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EAN : 9782738108593
414 pages
Odile Jacob (12/08/2000)
3.59/5   40 notes
Résumé :
On apprend beaucoup sur les gens sains en étudiant les malportants. Les médecins le savent depuis longtemps, la sociologie le découvre. Il y a ainsi beaucoup à découvrir sur l'homme moderne par l'analyse de sa grande pathologie : la dépression. Nouvelle maladie ? Plutôt un mal-être diffus qui dépasse de loin les lumières de la médecine. Aucun psychiatre ne peut l'expliquer, ni même la définir. On sait seulement la "traiter" aujourd'hui à coup de Prozac.
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« La fatigue d'être soi », est un essai de Alain EHRENBERG. Ce sociologue se questionne, de manière très référencée pour le non spécialiste que je suis, sur les rapports liant la Dépression et la Société. Alain EHRENBERG dirige le groupement de recherche « Psychotropes, Politique, Société. « La fatigue d'être soi » est le troisième volet d'une recherche qui, après ‘Le Culte de la performance' et ‘L'individu incertain', s'attache à dessiner les figures de l'individu contemporain.
Ainsi donc, l'homme contemporain serait un être fatigué. Pas là vraiment de quoi écrire un bouquin de 414 pages, notes bibliographiques comprises. Mais l'auteur précise l'objet de la fatigue : Notre société est le cadre de vie de l'homme fatigué de devoir 'être lui' !
Sans entrer dans les multiples nuances qu'il apporte à ses propos, l'auteur nous invite à retenir que, historiquement, l'humain à chercher à s'affranchir de tout autre souverain que lui-même. Ne plus dépendre ni d'une religion, ni d'une morale sociétale, ni d'une famille, ni d'un patron …. Ne plus avoir de Lois, de préceptes, de commandements autres que les seuls décidés et revendiqués par l'individu. Telle est la quête de nombreux humains qui se cherchent et se veulent seuls maîtres à bord d'eux-mêmes.
Avant, il existait une vieille tradition de conseil de vie qui formait l'opinion, qui traçait la voie à suivre. Que ce soit au travail, dans les familles, les milieux de formation de la jeunesse, les mouvements religieux ou laïques, les almanachs populaires et même la presse féminine qui pourtant se revendiquait d'être un vecteur d'émancipation, toujours la voix qui y parlait était d'Autorité ! « le directeur de conscience sait ce qu'il doit enseigner à l'ignorant. Son style est donc prescriptif : voilà quel est le problème, voilà ce que vous avez à faire. » de plus, cette direction de conscience reposait largement sur une vision collective de la vie. Cette dernière était destinée à créer les conditions pour que chacun y tienne le rôle qui lui était assigné (bonne épouse, bonne mère, bon chef de famille, bon étudiant, bon petit scout…) Chacun ‘bien propre sur lui, au-dedans de son esprit comme au-dehors' ! L'envie (ne parlons même pas de besoin) de dévier de la destinée et de chercher comment il pourrait basculer pour vivre un envers était signe de dérèglement. le déraisonnable était une faute et engendrait une culpabilité ‘bien naturelle'. Celui qui prétendait le contraire était déviant, pervers … et tant pis pour lui s'il était névrosé ou dépressif.
Dans cette vue traditionnelle, la question du consultant auprès du spécialiste était : Que dois-je faire pour être mieux ? La réponse enfonçait le même clou : C'est en faisant son devoir (pour le bien collectif) qu'on se sent heureux ! Dans notre société moderne, la question du ‘Que faire' doit être précédée de la question du ‘Qui suis-je' puisque le bonheur ne s'obtient que par une mise en conformité de mes désirs profonds.
