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EAN : 9782842305178
192 pages
Hoëbeke (15/10/2014)
4.36/5   7 notes
Résumé :
À la fin du xixe siècle déjà, le chansonnier Pierre-Jean de Béranger a été emprisonné pour blasphème et en 1917 la chanson de Craonne envoyait directement les mutins devant le peloton d’exécution. De l’après-guerre à 1981, le comité d’écoute de la Radiodiffusion française classait les chansons en quatre niveaux : autorisées, diffusion après 22 heures, diffusion après minuit, ou interdites d’antenne. Cette magnitude de la subversion a distingué Georges Brassens, les ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (0) Ajouter une critique
La poésie dérange souvent ; Villon, Rimbaud ou Baudelaire, pour ne citer que trois poètes, en ont fait l'amère expérience. La (bonne) chanson, qui n'est qu'une forme particulière de poésie, ne pouvait échapper à cette "règle"...

Qu'il s'agisse d'atteinte aux bonnes moeurs (sexualité et érotisme), de remise en cause des militaires et des guerres, de propos politiquement incorrects ou s'opposant aux politiques ou aux religions 'officielles", ou de supposées apologies des drogues (pour reprendre la classification utilisée dans l'ouvrage), les raisons ne manquent pas pour qu'une forme ou une autre de censure s'exercent.

Qu'il s'agisse de décisions de justices, de contraintes posées par les pouvoirs qui ont longtemps maîtrisé des radios et télévisions d'état, voire d'autocensure des programmateurs de musique, qu'elles se traduisent par des interdictions pures et simples, des interdictions de programmation aux heures de grande écoute ou de charcutage de textes, les censeurs se montrent inventifs...

L'ouvrage présente donc le destin de 100 chansons qui ont subi les outrages de la censure, nombreuses pour des motifs qui paraissent tout à fait anodins quelques décennies plus tard, voire même à l'époque des faits. Destin qui n'est pas aussi "dramatique" qu'on pourrait l'imaginer puisque souvent la censure entraine une conséquence que les censeurs n'avaient pas imaginée : le texte censuré connaît un succès populaire qu'il n'aurait peut-être pas rencontré dans d'autres circonstances. Ce qui s'appelle "se tirer une balle dans le pied" !

