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EAN : 9781090724038
Monsieur Toussaint Louverture (14/02/2013)
3.72/5   60 notes
Résumé :
Désarçonné par l'échec commercial de l'oeuvre de sa vie, Exley perd magistralement tout contrôle et consigne dans ce vrai-faux journal de bord, cru et sans fioriture, son inextinguible faim de gloire et de littérature. Ce livre n'est pas la suite du Dernier Stade de la soif. C'est un instantané des États-Unis des années 1970, écrit pendant sept ans, traversé de dérives, de deuils et de transgressions. C'est la tentative, ambitieuse et désespérée, d'un écrivain pour ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
A l'épreuve de la faim n'est pas un roman comme dirait l'ami stricto sensu. Ce journal d'une île froide n'est pas plus un journal que Singer Island (Floride, EU) n'est polaire. Dans cette fausse autobiographie, Frederick Exley est Frederick Exley. L'élément permanent de cet ouvrage qui se cherche, dérive, chaloupe, se redresse. L'élément constant de ce bateau ivre, à la fois alcoolique, amoureux de littérature, écrivain désespéré, baiseur impénitent, lancé dans une entreprise folle d'autodestruction.

Après le dernier stade de la soif, Exley ne fut pas auréolé de gloire, ne croula pas sous les dollars ni l'admiration de quelque grand écrivain, lui qui admirait avec coeur et sans mesure. Insatisfait des retombées de son premier roman pourtant digne d'éloges (je l'ai lu, je l'ai plus qu'aimé) et, par ailleurs primé, Exley voulait plus. Encore plus.
«  - Votre véritable vie littéraire, lançai-je, commencera le jour où vous accepterez que l'exclusion, le chaos, la solitude, le travail, et le travail et le travail sont les conditions sine qua non de l'écriture ; » Ses étudiants sont parés. La voie de la dépression géniale leur est montrée.

Il concentre alors et fort logiquement son énergie à obtenir moins. Entre biture du matin et cuite du soir, il promène sa tristesse déchirante, son cynisme (forcé?), sa rébellion et sa grossièreté de la Floride en Iowa où il anime un atelier d'écriture.
Entre whisky au litre, vodka à l'hectolitre, à la fois proche et lointain d'un Bukowski moins loser, Exley s'offre une obsession littéraire à la mort d'Edmund Wilson, critique littéraire majeur, écrivain moins majeur. Il convoite la canne du défunt, scrute les nécrologies puis délaisse l'idée fixe pour promener sa carcasse ailleurs, du côté du féminisme, de la télévision, de cette Amérique des années 70 dans laquelle Mailer pérore. Exley abhorre, envie, aime et mouline les grandes figures de l'Amérique des années 70.

Exley, collé à un canapé de skaï luisant de sueur, transpirant l'alcool comme d'autres le Vittel, fait oeuvre protéiforme. Ce satané bouquin ne se laisse pas étiqueter. Rare, inclassable, plein de rien et de tout, mariant le cynisme et la soif d'absolu, A l'épreuve de la faim débouche sur le vide vertigineux de l'existence. Où il ne reste qu'à boire.
Un daïquiri?

Oups! Avec tout ça, j'allais oublier de remercier Babelio et Monsieur Toussaint Louverture pour ce fort joli cadeau issu de la dernière opération Masse Critique. Santé à vous!

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C'est le souvenir précieux d'une lecture d'un roman de Knut Hamsun qui m'a fait jeter un oeil aguicheur à ce "roman" de Frederick Exley. Ce livre de Knut Hamsun s'intitulait 'La faim". Ce roman m'avait alors presque définitivement éloigné de la littérature : j'y avais trouvé à peu près tout ce que j' avais cherché en vain des années durant : "La Faim" touchait à l'essence même de l'écriture, de la recherche de l'écriture au péril de sa santé mentale. Je n'ai plus rien lu pendant longtemps après avoir terminé ce livre et je ne pense pas avoir encore trouvé de romans de cette trempe depuis.

Outre la proximité du titre, le roman de Frederick Exley partage un thème commun avec le chef d'oeuvre de l'écrivain norvégien : la recherche passionnée de l'écriture et l'inexorable descente aux enfers du narrateur/auteur. C'est probablement ce qui m'a poussé à le choisir pour l'opération Masse Critique.

