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Critique de jvermeer


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Cette foisonnante histoire de l'art écrite par le professeur Ernst GOMBRICH est mondialement connue.
Présentation : livre de petite dimension, épais, relativement facile à manipuler comparé aux imposants volumes écrits par d'autres historiens de l'art.

Je recommande fortement cette histoire de l'art aux débutants, jeunes et adolescents, car son point fort, à mes yeux essentiel, est sa clarté dans les détails, les noms propres, les dates. Les adultes prendront également un grand plaisir à le parcourir. le langage est simple, sans prétention, limitant les effet littéraires et autres termes scientifiques superflus.

Gombrich a dû renoncer dans son livre à un nombre important d'oeuvres et maîtres célèbres de grandes importances. Les inclure aurait rendu le livre énorme et non lisible (il fait déjà 700 pages). de ce fait, L'auteur préfère parler d'une oeuvre dont il connaît l'original et non la photographie. Ces suppressions voulues permettent ainsi une certaine cohérence dans l'esprit du lecteur : connaître les intentions de l'artiste sans s'enfermer dans de nombreuses descriptions confuses ; remettre l'oeuvre d'art à sa place historique ; avoir sous les yeux en images l'illustration dont il est question dans le texte sans devoir tourner la page.

Le grand intérêt du livre, malgré l'immensité du sujet traité, est la sensation en feuilletant les pages que nous sommes devant un roman, le roman de l'art. L'auteur nous raconte, en y mettant de la passion, une longue histoire qui s'enchaîne sans heurts des premiers arts primitifs à l'avènement de l'art moderne. Parfois des grands dépliants en couleur s'intercalent : « La Cêne » de Léonard de Vinci, ou « le plafond de la chapelle Sixtine » de Michel-Ange.
Gombrich parle avec affection, amour, des ses artistes préférés. Il exprime l'oeuvre avec des mots simples, accessibles, non ampoulés.

Je donne, ci-dessous, quelques exemples d'oeuvres présentées dans le livre qui permettent de mieux comprendre la recherche de l'auteur dans son expression écrite.

Raphaël « La Madone du Grand-Duc " : le volume du corps couvert d'un souple manteau, le geste tendre et ferme des bras soutenant l'enfant jésus, tout contribue à une impression d'équilibre parfait. Nous avons le sentiment que le moindre changement détruirait cette harmonie et pourtant, la composition n'a rien de forcé ni d'artificiel. Il semble qu'elle ne pourrait être différente et qu'elle existe telle quelle depuis l'origine des temps.

Rubens « Tête d'enfant » : C'est un portrait tout simple, de face. Mais il semble respirer et palpiter comme un être vivant. Par comparaison, tous les portraits antérieurs, si beaux soient-ils, ont quelque chose de guindé et d'artificiel.

Johannes Vermeer « La Laitière » : On pourrait dire que ces tableaux sont des natures mortes comportant des figures humaines. Il est assez malaisé d'expliquer pourquoi ces images si simples et si modestes comptent parmi les plus grands chefs-d'oeuvre de toute la peinture. Il est de fait qu'on a devant ces tableaux la sensation de quelque chose de miraculeux.

William Turner « vapeur dans une tempête de neige » : Les détails sont dévorés par les ténèbres de l'orage que déchirent de grands éclats de lumière. J'ignore si Turner a jamais assisté à une tempête en mer et si une belle tempête ressemble à ce qu'il peint, mais je sais que c'est ainsi que nous imaginons le déchaînement des éléments à travers l'oeuvre d'un poète ou d'un compositeur romantique.

Jean-François Millet « Les glaneuses » : Elles ne sont ni belles ni gracieuses. Rien d'idyllique dans le tableau. Ces paysannes aux gestes lents et pesants sont tout absorbées dans leur besogne. Millet s'est appliqué à souligner leur charpente trapue et robuste, leurs gestes sobres. Elles se détachent fortement sur le fond clair de la plaine ensoleillée. Millet a su donner à ses paysannes une dignité plus authentique que celle de héros académiques.

Pierre Auguste Renoir « le moulin de la Galette » : Après plus d'un siècle, nous avons quelque peine à comprendre la tempête d'indignation et de moquerie qui accueillit de telles peintures. Il nous apparaît avec évidence que ce traitement d'apparence sommaire, loin d'être l'effet de la négligence, est le fruit d'une connaissance profonde des moyens et des buts de l'art. Si Renoir avait cherché à rendre le moindre détail, son tableau aurait eu toutes les chances d'être morne et sans vie.

Vincent van Gogh « Les blés jaune » : Dans une de ses lettres d'Arles, Van Gogh parle de ces instants où les émotions sont si fortes qu'on travaille comme sans s'en apercevoir, où les touches se suivent d'une façon cohérente comme les mots d'une phrase ou d'une lettre.

Un beau livre qui donne de suite envie de le feuilleter.

Être concis, aller à l'essentiel, c'est bien souvent ce qu'il y a de plus difficile à réaliser dans un ouvrage de cette importance. Merci monsieur Gombrich.

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