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Jean-Paul Jennequin (Traducteur)
EAN : 9782840557135
112 pages
Delcourt (01/01/2004)
3.71/5   48 notes
Résumé :
Le miracle, c'est d'abord celui de l'auteur, Will Eisner. À quatre-vingts ans passés - il est né le 6 mars 1917, à New York - Eisner continue à produire des bandes dessinées sans jamais cesser d'inventer. Dès 1940, il se rend célèbre avec son fameux Spirit, personnage de détective élégant et raffiné traquant le crime dans les bas-fonds de Central City. Puis, après avoir délaissé la BD de fiction, il inaugure dans les années soixante-dix les graphic novels ou romans ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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On aime ou on n'aime pas le style graphique, l'esthétique noir et blanc de Will Eisner. de même, on est plus ou moins sensible aux thèmes qu'il affectionne : tissu urbain new-yorkais, envers du rêve américain, communautarisme, déviances humaines, etc.

Moi, j'aime plutôt bien, sans être toutefois une inconditionnelle. Cet album, Petits Miracles, m'a beaucoup rappelé l'esprit de son Dropsie Avenue mais appliqué à une tout autre fin.

Ici, il n'est nullement question de dresser un panorama ni une séquence historique mais bien plutôt, d'écrire des nouvelles graphiques, exactement de la même manière que son auteur fut l'initiateur du roman graphique.

On va donc voir le quartier par le petit bout de la lorgnette et à travers le prisme de trois ou quatre histoires particulières — singulières, même, devrais-je écrire — qui nous plongent dans le Bronx de l'entre-deux guerres ou de la fraîche après guerre, au sein de la communauté juive qu'Eisner connaît si bien.

L'album se présente sous forme de quatre histoires courtes (dont une très, très courte) où il est question d'un revirement du sort, d'un petit truc inattendu, qui en dit long sur l'état d'esprit, la température ambiante dans le New York de cette époque-là et de ce quartier-là.

C'est tout sauf le strass et les paillettes du rêve américain, mais c'est également tout sauf déprimant. On sent le réel attachement de l'auteur pour ces gens qu'il nous dessine et qu'il nous raconte au travers d'anecdotes surprenantes.

Le message pourrait en être : croyons en la vie, croyons en nous, sans trop rêver non plus.

Dans la première nouvelle, intitulée le Miracle de la Dignité, Will Eisner nous dépeint les fortunes et infortunes successives de l'oncle Amos et de certains de ses proches. Successivement quasi clochard et chef d'entreprise, on y retrouve tout l'esprit et l'humour juif des films de Woody Allen.

Dans Magie de la Rue, l'auteur traite, en une minuscule histoire, des stratégies développées par les immigrants pour éviter les lynchages communautaires.

Avec, Un Nouveau Dans le Bloc, il revisite le mythe de l'enfant-sauvage mais à la sauce des bas-fonds de l'Amérique...

Enfin, dans Une Bague de Fiançailles Spéciale, il nous offre sa nouvelle la plus ambiguë, celle qui doit nous questionner le plus également. Il y est question de croyance populaire et du " pouvoir " prétendument magique d'une bague et de l'impact que cela aura tant sur les récipiendaires de l'anneau que sur le donateur. Une très étrange nouvelle, mais assurément celle qui a le plus suscité mon intérêt avec la première.

Au final, un album peut-être pas miraculeux mais très sympa à lire et qui fait revivre un New York probablement déjà mort sous cette forme depuis des lustres. C'est donc aussi un ouvrage de mémoire qu'il convient de chérir pour nos générations futures.

Mais ceci n'est que mon avis, qui, ne rêvez pas, ne fera pas de miracles aujourd'hui, car il n'est, tout bien pesé, pas grand-chose.
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Quatre petites histoires toutes aussi touchantes les unes que les autres...
Quatre petites histoires qui relèvent du miracle...