Premières impression : l'édition est absolument superbe. de la couverture déchirée laissant découvrir un portrait de Frederick Exley clope au bec à la quatrième de couverture aux lettres incrustées, l'objet est incontestablement magnifique. Impossible de ne pas lui laisser une place de choix dans votre bibliothèque une fois que vous l'aurez en votre possession

Bon, il y a certainement des raisons autres que purement esthétiques et matérialistes pour lui laisser une place d'honneur au milieu de vos livres. Ce vrai-faux journal (je n'ai pas su démêler le vrai du faux), d'un auteur quasi inconnu en nos frontières, a de quoi vous faire oublier la totalité de la production littéraire actuelle : Des bons mots, des accents bukowskiens (certes, les deux auteurs étant portés sur / par la bouteille, l'analogie est facile bien que l'auteur semble plus proche d'un Hunter s. Thompson qu'autre chose) et surtout une descente aux enfers aussi intense que passionnante.

Le journal commence par la découverte de la mort de l'auteur d'Edmund Wilson pour qui Exley développe, dès lors, une passion sans retenue. Il décide de rechercher l'essence de son oeuvre et s'ensuit alors, sur quelques centaines de pages éparses, une longue quête de l'auteur/narrateur à travers la littérature et certains de ses plus illustres apôtres (Nobokov) pour en trouver son essence même.

Exley évoque tout du long l'échec de son précédent livre "Le Dernier Stade de la soif" et parle en continu de des difficultés pour écrire "A l'épreuve de la faim". Au delà des saillies amusantes parfois brillantes mais souvent anecdotiques de Exley à propos d'à peu près tout, ce sont ces pages consacrées à l'écriture de son roman qui me semblent les plus passionnantes de ce roman : ce sont des pages remplies de doutes qui tranchent violemment avec l'arrogance que l'auteur témoigne en mille autres occasions lors de ce journal.

Amateurs de Bukowski, de Hunter S Thomson ou simples amoureux de la littérature, je ne peux que vous recommander ce livre, et peu importe si vous ne connaissez rien ni personne de ces années 1970 contées avec verve par l'auteur. le plus important dans ce "journal" magnifiquement édité par Monsieur Toussaint Louverture tient dans la quête passionnée de Frederick Exley vers un absolu littéraire qui s'échappe inexorablement à mesure que l'auteur croit s'en rapprocher.
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Donner vie à un auteur oublié, telle est l'envie de Frederick EXLEY, et de Monsieur Toussaint Louverture !

Frederick EXLEY est l'auteur de deux ouvrages connus en France : le dernier stade de la soif (A fan's notes), et A l'épreuve de la faim (Pages from a cold Island) tous deux parus aux éditions de Monsieur Toussaint Louverture.



L'auteur américain n'a selon lui pas connu un gros succès. Les critiques lors de la sortie de son premier roman (dans les années 1950) aux Etats Unis, furent très positives. Il vendu environ 7 000 exemplaires et gagna tout de même le prix National Book Award.



Son second roman, qui ressemble fortement à un récit autobiographique est paru dans les années 70 aux Etats Unis et est très troublant.

Frederick nous conte la vie de certains de ses contemporains. Notamment Nabokov, avec sa célèbre Lolita et en particulier Edmund WILSON qui a dominé intellectuellement la scène littéraire des Etats Unis.

Frederick s'est découvert une passion pour ce dernier et décide de tout faire pour lui rendre un réel hommage. L'hommage qu'il mérite et que les médias ne lui ont pas donné.



Pour cela, il se rend en pèlerinage dans la ville de WILSON, à savoir Talcottville afin de rencontrer les médiateurs de sa vie ; sa fille, son agente, ses amis…

Le récit tient alors en deux parties. Il y a la face poétique de Frederick qui apparaît lorsqu'il parle de WILSON, et le côté beaucoup plus grossier lorsqu'il parle des femmes, de politique, ou qu'il est un peu trop alcoolisé.



L'auteur tombe souvent amoureux. de jeunes femmes surtout. Nabokov et sa Lolita dominent le livre, ne l'oublions pas. EXLEY rencontre ses Lolita, il n'hésite pas à être grossier et direct avec elles, contrairement à Humbert Humbert qui était beaucoup plus attaché aux sentiments.



