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EAN : SIE276357_286
Editions Seghers (01/01/1955)
4.08/5   13 notes
Résumé :
Recueil de poésie paru en 1951, "Le Phénix" rend hommage à Dominique, la troisième compagne de Paul Eluard. Grâce à elle, tel le phénix, le poète renaît de ses cendres après le départ de Gala et la mort prématurée de Nusch, ses deux premières muses. De très beaux poèmes, chantant la vie, la femme et l'amour renaissant...
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Combien d'amours morts, d'amours avortés, d'amours déçus ? Combien d'amours qui se meurent d'avoir trop aimé, qui se fanent devant des temps trop gris, combien, forgés dans une illusion vaine, n'éclatent sur rien qu'un peu de vide comme ces bulles de savon soufflées dans le vent par simple amusement ?
Avec ces amours mal-éteints, disparus ou défunts, vient le temps :
« Des Sentiments à la dérive / Et l'effort le plus quotidien / le vague souvenir des songes /L'avenir en butte à demain
Les mots coincés dans un enfer / Les choses grises et semblables / le coeur réglé comme un cercueil / Les espoirs réduits à néant »

Plus d'espoirs, plus aucune lueur d'espérance…Et pourtant, un beau jour, alors que l'on n'y croyait plus :
« L'été l'hiver je t'ai vue / Dans ma maison je t'ai vue / Entre mes bras je t'ai vue / Dans mes rêves je t'ai vue »

Symbole de résurrection, de renaissance, le recueil poétique de Paul Eluard (1895 – 1952) porte haut l'emblème de la foi retrouvée, en la vie, par l'amour.
L'abandon de Gala pour le peintre Salvador Dali et plus tard la mort prématurée de Nusch après 17 ans de vie commune, ont laissé le poète totalement abattu et découragé. Sans muse, sans compagne, il perd toute raison de vivre.
« Il faut tout dire en peu de mots / La mer est froide sans amour. »

Mais l'arrivée dans son existence de Dominique (Odette Lemort), sonne la fin de cette période d'accablante solitude et de lente dérive dans laquelle Eluard, n'ayant plus goût à rien, se laissait totalement sombrer.
« Tu es venue j'étais très triste j'ai dit oui / C'est à partir de toi que j'ai dit oui au monde »

Tel l'oiseau légendaire de la mythologie qui renait de ses cendres après s'être laissé consumer par sa propre chaleur, Paul Eluard reprend goût à l'existence et à la poésie au côté de sa nouvelle compagne et troisième muse à laquelle il rend un vibrant hommage en déclarant sa flamme et sa reconnaissance.
« Je t'aime contre tout ce qui n'est qu'illusion / Pour ce coeur immortel que je ne détiens pas / Tu crois être le doute et tu n'es que raison / Tu es le grand soleil qui me monte à la tête / Quand je suis sûr de moi. »

Paru en 1951, le recueil est ainsi composé de poèmes centrés sur cette renaissance et sur cet amour inespéré vécu comme un retour du printemps. Comme l'incarne le grand oiseau de feu, il symbolise autant les cycles de mort que de régénération.
Biographique, il révèle le long cheminement du poète dont l'existence et l'univers poétique ne se conçoivent que dans la recherche de l'amour, de la connaissance, de l'émerveillement, de l'union avec l'être cher, et n'aspirent qu'à un achèvement dans l'apaisement et la sérénité.
Au bout de cet amour retrouvé, « le Phénix » est alors une résurrection de l'espoir, de la plénitude, de la foi, de la joie…de tous ces sentiments qui exultent et tourbillonnent autour de l'homme lorsqu'il aime et se sent aimé.

On pourrait invoquer de nombreuses raisons pour lesquelles on aime le recueil « le Phénix » de Paul Eluard.
La beauté des mots, leur musicalité, le fondu enchaîné dans lequel ils se coulent et se lovent l'un avec l'autre, l'un dans l'autre, comme des notes qui s'accordent, qui se greffent et se moulent pour former des chansons scandées par des refrains et des répétitions…. « Si je te parle c'est pour mieux t'entendre / Si je t'entends je suis sûr de comprendre / Si tu souris c'est pour mieux m'envahir / Si tu souris je vois le monde entier ».
Mais la vérité c'est qu'on aime ce recueil parce qu'il parle d'amour. de l'amour qui revit, qui fait s'ouvrir le ciel sur un morceau de bleu et renaître un printemps que l'on n'attendait plus. Une poésie pleine de confiance, d'euphorie et de lumière qui s'exprime dans un grand souffle d'espoir.
« Dans l'amour la vie a toujours / Un coeur léger et renaissant / Rien n'y pourra jamais finir /Demain s'y allège d'hier. »

11 morceaux de vie superbes de légèreté, de délicatesse, de sentiments dédiés à Dominique mais aussi à La Femme comme symbole de vie, dont Eluard célèbre le rôle d'inspiratrice, d'accompagnatrice, de lien essentiel entre l'artiste et le monde.

