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EAN : 9782867140020
275 pages
Pardès (09/05/1996)
3.78/5   9 notes
Résumé :


Par les mots " arc " et " massue ", l'auteur a voulu désigner les deux principaux domaines traités dans ce recueil d'essais. Partant toujours des mêmes principes, Evola étudie des problèmes très différents. Avec l'" arc " on atteint des objets éloignés, et sous cet aspect l'ouvrage aborde des questions d'ordre supérieur, comme celles des relations entre l'Orient et l'Occident, de la notion d'initiation, de l'essence des mythes et des symboles de la s... >Voir plus
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Or, il est permis de penser que ce pouvoir dominant dont dépend la sexualisation s'affaiblisse par régression. Alors, de même que politiquement, par suite de l'affaiblissement dans la société de toute autorité centrale, les forces d'en bas, jusqu'alors freinées, peuvent se libérer et réapparaître, de même on peut vérifier chez l'individu une émergence des caractères latents de l'autre sexe et, par conséquent, une bisexualité tendancielle. On se trouvera donc de nouveau face à la condition du « troisième sexe », et il est évident qu'un terrain particulièrement favorable au phénomène homosexuel sera présent. La condition, c'est un fléchissement intérieur, un affaiblissement de la « forme intérieure» ou, mieux, du pouvoir qui donne forme et qui ne se manifeste pas seulement dans la sexualité, mais aussi dans le caractère, dans la personnalité, dans le fait d'avoir, en règle générale, un « visage précis ».
On peut alors comprendre pourquoi le développement de l'homosexualité même parmi les couches populaires et éventuellement sous des formes endémiques est un signe des temps, un phénomène qui rentre logiquement dans l'ensemble des phénomènes qui font que le monde moderne se présente comme un monde régressif. Et nous sommes ainsi renvoyés aux considérations formulées dans le chapitre précédent.
Dans une société égalitaire et démocratisée (au sens large du terme), dans une société où n'existent plus ni castes, ni classes fonctionnelles organiques, ni Ordres ; dans une société où la « culture » est quelque chose de nivelé, d'extrinsèque, d'utilitaire, et où la tradition a cessé d'être une force formatrice et vivante ; dans une société où le pindarique « Sois toi-même » est devenu une phrase vide de sens ; dans une société où avoir du caractère vaut comme un luxe que seul l'imbécile peut se permettre, tandis que la faiblesse intérieure est la norme ; dans une société, enfin, où l'on a confondu ce qui peut être au-dessus des différences de race, de peuple et de nation avec ce qui est effectivement en dessous de tout cela et qui a donc un caractère informel et hybride - dans une telle société agissent des forces qui, à la longue, ne peuvent pas ne pas avoir d'incidence sur la constitution même des individus, avec pour effet de frapper tout ce qui est typique et différencié, jusque dans le domaine psychophysique. La « démocratie » n'est pas un simple état de fait politique et social ; c'est un climat général qui finit pas avoir des conséquences régressives sur le plan existentiel. Dans le domaine particulier des sexes, peut sans doute être favorisé ce fléchissement inférieur, cet affaiblissement du pouvoir intérieur sexualisateur qui, nous l'avons dit est la condition de la formation et de la propagation du « troisième sexe » et, avec lui, de nombreux cas d'homosexualité, selon ce que les mœurs actuelles nous présentent d'une façon qui ne peut pas ne pas frapper. D'un autre côté, on a pour conséquence la banalisation et la barbarisation visibles des relations sexuelles normales entre les jeunes des dernières Générations (à cause de la tension moindre due à une polarité amoindrie). Même certains phénomènes étranges qui, à ce qu'il semble, étaient très rares précédemment, ceux du changement de sexe sur le plan physique - des hommes qui deviennent somatiquement des femmes, ou vice-versa -, nous sommes portés à les considérer selon la même grille et à les ramener à des causes identiques : c'est comme si les potentialités de l'autre sexe contenues en chacun avaient acquis, dans le climat général actuel, une exceptionnelle possibilité de réapparition et d'activation à cause de l'affaiblissement de la force centrale qui, même sur le plan biologique, définit le « type », jusqu'à saper et à changer le sexe de la naissance. Dans tout ce que nous avons pu dire de convaincant jusqu'ici, il faut seulement enregistrer un signe des temps et reconnaître l'inanité complète de toute mesure répressive à base sociale, moraliste et conformiste. On ne peut pas retenir du sable qui glisse entre les doigts, quelle que soit la peine qu'on veuille se donner. Il faudrait plutôt revenir au plan des causes premières, d'où tout le reste, dans les différents domaines, y compris celui des phénomènes considérés ici, n'est qu'une conséquence et agir sur ce plan, y produire un changement essentiel. Mais cela revient à dire que le commencement de tout devrait être le dépassement de la civilisation et de la société actuelles, la restauration d'un type d'organisation sociale différencié, organique, bien articulé grâce à l'intervention d'une force centrale vivante et formatrice. Or une perspective de ce genre ressemble toujours plus à une pure utopie, parce que c'est dans la direction exactement opposée que va aujourd'hui le « progrès », dans tous les domaines. A ceux qui, intérieurement, n'appartiennent pas et ne veulent pas appartenir à ce monde il reste donc seulement à constater des rapports généraux de cause à effet qui échappent à la bêtise de nos contemporains et à contempler avec tranquillité toutes les excroissances qui, selon une logique bien reconnaissable, fleurissent sur le sol d'un monde en pleine décomposition.