Les années 1970 ont été un temps charnière dans cette recherche de propriété de sa propre vie. Mais l'homme souverain, seul semblable à lui-même n'est plus unique, il est devenu masse. Pour tous, il n'y a rien au-dessus de chacun qui puisse dicter une conduite à suivre. L'homme devient donc un maître absolu mais sans boussole, sans cap, sans maître de référence, ni dans le temps, ni sur le lieu. Il doit donc porter l'entièreté de la responsabilité de ses choix et de son devenir. La pression augmente sur lui, sur son moi intime. Tout le monde revendiquant la même liberté de se faire comme il veut fait naître une pression sociétale qui pèse, elle aussi sur chacun des individus. Lorsque l'individu est son propre souverain, il ne peut s'identifier à personne d'autre mais, en tant que souverain, il devra justifier ses exigences faces aux autres, tous tout aussi souverains que lui.
Comment, dès lors, une personne pourra-t-elle s'identifier aux autres et les comprendre alors qu'elle n'aura pas pu construire sa propre identité ? Là est un des noeuds, plus que serré, que la personne dépressive se doit de dénouer. La dépression est donc une pathologie narcissique. Non pas que le déprimé se complaise à se mirer mais, tout au contraire, il ne peut trouver l'image de lui-même dont il a besoin pour exister, cette image n'a pu se construire faute de référents. le déprimé est donc prisonnier d'une image invisible, donc sans défaut apparent, parfaite, ce qui le pousse à se sentir et se déclarer inapte à faire et incapable d'être. Bonjour tristesse ! La personnalité dépressive est une personnalité ‘adolescente' qui, par manque de frustrations (elle revendique de pouvoir tout obtenir comme elle le veut) en devient incapable de prendre une place digne dans la société, ce qui entraîne fragilité, précarité, culpabilité et impossibilité pour elle de s'imaginer pouvoir s'ancrer dans une identité co-construite en interrelation avec le monde.
Mais ce serait une erreur de penser que la personne déprimée est coupable parce que (seule) responsable. Elle est, aussi, victime. La société a changé. Quel que soit le domaine (entreprise, famille, école …) les règles ne sont plus les seules obéissance, discipline et conformité à la morale. On veut partout de la flexibilité, du changement, de la réactivité qui imposent à chacun une maîtrise de soi qui devrait donc, faute de possibilité d'apprentissage, être innée. Ajouter l'exigence de souplesse psychique et affective à toutes épreuves, le tout dans un monde qui n'a de permanent que le changement et donc où existe une grande difficulté à se doter d'une visée, d'une trajectoire à suivre… vous ferez l'expérience de la quadrature du cercle du développement de l'identité. Comment, dans un tel contexte institutionnalisé, les plus faibles, les plus fragiles pourraient-ils ne pas être et ne pas se sentir relégués au banc des coupables, des faibles, des inutiles… des déprimés ?
Face à de telles réalités, l'individu n'est plus inscrit dans un monde durable, une nature référentielle, face à une Loi supérieure à lui-même, impersonnelle et donc la même pour tous. Alors comment répondre aux questions ‘Que faire ?', ‘Est-ce possible ?', Est-ce juste et bon ?' ‘Et pour qui ?' ‘Et moi, qui suis-je pour répondre à ces questions dont les réponses devraient être des balises pour avancer sans m'enfoncer ?' On le voit, l'individu souverain a bien des raisons d'être déprimé, se sachant dépendant dans une société qui le pousse à ne pas le reconnaître.
La richesse de cet essai proposé par Alain EHRENBERG est-elle de ne pas apporter de réponses toutes faites aux questions qu'il soulève ? En ne répondant pas l'auteur est, en tous cas, dans l'air du temps. Mais le message délivré est peu discutable. le ton, les exemples donnés et les références citées ne laissent aucun doute. L'individu ne peut plus se voir imposer des directions de consciences qui nient son droit d'être mais il doit chercher des réponses dans la confrontation, la complémentarité avec les autres pour pouvoir devenir ce qu'il doit être, un individu collectif au sein d'une société !
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Je me posais la question de savoir si dans cet essai il est accepté que la dépression possède des causes sociales, en relation avec la métamorphose néolibérale de l'individualisme. Je pense que la réponse est positive, et de plus il est posé un lien très intéressant entre dépression et addictions. La thèse du livre est entièrement résumé dans l'introduction [cf. en particulier cit. 1 et 2].