Intéressant ouvrage donc, pour qui s'intéresse un peu à l'histoire de la poésie et/ou de la chanson, auquel je ferai un petit reproche : j'aurais apprécié qu'il inclut le textes des 100 chansons concernées...
Lien : http://michelgiraud.fr/2021/..
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Si un chanteur souhaite chanter sans se faire chasser par la censure, il doit savoir shunter les sujets qui fâchent. Ceux-ci étant le sexe, la religion, la guerre, la politique...
Dans ces 100 exemples de censure, on n'est pas étonné de croiser Brel et ses bourgeois, Brassens et son gorille, Renaud et sa miss Maggie, Billy the Kick et ses psilos, Gainsbourg et ses armes, et caetera.
Chacune de ces chansons est présentée dans son contexte avec les paroles sujettes à caution, et on peut admirer en vis à vis la pochette de disque - vintage, forcément.
On apprend beaucoup, et pas seulement des anecdotes. le propos ouvre des réflexions intéressantes sur la notion de censure. On y voit par exemple que la programmation musicale pendant la guerre du Golfe en 1991 était très délicate : des chansons innocentes se sont vues évincer des ondes, leurs paroles étant devenues soudain ambiguës. On y voit également que l'art de jouer avec les mots est à double tranchant, il permet d'échapper à la censure pour faire passer une chanson, ou d'en récupérer une anodine à des fins de propagande.
Il faut avoir Y*tube ou équivalent à portée de main en lisant cet ouvrage : on est vite curieux de découvrir les titres qu'on ne connaît pas, et on a envie de réécouter les chansons connues. Même chose pour les clips, qui, dans certains cas, sont les seuls visés par la censure.
Les auteurs et l'éditeur ont d'ailleurs eu la bonne idée de créer ce site : www.rf8.fr/chansonscensurees ; je leur conseillerais bien de glisser un CD dans un coffret avec ce bel album. Et voilà un cadeau de Noël tout trouvé pour ceux qui aiment la musique et les mots.
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Ce livre est une pépite, une Bible pour ceux qui s' intéressent à la chanson dans ce qu'elle a de plus subversif... C'est d'abord un très bel objet avec son apparence de disque vinyle et les illustrations sont tout à la fois rares, vintage et originales.
Le "personnage" qui hante ce documentaire très instructif c'est la Censure: elle met son grain de sel dans toutes les étapes de la vie des artistes, tantôt contre les mots, tantôt contre les images ou juste l'attitude des interprètes. Quel témoignage incroyable de l'evolution des mentalités. Cela semble démesuré: le gorille de Brassens, les bourgeois de Brel, l'amour avec toi de Polnareff, deshabillez moi de Gréco. .. La liste est longue, variée et impressionnante. le classement par thème permet de se rendre compte que la sexualité et l'antimilitarisme se sont souvent attirés les foudres des censeurs. On parle des artistes français en majorité mais qq cas internationaux sont également traités (Elvis, Rolling stones, George Michael ou The Cure...).
Un livre édifiant et passionnant reçu grâce à Babelio et sa masse critique donc merci aux éditions Hoebeke et Radio France.
Je termine cette critique avec qq remarques en vrac: la bombe humaine de Téléphone censurée à cause d'un preneur d'otages c'est aussi idiot que censurer Comme un avion sans aile de Charlelie à cause du 11 septembre... Et que deviendrait la chanson d'Higelin Je suis amoureux d'une cigarette à notre époque?...
Merci enfin aux auteurs qui citent les paroles incriminées ce qui permet de remettre les choses dans leur contexte et se faire une opinion. Et quand la Censure s'attaque au rigolo "mangez moi" on a envie de lui faire écouter Héroïne du Velvet!... Bref n'hésitez pas: l'abus de lecture dans ce cas est bénéfique pour vos oreilles et votre cerveau! Gardons notre sens critique et allons écouter certaines de ses chansons sur le site web proposé en quatrième de couv'!
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Les cent chansons présentées dans ce livre, françaises ou étrangères, ont en commun d'avoir été censurées dans une démocratie occidentale, le plus souvent en France.

Les moyens de censure sont variés : de la simple non diffusion sur une onde (« Les jolies colonies de vacances » de Pierre Perret), à l'interdiction avec condamnation pénale (« L'apologie » de Matmatah).

Les motifs de censure sont divers mais récurrents : sexe ou drogue évoqués de manière inappropriée pour certains, contestation d'une raison "d'Etat", apologie de la violence ou du racisme.

L'efficacité de ces censures est souvent limitée, la tentative de censure procure parfois au contraire un retentissement inattendu à la chanson concernée. En effet, plutôt que le moyen de diffuser des idées, les chansons sont généralement le simple reflet de manières de penser à une époque donnée. Il est vrai que les paroliers, interprètes ou chanteurs censurés sont parfois des précurseurs éclairés, même si d'autres sont surtout ringards (« La France au Français » de Claude Barzotti), tandis que d'autres ne sont provocateurs que par esprit commercial (« Jésus Christ » interprété par Johnny Hallyday en 1970, celui-là même qui se moquait des cheveux longs d'Antoine quelques années plus tôt).

Bien sûr j'ai surtout apprécié les parties de l'ouvrage consacrées à des chansons que je connais et/ou apprécie. L'idéal est de lire cet ouvrage près d'un ordinateur, pour pouvoir entendre et/ou voir les chansons ou clips commentés.

Ce livre a aussi été l'occasion pour moi de mieux comprendre des titres connus mais dont le sens m'avait échappé (« Fixing a hole » des Beatles, cité dans la page consacrée à « Lucy in the Sky with Diamonds » du même groupe, par exemple) et de redécouvrir de sympathiques musiciens (Billy ze Kick et les Gamins en folie, présent dans l'ouvrage pour son « Mangez-moi ! Mangez-moi ! »).

