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Second Quatuor de Los Angeles tome 1 sur 2
EAN : 9782743632588
848 pages
Payot et Rivages (06/05/2015)
  Existe en édition audio
3.71/5   372 notes
Résumé :
Perfidia inaugure le second Quatuor de Los Angeles, prélude au premier, encore plus ambitieux et qui reprend ses personnages devenus célébrissimes à l'époque de leur jeunesse. « C'est mon roman le plus ample, le plus détaillé sur le plan historique, le plus accessible sur le plan stylistique, et aussi le plus intime. Plaintif, mélancolique, il plonge dans la trahison morale de l'Amérique au début de la Seconde Guerre mondiale, avec l'internement de ses citoyens d'or... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (70) Voir plus Ajouter une critique
3,71

sur 372 notes
La dernière fois que j'avais entrepris de lire Ellroy remonte au temps du Dalhia noir et de la mort d'Elizabeth Short. Je remonte encore plus le temps, un temps où Betty Short ne s'était pas encore installé à L.A., le temps pour moi d'avoir le courage d'ouvrir les 830 pages de cet ouvrage.

La bouteille de bourbon à portée de main, toujours en avoir eu pour les coups durs, ou les coups de poings, je plonge dans l'univers de L.A. le 6 décembre 1941. Glenn Miller et son orchestre swingue l'insouciance. Cette nuit-là, 4 japonais sont retrouvés morts, façon seppuku. Mais tout le monde va vite oublier cette affaire. Qui se soucie de 4 Japs morts alors que le lendemain, les Etats-Unis déclarent la guerre au Japon suite à l'attaque de Pearl-Harbour. C'est donc dans ce contexte géopolitique que ma virée nocturne me balance en pleine face ses morts et ses peurs.

L'orchestre de Glenn Miller joue Perfidia. A la tombée de la nuit, le blak-out total. L'obscurité pure, les lumières s'éteignent, le monde scrute le rivage, il parait que les sous-marins japonais sont là. Paranoïa. La sueur dégouline avec son odeur aigre de peur. Les coups valsent comme sur un immense ring de boxe. L.A. se dévoile sous cette ambiance sombre et délétère. J'y vois violence, racisme, magouille. Tout le monde est abject, corrompu, flics et voyous en même temps. le monde n'est pas beau à voir, même si la musique adoucit les moeurs, les moeurs eux se déchainent de toujours plus de violence.

