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EAN : 9782915842876
93 pages
Cartouche (15/10/2011)
3.82/5   14 notes
Résumé :
Quelles cordes sensibles Didier Eribon a-t-il fait vibrer en publiant en octobre 2009 son « essai d’auto-analyse » intitulé Retour à Reims ? Quels processus d’interrogation sur soi a-t-il déclenché chez ses innombrables lecteurs ? Difficile à dire ! Une chose est sûre : ce livre à la fois intensément personnel et profondément théorique a rencontré un succès et un écho considérables aussi bien en France qu’à l’échelle internationale. Salué par Annie Ernaux comme un l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Drych , dans un commentaire sur La honte d'Annie Ernaux, dit qu'il ne comprend pas ce sentiment de honte exprimé par Annie Ernaux. J'ai lu ce livre il y a longtemps, mais je ne crois pas qu'on puisse comprendre vraiment ce qu'est cette honte, qui ressemble , dans ses origines, à celle de Didier Eribon qui lui rend hommage dans ses livres. La honte, c'est toujours devant les autres qu'on l'éprouve, et tout dépend aussi de la façon dont ces autres leur ont fait éprouver. Certains y sont très peu sensibles, et pourtant elle peut faire des ravages dans la construction d'une personnalité . Mais aussi être une énergie . Ici, honte sociale, double honte, appartenir à ce milieu social et le trahir.
Didier Eribon, même combat, donc, mais plus complexe.
Tous deux ont réussi , par le biais de l'instruction ( et quand même d'influences familiales, qu'ils reconnaissent plus ou moins tardivement) à s'extraire du destin de leurs semblables.
Dans cette honte sociale que décrivait Eribon dans Retour à Reims, tout se jouait dans les détails essentiellement culturels, de références qu'il n'avait pas eues enfant . Elles peuvent se rattraper, bien sûr, mais les constater en face des autres qui vous regardent héberlués parce que vous ne connaissez pas tel cinéaste, ne vous habillez pas selon tels critères, n'avez jamais mangé ceci ou cela, ça fout la honte comme diraient mes enfants.
C'est accru chez Didier Eribon du fait de l'époque à laquelle il a décidé ( avec réussite ) de prendre ses distances avec sa famille. Tout est politique et vers 16, 17 ans, il se disait trostkyste, et son père était tout, sauf l'idéal ouvrier qu'il avait dans la tête. Comment dès lors l'intégrer dans ses schémas de pensée? Par contre, le rejet du père de sa sexualité l'a aidé finalement à fuir et à se construire une identité grâce à l'émergence du féminisme et des mouvements gay et lesbien.

Ce complément à Retour à Reims est constitué de deux entretiens et est surtout une réponse, et plus d'explications données, à tous les témoignages reçus.
Il n'y parle pas bien sûr que de cette honte , mais c'est le sujet qui, à titre personnel mais aussi en tant que sociologue, qui le préoccupe le plus; Comment lutter contre cette sectorisation, cette mise à l'écart très rapide notamment dans les parcours scolaires,contre lesquels il est si difficile de lutter.
Il revient aussi sur l"ethnocentrisme de classe des intellectuels", ses propres influences intellectuelles , dont actuellement Judith Butler, en insistant sur les discours dogmatiques de certains, qui peuvent être aussi nocifs que n'importe quel autre discours idéologique.
Sur les ravages du lacanisme , longuement...
" Dans Retour à Reims, j'ai souligné à quel point une approche psychanalytique des processus que je décris dans ce livre reviendrait à les désocialiser et à les dépolitiser. Annie Ernaux remarque dans plusieurs de ses textes qu'elle n'a pas besoin de la psychanalyse , qui lui apporterait des réponses toutes prêtes et trop simples, qui ne rendraient plus compte des phénomènes plus profonds qu'elle essaie de restituer. Or l'analyse sociale qu'elle propose est évidemment beaucoup plus riche, mais aussi plus difficile à affronter: il ne s'agit plus du rapport au père, à la mère, mais des modes de vie des classes sociales, de ce que sont les individus dans la classe sociale qu'elle dépeint, du rapport au système scolaire, du mal-être des transfuges de classe.. L'interprétation en termes psychanalytiques est trop facile, jouée d'avance: le père, la mère, l'Oedipe, bla bla bla.. La psychanalyse singularise ( elle étudie un individu) et universalise ( selon des grilles d'interprétation à validité universelle), alors qu'il est important, au contraire, de désingulariser et en même temps de désuniversaliser les phénomènes pour comprendre la formation historique et sociale des psychismes de manière différentielle selon les classes sociales. Réfléchir en termes sociaux et politiques permet de rendre aux phénomènes une dimension lus profonde et moins rassurante. Je serais tenté de dire: plus noire. Mais c'est de la réalité qu'il s'agit. "

Un excellent complément quand on a lu et apprécié ce Retour à Reims.


Lien : http://bibliobs.nouvelobs.co..
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critiques presse (1)
Bibliobs
16 décembre 2011
Dans deux longs entretiens, réunis ici, Didier Eribon revient sur l'écriture de ce récit fondamental et fondateur, il en prolonge l'onde de choc - «Aujourd'hui, j'ai honte d'avoir eu honte» -, et il l'ajoute à son travail théorique sur les marges qui l'a conduit d'«Une morale minoritaire» à cette nouvelle «hontologie». Le retour à Reims et sur soi n'est pas fini, tant mieux pour ses lecteurs.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
-Pourquoi alors faut-il avoir honte du milieu ouvrier?

Je ne dis pas qu'il faut! je dis que j'ai eu honte, ce n'est pas la même chose. Et j'essaie d'analyser ce sentiment, et, si je puis risquer et oxymore, les raisons de cet affect. Aujourd'hui, j'ai honte d'avoir eu honte. Ce sont ces affects imbriqués, intriqués, dont j'essaie de rendre compte. Depuis que mon livre est sorti, beaucoup de gens m'ont écrit, beaucoup d'amis se sont confiés à moi et chacun me parlait d'une honte, d'une situation douloureusement vécue, d'un silence sur un secret, etc. J'ai découvert que la honte est un des sentiments les plus répandus dans la société, et c'est un sentiment dont, par définition, on ne parle pas. La honte est liée au secret. On ne parle pas de la honte sauf dans un moment privilégié, quand quelque chose se craquèle et qu'on se met à en parler.
Moi, j'ai connu la honte à l'âge de seize ou dix-sept ans, mais, à l'époque, j'étais trotskyste, et j'exaltais la lutte prolétarienne, l'ouvrier révolutionnaire, et, en même temps, je méprisais mes parents qui étaient des ouvriers dont les aspirations n'étaient pas du tout de faire la révolution mais d'acheter une voiture ou la télévision. Quand on travaille tous les jours à l'usine, et qu'on a été auparavant privé de tout, on aspire justement aux biens de consommation et on ne pense pas forcément à la lutte politique. Ou on y pense autrement! Et là, il faudrait évoquer une sorte de mépris de classe ou, si vous préférez, d'ethnocentrisme de classe qu'on trouve chez les intellectuels qui, aujourd'hui comme hier, pérorent sur la révolution ouvrière ou sur le savoir du peuple, mais sans jamais rencontrer un ouvrier, et qui parlent donc d'un peuple fantasmé qui n'existe que dans leur imagination.
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Videos de Didier Eribon (20) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Didier Eribon
Didier Eribon vous présente son ouvrage "Vie, vieillesse et mort d'une femme du peuple" aux éditions Flammarion. Entretien avec Sylvie Hazebroucq.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2754464/didier-eribon-vie-vieillesse-et-mort-d-une-femme-du-peuple
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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