Pour le reste, je regrette vivement que l'ouvrage ne consiste que de façon absolument minime (environ 2%) en un essai de sociologie, la partie restante étant une histoire intellectuelle de la définition-perception de la dépression en psychiatrie, en psychanalyse et, de manière prépondérante depuis la découverte des molécules psychoactives, en pharmacologie. Mis à part le premier chapitre d'intérêt général, qui retrace l'histoire les ancêtres de la dépression que furent la mélancolie du XVIe siècle, la neurasthénie du XIXe et la dialectique entre Pierre Janet et Sigmund Freud au début du XXe, si les autres chapitres sont passionnants pour le psychiatre qui recherche l'évolution de sa discipline avec tous ses débats français et américains représentés par les noms de ses nombreux confrères cités que le profane ignore complètement, le sociologue ronge le frein en ne trouvant çà et là que quelques anticipations à des contenus toujours reportés et qui en fin de compte se soldent par peu de substance et pratiquement aucune démonstration. [Il me semble que mes cit. suffisent presque à les résumer entièrement...] Quant aux chap. (surtout le V et le VI) consacrés à l'influence de la recherche pharmacologique sur la compréhension de la dépression, ainsi que sur le DSM – III, ils sont très clairs mais absolument dépassés. le pire défaut du livre, me semble-t-il, est de ne pas avoir tiré les conséquences, sociologiques précisément, du constat (chap. VII) que la notion de guérison s'avère inappropriée à la dépression (et aux addictions), et que la pharmacopée n'a pas tenu ses promesses initiales. La réponse en termes de « nostalgie du sujet perdu » et de métamorphose de la subjectivité m'apparaît là faible et assez inadéquate.
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Cet essai est costaud ! Passionnant et costaud ! Il est remarquablement documenté, il n'y a pas moins de quatre vingt pages de notes et références, et une vingtaine de bibliographie. C'est un travail de recherche sociologique sur la dépression dans nos sociétés modernes depuis le 19e siècle. Il est centré sur la France, l'Europe et les Etats Unis. La première partie sur l'histoire de la dépression et la psychiatrie pose les bases de la réflexion. L'auteur nous met en présence d'un vocabulaire médical et scientifique complexe. Il nous apprend que la France manque d'une solide histoire de la psychiatrie. Et il développe le fait que la dépression se répand dans les sociétés libres, qu'elle est liée à la capacité d'agir ou pas de l'individu. Il présente trois origines de la dépression : endogène, psychogène et exogène. Ce sont des modèles diagnostics qui évoluent par la suite.
La partie sur les électrochocs montre le lien fort entre la définition de la maladie et la réponse thérapeutique, comment le traitement permet de mieux cerner une maladie.
Le parallèle avec la psychiatrie américaine est source de questions constructives, les fondements sont différents.
Cet essai édité en 2000, expose des idées et tendances toujours d'actualité. Cet essai est excellent, il faut s'accrocher car difficile de ne pas se perdre dans le jargon médical et psy.
Je pense lire les deux autres volets de cette recherche, sur la performance et l'individu. J'ai beaucoup appris sur de nombreuses notions comme la névrose, la psychose, la psychanalyse, la psychiatrie et ses courants, les grandes figures du domaine comme l'incontournable Freud et d'autres moins connus mais dont l'apport est indiscutable (Janet), les évolutions de la dépression de la mélancolie du 19e siècle aux troubles mentaux et de l'humeur du 20e siècle. J'ai été surprise de retrouver les termes de "surmenage" et d'"épuisement" au 19e siècle, l'idée émergeait que la vie en société pouvait avoir des répercussions néfastes. Il y aurait tant à dire de cet ouvrage.
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Qui suis-je ? Peut-on être fatigué d'être soi sans se connaître ? Je suis le genre de personne qui se pose ce type de questions couramment et ce n'est pas facile à vivre, j'espérais trouver dans cet essai quelques pistes pour mieux me cerner, m'appréhender et apprendre à vivre avec moi-même et j'ai été plutôt déçu. L'auteur reste assez en surface, dans les grandes lignes de la psychologie sans aller dans le profond, et j'ai besoin d'aller dans les abysses de mon être.
