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Alain Guillermou (Autre)
EAN : 9782070370870
278 pages
Gallimard (18/04/1979)
3.92/5   111 notes
Résumé :
La Nuit bengali est l'autopsie d'un amour.

Ingénieur européen parti travailler en Inde, Allan se fait admettre dans la famille de son chef qui est bientôt prête à l'adopter. Lorsqu'on lui présente Maitreyi, la fille de la maison, Allan la juge d'abord laide et sans attrait. Il est cependant sensible à un détail : la couleur exceptionnelle de sa peau, entre cire et argile. Il lui faut pénétrer les mœurs et mystères du pays pour découvrir la sensualité... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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Au début du 20e siècle, Allan, un jeune ingénieur anglais part faire fortune (ou, du moin, un nom) dans les Indes britanniques. C'est un monde complètement différent de tout ce qu'il a connu mais, au moment où il commençait à s'y faire, il tombe malade. Il est recueilli par son patron Narendra Sen, chef de famille bengali, aussi mais grand admirateur de la civilisation occidentale. Les mois qu'il passe chez son hôte auront permis à Allan de bien récupérer, de mieux apprécier la culture indienne mais surtout de tomber amoureux de la jeune Maitreyi. Mais un tel amour interdit, même s'il est partagé et passionné, ne peut qu'entrainer des conséquences néfastes… C'est le début de « La nuit bengali ».

Mircea Éliade signe ici une grande histoire d'amour. Allan et Matreyi ne sont pas destinés à s'aimer au premier regard. D'ailleurs, l'Anglais raillera le physique de l'Indienne, même sa culture qu'il juge un peu arriérée. Et le génie de l'auteur réside justement dans ce contraste, ce couple étrange que rien ne semblait prédestiné à s'aimer. Il faut parfois croire au destin… Avec le temps, les deux jeunes personnes apprendront à se connaître, à s'apprécier puis enfin à s'aimer. Mais attention, pas de mièvreries ni de trucs à l'eau de rose ! C'est du sérieux, dans le genre Roméo et Juliette. Ou bien Abélard et Heloïse.

Puis viendront les obstacles : le caractère imprévisible de Maitreyi mais surtout les moeurs bengali, jamais vraiment comprises par Allan même s'il les a étudiées. Avec le système de classes, de castes, et tout ce bataclan, il est inenvisageable pour le père d'accorder la main de sa fille à un étranger.

Au-delà de l'histoire d'amour qu'il nous propose, Mircea Éliade a su dépeindre admirablement bien l'Inde. À la fois de manière romantique et réaliste ! Tout un exploit ! Et tout y passe : la caractère hautain des étrangers et administrateurs coloniaux, la fierté des Bengalis, l'incompréhension et les relations parfois tendues entre les Occidentaux et les locaux. La jungle tout près, la chaleur et l'humidité. L'hospitalité des gens. Les femmes vêtues de leurs saris colorés, les thés parfumés et autres nourritures. Et que dire des différences culturelles ! L'auteur a tout de même passé quelques années en Inde, alors qu'il était un jeune homme et qu'il étudiait les religions (il a rédigé une thèse de doctorat sur le yoga). Donc, il sait de quoi il parle quand il raconte le parcours d'Allan.