■ Merci à Babelio et aux éditions Hoëbeke.
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Ce livre est bien documenté.
Les raisons de la censure opposée à certaines chansons sont parfois surprenantes.
J'ai pu le lire en écoutant certaines de ces chansons qui ont réveillé des souvenirs en moi.
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critiques presse (1)
Culturebox
05 novembre 2014
Avec ce livre "100 chansons censurées", Emmanuel Pierrat et Aurélie Sfez dressent un catalogue hélas non-exhaustif de 100 chansons connues et archiconnues d’hier et d’aujourd’hui qui, toutes, ont eu à connaitre les ciseaux castrateurs et impitoyables de la censure.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
En novembre 1954, Mendès France, alors président du Conseil, s'apprête à envoyer près de 100 000 hommes en Algérie alors que de la boue indochinoise reste encore collée à leurs godillots. C'est dans ces circonstances que Vian décide, puisque Mouloudji est bâillonné, de faire entendre sa chanson partout en France. Mais les patriotes se sentent insultés par ce 'Déserteur' et Vian est conspué : "Traître ! ", "Retourne en Russie, coco !". A Dinard, un commando d'élus locaux ira même jusqu'à l'attendre à l'entrée des artistes pour lui régler son compte. A la radio, seul Europe n°1 ose diffuser le 'Déserteur' dans la version Mouloudji. Quant à la RTF, le comité de censure l'a déjà mise à l'index. Et en 1958, à l'instigation de Paul Faber, conseiller municipal de la Seine, la chanson est définitivement interdite de toute diffusion.

- version chantée par Mouloudji :

Messieurs qu'on nomme Grands
Je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps
Je viens de recevoir
Mes papiers militaires
Pour partir à la guerre
Avant mercredi soir
Messieurs qu'on nomme Grands
Je ne veux pas la faire
Je ne suis pas sur terre
Pour tuer des pauvres gens
C'est pas pour vous fâcher
Il faut que je vous dise
Les guerres sont des bétises
Le monde en a assez
Depuis que je suis né
J'ai vu mourir des pères
J'ai vu partir des frères
Et pleurer des enfants
Des mères ont tant souffert
Et d'autres se gobergent
Et vivent à leur aise
Malgré la boue de sang
Il y a des prisonniers
On a vole leur âme
On a vole leur femme
Et tout leur cher passé
Demain de bon matin
Je fermerai ma porte
Au nez des années mortes
J'irai par les chemins
Je vagabonderai
Sur la terre et sur l'onde
Du Vieux au Nouveau Monde
Et je dirai aux gens:
Profitez de la vie
Eloignez la misère
Vous êtes tous des frères
Pauvres de tous les pays
S'il faut verser le sang
Allez verser le vôtre
Messieurs les bon apôtres
Messieurs qu'on nomme Grands
Si vous me poursuivez
Prévenez vos gendarmes
Que je n'aurai pas d'armes
Et qu'ils pourront tirer
Et qu'ils pourront tirer...

La version initiale était:

Monsieur le président; (au lieu de messieurs....)
et à la fin : "que je tiendrai une arme ,
et que je sais tirer ..."
corrigée pour conserver le côté pacifiste de la chanson
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Robert Smith a dix-sept ans quand il s'entiche de ce livre [L'Etranger de Camus]. Meursault devient son héros, celui qui accepte de se mettre à nu et de mourir pour la vérité, celui qui ne pleure pas à l'enterrement de sa mère et ne regrette pas d'avoir tué un homme. En écrivant 'Killing an Arab' à la première personne, le chanteur narrateur cherche à rendre hommage au roman de Camus. Mais avec un titre aussi laconique et brutal, Polydor se méfie de l'accueil que lui réservera le public anglais. Alors la maison de disques décide de joindre le roman de Camus au 45 tours.
La sortie de 'Killing an Arab', en 45 tours puis sur l'album 'Boys don't cry', est un événement médiatique. D'un côté, la presse britannique s'enflamme pour le meilleur single de l'année ; de l'autre, the National Front, l'extrême droite anglaise, tente de récupérer le morceau et de le détourner pour en faire son hymne raciste. Robert Smith en est anéanti. (p. 114)
> https://www.youtube.com/watch?v=SdbLqOXmJ04
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1979. L'État giscardien finissant est nerveux. Le ralentissement de l'activité économique, la hausse du prix de l'énergie concomitante à celle du chômage, les déboires du président de la République avec sa majorité, dont une grosse frange a mal encaissé sa rupture avec l'ancien Premier Ministre Jacques Chirac, l'approche de la fin du septennat et d'une campagne présidentielle aux résultats incertains... Autant de faits qui n'incitent pas le gouvernement à se montrer particulièrement détendu.
Aussi, quand Jean-Patrick Capdevielle chante « Tous les rapaces du pouvoir menés par un gros clown sinistre / Foncent vers moi sur la musique d'un piètre accordéoniste / J'crois pas qu'ils viennent me parler des joies d'la vie d'artiste », le pouvoir se cabre. Trop de références au ventripotent Raymond Barre, successeur de Jacques Chirac au poste de Premier ministre, et au résident du palais de l'Elysée, joueur d'accordéon à bretelles dans son fief auvergnat de Chamalières.
"Quand t'es dans le désert" est proscrit des ondes sous contrôle jusqu'à l'élection de François Mitterrand en 1981 et l'ouverture de la bande FM.
► https://www.youtube.com/watch?v=Mkzw7Wop9pU
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C'est étrange, la vie d'une chanson ! Selon les mouvements de la société, elle peut nous raconter tout autre chose. Pour Béart, on est bien lorsqu'on est hétérosexuel. Il évoque néanmoins l'idée qu'on puisse aimer une personne du même sexe : « Certains jouent quand même / Les atouts de même couleur / Libres à eux moi j'aime / Les valets sur les dames les trèfles sur les cœurs. » Et pourtant, on a pu entendre des manifestants "anti-mariage pour tous" reprendre en coeur 'Qu'on est bien' les soirs de veillée à la chandelle devant l'Assemblée nationale pour protester contre le projet de loi sur le mariage et l'adoption par des couples homosexuels.
Honni par les conservateurs d'hier, le refrain a été récupéré par les traditionalistes d'aujourd'hui, des associations catholiques, et aussi par l'ex vice-président du FN, Bruno Gollnish, qui avait distribué pour l'occasion une collection de t-shirts rose et bleu avec inscrit dessus "Qu'on est bien dans les bras d'une personne du sexe opposé"
-> https://www.youtube.com/watch?v=Cm0Vgatzpnw
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En matière de censure les membres de NTM font figure de petites filles modèles à côté de Brassens: aucun chanteur n'a été plus censuré que lui. (...) La liste des chansons de Brassens interdites d'antenne est impressionnante: Putain de toi, Le gorille, Le nombril, Marquise, Trompettes de la renommée, La Marine, Auprès de mon arbre, Je me suis fait tout petit, Marinette, Les copains d'abord, La Tondue, Le pornographe, Le temps ne fait rien à l'affaire, La femme d'Hector, Vénus callipyge, La complainte des filles de joie, Hécatombe, etc...
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Vidéo de Emmanuel Pierrat
Le débat public apparaît dégradé, que ce soit dans le monde culturel, les universités, la pratique des médias… et surtout par les réseaux sociaux. Que faisons-nous du débat public ? France Culture propose une journée spéciale vendredi 16 octobre. Débattait-on mieux au XVIIIème siècle ? La "Cancel culture" importée des Etats-Unis va-t-elle convaincre la France ? Les débats de l'espace médiatique rencontrent-ils les préoccupations des citoyens ? Et au fait, qu'est-ce qu'un vrai problème ?
Pour en parler, nous recevons Emmanuel Pierrat, avocat au barreau de Paris, écrivain, auteur de “Nouvelles morales, nouvelles censures” (Gallimard, 2018). Ainsi que Nathalie Heinich, sociologue, directrice de recherche au CNRS, auteure notamment de “Des valeurs. Une approche sociologique”, (Gallimard, 2017), “Ce que n'est pas l'identité” (Gallimard, 2018) et “Le pont neuf de Christo” (Thierry Marchaisse, 2020).
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