Dans le miracle de la dignité, l'oncle Amos est sans le sou et à la rue. Par chance, il croise un de ses riches cousins, Irving. Ayant un peu pitié de lui, celui-ci lui donne 5$. Mais, Amos s'offusque, il a encore de la dignité! Il refuse donc l'offre mais par contre, il ne serait pas contre un petit prêt de 10000$! Qu'à cela ne tienne, Irving accepte, certain que ce dernier le remboursera. Il a bien parlé de dignité, n'est ce pas ?...
Dans Magie de rue, comment trois gamins qui croyaient ridiculiser le p'tit Mersh vont finalement se trouver bien bêtes devant la malignité et la ruse de ce dernier pour les prendre à leur propre piège !
Dans Un nouveau dans le bloc, un jeune garçon, ne parlant pas, habillé de haillons et ayant l'air de fuir toute personne qui l'approche, va être sous la protection de Melba, la libraire qui tentera de le percer à jour... Ce jeune blondinet a tout l'air de faire des miracles dans le bloc...
Enfin, dans Une bague de fiançailles spéciale, deux dames, mesdames Fegel et Grepps n'ont pas de chance: l'une a une fille sourde et muette et l'autre un garçon handicapé. Et si le hasard les faisait se réunir ? Un petit coup de pouce...et les voilà dans les bras l'un de l'autre, grâce à cette belle bague en diamants, semble-t-il...

Will Eisner nous plonge dans le «bloc», le quartier juif de Brooklyn et nous offre quatre petites histoires, sur la nature humaine, l'amour, la chance ou la malchance. Toutes empreintes d'humanité, très émouvantes et tellement incroyables, elles reflètent à merveille les revers de fortune. Toutes possèdent une certaine profondeur, un certain charme et une fin imprévisible. Avec une couverture alléchante, un trait léger et subtil, une mise en page aérienne, des tons marron-gris apaisants et réconfortants rappelant de vieilles photos, cet album à l'ambiance douce et nostalgique est un vrai concentré de petits bonheurs.

Petits miracles... c'en est un !
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Dans la carrière de l'auteur, ce tome est paru entre Mon dernier jour au Vietnam (2000) et Fagin le juif (2003). Il est initialement paru en 2000, écrit, dessiné et encré par Will Eisner, C'est une bande dessinée d'environ 110 pages, en noir & blanc, comprenant 4 histoires courtes. Une citation de William James (1842-1910) est mise en ouverture sur les petites forces invisibles passant d'humain à humain. Suit une introduction d'une page rédigée par Will Eisner en 2000, où il évoque la notion de miracle, à la fois des coïncidences fortuites, à la fois une manière d'expliquer des choses inexplicables.

The miracle of dignity (16 pages) - Dans sa famille, l'oncle Amos était considéré par certains comme shnorrer (un mendiant doué), et par d'autres comme un individu incarnant littéralement la dignité. Un jour d'hiver, alors qu'il neige, le riche cousin Irving remarque l'oncle Amos en train de fouiller dans les poubelles. Il s'approche pour lui donner quelques pièces (5 dollars), mais Amos lui dit que c'est une bien piètre aumône. Irving finit par accepter de lui prêter 10.000 dollars sous la forme d'un chèque, sans reconnaissance de dette. Reconnaissant de cette bonne fortune, Amos invite Irving au restaurant pour déguster une bouteille de leur meilleur vin. Au cours de la discussion Irving accepte de lui céder une concession pour vendre ses produits sur une belle rue. Quelque temps plus tard, Irving vient trouver Amos dans son magasin pour lui demander de rembourser car il se trouve dans une situation financière délicate.

