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Patrice Oliete Loscos (Traducteur)
EAN : 9782844851345
94 pages
Allia (29/01/2004)
3.53/5   66 notes
Résumé :
La raison pour laquelle le monde manque d'unité et gît brisé et en morceaux, c'est que l'homme est séparé d'avec lui-même. Il ne peut étudier la nature tant qu'il ne satisfait pas à toutes les exigences de l'esprit. L'amour lui est aussi nécessaire que la faculté de percevoir. En fait, aucun des deux ne peut atteindre la perfection sans l'autre. Au plein sens du terme, la pensée est ferveur et la ferveur est pensée

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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Il est des livres qui vous transforment, qui vous divulgue leur énergie débordante, leur foi, leur enthousiasme. Un souffle puissant et bénéfique émane de ces pages. La pensée et les mots semblent jaillir spontanément, entraînant parfois le lecteur dans une sorte de labyrinthe quelque peu déroutant, aux profondeurs insondables. D'emblée, avec ce premier essai, Emerson s'était imposé comme le chef de file du Transcendantalisme américain, loin des dogmes et des institutions. Il avait renoncé à sa charge de pasteur de l'église unitarienne et était devenu un conférencier itinérant, s'adressant à un public varié. Il mêle la poésie et la philosophie, héritier du Romantisme, qu'il prolongea outre atlantique, de l'Idéalisme, des Grecs, de Platon et de Plotin, mais aussi des philosophies et religions de l'orient. Dans cet essai il prône un retour à la nature, et à travers elle un retour vers l'un, à une régénération de l'esprit. Dans la nature tout coïncide, le soleil et la lune, le jour et la nuit, la matière et l'esprit, dans une sorte de flot transparent, de fluide cosmique. Il est aussi question de rachat. Emerson ne conçoit pas de vérité sans vertu ni beauté. L'intellect humain a réduit le monde, l'a laissé en morceaux, a transformé l'homme en « égoïste sauvage ». Emerson, pourtant si confiant, pressent une menace, la nécessité d'un changement dans les fibres les plus profondes de l'homme.
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Le mysticisme totalisant de ce livre m'a presque terrassé. J'ai terminé l'empilement suivant de citations, qui montent crescendo dans l'angoisse, en me disant que ça servira au moins de cairn pour signaler le chemin scabreux. Il y pousse en effet une espèce de surhomme d'inspiration divine ou naturelle, doté d'une justesse intrinsèque qui confère aux impulsions le droit de se traduire dans des actions directes, et qui suggère aux autres l'obéissance.

« Les instincts de la fourmi sont sans intérêt en tant que tels, mais dès qu'une certaine relation peut être établie entre celle-ci et l'homme, l'humble tâcheronne se révèle un guide, un petit être au coeur puissant, dont toutes les habitudes, même cette découverte faite récemment qu'elle ne dort jamais, deviennent d'un coup sublimes »
« Qui saura deviner ce que le courage du pêcheur doit au rocher battu par la mer, combien la paix intérieure de l'homme s'inspire du ciel azuré ? »
« La science empirique est de nature à obscurcir la vue et, par la connaissance même des fonctions et des processus, capable de priver l'élève de la virile contemplation du tout. »
« Un quelconque doute concernant la permanence de ses lois (la nature) paralyserait les facultés de l'homme ».
« En un lieu privé, parmi des objets sordides, une action vraie ou héroïque semble immédiatement faire descendre le ciel sur elle pour en faire son temple et paraît transformer le soleil en flambeau. »

Bon, je ne pouvais pas terminer cette critique sans signaler la partie la plus gratinée. Ce livre manifeste un retour du sentiment religieux au plan mystique accompagné d'une déclaration d'amour à Dieu ou à la nature. Mais ici toute expérience est précédée d'une réalité absolue ou transcendante qui demeure dans la mystique chrétienne, comme dans la forme dogmatique de la religion qui est critiquée dans ce livre.
L'espèce d'homme décrite au-dessus est parfaitement adaptée à cette réalité transcendante. Ce surhomme surmoral continue à m'angoisser, et je n'ai pas été étonné d'apprendre au passage que les essais de Emerson faisaient partie des lectures préférées de Nietzsche. Mais contrairement au pêcheur qui fonde la réalité sur son expérience, le surhomme emporté par la fougue, les deux pieds dans le même sabot, risque fort de terminer dans les rochers. du moins s'il en réchappe, il remerciera humblement ses sauveteurs et il aura appris à ne pas écouter les voix venues de nulle part.
