Un coup de coeur pour ma première critique sur Babelio!
Attiré par la couverture, j'ai acheté ce livre de
Béatrice Egemar, une auteure que je ne connaissais pas. C'est un très beau roman policier historique, qui ne se laisse pas enfermer dans le cadre souvent un peu convenu du genre. Car l'héroïne n'est ni policière, ni magistrate, ni religieuse , ni enquêtrice d'aucune sorte: elle est parfumeuse.
Béatrice Egemar a probablement vécu à Paris au milieu du 18 éme siècle, et y a certainement rencontré ses personnages. Car à la lecture de son roman, le sentiment de réalité est saisissant. Nous partageons la vie d'une famille d'artisans parfumeurs de la rue Saint-Honoré, où la jeune Manon tient boutique. Nous découvrons un couvent mondain, où le sens des convenances et des réalités economiques l'emporte sans aucun doute sur la vie spirituelle des pensionnaires. Nous croisons des personnages historiques ( la marquise de Pompadour, le lieutenant de police Berryer, et même le roi Louis XV) saisis eux aussi dans leur quotidien.
Béatrice Egemar nous offre un livre qui s'installe d'emblée à la hauteur ( au moins !) des meilleurs épisodes des aventures de Nicolas le Floch. Mais les savoureuses recettes de cuisine de
Jean-Francois Parot sont remplacées par les délicates créations de fards et de parfums de Manon.
Je me pique de connaître assez bien le siècle des lumières, et le travail de documentation historique de l'auteure est remarquable. Elle brosse par exemple, en s'appuyant certainement sur les mémoires de madame
Du Hausset sa femme de chambre , un portrait tout en nuances de la Pompadour.
J'ai savouré ce mélange parfaitement dosé d'intrigue criminelle, de relations convaincantes entre personnages historiques et fictifs, d'immersion dans un 18 éme siècle réel, enlevé d'une plume élégante. Un roman au parfum féminin et subtil, qui est bien plus qu'un polar historique de qualité.
Je le conseille sans retenue aux amoureux d'histoire et d'histoires, et bien sûr aux amateurs de policiers historiques.