Will Eisner se montre aussi à l'aise dans les formes longues que dans les nouvelles. le lecteur familier de l'auteur sait qu'il est autant susceptible de trouver des histoires remarquables dans les 2 registres. Par contre, il ne sait pas trop ce qu'Eisner entend par le terme de miracle. L'introduction l'éclaire un peu, mais il se doute que ce seront les histoires elles-mêmes qui vont définir le terme. L'histoire de l'oncle Amos brosse le portrait d'un individu digne, et plutôt fier. Il refuse la simple aumône et fait face aux difficultés de la vie avec une certaine assurance qui lui permet de conserver ladite dignité. Comme toujours, les dessins insufflent une vie incroyable aux personnages. L'artiste utilise des cases sans bordures, comme à son habitude pour que le regard du lecteur ne soit pas arrêté par les bordures, ne se sente pas prisonnier des bordures. Les traits de contour apparaissent un peu moins lâches et fluides que dans certaines autres oeuvres d'Eisner. Il habille ses dessins d'élégants lavis de gris, dans des nuances différentes. Dès les 2 premières pages, le lecteur se retrouve transporté aux côtés de l'oncle et du cousin, et il ne fait plus attention à la technique de l'artiste. Il éprouve la sensation la sensation de se trouver dehors sous la neige douce, dans une sorte de grisaille qui gomme l'arrière-plan. Par la suite, il ressent la chaleur du restaurant, il observe le confort des fauteuils dans le magasin de l'oncle Amos. Il imagine les bonnes dimensions de la pièce où se déroule la fête de famille. Eisner n'a pas besoin de dessiner tout cela avec précision pour donner la sensation d'y être. Mais il sait aussi dessiner dans le détail si la scène le nécessite par exemple pour la façade d'immeuble où se trouve le magasin de l'oncle Amos.

Ces 16 pages sont l'occasion d'observer Amos vivre sous les yeux du lecteur. Will Eisner est un maître en direction d'acteur, que ce soit pour le langage corporel ou pour les expressions du visage. le lecteur éprouve tout de suite une sympathie doublée de prudence vis-à-vis d'Amos qui donne l'impression d'être en représentation, avec une façon bien à lui d'ajouter de l'emphase à chacun de ses gestes, comme pour mieux communiquer son émotion ou y faire croire. Ce n'est pas vraiment un cabotin, mais plutôt un individu conscient qu'être c'est jouer un rôle social et il se doit d'être à la hauteur. le lecteur éprouve une forte empathie, et une compassion irrépressible lorsqu'il est dans la dèche, mais aussi par la suite quand son rôle l'oblige à se montrer généreux une fois que la fortune lui a souri. Will Eisner reste égal à lui-même, à la fois humaniste par son don à donner vie à des individus inoubliables, à la fois vachard avec ses personnages qu'il n'hésite pas à faire souffrir, ne serait-ce que du fait de l'absurdité de la vie.

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Street magic (8 pages) - Cousin Mersh (un garçon d'une dizaine d'années) raccompagne son jeune cousin (5 ou 6 ans) chez lui, en passant par une rue ou des adolescents du coin font la loi. En les voyant arriver de loin, ils préparent un chapeau avec 2 papiers, pour en faire tirer un à Mersh. S'il tire celui avec marqué Coupable, il va se prendre une dérouillée. Il y a marqué coupable sur les 2 papiers.

Une courte scène basée sur la rouerie de jeunes costauds, et sur la capacité d'anticipation de Mersh, grâce à une solide expérience. Une fois qu'il a planté le décor de la rue dans les 2 premières pages (les façades et les marches d'escalier où les mauvais garçons attendent leur prochaine victime), tout se joue dans la direction d'acteurs pendant 4 pages. À chaque dessin (toujours sans bordure), le lecteur regarde la posture des 3 lascars et des 2 garçons, l'assurance des uns en train de se préparer à tabasser leur victime, le calme de Mersh réfléchissant à la manière dont il va s'en sortir. L'état d'esprit des uns et des autres se lit dans chaque posture, chaque visage avec une évidence déroutante. le lecteur n'a pas simplement l'impression d'assister à la scène, il bénéficie du décodage effectué par Will Eisner, les dessins faisant apparaître l'intention de chacun comme si un observateur expliquait en temps réel ce qui se passe dans l'oreille du lecteur.

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A new kid on the block (46 pages) - Un jour, un très jeune homme fait son apparition dans le quartier. Personne ne l'a jamais vu avant, et il ne parle pas la langue, en fait il ne sait pas parler du tout. Tout le monde le regarde bizarrement, mais il finit par trouver un coin de trottoir assez abrité pour y dormir la nuit. le matin, il se lève et va faire du lèche-vitrine devant une boulangerie. La boulangère lui donne du pain et du lait. Il mange en flânant et passe devant un couple qui se dispute. Après son passage, ils décident de faire la paix. Il va s'installer dans une ruelle déserte, et 2 voleurs y jettent leur butin pur éviter de se faire serrer par la police. Il ramène la caisse à la libraire Melba, et la propriétaire (Melba) décide de lui trouver une chambre où dormir pour le remercier.

