AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Le Prix des âmes tome 1 sur 1
EAN : 9791028101411
182 pages
Bragelonne (31/08/2016)
3.8/5   5 notes
Résumé :
Chaque fantôme resté en arrière a une histoire, et aucune d'entre elles ne peut laisser indifférent celui qui les écoute... "Lorsque je relève les yeux de la rivière, je capte nos reflets dans la vitre. Un peu plus grand que moi, Calame paraît soudain bien trop jeune. Je m'apprête à lui sourire, dans ce miroir de fortune, quand une silhouette se joint au tableau. Et je n'ai le temps de rien". Petrichor est habitué aux missions difficiles. On ne sait jamais ce que le... >Voir plus
Que lire après Le Prix des âmes, tome 1 : Coupés du mondeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Aimez-vous les mystères à élucider ou les chasses aux fantômes ? Vous serez doublement servi avec "Coupés du monde". Qu'est-il donc arrivé aux membres de cette famille, derniers habitants d'une île "coupée du monde", pour qu'ils meurent tous les uns après les autres ? Et, une fois morts, pourquoi prennent-ils un malin plaisir à hanter l'île ? (*mais que vient-il faire ici, celui-la?)
Même si l'histoire peut paraître glauque au premier abord, les scènes noires sont entrecoupées de moments plus anodins et entourées d'une touche d'humour bien dosée qui se retrouve principalement dans le comportement des deux chasseurs de fantômes, Petrichor et Calame.
N'étant pas spécialiste des livres intégrant fantômes, esprits ou revenants, j'ai lu ce premier tome du "Rivage des âmes" sans attentes spécifiques (à part, peut-être, un peu de chair de poule)… Je n'ai pas été déçue. La curiosité m'a transporté d'une page à l'autre et c'est avec un sourire satisfait (de clown psychopathe*) que j'ai tourné la dernière.
Commenter  J’apprécie          00
Je suis sortie de cette lecture le souffle court et les cheveux ébouriffés. Et non, je ne pense pas que cela venait de la bière qui avait accompagné ma lecture des derniers chapitres. Et vous savez quoi? Quelques jours plus tard, j'y repensais encore, à ces fantômes. Bien au chaud sous mon édredon, je me suis surprise à imaginer des mains décrépies venues attraper mes pieds qui dépassaient des draps, ou encore à voir des visages dans la buée de mes fenêtres le matin. Même la rosée sur le gazon du jardin me filait la chair de poule.

