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Critique de JCOates


Dans l'Amérique des années 1980, une fille et deux garçons sont sur le point de recevoir leur diplôme sur le campus de Brown. Madeleine, passionnée de littérature et surtout de romans de l'époque victorienne, étudie la question du mariage dans le roman anglais. le jour de la remise des diplômes, elle renoue avec Mitchell, étudiant en théologie, qu'elle a repoussé quelques temps auparavant et se retrouve au chevet de Léonard, son ex-petit ami maniaco-dépressif. Madeleine se retrouve au coeur d'un dilemme : doit-elle choisir le brillant et ténébreux Léonard ou bien Mitchell, le prétendant idéal ?

Le roman du mariage est le deuxième roman de Jeffrey Eugenides que je lis. Ma première découverte avec cet auteur a eu lieu autour de Virgin Suicides. J'avais adoré ce film et avais naturellement voulu découvrir ses origines. Je pense que mon amour pour le film m'a empêchée d'aimer le roman. Malgré tout, j'avais trouvé le style de l'auteur intéressant. Je n'ai donc pas lu son chef-d'oeuvre Middlesex. Une fois encore, je suis séduite par le style de l'auteur. Par sa capacité à décrire avec finesse ses personnages et à les mettre en scène, son roman m'a fait penser à Freedom de Jonathan Franzen. J'aime particulièrement les romans « campus », tout simplement parce que je me rêve moi-même étudiante à Yale ! Ici, le cadre permet à l'auteur de nous offrir tout un tas de références littéraires de façon subtile et documentée : on croise entre autres Jane Austen, Roland Barthes, Saint-Augustin,… Mais les trois personnages doivent apprendre à vivre avec leur temps et se détacher de ces grands noms. Madeleine tombe de haut quand elle découvre qu'en épousant Léonard, elle épouse sa maladie. Léonard, quant à lui, est sans arrêt sur un fil, se raccrochant désespérément à Madeleine, qui n'avait pas envisagé son entrée dans le monde des adultes de cette manière. de son côté Mitchell est en quête de spiritualité. Il cherche surtout à oublier Madeleine après avoir déjà essuyé quelques refus. Les descriptions des personnages de Jeffrey Eugenides sont assez cliniques, pourtant il parvient à les rendre vivants et surtout humains, avec leurs qualités mais surtout leurs failles.

Plus qu'un « roman du mariage », il s'agit d'un « roman d'amours ». le thème du triangle amoureux a été vu et revu mais l'auteur réussit à le prendre sous un angle nouveau. Il n'y a qu'un couple dans ce livre : Madeleine et Léonard. Mitchell gravite autour, vit seul ses propres sentiments. Parfois évidemment, et sinon ce ne serait pas un triangle, Mitchell et Madeleine se rapprochent mais comme nous ne sommes pas dans un roman Harlequin une histoire d'amour ne vient pas en chasser une autre. Mitchell semble représenter les aspirations réelles de Madeleine, tandis que Léonard est du côté du fantasme, du danger, de la rébellion. Là encore, on tiendrait le scénario idéal pour un mauvais roman à l'eau de rose si l'auteur ne dépassait pas cet intrigue basique pour dire plus, pour raconter une époque (les années 1980 aux Etats-Unis), pour confronter des idéaux à une réalité plus cruelle. Madeleine n'est pas une héroïne romantique, elle est un personnage ancré dans son époque, saisie à une étape charnière de sa vie (la fin de l'université) qui va devoir faire un choix. Il y a malgré tout quelques longueurs dans ce livre, notamment lors de certaines étapes du cheminement spirituel de Mitchell. Son voyage à travers l'Europe puis l'Asie est beaucoup mieux raconté et plus offre plus d'intérêt. En résumé, je conseille cette lecture, car l'auteur parvient très vite à nous entraîner dans son récit. Les personnages sont parfois insupportables, preuve qu'ils sont réalistes. Les sentiments sont décrits de manière chirurgicale mais sont rendus avec beaucoup de justesse.
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