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Les traces qui subsistent - rien que dans la pierre la plupart du temps - de certaines grandes civilisations des origines renferment souvent un sens rarement compris (...) on pense à ce qu'étaient, jusqu'à des époques relativement récentes, la Chine et l'Inde, et jusqu'à hier le Japon lui-même. Mais, en général, plus on remonte le temps, plus on ressent la vigueur, l'universalité et la puissance de ce type de civilisation, au point que l'Orient finit par être vu comme la partie du monde où, pour des circonstances fortuites, ce type a pu subsister plus longtemps et se développer mieux qu'ailleurs. Dans ce type de civilisation la loi du temps semble être en partie suspendue. Plus que dans le temps, ces civilisations semblent avoir vécu dans l'espace. Elles ont eu un caractère « achronique ».

Selon la formule aujourd'hui en vogue, ces civilisations auraient donc été « stationnaires », « statiques » ou « immobilistes ». En réalité, ce sont les civilisations dont même les vestiges matériels semblent destinés à vivre plus longtemps que toutes les créations ou tous les monuments du monde moderne, lesquels, sans exception, sont impuissants à durer plus d'un demi-siècle et à propos desquels les mots « progrès » et « dynamisme » signifient seulement une soumission à la contingence, au mouvement d'un incessant changement, d'une rapide ascension et d'un déclin tout aussi rapide et vertigineux (...) ces civilisations furent des civilisations de l'être. Leur force se manifesta justement dans leur identité, dans la victoire qu'elles obtinrent sur le devenir, sur l'« histoire », sur le changement, sur l'informe fluidité. Ce sont des civilisations qui descendirent dans les profondeurs et qui y établirent de solides racines, au-delà des eaux périlleuses en mouvement.
(...)
Les premières donnent le vertige par leur fièvre de mouvement et de conquête de l'espace, génératrice d'un arsenal inépuisable de moyens mécaniques capables de réduire toutes les distances, de raccourcir tout intervalle, de contenir dans une sensation d'ubiquité tout ce qui est épars dans la multitude des lieux. Orgasme d'un désir de possession ; angoisse obscure devant tout ce qui est détaché, isolé, profond ou lointain ; impulsion à l'expansion, à la circulation, à l'association, désir de se retrouver en tous lieux - mais jamais en soi-même (...) à l'inverse, les civilisations traditionnelles donnent le vertige par leur stabilité, leur identité, leur fermeté intangible et immuable au milieu du courant du temps et de l'histoire : si bien qu'elles furent capables d'exprimer jusqu'en des formes sensibles et tangibles comme un symbole de l'éternité. Elles furent des files, des éclairs dans le temps ; en elles agirent des forces qui consumaient le temps et l'histoire. De par ce caractère qui leur est propre, il est inexact de dire qu'elles « furent » - on devrait dire, plus justement et plus simplement, qu'elles sont. (chapitre I)
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Le cas le plus typique et le plus connu, c'est peut-être celui du mot virtus. La «vertu» au sens moderne n'a rien à voir avec la virtus antique. Virtus désignait la force de caractère, le courage, la prouesse, la fermeté virile. Ce terme dérivait de vir, l'homme véritable, non l'homme dans un sens général et naturaliste. Le même terme a pris, dans la langue moderne, un sens essentiellement moraliste, très souvent associé à des préjugés d'ordre sexuel, au point que, se référant à lui, Vilfredo Pareto a forgé le terme « vertuisme » pour désigner la morale bourgeoise puritaine et sexophobe. Quant on dit une «personne vertueuse », on pense aujourd'hui à quelque chose de bien différent de ce que pouvaient signifier par exemple, à l'aide d'une réitération efficace,des expressions comme celle-ci : vir virtute praeditus. II n'est pas rare que la différence se transforme en opposition. En effet, une âme forte, fière,intrépide, héroïque est le contraire de ce que veut dire une personne «vertueuse » au sens moraliste et conformiste moderne.