Je ne peux que vous donner un conseil : si vous êtes amateur des bonnes histoires de fantômes, jetez-vous sur ce roman sans hésitation.
Lien : http://www.chroniquesdachero..
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
— C’est une pleureuse ! Recule, Calame !
Toujours à l’aveugle, mes doigts retrouvent son poignet, alors que je le ceinture d’un bras, trop tard. La lampe met à jour la tête de l’adolescente, penchée sur ses genoux qu’elle tient serrés contre elle de ses mains. Ses cheveux retombent en paquet, masquant encore son visage.
— Ce n’est qu’une gamine, rétorque Calame, surpris, alors que je l’attire vers l’arrière.
Il manque trébucher, et me bouscule dans son élan.
Alors, son regard tombe sur sa précieuse tablette. Les courbes palpitent et se révoltent, le vert rassurant ayant viré depuis longtemps à un rouge vibrant de mauvais augure.
— Ce n’est qu’une…
Les mots de Calame meurent dans sa gorge, son souffle s’emballe. Tandis que je le maintiens contre moi, les sanglots se muent en clameur, et la voix d’Helena envahit nos esprits. Le désespoir s’immisce de nouveau en moi, tout comme je sais qu’il envahit Calame, telle une vague oppressante, implacable. L’air me manque, l’espoir, l’envie de vivre… Un tourment étranger me submerge, balayant toute pensée cohérente, une peur insidieuse et dévorante qui cogne dans mon cœur à le faire défaillir. Soudain, les murs me semblent plus près, bien trop proches. Ma main abandonne celle de Calame pour agripper mon col, espérant le libérer de son carcan qui m’étrangle, m’empêche de respirer. Les larmes d’Helena piquent mes paupières, je sens son chagrin se déverser le long de mes joues, ses pleurs se mêler à ceux de Calame, dont les jambes faiblissent sous l’angoisse et l’abandon.
Comme hypnotisé par le danger, la main de Calame persiste à fixer sa torche sur cette enfant qui n’en est plus une. L’esprit relève la tête, et dévoile un visage creusé par les siècles, témoin d’hécatombes et d’agonies qu’elle n’a jamais connues. Je sens ma volonté ployer, noyée par une fin que je sais proche. Face à nous, la bouche d’Helena s’ouvre sans fin, de plus en plus grand, vociférant ce chant de détresse, de malheur. Sa peau flétrie pend autour de dents trop longues, me soufflant tout désir, toute espérance. Et c’est désormais moi, qui me retrouve emmuré vivant dans mon propre corps, anéanti par la terreur d’un millier d’âmes, mon cœur sur le point de lâcher battant contre mes oreilles, m’assourdissant presque. Mes geignements se joignent à ceux de Calame, alors que nous tombons à la renverse, la torche rebondissant près de nous et tourbillonnant quelques secondes pour s’arrêter, ironie du sort, sur le spectre qui nous hurle toujours sa détresse.
Commenter  J’apprécie          00
Une chose singulière me frappe alors que nous posons le pied dans cette chambre, pour nous retrouver face à une nouvelle mise en scène. Jamais, à travers tous les lieux hantés que j’ai fréquentés, je n’ai trouvé de spectres si organisés, rangés chacun dans leur propre pièce, à m’attendre. Les entités de cette île, parsemées à travers le manoir et ses collines, m’apparaissent trop soigneusement présentées – cataloguées faute d’autres mots. D’ordinaire, les fantômes se hâtent de découvrir les lieux qui les entourent, de venir à la rencontre des vivants qu’ils entendent ou aperçoivent, voire même sentent, grâce aux émotions qu’ils projettent. Pourtant, ici, nous les découvrons presque tous cantonnés dans leur rôle, sur les lieux de leur mort. Parqués, en somme.
Cette nouvelle pièce n’y fait pas exception. Spacieuse et autrefois bien agencée, elle n’a plus rien de l’adorable chambre d’enfants qu’elle a dû être, à une autre époque. Des volets clos filtrent une lueur blafarde qui strie la salle de longs filaments aveuglants. Les meubles et les décorations jonchent le sol en une mare éparse de jouets cassés, de débris de bois, et de lambeaux de tissu. Les rideaux mangés par les mites dégringolent des tringles de guingois, un miroir brisé reflète la lumière du jour au plafond, renvoyant les rayons du soleil à travers un mobile dont ne pendent plus que des fils et un unique avion sans ailes. Des membres de poupées se mêlent à la fourrure d’ours en peluche déchiquetés, aux voiles déchirées d’un navire de pirate foulé au pied, et aux pages trempées de dizaines de livres de contes.
Près de l’entrée, une série de têtes de baigneurs fixe le spectacle de leurs orbites noires.
Trônant au milieu de ce capharnaüm, une chaise à bascule va et vient en cadence. Sur celle-ci, une nourrice berce une petite masse emmitouflée dans une layette rongée par l’humidité. Du sang s’échappe des cavités vidées de ses yeux et de sa bouche, maculant ses joues laiteuses, son menton, sa chemise stricte.
Commenter  J’apprécie          00