James Ellroy est ce formidable conteur qui captive par la frénésie de sa plume. Il ne fait pas dans la dentelle, ne brosse pas ses compatriotes dans le sens du poil. Il est violent, autant déroutant qu'envoutant. Il ne se passe moins d'un mois entre la première et la dernière page, le temps file, et les pages aussi. le roman ne se lâche plus, une fois immiscé dans ce monde. L'auteur doit-il faire plus court ? Peu importe, je ne me pose même plus la question, parce que je sais qu'au fond de moi, je prends du plaisir à presque chaque page. « Perfidia » est le premier volet de sa nouvelle tétralogie californienne, mais aurais-je le cran de le poursuivre. Je n'en suis pas aussi sûr, bien que je n'ai rien à redire à sa plume, à son histoire, à son L.A. Mais à mon âge, mon temps est compté. L'auteur n'a que ça à écrire, moi j'ai aussi d'autres pavés à lire. Mais une chose est tout aussi sûre, un tel roman est difficile à lâcher, il éprouve, il emplit les journées, les nuits, les temps morts, il éreinte même, mais il reste en mémoire. Et maintenant, que j'ai redécouvert la plume d'Ellroy, que j'ai erré dans la nuit entre les Japs, les Chinetoques et les Bamboulas de L.A., il est temps que je tourne la dernière page, et passe à d'autres aventures. le ciel est gris, California Dreamin'.
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Dans le lent écueil des émotions et des convoitises s'écoule le crépuscule de Los Angeles. Un sentiment glacé étreint la crête des collines peu propice aux vivants. Semblable à une danse lente, la pavane d'un rêve défunt, le livre de James Ellroy ondoie, déferlante régulière et rythmée.
L'Histoire étreint les protagonistes, les lamine, les essore, les embrasse et les rejette. le roman se déroule dans un court laps de temps juste avant et après l'attaque de Pearl Harbor. Les Etats-Unis vont entrer en guerre. Dans un frénétique dérèglement de tous les sens, les femmes et les hommes du récit, personnages principaux ou secondaires, imaginaires ou réels, abdiquent de leur âme ou du peu qu'il leur en reste. Ce sont des plantes vénéneuses qui s'entredévorent. Les plus fragiles et « innocents « auront leur part. Leur Part d'ombre. Ce n'est même plus survivre, c'est essayer de s'arracher au tourbillon infernal de la boite à Pandore. Ellroy l'a ouverte. En sort comme toujours : la terreur, la corruption, l'argent, le sexe, le pouvoir, les manipulations, les minorités, le racisme, la religion, la violence, la rédemption, l'amour et la mort.
L'écriture serrée, limpide, plus classique (certains trouveront plus banale ?) est toujours aussi brillante dans son intelligence et sa construction. Elle semble effectivement débarrassée du foisonnement, du tumulte, de l'outrance pour ne garder que la substance vitale. le rythme du livre est une course de loup. Une cadence soutenue, ample et silencieuse ; qui ne lâche rien.
Parlons, en autre, des phrases, des mots répétés ; parfois dans un même paragraphe. Outre le tempo linguistique, elles soulignent la réflexion des personnages, leur impuissance parfois, leur satisfaction aussi. Point de rabâchage. le staccato des mots égrenés. Une litanie obsessionnelle qui tourne à l'incantation. Car ils sont tous obsédés ; ils et elles. Obsédés par leurs amours, leurs haines, leur foi, leurs chimères, leur loi, leurs vices. Ils sont obsédés par L.A., ville des mirages.
Dans ce livre aucune distance entre l'action et le ressenti des personnages. C'est la même cadence, le même niveau d'écriture. L'immédiateté du récit vous met dans le rôle du double invisible. Vous êtes dans leur tête, dans leur coeur et dans leurs gestes.
On les retrouve tous dans la jeunesse et pour certains dans la genèse de leur existence littéraire. Celles et ceux qui sont dans les deux séries d'Ellroy : le Quatuor de Los Angeles et Underworld USA.
Dans Perfidia les trois pivots du récit sont :
Dudley Smith, figure emblématique du LAPD, Monstre parmi les monstres. En passe de devenir une sorte de légende urbaine. Les plus belles pages romantiques sont pour lui.
William H. Parker, son rival au sein du LAPD, soumit à ses tentations, son idéal et à sa rédemption impossible.
Katherine Lake : j'écrivais pour le Dahlia noir qu'elle se sauvait et se croyait sauvée. Dans Perfidia, elle commence cette ascension.
Et la pierre de soutènement :
Hideo Ashida : Jeune docteur en biologie et criminologie, japonais, travaillant au sein du LAPD en cette période qui va voir la spoliation, l'arrestation et l'internement dans des camps d'une majorité de la population japonaise de Los Angeles. Ashida peut être vu comme était Upshaw dans le Grand Nulle Part. le coeur révélateur, la figure emblématique, la symbolique à la fois accusatrice et expiatoire de tous les autres et de cette ville. Et comme Upshaw, Ellroy en fait un personnage attachant, un type malgré tout « bien ». Evidemment, il cherche à sauver sa peau au sens propre et figuré. Ellroy lui confère une forme de pureté originelle même dans ses doutes et ses trahisons.
Et puis il y a tous les autres : Claire de Haven, Buzz Meeks, Blanchard, Bleichert, Jack Webb, Ward J. Littell, etc… Convoqués pour le festin.
La grande force de James Ellroy, outre un talent – et beaucoup, beaucoup de travail – inné pour narrer une histoire, est d'insérer dans un déferlement de bassesses, des joyaux de douceur, de bonté et d'amour romantique idéalisé et passionné. C'est dans ces moments-là que je le trouve le meilleur.
J'ajoute, bien sûr, car cela va de soi avec Ellroy, que ces quatre personnages principaux ont un sentiment de supériorité issu de leur grande intelligence et lucidité ; ce qui ne les empêche pas de faillir et parfois de chuter momentanément.
Les femmes sont magnifiques, d'une justesse troublante. Ce sont des personnages féminins forts, perdus, combatifs, avec un regard sans concession sur les hommes.
Les hommes sont des vautours, des loups et des agneaux. Tous sont assujettis à cette ville pieuvre, qu'on imagine ne pouvoir s'épanouir, grandir que dans la violence, le sang et l'ordure.
Grand travail de traduction de Jean-Paul Gratias. Tout est en subtilité, finesse dans ce dernier James Ellroy. Et j'ai failli oublier l'ironie et le grotesque saupoudré tout le long de ce volumineux roman, ce qui ajoute un parfum cocasse. Cette horlogerie bien huilée vient d'une traduction qui pour moi « coule de source ».
Perfidia, premier roman de la nouvelle tétralogie de James Ellroy. Pépite incandescente dans l'orbite des nuits blanches du roman noir.