« La nuit n'est jamais complète / Il y a toujours puisque je le dis / Puisque je l'affirme / Au bout du chagrin une fenêtre ouverte »….
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Je t’aime pour toutes les femmes que je n’ai pas connues
Je t’aime pour tous les temps où je n’ai pas vécu
Pour l’odeur du grand large et l’odeur du pain chaud
Pour la neige qui fond pour les premières fleurs
Pour les animaux purs que l’homme n’effraie pas
Je t’aime pour aimer
Je t’aime pour toutes les femmes que je n’aime pas

Qui me reflète sinon toi-même je me vois si peu
Sans toi je ne vois rien qu’une étendue déserte
Entre autrefois et aujourd’hui
Il y a eu toutes ces morts que j’ai franchies sur de la paille
Je n’ai pas pu percer le mur de mon miroir
Il m’a fallu apprendre mot par mot la vie
Comme on oublie

Je t’aime pour ta sagesse qui n’est pas la mienne
Pour la santé
Je t’aime contre tout ce qui n’est qu’illusion
Pour ce cœur immortel que je ne détiens pas
Tu crois être le doute et tu n’es que raison
Tu es le grand soleil qui me monte à la tête
Quand je suis sûr de moi.
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Toutes les choses au hasard
Tous les mots dits sans y penser
Et qui sont pris comme ils sont dits
Et nul n’y perd et nul n’y gagne

Les sentiments à la dérive
Et l’effort le plus quotidien
Le vague souvenir des songes
L’avenir en butte à demain

Les mots coincés dans un enfer
De roues usées de lignes mortes
Les choses grises et semblables
Les hommes tournant dans le vent

Muscles voyants squelette intime
Et la vapeur des sentiments
Le cœur réglé comme un cercueil
Les espoirs réduits à néant

Tu es venue l’après-midi crevait la terre
Et la terre et les hommes ont changé de sens
Et je me suis trouvé réglé comme un aimant
Réglé comme une vigne

À l’infini notre chemin le but des autres
Des abeilles volaient futures de leur miel
Et j’ai multiplié mes désirs de lumière
Pour en comprendre la raison

Tu es venue j’étais très triste j’ai dit oui
C’est à partir de toi que j’ai dit oui au monde
Petite fille je t’aimais comme un garcon
Ne peut aimer que son enfance

Avec la force d’un passé très loin très pur
Avec le feu d’une chanson sans fausse note
La pierre intacte et le courant furtif du sang
Dans la gorge et les lèvres

Tu es venue le vœu de vivre avait un corps
Il creusait la nuit lourde il caressait les ombres
Pour dissoudre leur boue et fondre leurs glacons
Comme un œil qui voit clair

L’herbe fine figeait le vol des hirondelles
Et l’automne pesait dans le sac des ténèbres
Tu es venue les rives libéraient le fleuve
Pour le mener jusqu’à la mer

Tu es venue plus haute au fond de ma douleur
Que l’arbre séparé de la forêt sans air
Et le cri du chagrin du doute s’est brisé
Devant le jour de notre amour

Gloire l’ombre et la honte ont cédé au soleil
Le poids s’est allégé le fardeau s’est fait rire
Gloire le souterrain est devenu sommet
La misère s’est effacée

La place d’habitude où je m’abêtissais
Le couloir sans réveil l’impasse et la fatigue
Se sont mis à briller d’un feu battant des mains
L’éternité s’est dépliée

Ô toi mon agitée et ma calme pensée
Mon silence sonore et mon écho secret
Mon aveugle voyante et ma vue dépassée
Je n’ai plus eu que ta présence

Tu m’as couvert de ta confiance.
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La nuit n’est jamais complète
Il y a toujours puisque je le dis
Puisque je l’affirme
Au bout du chagrin une fenêtre ouverte
Une fenêtre éclairée
Il y a toujours un rêve qui veille
Désir à combler faim à satisfaire
Un cœur généreux
Une main tendue une main ouverte
Des yeux attentifs
Une vie la vie à se partager.
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Je te regarde et le soleil grandit
Il va bientôt couvrir notre journée
Éveille-toi cœur et couleur en tête
Pour dissiper les malheurs de la nuit

Je te regarde tout est nu
Dehors les barques ont peu d’eau
Il faut tout dire en peu de mots
La mer est froide sans amour

C’est le commencement du monde
Les vagues vont bercer le ciel
Toi tu te berces dans tes draps
Tu tires le sommeil à toi

Éveille-toi que je suive tes traces
J’ai un corps pour t’attendre, pour te suivre
Des portes de l’aube aux portes de l’ombre
Un corps pour passer ma vie à t’aimer

Un cœur pour rêver hors de ton sommeil.
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Il y a sur la plage quelques flaques d’eau
Il y a dans les lois des arbres fous d’oiseaux
La neige fond dans la montagne
Les branches des pommiers brillent de tant de fleurs
Que le pâle soleil recule
 
C’est par un soir d’hiver dans un monde très dur
Que je vis ce printemps près de toi l’innocente
Il n’y a pas de nuit pour nous
Rien de ce qui périt n’a de prise sur toi
Et tu ne veux pas avoir froid
 
Notre printemps est un printemps qui a raison
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Savez-vous quel recueil de poèmes aurait pu s'intituler « L'art d'être amoureux » ? Par l'un des plus grands poètes français…
« Capitale de la douleur » de Paul Eluard, c'est à lire en poche chez Poésie/Gallimard.
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