Quant au sens de l'engagement de l'auteur en faveur de l'environnement, j'ai trouvé intéressant de le rapprocher du sens de son engagement pour l'abolition de l'esclavage. La citation suivante dans son Journal en 1851 confirme l'ambivalence : « The absence of moral feeling in the white-man is the very calamity I deplore. […] The captivity of a thousand negroes is nothing to me. »
Alors imaginez maintenant ce que Emerson pense de la nature : « La nature n'est rien d'autre qu'un intermédiaire. Elle est faite pour servir. Elle accepte la domination de l'homme aussi humblement que l'âne sur lequel était juché le sauveur. »
La similitude avec les tweets de Donald Trump est frappante, comme si on assistait à une sorte de refoulement de l'enseignement chrétien de l'amour de son prochain.
Heureusement une autre conception de la nature émergeait à la même époque, lorsque Darwin exposait une théorie de l'évolution immanente au vivant plutôt que transcendante. Mais on peut se demander, depuis tout ce temps, ce qui a réellement changé dans le rapport de l'homme avec la nature.
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J'ai une très régulière envie de me plonger dans un récit ou dans un roman qui m'emmène au coeur de la terre et de la nature, loin de toute Société organisée. Si je peux sentir les affres d'un climat, des vents redoutables, des pluies incessantes ou un sécheresse notoire, je jubile (tout çà bien confortablement installé dans mon canapé).
Aujourd'hui, j'attaque un livre différent de mon habitude, un livre qui transcende mon ordinaire. Avec Ralph Waldo Emerson, et son essai sur « la nature » écrit au XIXème siècle, je pars vers le transcendantalisme*. Un petit peu compliqué pour ma petite tête, mais pas inintéressant.
« Qui peut regarder une rivière pendant une heure de méditation et ne pas se rappeler l'écoulement de toutes choses ? ». C'est de la philo pure et dure, autour de la nature, bien sûr, qui met en évidence la relation de l'homme avec l'univers.
Bon, certes, çà ne se boit pas comme du p'tit lait, on ne l'engloutit pas d'un seul coup d'un seul. Il faut prendre le temps pour en sortir toute sa substance.

*Ecole philosophique américaine qui se caractérise par un certain mysticisme moral et par la tendance à unir l'individuel et l'universel.
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J'ai découvert cet ouvrage grâce à François Busnel dans la pastille télé La petite librairie. La présentation qu'il en avait faite m'avait beaucoup plu alors je me suis lancée.
Il faut dire que ça été une découverte totale puisque je ne connaissais ni l'auteur ni son oeuvre et encore moins le mouvement dont il fut le chef de fil. Car j'ai appris que Ralph Waldo Emerson était un philosophe américain de la première moitié du XIXe siècle, et un des fondateurs de la doctrine du Transcendantalisme. Mouvement à la fois littéraire, philosophique et spirituel dans lequel est prôné un retour à la nature, une croyance en la bonté originelle de l'homme qui serait altérée par l'industrialisation et le matérialisme, et qui croit en une reconnexion de l'homme avec la nature qui l'entoure. Une idéologie, qui expliquée comme cela, parait plutôt facile à comprendre et intéressante, mais dans l'essai d'Emerson — qui en est donc le texte fondateur —, malheureusement je n'ai pu que saisir très peu de cette pensée.
Emerson nous parle de la nature au travers de différents prismes (chapitres) tels que ; la beauté, le langage, la discipline ou l'idéalisme entre autres. Et je dois dire que bien que l'ouvrage soit une belle ode à la nature en plus d'être très court, j'ai eu du mal à le saisir. Emerson nous enjoint à redécouvrir la nature, à s'en émerveiller, notamment dans le premier chapitre qui lui fut très compréhensible, mais ensuite dans les chapitre suivant il fait des liens entre nature et les thèmes cités plus haut et j'ai souvent eu du mal à comprendre, soit que ce fut trop complexe dans le raisonnement ou trop obscure, et cela m'a empêché d'en dégager la pensée générale. Tout ce que j'ai réussit à appréhender ce sont quelques fulgurances ici et là — très belles par ailleurs — mais trop éparses pour que je puisse profiter de l'ouvrage dans son unité.
J'ai été un peu déçue et je ne m'y attendais pas car j'étais presque sûre qu'aborder de la philosophie du XIXe siècle devait être encore plus accessible que la philosophie antique par exemple, mais je constate que ce fut plus aisé pour moi de lire Cicéron ou Sénèque qu'Emerson, comme quoi ce n'est pas une question d'époque. Je m'y réessaierai peut-être plus tard, morceaux par morceaux, car c'est peut-être le type d'ouvrage qui nécessite du temps pour être entièrement assimilé.
