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Critique de Ziliz


Ziliz
12 novembre 2012
On l'apprend dès les premières lignes : la narratrice Eva a tué sa mère à dix-sept ans, elle en avait pris la décision à sept ans. S'agit-il réellement d'une mise à mort, ou d'un meurtre purement symbolique, d'une simple rupture ? Grâce à un carnet offert par sa petite-fille, et destiné à devenir un journal intime, Eva se délivre à cinquante-six ans de ses blessures de jeunesse. Elle écrit sur ses années d'enfance aux côtés d'une mère toxique et d'un père aimant, attentionné...

C'est toujours avec une certaine appréhension que j'aborde un(e) auteur nordique. Mes échecs de lecture sont nombreux en la matière (Herbjørg Wassmo, Hanne Ørstavik, Steinunn Sigurdardóttir, Anne B. Ragde...).

Et ouf ! Ce roman-ci m'a immédiatement conquise. Malgré l'humeur sombre de la narratrice, elles m'ont vite touchée, émue, elle et son histoire traumatisante. Eva était une petite fille sensible, à vif, élevée à coup de paroles maternelles empoisonnées, donc partagée entre des sentiments d'amour et de haine pour cette mère dure, méchante - ou tout simplement femme malade, bipolaire et alcoolique ? quoi qu'il en soit, le résultat fut le même, les ravages sur l'enfant identiques.

On découvre avec horreur et jubilation la jeune fille meurtrie tisser patiemment ses toiles pour se protéger de ceux qui la blessent, et pour se forger une carapace. On peut trouver le comportement maternel excessif, mais nous en lisons des souvenirs, probablement déformés et partiels, et la caricature est de toute façon un moyen de mettre en évidence certains travers. On a parfois du mal à relier cette adolescente à la femme à la fois dure et vulnérable qu'elle est devenue, mais on comprend la genèse du hiatus au fil des événements endurés.

J'aurais préféré une autre fin, quelques rebondissements m'ont paru trop spectaculaires, mais ils ont le mérite de bouleverser la lecture qu'on a eue jusqu'alors du récit, et de donner envie de le redécouvrir entièrement. Les toute dernières pages sont superbes et ont racheté ce qui avait pu légèrement m'agacer.

Un excellent roman - bouleversant mais non dénué d'humour - sur les relations mère-fille, les traumatismes de l'enfance, le couple, le vieillissement, les regrets des amours passées, les vertus thérapeutiques de l'écriture... et sur les roses.
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