Le lecteur passe ensuite à 2 récits plus long. le premier est très étrange : le jeune garçon agit comme un catalyseur permettant à des situations conflictuelles d'aboutir à une résolution apaisée et dans le calme. En cours de route, Melba se lance dans une courte enquête pour essayer de découvrir sa véritable identité. le lecteur retrouve toute la verve graphique de Will Eisner avec des personnages de papier incroyablement incarnés, des lieux extérieurs et intérieurs donnant l'impression de pouvoir s'y déplacer, s'y promener, et une direction d'acteurs toujours aussi vivante. le lecteur se prend tout naturellement d'amitié pour cet adolescent perdu, pour Melba et son élan maternel, pour Missis Rizzo et son autre forme d'élan maternel, et pour les habitants du quartier, tous plus vrais que nature. le lecteur suit la manière dont la présence et la vie du jeune garçon s'entremêle à celle des habitants du quartier, les effets qu'il a sur eux et la réciproque. Il envisage ce récit sous l'angle du concept de petit miracle, mais les différents ingrédients ne parviennent pas à un plat équilibré : un peu trop de mélodrame, un peu trop de rebondissements, un peu trop de comportements soudains.

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A special wedding ring (38 pages) - Shloyma Emmis est un célibataire d'un certain âge qui mène une vie bien réglée, vivant de la vente de bagues avec diamant, et étudiant la Torah et le Talmud tout le reste du temps. Dans le même quartier vit miss Fegel qui prend soin de son fils adulte infirme Marvin, une jambe mal formée, et miss Grepps qui prend soin de sa fille Reba adulte sourde et un peu attardée. En papotant, elles finissent par se dire que le mieux pour leur enfant respectif serait d'épouser l'enfant de l'autre, afin qu'ils prennent soin l'un de l'autre. Après un peu de travail de conviction qui emporte un accord du bout des lèvres de Reba et Marvin, Missis Fegel va acheter une alliance à Shloyma Emmis.

En entamant ce deuxième long récit, le lecteur se dit qu'il risque de se produire le même ressenti que pour le précédent : démarrage du récit avec Shloyma Emmis, pour partir ensuite sur les deux jeunes adultes handicapés et leur mère. En fait le récit vire au mélodrame, avec quelques touches d'humour un peu vache, comme l'auteur sait si bien en distiller. À nouveau le petit miracle semble artificiel, mais dans le même temps les personnages sont toujours aussi proches et émouvants, la narration graphique fluide et facétieuse. le lecteur dévore les pages, ému par l'évolution de la relation entre Reba et Marvin, tout entier absorbé par l'histoire de ce couple.

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Comme d'habitude, ce recueil est d'abord une leçon de narration graphique aussi élégante que virtuose, aussi sensible qu'amusante. En fonction de sa sensibilité le lecteur apprécie plus une histoire qu'une autre, trouvant forcément 2 pépites dans le lot, et le reste largement dans le dessus du panier.
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Avec cette bande dessinée, Will Eisner propose de faire vivre au lecteur, à travers quatre histoires, le quotidien de familles dans le quartier imaginaire de Dropsie Avenue.

La première histoire, "Le miracle de la dignité", m'a plutôt fait sourire par son côté quelque peu ironique et par le renversement de situation à la fin.
Parti de rien et clamant qu'il veut retrouver sa dignité, l'oncle Amos réussira à manoeuvrer pour devenir riche tandis que son cousin Irving qui l'avait aidé financièrement s'appauvrit.
La situation s'inverse, mais voilà, il connaîtra un revers de fortune et se retrouvera dans sa situation antérieure, sauf que cette fois-ci chacun dans la famille se gardera bien d'aider l'oncle Amos à repartir de zéro, puisque "C'était, après tout, un homme d'une si grande dignité."
Je ne peux m'empêcher de trouver à cette histoire un petit côté moralisateur, comme quoi l'argent ne fait pas le bonheur et surtout ne peut pas contribuer à lui seul à rendre sa dignité à un homme.

