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Critique de FleurDuBien


Ce sont avec mes yeux mouillés et frangés de larmes que je termine ce livre plus que magnifique.
Un cadeau. Madame Elkaim m'a offert un cadeau.
Véritablement.
Cet ouvrage ne pouvait que me toucher.
Les pieds-noirs à la retraite sur la côte d'Azur, je les ai si bien connus...
Mon père était l'un d'entre-eux, de ces français ayant vécu ou, comme lui, travaillé en Afrique du Nord, en Algérie précisément.
Des que je parlais à mon père de l'Algérie, il pleurait, des larmes douces et belles.
Son accent, ses "ma fille", "mon fils" à chaque plus petit que lui, un enfant, un adolescent, je les ai bien connus.
Ils ont tout quitté en juillet 1962, ils ont quitté leur maison, appartement ou emploi, ils ont quitté la vie, leur vie.
Et on les a maltraités, repoussés, molestés à leur arrivée en France.
On les a traités plus bas que terre.
C'est un merveilleux cadeau qu'a fait là Mme Elkaim à ses ancêtres, son grand-père, sa grand-mère, et à son père et son oncle. Et puis pour elle-même bien sûr, et puis pour B. son Amour.
Un cadeau, oui, mais un cadeau empoisonné ; au moment même où elle raconte la déchéance de sa famille, comme par hasard, elle trébuche et tombe par terre dans la rue. Quelques dents cassées, la mâchoire abîmée, elle a payé son écriture, son retour en arrière.
Cela m'a fait penser au livre de Lionel Duroy, le chagrin, où il reste enfermé des jours entiers en dépression pendant qu'il racontait par le menu des souvenirs d'enfance effrayants. Et oui, c'est bien la catharsis de Freud que l'on rencontre là, au détour d'un chemin, dans une impasse, ou sur un divan, reparler, réécrire le trauma, la douleur, le manque ou bien une horreur, il n'y a rien à faire, on revit le souvenir, le geste honni, l'amère vérité, on va très mal, c'est insoutenable, mais en même temps, c'est salvateur, cette catharsis est le seul moyen pour s'en sortir vraiment, complètement, et durablement.
Mme Elkaim n'a pas eu ma chance d'obtenir son visa pour l'Algérie.
J'y suis allée en pèlerinage, en 2003, pour enfin voir de mes yeux ce pays qui faisait tant pleurer les Anciens. Et j'ai bien fait. Quelle lumière, quelles beautés, quel émerveillement !
Mon père, était en fin de vie à l'époque, Alzheimer, et en y allant, c'était comme si je lui rendais un peu de sa mémoire fracassée.
Comme par hasard, il est question d'une personne atteinte aussi par cette maladie dégénérative dans ce livre. Les détails sont choquants et crus, mais ils sont importants. Car c'est la réalité.
Oui, c'est un merveilleux cadeau que cette auteur s'est faite à elle-même, et, un peu, il est vrai, sans le savoir, à moi aussi.
Je t'aime Papa.
Merci Mme Elkaim.
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