Intéressante découverte quoi qu'il en soit.
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Un livre colossal , qu'il faut prendre le temps de lire , pour comprendre au mieux les propos de cet auteur inclassable et brillant qui ne pouvait qu'étre un proche de Thoreau . L'on peut presque dire que l'on a là les fondements de la vision écologiste , qui s'est helas bien trop dispersée avec le temps . Une telle maestria est bien trop rare pour étre délaissée . Il faut impérativement découvrir cet auteur immense ne serait ce que pour avoir une idée de ce que l'homme peut faire quandil est motivé a faire avancer la cause humaniste .
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Citations et extraits (72) Voir plus Ajouter une citation
Je contemple le spectacle du matin depuis le sommet de la colline qui jouxte ma maison, de la pointe du jour jusqu'au lever du soleil, empli d'une émotion qu'un ange pourrait partager. De longues barres minces de nuages flottent comme des poissons dans un océan de lumière cramoisie. Depuis la terre, comme d'un rivage, je plonge mes regards dans cette mer silencieuse. Il me semble participer à ses transformations rapides ; l'envoûtant sortilège atteint ma poussière et je me dilate et m'unis au vent du matin. Comme la nature sait nous rendre pareils aux dieux avec quelques éléments communs ! Donnez-moi la santé et le jour et je rendrai la pompe des empereurs ridicule. L'aube et mon Assyrie ; le coucher du soleil et le lever de la lune ma Paphos et les royaumes inouïs de la féerie ; le vaste midi sera mon Angleterre des sens et de l'entendement, et la nuit mon Allemagne de la philosophie mystique et des rêves.
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Aux portes de la forêt, l’homme du monde, surpris, doit renoncer aux distinctions citadines du grand et du petit, du raisonnable et de l’absurde.
La musette des habitudes lui tombe des épaules dès l’instant où il pose le pied en ce royaume.
Voici le sacré qui couvre de honte nos religions, la réalité qui discrédite nos héros.
Voici la Nature, circonstance éclipsant toutes les circonstances et jugeant telle un dieu chaque homme qui vient à elle
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Pour se retirer dans la solitude, on a autant besoin de quitter sa chambre que la société. Je ne suis pas seul tandis que je lis ou écris, bien que personne ne soit avec moi. Mais si un homme veut être seul, qu'il regarde les étoiles. Les rayons qui tombent de ces mondes célestes le sépareront de ce qui l'environne. Il est permis de penser que l'atmosphère a été créée transparente dans le seul but de donner à l'homme, par l'intermédiaire des corps célestes, le sentiment de la présence constante du sublime. Vues à travers les rues des villes, comme les étoiles paraissent grandioses ! Si elles ne devaient apparaître qu'une seule nuit tous les mille ans, combien les hommes croiraient et adoreraient et conserveraient le souvenir de la cité de Dieu qui leur aurait été montrée. Mais c'est chaque nuit que se montrent ces ambassadrices de la beauté et qu'elles illuminent l'univers de leur souriante exhortation. Les étoiles éveillent une certaine vénération, car bien que toujours présentes, elles demeurent inaccessibles. Mais tous les objets naturels suscitent une impression analogue lorsque l'esprit est ouvert à leur influence.
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A travers la tranquillité du paysage, et spécialement sur la ligne lointaine de l'horizon, l'homme contemple quelque chose d'aussi magnifique que sa propre nature.
Le plus grand plaisir que procurent les champs et les bois est la secrète relation qu'ils suggèrent entre l'homme et les végétaux. Je ne suis pas seul et inconnu. Ils me font signe, et moi de même. Le balancement des branches dans la tempête est nouveau pour moi et ancien. Cela me prend par surprise et pourtant ne m'est pas inconnu. Ses effets sont semblables au sentiment qui me submerge d'une pensée plus haute ou d'un sentiment meilleur lorsque j'estime que j'ai bien agi ou pensé avec justesse.
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A vrai dire, peu d'adultes sont capables de voir la nature. (...) L'amoureux de la nature est celui dont les sens internes et externes sont encore réellement ajustés les uns aux autres et qui a a gardé l'esprit d'enfance jusque dans l'âge adulte.
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Et si nous retrouvions le sens profond de la vie dans la nature ? Savez-vous qu'un philosophe américain vous propose sur le sujet un petit livre très clair ?
« La nature » de Ralph Waldo Emerson, c'est à lire en poche chez Folio.
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