La deuxième histoire, "Magie de rue", commence à devenir un peu plus cruelle, dans le sens où la violence de certains quartiers de New-York commence à se faire sentir.
Très courte, elle n'en est pas moins percutante et j'ai beaucoup aimé son côté optimiste, dans le sens où l'un des personnages prend un risque et finalement s'en sort très bien.
Là aussi, s'il devait y avoir une morale ce serait "Tel est pris qui croyait prendre".

La troisième histoire, "Un nouveau dans le bloc", est la plus longue de toute et sans doute celle qui m'a le plus marquée.
Elle revêt un caractère magique, surnaturel, que les autres histoires n'ont pas, et pendant longtemps j'ai, naïvement, espéré une conclusion heureuse.
Un jeune garçon apparaît mystérieusement dans un bloc de Dropsie Avenue et à partir de ce moment des petits miracles ont lieu.
Il ne parle pas, ne sait ni lire ni écrire, c'est un enfant sauvage sans mémoire sauf qu'il apporte le bonheur à ce bloc.
Mais voilà, les hommes sont cruels, et pour une malheureuse histoire comme quoi cet enfant ne va pas à l'école, il s'enfuira et disparaîtra à jamais : "Le garçon s'était évanoui aussi mystérieusement qu'il était apparu."
Mais ce que j'ai trouvé de plus amer encore, c'est la phrase de conclusion : "Et en fin de compte, on n'entendit plus jamais parler du garçon qui était venu dans le bloc.", c'est sans doute l'histoire la plus sombre, la plus triste et la plus amère de cette bande dessinée.
J'ai beaucoup de mal à y voir les petits miracles qui donnent son titre à l'oeuvre, tant elle décrit la noirceur de l'âme humaine.

La quatrième et dernière histoire, "Une bague de fiançailles spéciale", revêt également un côté moralisateur et, sans être aussi amère que la précédente, a tout de même un caractère sombre qui éclipse quelque peu le miracle lié à la bague de fiançailles.
Deux êtres peu gâtés par la vie vont se retrouver mariés par l'entremise de leur mère respective et vont alors connaître le bonheur, grâce à la bague de fiançailles.
mais voilà, alors que la femme retrouve sa voix, elle sort, abandonne son mari et finit par lui dire : "Je veux divorcer.", "Je ne peux plus vivre comme ça ! Ce n'est pas un bon mariage ! Après tout, il a été ... arrangé !"
C'est alors qu'elle connaîtra un revers de fortune et finira par revenir à de meilleurs sentiments et vers son mari qui l'aime toujours.
De manière plus marquée que dans les précédentes histoires, il y a un côté punitif à cette histoire qui lui donne un aspect triste et déstabilise quelque peu l'idée que l'on se fait du bonheur.

