choqué à chaque mesquinerie de sa part et ravi par l'inventivité de l'auteur. Les personnages sont hauts en couleur, le récit bien rythmé, les situations cocasses abondent, les coups bas pleuvent; une bonne comédie à l'anglaise!
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Riseholme est une bourgade paisible, dans le plus pur style élisabéthain, peuplée de paisibles et oisifs bourgeois provinciaux, où, comme de juste, tout le monde, n'ayant guère d'autre chose à faire, s'espionne pour alimenter la chronique locale. Comme les mondanités locales ne sauraient combler la totalité du temps libre dont chacun dispose, on est toujours prompt à enfourcher le premier dada venu, à être pris d'engouement éphémère et saisonnier, pour le jouet à la mode. Et tant pis si le brahmane de madame Quamtock - toujours la première à s'enticher d'une nouveauté intéressante, tant pis disons nous, si le maître ès yoga d'insigne sainteté, et de haute caste, s'avère n'être qu'un modeste préparateur de curry doublé d'un fâcheux monte-en-l'air; tant pis si la princesse russe Popoffski, médium spirite de haute volée, n'est en vérité qu'une Sibylle postiche, c'est l'attrait de la nouveauté qui compte, et on a tôt fait de mettre le hobby au rencard au profit d'un autre. Non, ce qui est vraiment pénible, c'est la propension de madame Emmeline Lucas, alias Lucia, à s'accaparer l'objet du désir du jour et à s'attribuer tout le mérite de la découverte. En fait et sans contredit, Lucia régente le village, tenante de l'Art pour l'Art, prescriptrice du savoir et des convenances, elle est l'astre autour duquel gravite tout Riseholme. Reine dispensant avec indulgence la lumière de son esprit à ses vassaux, elle est secondée en cela par Georgie Pillson, son chevalier servant - en tout bien tout honneur, son Hermès et à l'occasion son ministre plénipotentiaire lorsqu'il s'agit d'aller parlementer, chercher des compromis, toujours à l'avantage de sa monarque, cela va sans dire. Disons-le clairement, Lucia et son mari - poète en prose à ses heures perdues, ne sont que des cuistres franchement agaçants - surtout Lucia, dans leur prétention à la haute culture et au raffinement, notamment lorsqu'ils affectent de parler entre eux un italien qui leur suffirait à peine à commander des cannelloni dans une trattoria. L'arrivée inattendue et ô combien prestigieuse dans le voisinage, de la cantatrice Olga Bracely, va bouleverser le landerneau riseholmitain; s'engage alors un affrontement à fleurets mouchetés entre la diva et la reine, une guerre d'influence, où les pires perfidies sont dites avec un sourire des plus engageants.

Edward Frederic Benson avec une verve satirique et une prose exquise, s'attache à traduire le snobisme et les prétentions ridicules de la bourgeoisie provinciale. le ton est assurément sarcastique et le roman menace de somber dans la farce avec cette ironie omniprésente et grandiloquente. On lit Queen Lucia comme une douce mécanique, un peu désuète mais bien rodée, un petit cérémonial gourmand, comme on s'adonnerait avec un certain détachement indulgent, aux étapes gentiment dérisoires d'un rituel immuable : thé, scones, club sandwichs au concombre, marmelade à l'orange...
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Elle reprit place à côté de lui, le visage rayonnant d’un enthousiasme mutin. L’humour à Riseholme se permettait d’être un peu méchant : si vous citiez les absurdités de vos amis, il y avait un brin de méchanceté dans votre esprit.
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En fait, l’opulente profusion de citations familières et stimulantes était telle qu’un des sujets de Lucia avait une fois déclaré que se promener dans son jardin permettait, non seulement d’admirer de belles fleurs, mais encore de passer, ce faisant, une demi-heure en compagnie des meilleurs auteurs.
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