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[...] la civilisation moderne ne doit pas être considérée comme une civilisation « active », mais comme une civilisation d’agités et de névropathes. Comme compensation du «travail» et de l’usure d’une vie qui s’abrutit dans une agitation et une production vaines, l’homme moderne, en effet, ne connaît pas l’otium classique, le recueillement, le silence, l’état de calme et de pause qui permettent de revenir à soi-même et de se retrouver. Non: il ne connaît que la «distraction» (au sens littéral, distraction signifie «dispersion») ; il cherche des sensations, de nouvelles tensions, de nouveaux excitants, comme autant de stupéfiants psychiques. Tout, pourvu qu’il échappe à lui-même, tout, pourvu qu’il ne se retrouve pas seul avec lui-même, isolé du vacarme du monde extérieur et de la promiscuité avec son «prochain».
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Nous avons parlé dans un autre chapitre du mythe du « travail » et du « travailleur ». Un cas particulier d’acquiescement stupide, c’est celui des gens qui acceptent que le terme « engagé » soit accaparé par les seuls intellectuels de gauche. La conséquence serait que celui qui n’est pas de gauche, n’est pas « engagé » en tant qu’écrivain, intellectuel ou homme d’action, qu’il est frivole, superficiel, indécis, sans vigueur, qu’il n’a pas de vraie cause à défendre. Il semble que cette implication logique échappe totalement à ceux qui admettent l’équation : « engagé = de gauche ». De nouveau, on cède au courant dominant. Que l’opposé soit vrai, que seul puisse être vraiment « engagé » celui qui défend ces idées supérieures, ces fins transcendantes de l’homme que la racaille de gauche, intellectuelle ou non, couvre de mépris et de discrédit, ce n’est même pas la peine de le souligner.
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Vidéo de Julius Evola
« […] Jour après jour, Saba - de son vrai nom Umberto Poli (1883-1957) - compose le “livre d'heures“ d'un poète en situation de frontière, il scrute cette âme et ce coeurs singuliers qui, par leur tendresse autant que leur perversité, par la profondeur de leur angoisse, estiment pouvoir parler une langue exemplaire. […] […] Au secret du coeur, dans une nuit pétrie d'angoisse mais consolée par la valeur que le poète attribue à son tourment, cette poésie est une étreinte : à fleur de peau, de voix, une fois encore sentir la présence de l'autre, porteur d'une joie qu'on n'espérait plus. […] Jamais Saba n'avait été aussi proche de son modèle de toujours, Leopardi (1798-1837) ; jamais poèmes n'avaient avoué semblable dette à l'égard de l'Infini. le Triestin rejoint l'auteur des Canti dans une sorte d'intime immensité. […] […] Comme le souligne Elsa Morante (1912-1985), Saba est plutôt l'un des rares poètes qui, au prix d'une tension infinie, ait élevé la complexité du destin moderne à hauteur d'un chant limpide. Mais limpidité n'est pas édulcoration, et permet au lecteur de percevoir deux immensités : le dédale poétique, l'infinie compassion. » (Bernard Simeone, L'étreinte.)
« […] La première édition du Canzoniere, qui regroupe tous ses poèmes, est fort mal accueillie par la critique en 1921. […] Le Canzoniere est un des premiers livres que publie Einaudi après la guerre […] L'important prix Vareggio de poésie, obtenu en 1946, la haute reconnaissance du prix Etna-Taormina ou du prix de l'Accademia dei Lincei, ne peuvent toutefois tirer le poète d'une profonde solitude, à la fois voulue et subie : il songe au suicide, s'adonne à la drogue. En 1953, il commence la rédaction d'Ernesto, son unique roman, qui ne paraîtra, inachevé, qu'en 1975. […] »
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Référence bibliographique : Umberto Saba, du Canzoniere, choix traduit par Philippe et Bernard Simeone, Paris, Orphée/La Différence, 1992.
Image d'illustration : https://itinerari.comune.trieste.it/en/the-trieste-of-umberto-saba/
Bande sonore originale : Maarten Schellekens - Hesitation Hesitation by Maarten Schellekens is licensed under a Attribution-NonCommercial-NoDerivatives 4.0 International License.
Site : https://freemusicarchive.org/music/maarten-schellekens/soft-piano-and-guitar/hesitation/
#UmbertoSaba #Canzoniere #PoésieItalienne
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