Avec uniquement des dessins en noir et blanc et un coup de crayon sûr, Will Eisner dresse à travers "Petits miracles" quatre histoires de la vie quotidienne dans le quartier imaginaire de New-York de Dropsie Avenue.
Ce quartier imaginaire n'est pourtant pas sans rappeler certains quartiers bien réels de cette ville, et même si la violence n'est pas trop présente, le lecteur arrive à ressentir l'aspect déshumanisé que peut prendre une grande ville comme New-York.
C'est pourquoi l'auteur choisit d'apporter dans le quotidien des habitants de ce quartier des petits miracles qui vont rendre la vie plus belle.
Oui, mais jusqu'à un certain point, car je ne peux m'empêcher de ressentir un goût amer à la fin de cette lecture et je n'y ai pas vu un optimisme permanent mais plutôt furtif.
Visuellement et graphiquement, cette bande dessinée est réussie et permet de se plonger dans le quotidien d'un quartier New-Yorkais.
A lire pour découvrir une part de l'enfance de Will Eisner dans des quartiers populaires et également un autre aspect de la mégalopole qu'est New-York.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Sincèrement, je suis persuadé que Will Eisner ne jouit pas totalement de la célébrité qui lui revient. Bien entendu, son personnage fétiche, The Spirit, sorte de détective masqué, est bien connu des aficionados de la bande dessinée américaine. Mais au-delà de ces aventures-là, qu'en est-il de tous ces petits récits courts ayant New York pour toile de fond ? Et tout particulièrement, le Brooklyn des années 1920, les années de son enfance … Eisner nous parle d'un temps où la vie de quartier avait encore une importance, quelques rues où tout le monde se connaissait, quelques pâtés d'immeubles habités par des tailleurs, des commerçants, de petits diamantaires, des rabbins (et d'un curé pour la communauté italienne). Sans oublier les enfants vagabonds, les veuves éplorées, les voisins susceptibles, les couples au bord de l'implosion… car, bien sûr, dans ce quartier, tout se sait, pas moyen d'avoir une vie sans le regard des autres braqué sur soi.
Eisner nous présente quatre contes à portée plus ou moins philosophique, en tout cas, avec une réelle bienveillance pour les divers protagonistes. Il nous présente la vie de son Brooklyn natal, sans occulter les mesquineries, la tromperie, la violence, la folie qui s'y trouvent mais il parvient presque toujours à positiver : ces gens-là vivent en dépit de tout cela. L'histoire avec les deux petits garçons en butte aux tracasseries d'adultes m'a particulièrement touché et m'a bien fait rire par sa chute. L'intelligence n'est pas question d'âge ou de peuple.
Le graphisme de Will Eisner est sous influence cinématographique, avec ses cadrages et ses mises en pages si particulières. Ainsi les images en noir et blanc, sans véritable cadre, se succèdent sous l'éclairage si particulier des films expressionnistes européens, comme ceux de Fritz Lang ou de Friedrich Wilhelm Murnau. Cette esthétique est au service d'histoires (les petits miracles, du titre) où se rencontrent intrigue et merveilleux, morale et humour, mais surtout l'émotion.
Will Eisner était non seulement un excellent dessinateur, un parfait conteur, mais il était également un « être humain ». N'hésitez pas à découvrir son univers !
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Les miracles sont une sorte d'héritage culturel. Comme la plupart des mythes, je les soupçonne de ressurgir de génération en génération. Sans aucun doute, des thèmes similaires apparaissent dans le folklore yiddish classique et dans les vieux contes populaires allemands, par exemple l'histoire de Caspar Hauser.
Il se trouve que, pour mes aînés, aucun histoire inexplicable ne restait inexpliquée. Une telle philosophie, bien sûr, est un terrain propice à l'éclosion des miracles.
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M'DAME GREPPS : Je sais bien qu'il est infirme... mais Marvin est un bon garçon ! Il gagne sa vie... il fera un excellent mari ! ... tu ne peux pas en demander plus. Ne pleure pas, Reba... Ne pleure pas... C'est pour ton bien...
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- Bonjour Amos. Tu as l'air dans le besoin.
- Oy, Irving... Tu as devant toi un homme au bout du rouleau !
- Attends... Laisse-moi te donner un peu d'argent !
- CINQ DOLLARS ?!
QUELLE INSULTE ! Dans l'état où je suis... ME DONNER CA ! POUAH !
- Oh...excuse-moi. Je regrette vraiment, qu'est-ce que je peux faire pour toi ?
- D'abord m'aider à retrouver ma dignité ! Je ne veux pas la charité... Tu n'as qu'à me faire un prêt, Irving !
- Pourquoi pas ? Que dirais-tu d'un prêt de 5 000$ ?
- Non ! Plutôt 10 000$. Après tout. Ce n'est qu'un prêt.
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Il se trouve que, pour mes ainés, aucune histoire inexplicable ne restait inexpliquée. Une telle philosophie, bien sûr, est un terrain propice à l'éclosion des miracles. Je raconte ces histoires poussé par un sens du merveilleux que le temps et les années n'ont pas émoussé... Will Eisner, Floride 2000
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La remémoration est un processus de déduction, un peu comme celui de l'anthropologue qui reconstitue un très ancien squelette.
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LE FEUILLETON DE FRANÇOIS PENEAUD - Une Page à la fois (2) : The Spirit de Will Eisner
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