Je n'ai pas trouvé ça bien écrit, les propos sont parfois confus et pose plus de questions qu'il n'y a de réponses, c'est le plus gros défaut de cet ouvrage, il n'est pas accessible à tous ni très pédagogue. Peut-être que je ne suis simplement pas le public cible aussi. le travail de recherche de l'auteur, je ne le remets pas en question, il est complet et semble concis, ses propos non plus je ne les remets pas en question, c'est la forme qui me pose problème.
Bref, je ne suis pas plus avancé sur mes questionnements et c'est bien là mon principal problème avec ce livre.
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La première chose que j'ai envie de vous dire c'est : ENFIN. C'est un tel soulagement d'avoir terminé cette lecture qu'écrire la chronique, qui habituellement me permet de faire un point sur ma lecture avant de passer à la suivante, n'est pas nécessaire pour moi. Mais par habitude, je vais partager avec vous mon ressenti (vous l'aurez compris, je pense, il ne sera pas positif).
Ce livre étant écrit par un sociologue, je m'attendais à lire des choses sur la dépression d'un point de vue sociologique et non pas psychiatrique ou médicale comme c'est le cas pendant la majeure partie de la lecture. Certes, des données sociologiques sont dispersées au milieu du charabia médical mais elles sont tellement noyées qu'elles ne sautent pas aux yeux.
J'ai trouvé ce livre vraiment indigeste. Lire plus de dix pages d'un coup était assez compliqué. En fait, je me perdais non seulement dans le langage médical utilisé mais aussi entre les diverses thèses. Ce livre n'est vraiment pas à la portée de tous...
Voilà bien longtemps que je n'avais pas écris un avis aussi court mais ces quelques lignes suffisent largement pour écrire ce que j'ai ressenti pendant cette lecture qui a duré presque deux semaines, oui plus de dix jours pour lire moins de trois cents pages...
Lien : http://mabiblio1988.blogspot..
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
9. « La critique de l'abaissement moral autrefois adressée à l'hypnose est reformulée sur les antidépresseurs dans un tout autre contexte. L'inquiétude identitaire suscitée par une substance chimique agissant sur les états de conscience n'est en effet pas un problème nouveau dans nos sociétés. Nous disposons depuis une trentaine d'années d'un antimodèle : la drogue. Elle est l'outil cognitif privilégié pour désigner une inconduite qui consiste à manipuler ses propres états de conscience, quelle que soit la dangerosité du produit utilisé. Le drogué est l'antimodèle idéal pour définir une manière d'être soi qui, grâce à l'ingestion d'une substance, évite les chemins de la conflictualité. Changer la personnalité de vrais malades, c'est leur redonner la santé, changer celle de gens dont on doute de la maladie, c'est les droguer, quand bien même la drogue serait sans danger. […]
La dépendance, cette relation pathologique à un produit, à une activité ou à une personne, est, avec la dépression, l'autre grande obsession de la psychiatrie. Pour la psychiatrie biologique ou comportementaliste, elle est une conduite à risques. Pour nos sociétés, elle est devenue quelque chose de plus essentiel parce que l'enjeu est moins médical que symbolique. En effet, le drogué est l'homme dont il est convenu de penser qu'il franchit la frontière entre le tout est possible et le tout est permis. Il radicalise la figure de l'individu souverain. La dépendance est le prix d'une liberté sans limites que se donnerait le sujet : la dépendance équivaut à une forme d'esclavage. Elle est avec la folie la deuxième manière de dire ce qui se passe quand la part du sujet vacille au sein d'une personne. Mais la folie et la dépendance le disent de façon tout à fait opposée. Si la première est révélatrice de la face sombre de la naissance du sujet moderne, la seconde met massivement en lumière celle de son déclin. » (pp. 236-237)