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Ayant lu cet opus en Anglais , j'ai attendu que la version française sorte pour livrer mon impression .
Ellroy je l'ai découvert il y a 19 ans , et depuis je suis fidèle à cet auteur hors norme .
Cette histoire inspirée d'un pan de l'histoire américaine est à la mesure de son talent .
Entre n'importe quelles mains çela aurait abouti à un magma informe , à un livre de supermarché .
Ellroy a en lui la formule qui élève au plus haut ces compositions .
Cet opus c'est comme un opéra tragique , plein de politique , de corruption , de violence , de personnages hors normes ...
Je ne suis pas adepte des spoliers , je me contenterai de dire qu'ici les lecteurs vont retrouver des visages connus , dont on a fait la connaissance dans la bibliographie d'Ellroy .
Il les confronte à des êtres de chair et de sang , qui étaient sous le feu de l'actualité à l'époque .
Il fallait qu'il aborde la période de la 2 eme guerre mondiale , et ces çonsequences aux usa .
Son traitement du calvaire des japonais américains après Pearl Harbor s'avère sans pitié .
Ellroy n'a jamais cherché l'effet choc , comme dans 90 % de la production de thrillers .
Lui préfère miser sur une rigueur impressionnante sur le plan historique , avec un univers qu'il fait revivre avec une maestria confondante .
Il y a en lui un amour de cette époque , qu'il partage avec le lecteur tout au long de ces pages , à un point tel que l'on retrouve le bonheur de lecture de la quadrilogie qui l'a fait connaître .
Los Angeles sous sa plume c'est un monstre qui nous avale , un univers ténébreux , sans aucune règle , ou la loi du plus ignoble triomphe .
A la rigueur historique répond une connaissance exhaustive de cette ville , qu'il aime tant , et qu'il déteste en même temps .
Tout le paradoxe d'Ellroy réside dans cette ambivalence , que l'on retrouve dans chaque passage de ce nouvel opus .
Les amateurs de thrillers chocs ne trouveront peut être pas leur bonheur avec cet opus qui s'impose comme le nouveau sommet d'une bibliographie déjà exponentielle.
Un bijou ultra noir , qui met mal à l'aise , et qui est addictif , comme seul Ellroy sait le faire .
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Du 6 au 28 décembre 1941. Los Angeles.
6 décembre: famille de japs: hara kiri: vrai ou simulé? Suicide ou assassinat?
7 décembre: PEARL HARBOR : MORT AUX JAPS!
8 au 28 décembre:
- s'engager pour tuer du jap
- interner, bastonner, ratonner les japs qui vivent à l'A depuis 2 générations
- peur des sous marins japs et de la cinquième colonne
- profiter de la guerre pour corrompre un max et se faire du blé
- etre corrompu par le plus fort pour sauver sa peau
- ne pas oublier d'aller à la messe pour sauver son âme
- et surtout baiser, sucer, "brouter des chattes", vivre bourré et se shooter le plus souvent possible

Ce livre est le premier tome d'un quator qui se terminera en 1946, annee du"Dalhia noir": c'est donc le temps des fondations: aride, ennuyeux, outrancier, sans finesse pendant les 600 premières pages ( sur 835).
Alice avait traversé le miroir pour nous emerveiller, Ellroy s'est miré dedans pour nous gonfler!
L'énorme talent d'Ellroy est de nous montrer l'mplacable combat que livre l'homme sur le mal: descente aux enfers mais rédemption toujours possible.
Dans Perfidia, il faut attendre le dernier quart du livre pour voir les personnages secouer leur noirceur, leur pourriture pour enfin se reveler( se relever) et nous offrir un final éblouissant

Inconditionnel de l'auteur, je suis donc deçu par ce nouvel opus mais espère beaucoup des suivants.

Mais ce n'est que mon humble avis.
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Du laid, du très laid. Comme on l'aime chez Ellroy. Une construction méticuleuse du récit écrit comme à la mitraillette avec des phrases courtes. Et puis sa recette de toujours: faire bouillir le lecteur dans le bain le corruption et de racisme qui semblait régner au sein de la police de Los Angeles (le LAPD) du début des années 40 à la fin des années 60.

