Clinique de Pontoise ...
J'ai longtemps vu traîner un Madame Figaro ou figurait sur la couverture une fille aux seins nus sous une robe en voile. Il y avait écrit en gros caractères OSEZ LA TRANSPARENCE !
En France, 11 % des femmes ont été, sont atteintes d'un cancer du sein. Plus de trois millions de femmes. Trois millions de seins couturés, scannérisés, marqués de dessins rouges et bleus, irradiés, reconstruits, cachés sous les chemisiers et les tee-shirts, invisibles. Il faudra bien oser les montrer un jour, en effet.
Souvent, depuis le début de notre relation, j'étais restée fascinée en découvrant au réveil la table non desservie du dîner, les chaises déplacées, nos vêtements emmêlés, jetés par terre n'importe où la veille au soir en faisant l'amour. C'était un paysage à chaque fois différent. Je me demande pourquoi l'idée de le photographier ne m'est pas venue plus tôt. Ni pourquoi je n'ai jamais proposé cela à aucun homme. Peut-être considérais-je qu'il y avait là quelque chose de vaguement honteux, ou d'indigne. En un sens, il était moins obscène pour moi de photographier le sexe de M. Peut-être aussi ne pouvais-je le faire qu'avec cet homme-là et qu'à cette période de ma vie.
Je me demande si, comme je le fais, ne pas séparer sa vie de l'écriture ne consiste pas à transformer spontanément l'expérience en description.
L'été (...) se vit toujours comme déjà fini. L'été ne peut qu'avoir été. (p. 100)
L’été qui, par le mot même qui le désigne dans la langue française, se vit toujours comme déjà fini. L’été ne peut qu’avoir été
Durant plusieurs mois, nous ferons ménage à trois, la mort, A., et moi..
Je me rends compte que j'attends la même chose de l'écriture. Je voudrais que les mots soient comme des tâches auxquelles on ne parvient pas à s'arracher.