Mes semelles crissent contre la neige qui recouvre les racines et les feuilles tombées autour du chêne. Sans ce corps au visage bleuté empêtré dans ses branches, l’arbre aurait tout de majestueux. Même cette clairière, enveloppée d’un manteau pâle et nimbée d’une aura aveuglante, m’évoque un calme serein, une nuit au coin du feu, et comme me le ferait remarquer Lucy, le chocolat chaud, son péché mignon. J’écarte les flocons amassés à même l’écorce, pour confirmer mes suspicions. Impossible que cette femme ait mis fin à ses jours ici, en haut d’une branche inatteignable. Tout cela a été préparé avec un soin particulier, même si je n’en connais pas la raison.
À hauteur de mon visage, je remarque des entailles dans le tronc qui témoignent de la présence d’une échelle. Quelqu’un a passé la corde au-dessus de la branche où se trouve désormais la défunte, avant de la nouer hors d’atteinte, une fois son forfait accompli.
Lorsque je viens me poster sous les branchages, la morte baisse les yeux pour tâcher de m’apercevoir. Je me décale pour lui rendre son regard et surtout, réussir à l’observer de plus près. Des traces de lutte recouvrent ses avant-bras, marqués de griffures et d’ecchymoses. Les mêmes que j’entrevois autour de son cou, même si celles-ci, seules, auraient pu simplement justifier un changement d’avis trop tardif.
Sa peau livide rend sa tenue plus noire encore. À la manière des bonnes d’antan, elle arbore un uniforme strict qu’aucun bijou ne vient rehausser. Je parcours en mémoire la liste des domestiques du manoir, avant d’en retenir deux : Marieke et Annie. Laquelle des deux a mérité de finir ses jours ainsi, pendue à une branche ?
Son calme soudain me déconcerte. Silencieuse, elle traque chacun de mes mouvements d’un œil avide, la corde geignant chaque fois qu’elle s’agite. D’une main, je chasse quelques flocons amoncelés sur mes joues, et je jurerais la voir sourire.
Commenter  J’apprécie          00
À mesure que j’avance vers le manoir, j’en examine attentivement la façade. En me basant sur le nombre de fenêtres et d’étages, je devine que ces trois jours seront amplement nécessaires pour tout explorer. Une prière silencieuse m’échappe : pourvu que ce que je cherche se trouve bien à l’intérieur. Je n’ai jamais aimé courir les sous-bois.
La terre meuble du chemin se dérobe sous mes pieds, malmenée par les ans et les intempéries. J’atteins le haut de la butte, et la poussière cède la place aux graviers qui crissent sous chacun de mes pas. Au centre d’une grande place ovale trône une gigantesque fontaine, depuis longtemps tarie. Des moisissures pendent autour d’un plateau autrefois majestueux et dégoulinent jusqu’à atteindre le bassin rempli d’une eau de pluie croupie. Un oiseau mort flotte à la surface. Un corbeau aux orbites vides.
Bienvenue à la maison, je pense en m’immobilisant. Si l’on devait ramener mon travail à quelques règles simples de sécurité, elles se résumeraient à : ne jamais commencer le boulot en pleine nuit ; toujours repérer les environs ; si c’est trop beau pour être vrai, ça l’est ; et, les apparences sont toujours trompeuses.
Ma lampe de poche en main, je parcours une nouvelle fois la façade des yeux. Le faisceau lumineux se réverbère contre les vitres restantes, joue brièvement sur un éclat brisé, avant de venir mourir sur le gouffre opaque d’une porte grande ouverte, à ma droite. Si seulement j’avais eu un plan de la maison, en plus de celui de l’île, j’aurais pu savoir où ça menait.
Commenter  J’apprécie          00
Sa terreur m’envahit quand ma bouche formule ses pensées. De ces quelques mots prononcés, elle me transmet son fardeau qui éclabousse mon âme, déversant ses souvenirs à travers les miens, comme autant de rêves brisés et de soupirs accablés. Je sens toute cette horreur subie, sous les yeux aveugles des autres, les coups dissimulés par trop de fard, trop de poudre. Je sens…
Les sévices, le calvaire secret, l’angoisse du mot de trop, les ecchymoses, les cheveux arrachés, les gifles et les claques, je sens… Les marques contre son cou, habillées d’un foulard, les côtes fêlées qui empêchent d’enlacer ses propres enfants, les sourires voilés, factices, pour cacher une dent cassée. Je sens la honte, la culpabilité, la soumission, la révolte muette, les viols sous couvert de mariage, les grossesses redoutées, qui s’enchaînent sans fin, les fausses couches trop nombreuses, les larmes qu’on apprend à retenir, les griffures à masquer, les bleus à justifier. La maladresse feinte, les vapeurs de l’alcool des flacons de parfum que l’on boit par dépit, les milles façons d’en finir qui ne mènent à rien, par amour, par détresse, par fatalisme.
Et je ressens, enfin, un changement, l’univers qui bascule, une bouffée d’espoir qui étouffe, qui prend à la gorge et empêche de respirer, plus encore qu’aucune suffocation déjà subie. Un homme, un autre, discret et silencieux, sur lequel on s’appuie, tel un roc, un pilier inébranlable, et qui nous promet tout.
« Je lui dirai tout, ce soir, et je pourrais enfin partir. »
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : drame familialVoir plus
Les plus populaires : Imaginaire Voir plus


Lecteurs (11) Voir plus



Quiz Voir plus

Famille je vous [h]aime

Complétez le titre du roman de Roy Lewis : Pourquoi j'ai mangé mon _ _ _

chien
père
papy
bébé

10 questions
1421 lecteurs ont répondu
Thèmes : enfants , familles , familleCréer un quiz sur ce livre

{* *}