Hawaï, le 6 décembre 1941. L'armée impériale nippone détruit la base américaine de Pearl Harbor. Juste avant, à Los Angeles, la famille Watanabe est retrouvée morte dans leur maison. La mise en scène laisserait penser à un suicide collectif. Un courrier trouvé sur place, écrit en kanjis, conforte cette thèse tout en dénonçant l'attaque nippone à des milliers de km de là, mais avant qu'elle n'ait eu lieu!
Comme toujours Ellroy intègre un contexte historique très prégnant dans ses histoires. de la grande histoire jusqu'à l'anecdote: même si les dégats furent mineurs, des sous-marins japonais ont réellement fait régner la terreur sur les côtes californiennes!

De plus, Ellroy s'empare volontiers de personnages réels pour les associer aux siens.
Le tout se complaît souvent dans le côté sulfureux des personnages: homosexualité, corruption, violence, drogue et sexe. Que penser par exemple du jeune J.F. Kennedy ou de l'actrice Bette Davis en 1941? Il suffit de cocher le bon mot dans la liste ci-dessus: S.....

Au premier rang de la floppée de personnages présents dans cet ouvrage et que l'on trouvera par la suite dans "le quatuor de Los Angeles", un Irlandais à l'accent chantant, le plus redoutable et le plus corrompu des flics de LA. J'ai nommé Dudley Smith: tout en réflexion et action. Ses moyens: la connivence et la violence.

Les autres personnages gravitent autour de sa personne. Craint, admiré et haï: Dudley Liam Smith . Ellroy l'emploie dans les meilleures scènes.

Le seul bémol à ces louanges viendra de la lecture du journal de K. Lake qui, intercalé dans le flux des lignes narratives, m'a semblé moins intense que les autres. Cette jeune femme prête à tout s'englue dans des idéaux parfois contraires et l'on sombre d'ennui avec elle.

Enfin, j'ai relevé que le slogan "America first" faisait des ravages, non seulement aujourd'hui mais aussi à l'époque du récit. de très nombreux Japonais vivants à L.A. ont subi des privations de liberté, des rafles, la confiscation de leurs biens ou pire. Ellroy en fait le coeur de son intrigue: des listes arbitraires ou pas de suspects japonais sont l'un des sujets du livre.
En 1941, les services de police et les fédéraux du FBI de M. Hoover craignaient des complots japonais. Alors, tous les moyens étaient bons pour briser "la cinquième colonne" à LA.

