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Critique de andman


Publiés par les éditions Anacaona, les livres de la collection “Terra” sont empreints d’un esthétisme alliant sobriété et bon goût. L’illustration dans les tons noir et ocre de la couverture de “L’histoire de Ponciá”, est d’André Diniz un auteur de bande-dessinée brésilien particulièrement inspiré par l’univers des favelas.
Merci Paula pour cette nouvelle découverte de la littérature brésilienne contemporaine dont le plaisir de l’esprit est dans le droit fil du plaisir des yeux !

L’avant-propos du roman, une dizaine de pages, est si passionnant qu’il donne l’impression d’en constituer le premier chapitre. Il s’agit en fait du discours prononcé en 2009 par l’auteure, Conceição Evaristo, lors d’un colloque de littérature à Belo Horizonte sa ville natale, discours dans lequel elle retrace avec passion son parcours de vie.
Malgré une enfance très pauvre au sein d’une favela et un entourage majoritairement semi-analphabète, l’ascension sociale de cette arrière-petite-fille d’esclave, devenue aujourd’hui une des figures majeures de la littérature afro-brésilienne, force l’admiration.
Tout émerveillé de cette préface si belle, le lecteur est vraiment dans des dispositions optimales alors que débute “L’histoire de Ponciá”.

Le mot qui caractérise le mieux ce roman, les lusophones le connaissent bien : “saudade”, que l’on pourrait approximativement traduire en français par “infinie tristesse”. Coupée de ses racines, de la campagne où vivent encore sa mère et son frère, Ponciá broie du noir dans une de ces favelas de la grande ville dont elle attendait tant.
Un mari au caractère primaire qui ne la comprend pas, des fausses couches à répétition, un avenir professionnel bouché malgré une instruction dont elle n’est pas peu fière, font que la “saudade” qui depuis longtemps l'étreint se transforme de plus en plus souvent en hébétude voire en prostration. Les gènes qu’elle a hérités de ses aïeux esclaves semblent imprégnés de cette souffrance qui depuis si longtemps colle aux basques du peuple noir.

Conceição Evaristo a fait le choix du format court pour conter l’histoire poignante de Ponciá. Son style d’écriture est agréable et sans doute travaillé pour être à la portée du plus grand nombre. Tant sur le fond que sur la forme, il n’est pas surprenant de voir “L’histoire de Ponciá” figurer aujourd’hui au programme du baccalauréat brésilien.

S’il est captivé par ces écrits qui laissent à penser plus qu’ils ne disent, le lecteur percevra de façon subliminale le long cri mêlé de détresse et de rage d’une romancière qui jamais ne comprendra, n’acceptera la profonde et durable blessure infligée au peuple dont elle est issue.
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