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6. « Le changement a pendant longtemps été une chose désirable parce qu'il était lié à l'horizon d'un progrès qui devait se poursuivre indéfiniment et d'une protection sociale qui ne pouvait que s'étendre. Il est appréhendé aujourd'hui de façon ambivalente, car la crainte de la chute et la peur de ne pas s'en sortir l'emportent nettement sur l'espoir d'ascension sociale. Nous changeons, certes, mais nous n'avons plus le sentiment de progresser. Combinée à tout ce qui incite aujourd'hui à s'intéresser à sa propre intimité, la "civilisation du changement" stimule une attention massive à la souffrance psychique. Elle sourd de partout et s'investit dans les multiples marchés de l'équilibre intérieur [développement personnel]. C'est dans les termes de l'implosion, de l'effondrement dépressif ou, ce qui revient au même, de l'explosion – de violence, de rage ou de recherche de sensations [addictions] – que se manifeste aujourd'hui une large part des tensions sociales. La psychiatrie contemporaine nous l'enseigne, l'impuissance personnelle peut se figer dans l'inhibition, exploser dans l'impulsion ou connaître d'inlassables répétitions comportementales dans la compulsion. La dépression est ainsi au carrefour des normes définissant l'action, d'un usage étendu de la notion de souffrance ou de mal-être dans l'abord des problèmes sociaux et des réponses nouvelles proposées par la recherche et l'industrie pharmaceutique. » (p. 201)
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3. « À partir de l'invention des antidépresseurs et des anxiolytiques, la scène médicale et sociale de la dépression s'élargit considérablement. La possibilité d'améliorer l'humeur douloureuse avec des molécules permet à un nombre croissant de psychiatres de s'installer en libéral et aux médecins généralistes de répondre aux plaintes qui s'exprimaient depuis longtemps parmi leur clientèle. Ces derniers devront cependant composer avec les incertitudes des outils psychiatriques. L'industrie pharmaceutique entre dans le jeu. Les médias également : les magazines le répéteront à l'envi à partir de la fin des années 1950 : la dépression peut arriver aux mieux-portants. On rassure le public : ni maladie mentale ni maladie imaginaire, voilà le mot d'ordre. […] La dépression se socialise et la vie psychique sort de son obscur halo. » (p. 81)
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8. « La cure [psychanalytique] type s'adresse-t-elle aux traumatisés de la précarité et de l'exclusion ? Aux nombreux salariés qui usent, et peut-être abusent, de tranquillisants et d'antidépresseurs (je ne parle même pas de l'alcool, le grand tabou français) pour tenir tête aux contraintes accrues qui s'exercent sur eux en attendant que l'orage passe éventuellement ? […] De nouvelles demandes lui sont continuellement adressées : elles n'ont pas le visage limpide du conflit, mais celui plus insaisissable du vide. […] Elles s'énoncent aujourd'hui dans les termes vagues d'un mal-être résultant des nouvelles contraintes économiques et sociales, mais aussi de la précarisation de la vie privée. […]
Le responsable d'un centre de consultations et de traitement psychanalytiques […] constate la croissance des demandes d'analyse motivées par un licenciement, le chômage ou la précarité. "Nous avons vu émerger une néo-traumatologie, dans laquelle la référence répétitive, lancinante, à une réalité factuelle conférait à la symptomatologie un caractère de névrose actuelle." Plus précisément, il s'agirait d'une forme de "névrose de guerre économique". » (pp. 220-221)
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1. « La dépression amorce sa réussite au moment où le modèle disciplinaire de gestion des conduites, les règles d'autorité et de conformité aux interdits qui assignaient aux classes sociales comme aux deux sexes un destin ont cédé devant des normes qui incitent chacun à l'initiative individuelle en l'enjoignant à devenir lui-même. Conséquence de cette nouvelle normativité, la responsabilité entière de nos vies se loge non seulement en chacun de nous, mais également dans l'entre-nous collectif. Cet ouvrage montrera que la dépression en est l'envers exact. Cette manière d'être se présente comme une maladie de la responsabilité dans laquelle domine le sentiment d'insuffisance. Le déprimé n'est pas à la hauteur, il est fatigué d'avoir à devenir lui-même. » (p. 10)
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