Comme toujours, un roman d'Ellroy est instructif et dérangeant. Vivement la suite!
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critiques presse (7)
Telerama
07 septembre 2016
La narration est foisonnante, le casting ample, la violence omniprésente. Quant au style d'Ellroy, il est plus précis et glaçant que jamais, comme pour mieux approcher l'âme torturée de l'Amérique que le géant du roman noir contemporain ausculte de livre en livre, inlassablement, depuis près de quatre décennies.
Lire la critique sur le site : Telerama
LaLibreBelgique
22 août 2016
Dans ce jeu avec les figures cultes de son Panthéon littéraire, Ellroy excelle.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeJournaldeQuebec
08 juin 2015
Le premier volet d’un second quatuor, qui dévoile encore une fois autrement la perfide histoire de Los Angeles.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LesEchos
29 mai 2015
Dans « Perfidia », écrit au présent dans un style électrique, les intrigues les plus sophistiquées s’imbriquent avec efficacité.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Lhumanite
19 mai 2015
Chez Ellroy, les faits divers côtoient la grande histoire. En poursuivant l’identification d’un monde passé, il constitue une mémoire populaire dans le sens qu’Howard Zinn lui a conféré. C’est-à-dire un mythe.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
Liberation
11 mai 2015
Le début d’un nouveau pan majeur de l’œuvre d’Ellroy.
Lire la critique sur le site : Liberation
LeFigaro
07 mai 2015
Grandiose.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (57) Voir plus Ajouter une citation
Wilshire, Olympic, Venice, Washington… Nous nous approchons du Congo. C’est l’heure du…
C’est carrément assourdissant. Des sirènes hurlantes montées sur des poteaux. On baisse les stores. Les enseignes au néon s’éteignent. Les feux de signalisation s’allument derrière une couche de cellophane. Les feux de position des voitures diffusent faiblement une lumière ambrée.
BLACK-OUT.
Scotty fait craquer ses phalanges. Dudley allume ses feux de position. Ils entrent dans Nègreville, où tout est sombre et marche au ralenti.
Des noirs sur le trottoir. Ciel noir, rues noires, peaux noires. De Washington Boulevard jusqu’à Broadway et cap au sud. Dis donc, c’est quoi, ça ?
BLACK-OUT.
Les rues se suivent – 72e, 73e, 74e. Ecoute les tam-tams et les ougabougas. On est au cœur du Congo, à présent.
Le continent noir. Noir comme le Black-out. De noirs désirent bouillonnent ici.
Voilà le magasin de spiritueux Lew’s Liquor. Il est plongé dans le noir, que ce soit la façade ou l’intérieur de la boutique. Les employés tiennent des lampes de poche et trimballent des bouteilles de gnôle. Vise un peu la clientèle : uniquement composée de bronzés.
Thad Brown est posté de l’autre côté de la rue. Dudley se gare le long du trottoir et laisse le moteur tourner au ralenti. Eugénisme. Regarde les indigènes se distraire.
Une partie de dés pendant le black-out. Quatre moricauds assis sur une couverture parsemée de billets d’un dollar. Le faisceau lumineux suit les dés en mouvement.
Scotty observe la scène. Les bamboulas portent des vestes jaunes en satin. De la racaille organisée en gang. Les serpents à sonnette. Ils poussent des cris et agitent leurs lampes électriques.
Dudley demande :
- Nous sommes en présence d’une réunion interdite par la loi. Aurez-vous besoin d’une matraque ou de menottes ?
- Non, monsieur. Vous pourriez demander une ambulance, plutôt.
Dudley exulte. Scotty sort de la voiture.
Les nègres font des bonds. Thad Brown les observe. On le repère facilement à cause de son feutre blanc. Sa cigarette rougeoie.
Les faisceaux des lampes de poche se croisent sur le parking. Cela part dans tous les sens. Un bamboula lance les dés et obtient un 2 – le nombre de points le plus bas. Lamentations et cris de joie s’entremêlent.
Scotty s’approche de la couverture. Scotty rafle les billets d’un dollar. Les nègres voient son geste. Concert de ouga-bougas. Un moricaud tente de le frapper avec sa lampe torche.
Scotty lui attrape le bras à la hauteur du poignet qu’il lui brise net. Dudley entend les os céder. Le nègre hurle. D’autres moricauds rappliquent. Ouga-bouga. Ils brandissent leurs poings et leurs lampes torches.
Scotty brise des poignets. Scotty fracture des mains. Scotty esquive les coups. Les lampes électriques tombent, leurs verres se brisent, la lumière fait des choses bizarres. Des poings frappent Scotty qui ne bouge pas d’un pouce.
Les moricauds hurlent. Scotty leur fonce dessus.
Il les attrape par le cou et les soulève du sol. Il les tient à bout de bras et les lance sur le gravier. Ils retombent lourdement. Ils remuent bars et jambes et tentent de ramper.
A coups de pieds, Scotty les plaque sur le sol et leur marche sur la tête. Il leur fait avaler du gravier et des billets d’un dollar. Une lampe au verre brisé, tombée tout près, se trouve braquée sur une oreille arrachée.