Mircea Eliade est un auteur roumain dont on parle peu, en tous cas au Canada, et c'est très dommage. Il mérite plus de reconnaissance ! « La nuit bengali » est le quatrième livre que je lis de lui – et le meilleur à date – et je compte bien continuer à explorer son oeuvre édifiante mais aussi intéressante.
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J'ai un peu de mal à démêler mon ressenti à cette lecture.
Bien sûr, je suis loin d'être insensible à l'aura de l'histoire d'amour impossible entre Allan, un occidental qui travaille en Inde, et Maitreyi, une jeune fille bengali, poétesse, qui lui donne la sensation bizarre d'un rêve. On sent, à travers ce trouble amoureux, l'attirance, voire une certaine fascination pour l'Inde et sa culture, son côté mystérieux, étonnant, déroutant, pour le narrateur occidental, mais aussi les préjugés dont il est loin d'être dénué, se considérant longtemps « comme un homme normal entré en relation avec une barbare », les incompréhensions dramatiques, les tensions, le côté déséquilibré et destructeur de cette relation. Au départ, j'ai plutôt été intéressée par la confusion des sentiments, les oscillations je l'aime/je ne l'aime pas, mais à la longue parfois ça piétine, il y a quelque chose de complaisant, de pas vraiment abouti, d'un peu brouillon.
Et surtout je ne sais pas bien quoi penser du narrateur, alter ego de Mircea Eliade dans ce roman semi-autobiographique, dont on est invité à épouser le point de vue, ce qui m'a parfois mis mal à l'aise. Evidemment, on le comprend, on se projette en lui, mais vu de l'extérieur on pourrait trouver qu'il se conduit comme un butor avec une mineure, et avec cette famille si accueillante sur laquelle il va avoir un effet dévastateur. J'aimerais bien lire le livre de Maitreyi, choquée semble-t-il à la lecture du roman de Mircea Eliade, et qui donne sa version de leur relation dans Na Hanyate, mais je ne crois pas ce soit traduit en français. Il semblerait que la publication de la Nuit bengali soit assez compromettante pour elle, ce qui ne fait qu'accentuer le fait que je sois un peu mal à l'aise avec ce roman.
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Allan, ingénieur européen, travaille aux Indes sous les ordres de Narendra Sen, un bengali. Celui-ci s'attache à lui et l'héberge dans sa famille. Il fait connaissance avec l'ainée, Maitreyi, une jeune fille de seize ans, belle et intelligente. Il se persuade de ne rien éprouver pour elle mais petit à petit, ses sentiments pour elle vont évoluer…
Dans les années 30, une histoire d'amour nait entre deux êtres qui tout semblent opposer au début. Allan, vingt-cinq ans, venu travailler aux Indes et Maitreyi, seize ans, belle et pleine d'esprit. C'est un amour qui va se construire pièce par pièce, sans le vouloir, un peu par jeu parfois. Pourtant, Allan éprouve parfois une vive aversion pour ces Indiens aux moeurs étranges ! le système des castes, leurs différentes conceptions de l'amour, du monde, de l'amitié, de la famille… tout un ensemble qui peine à comprendre. Et l'amour qui arrive par vagues, lui fait changer sa perception de l'hindouisme.
Assez particulière, cette histoire d'amour m'a plu par son opposition de différentes cultures, par sa construction. Cependant, j'ai trouvé un peu curieux que le jeune Allan soit européen et non d'une nationalité précise (peut-être français ?). Est-ce pour donner plus d'importance à leurs différences culturelles (chrétien/hindou) ?
Je suis contente d'avoir découvert ce roman roumain dont j'avais beaucoup entendu parler. J'essayerai de voir l'adaptation cinématographique avec Hugh Grant (1988) !
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De Mircea Eliade je connaissais les travaux sur l'histoire des religions, je n'avais jusqu'ici pas découvert le romancier. Je n'ai pas été vraiment sensible – et cela me désole un peu – au récit des amours contrariés d'Allan et de Maitreyi.

L'histoire se déroule dans les années 30 en Inde. Un jeune ingénieur est invité par son chef, Narendra Sen, à séjourner chez lui. En acceptant, il ignore alors qu'une grande histoire va débuter avec Maitreyi d'autant que dans un premier temps il la trouve noire (!) et peu attirante. Cette dernière, très érudite, à la personnalité complexe et déroutante, va rapidement le solliciter pour qu'ils deviennent amis. Allan, peu au fait, des moeurs indiennes, se laisse progressivement aller à une relation ambiguë, où la sensualité tient une place grandissante. Les deux jeunes gens, bravant la culture et la religion, finissent par succomber alors même qu'ils savent que leur amour est interdit, qu'il n'a probablement pas d'issue.

Le parfum du jasmin et des épices n'est jamais bien loin et l'Inde dessinée par Eliade est plutôt accueillante. L'auteur ne se prive pas d'égratigner ses compatriotes européens qu'il décrit comme imbus d'eux-mêmes, certains de leur supériorité, un brin racistes – et je retiendrai surtout du roman sa dimension historique, une vision de la colonisation dans ses derniers jours.

Malgré tout, et même si l'histoire est intemporelle et exotique, il est difficile de s'identifier à l'un ou l'autre des protagonistes. Je trouve Allan peu respectueux de la jeune femme et de sa famille – extrêmement bienveillante à son égard – et Maitreyi si exaltée que toute empathie est impossible.

La quatrième de couverture nous prédit un roman qui agit comme un sortilège – il n'a pas fonctionné sur moi. Peut-être le roman n'a pas très bien vieilli…ou alors c'est moi qui suis trop vieille 😊.