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J'étais terré à Tijuana et je devenais dingue. Je buvais du rhum à 75 degrés et je sniffais de la coke. J'allais voir le spectacle de bourricot tous les soirs. Je lisais des illustrés et des tracts antisémites. Oncle Carlos m'a donné des films des discours de grand chef Hitler. J'ai acheté un projecteur et je les ai regardés sur mon drap du Klan.
J'ai ressenti le besoin de TUER. J'ai flingué un touriste juif près du champ de course d'Agua Caliente. Il portait une kippa, alors j'ai su que c'était un youde. J'ai ressenti le BESOIN DE TUER un nègre. Je suis allé à San Diego en voiture et j'ai descendu un moricaud devant l'hôtel El Cortez. J'ai lu un article à propos du Jap qui s'est fait dézinguer dans cette cabine téléphonique. J'ai ressenti le BESOIN DE TUER un Jap. Je suis allé à Oceanside en voiture et j'ai plombé un Jap qui tondait la pelouse d'un Blanc.
J'ai ressenti le BESOIN DE TUER des soldats et au moins un Jap de plus. Je suis allé à L.A. en voiture et j'ai traversé Santa Monica. J'ai dessoudé un Jap qui attendait le bus, assis sur un banc. J'ai tiré sur des militaires à Pacific Palisades, mais ces enfoirés ont survécu.
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C'est l'heure du dîner. Ils font rôtir des rats empalés sur des bâtons de crème glacée.
Ace s'avance dans la clairière. Il prend la pose - l'Exécuteur vieillissant. Les minus le voient. L'un d'eux glousse. Un autre marmonne. Le troisième lâche son rat embroché.
Ace vise au-dessus des flammes. Des détonations étouffées deviennent des trous dans leurs visages, et leurs cerveaux s'enfuient par l'orifice que la balle dum-dum a percé à l'arrière du crâne.
L'impact les écarte du feu. Dudley s'approche et leur tire une balle dans la bouche. Les dents et les mâchoires explosent. Ace lâche son pistolet et lève sa hache.
Le vieil homme les avilit. Dudley le regarde faire. Ace coupe des têtes et des bras. Ace découpe ces minus en quartiers. Pendant toute la durée du rituel, Ace ne cesse de pousser des gémissements de singe.
Sons d'un autre âge. Profanation païenne. Du sang, du feu, des rats grillés sur des bâtons.
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La Deutsches Haus est tout illuminée, gemütlich. Les participants au raid se tiennent près de leurs voitures. Breuning, Carlisle, Meeks. Whiskey Bill Parker. Ed Saterlee et l'empêcheur de danser en rond Ward Littell.
Dudley se gare derrière eux. Breunning et Carlisle font le V de la Victoire. Parker ouvre son coffre et distribue des fusils à pompe. Was ist das im Deutschen Haus ? C'est Tannhäuser, joué trop fort.
Parker dit :
- On entre et on se déploie.
Ils empoignent leurs fusils. Ils courent jusqu'à l'entrée et se répartissent de chaque côté de la porte. D'un coup de pied, Dudley fait sauter les gonds de la porte. Tannhäuser, libéré, prend son envol.
La Haus est un trou à rats. Cinq hommes sont assis autour d'un phonographe. Bière américaine Pabst ruban bleu et brassards nazis sur manteaux en loden.
Formation en V.
Breuning, Carlisle et Meeks partent à droite. Littell et Satterlee partent à gauche. Dudley et Parker restent au centre.
Les Kameraden restent assis sans bouger. Leur âge varie de trente à soixante ans. Ils paraissent inoffensifs. Dans un rassemblement à Munich, ils vendraient des cacahouètes.
Parker renverse le phono d'un coup de pied. Tannhäuser s’effondre et meurt. Littell vise un buste de Hitler et le fait exploser. Des plombs perdus descendent une fenêtre. Breuning et Carlisle l'acclament.
Meeks et Satterlee foncent crosse en avant. Ils frappent les Boches à la tête. Ils les font tomber de leur chaise. Ils les font mettre à plat-ventre à coup de pied et ils les menottent à même le plancher. Cris, hurlements, et slogans anti-oppression – le tout en charabia.
Littell actionne la pompe de son fusil pour faire monter une nouvelle cartouche et il détruit le phono Victrola. Des tubes de verre explosent. Dudley examine la pièce – le Berchtesgaden de ces couilles molles.
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- Jim, j’ai une piste pour les manteaux de fourrure de cette vieille Juive. Un nègre s’est évadé de Chino et a piqué une voiture à San Bernardino. Il est parti vers L.A. et il a cambriolé une maison à South Gate. Il y a laissé des empreintes en pagaille, alors on a pu l’identifier. On a mis le numéro de la voiture volée sur la liste des véhicules à retrouver d’urgence. Le nègre a forcé la porte d’une maison du Miracle Mile. Il a piqué les manteaux de fourrure de la Juive et il s’est branlé sur ses chemises de nuit. Il a refourgué les manteaux à un prêteur sur gages du centre-ville et il s’est mis à picoler dans un bar à travestis de South Main. Il est recherché pour vol de voiture, évasion, et cambriolage aggravé de perversion sexuelle. L’addition était salée, elle imposait sans tarder une « chasse au nègre ». Pendant un contrôle d’identité dans une taverne, il s’est fait repérer par deux agents en tenue. Le « nègre » a détalé. Les collègues lui ont troué sa « peau de nègre ».
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