Challenge ABC – 2019/2020
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Mircea Eliade (1907-1986) est historien des religions, philosophe et romancier roumain. A quatorze ans il publie son premier article et à vingt ans il parle déjà allemand, anglais, français et italien. Adulte, il parlait et écrivait couramment huit langues dont l'hébreu, le persan et le sanskrit. de 1933 à 1940 il enseigne la philosophie indienne à l‘Université de Bucarest.
Son roman La nuit bengali date de 1933 mais ne sera traduit en français pour Gallimard qu'en 1950. C'est cette édition que j'ai achetée dans une brocante, son premier ( ?) propriétaire l'avait faite relier, avec le nom de l'auteur et le titre du livre sur la tranche ainsi que ses initiales. A l'intérieur du bouquin, un premier cachet à l'encre bleue en partie délavée précise, me semble-t-il, « le lieutenant Corroyez – O.D. de la C.P.L.E. » tandis qu'un second sur la page suivante indique le nom et le prénom ainsi qu'une adresse à Draveil (91210). Rien qu'avec ces éléments on pourrait écrire un roman ou du moins une histoire passionnante. Mais aujourd'hui ce n'est pas mon propos.
Revenons à notre roman qui se déroule au Bengale dans les années 30. Allan, un jeune européen, ingénieur et dessinateur technique pour une entreprise de canalisation du delta du Gange, mène une vie de célibataire relativement agréable au sein de la petite communauté blanche qu'il fréquente. le roman est écrit à la première personne, souvenirs d'Allan et extraits de son journal intime. L'ingénieur va rencontrer Maitreyi une jeune fille indienne fille de son patron, et a son plus grand étonnement – car lors de leurs premières rencontres elle ne l'avait pas particulièrement frappé - il va en tomber amoureux.
Dès lors, tout le roman va s'articuler autour cet amour qui doit rester secret, tant pour Allan vis-à-vis de ses compatriotes qui n'accepteraient pas cette relation entre un blanc et une quasi « négresse », que pour les parents de Maitreyi très à cheval sur les conventions liées à leur religion et leur système de classes typique de la société indienne. La situation est d'autant plus complexe, qu'Allan a été accueilli par les parents de la jeune fille et vit sous leur propre toit chaque jour un peu plus comme un fils. Ajoutez à cela, les jeux de l'amour dont les codes diffèrent selon les cultures et qui mettent les nerfs d'Allan à l'épreuve.
Sans dévoiler vraiment la fin du roman, on peut deviner que l'histoire se terminera tragiquement pour certains des acteurs quand la vérité éclatera, que des souffrances s'atténueront avec le temps pour d'autres, peut-être.
Un très beau livre, peut-être un peu désuet mais avec une très belle histoire d'amour dans un décor exotique et un choc des cultures.
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
incipit :
Il se taisait depuis quelques minutes, l'air absent, le regard perdu par la fenêtre. Je refermai le calepin et le mis dans ma poche.
- Si vous voulez, finis-je par dire doucement, demain je viendrai une ou deux heures plus tôt. Et je vous apporterai le texte tapé.
- Pour demain, dut-il en tournant paresseusement la tête, je faisais d'autres plans... Pourtant, reprit-il après une pause, je pense que c'est la meilleure solution...
A ce moment-là, on frappa. Surpris, je me levai brusquement, mais la porte s'ouvrit aussitôt et je vis entrer un grand jeune homme blond, qui me parût étonnamment pâle. Il s'avança timidement, mais d'un pas néanmoins ferme.
- Veuillez m'excuser, dit-il en se dirigeant vers le bureau. Vous êtes bien monsieur Anghel D. Pandele ? L'écrivain ?
- Et vous-même, qui êtes-vous ? m'écriai-je.
Comme si de rien n'était, le jeune homme s'approcha du bureau.
- Dumitru Anghel Pandele ? L'écrivain ? répéta-t-il.
- C'est moi, répondit Pandele avec ce sourire que je lui connaissais bien, mi-énigmatique, mi-ironique.
Le jeune homme s'arrêta à côté de la chaise placée devant la tablette de la machine à écrire et se passa à plusieurs reprises la main sur le front.
- Veuillez m'excuser, murmura-t-il, mais dans ce cas-là...
Il respira profondément et reprit d'une voix plus forte, en articulant les mots lentement, solennellement :
- Veuillez m'excuser, mais dans ce cas-là... Dans ce cas-là, vous êtes, excusez-moi de vous le dire comme ça... Vous êtes... mon père.
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«La passion grandit en moi, délicieux mélange d'idylle, de sensualité, de camaraderie, de dévotion. Quand je me tiens près d'elle sur le tapis et que nous lisons ensemble, le moindre frôlement me trouble. Je sens qu'elle est troublée aussi. La littérature nous aide à nous dire mille choses. Parfois nous devinons tous les deux que nous nous désirons l'un l'autre.»
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Ne pouvant plus la contempler je dirigeau mon attention vers son père. Je me demandai comment un homme pouvait être aussi laid et manquer à ce point d'expression. J'analysai le personnage à loisir et de près : on eut dit une grenouille avec ses yeux exorbités et sa bouche énorme, sa tête ronde et noire comme une marmite, son front bas et ses cheveux de jais tout frisés, son corps ramassé aux épaules tombantes, au ventre difforme, aux jambes courtes. La sympathie, l'affection que suscitait cet homme étaient difficles à comprendre. Et pourtant Narendra Sen me paraissait à moi aussi un être séduisant, intelligent et fin, plein d'humour, doux et loyal.
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J’ai gardé un souvenir très vague : Maitreyi attendant en automobile, en face de l’Oxford Book Stationary. Son père et moi nous choisissions des livres pour Noël. En la voyant, j’eus un frisson bizarre accompagné d’un sentiment très curieux de mépris : elle me paraissait laide avec ses yeux trop grands et trop noirs, avec ses lèvres charnues et retroussées, avec sa poitrine puissante de vierge bengalie trop vite développée.
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Le dimanche, mes serviteurs partaient en train pour Shillong et ramenaient des provisions. Je dormais jusqu’à midi et me réveillais la tête lourde et la bouche pâteuse. Je restais au lit tout le jour à recopier mes notes sur mon journal. Je voulais publier plus tard un livre sur la vie réelle du blanc en Assam et je m’analysais moi-même avec le plus de précision possible. Mes jours de marasme et de neurasthénie avaient leur place auprès des jours, naturellement plus nombreux, où le pionnier se réveillait en moi plein d’orgueil et de puissance.
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