Il rencontre un jour suite à sa demande et non sans difficulté Ms. STEINEM, féministe très engagée aux Etats Unis. Il fait des pieds et des mains pour l'interviewer. Il relit tous ses classiques féministes et donne ses avis afin de ne rien avoir à se reprocher. Il tentera de la séduire, mais son engagement pour l'égalité des sexes n'est pas semblables à celui de sa partenaire. Il fera des efforts, essaiera d'être un autre pour elle, mais « chassez le naturel, il revient au galop ».



Frederick EXLEY est de plus un alcoolique notoire. La vodka et le whisky dominent ses journées. Les bistrots de Talcottville ou de sa petite île dans laquelle il vit habituellement et qui lui manque n'ont plus de secrets pour lui. Il est prêt à faire la tournée dés la première heure pour s'offrir une petite sieste et recommencer le soir, avant d'écrire quelques lignes si l'inspiration est présente.



L'alcool et le sexe sont la charpente de ce récit. Mais il va au-delà de tout ça.

Frederick EXLEY nous offre ici son intimité la plus profonde. On ne sait pas si on doit crier au génie ou le haïr. Cet homme montre toute la complexité de l'humanité à lui seul. Et il la montre bien. L'ironie créée son écriture et son humour hors pair.



« A l'épreuve de la faim ne fonctionnait pas car le texte était d'une telle mélancolie que, malgré son humour, le lecteur n'allait certainement pas pouvoir atteindre la dernière page (en admettant qu'il arrive jusque là) sans se demander comment diantre j'avais pu trouver en moi la volonté de produire ces quatre cent quatre-vingts pages de tapuscrit. »

Et vous n'aurez pourtant aucun mal a vous laisser embarquer dans la vie débauchée, pleine d'espoir et de désillusions de notre cher Frederick EXLEY.



Remercions les éditions Toussaint Louverture pour la confiance qu'il savent créer chez leurs lecteurs grâce à la qualité de leurs ouvrages.
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J'ai cherché un moment des raisons de lire ce livre, je veux dire durant les cent premières pages, j'allais abandonner, quand soudain ce livre m'a pris, sans que je puisse expliquer pourquoi.
Je pense qu'il m'a fait rire avec son humour bukowskien, et la façon de faire son autobiographie a quelque chose de touchant car c'est un constat d'échec.
Il va essayer de nous vendre son auteur favori: Edmund Wilson, décédé pendant qu'il écrit ce livre, là encore en ce qui me concerne il m'a enlevé toute velléité de découvrir son oeuvre.
Le ton est celui d'une confession et se lit facilement. Il est question de l'écriture de ce livre, de voyages en avion, de bitures et de cours de littérature.
Les passages politiques ne sont pas mes préférés, j'aime mieux qu'il commente son quotidien à travers des anecdotes cocasses.
La fin m'a beaucoup plu et m'oblige me fait presque hésiter à mettre une quatrième étoile que je ne mettrai pas à cause des longueurs, je lui mets un bon 3,5.
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Livre lu dans le cadre de l'opération Masse critique, de Babelio. Je les en remercie, ainsi que l'éditeur, Monsieur Toussaint Louverture.


Dans ce roman, qui est donc le vrai-faux journal de bord autobiographique de l'auteur, le lecteur médusé découvre, outre le portrait d'un écrivain alcoolique en mal d'inspiration, une certaine image de l'Amérique des années 70.
Frédéric Exley donc, essaie péniblement d'écrire son second livre, après que le premier (Le dernier stade de la soif) ait connu un certain succès. Menant une vie on ne peut plus débridée, éclusant des litres d'alcool à longueur de journée, notre anti-héros traîne péniblement les heures et sa carcasse, entouré d'une bande d'amis qui partagent son goût pour la beuverie et les aventures sans lendemain et sans conséquences.
Et il nous offre sa vision de son époque, de ses contemporains (célèbres ou non), avec beaucoup d'humour et de cynisme. Mais surtout, il nous fait part de sa très grande tristesse suite à la disparition d'Edmund Wilson, qui était un modèle à ses yeux.

C'est là que j'avoue m'être parfois ennuyée dans cette lecture. Ma connaissance des faits de l'époque étant plus que limitée, et ne connaissant pas du tout Edmund Wilson, j'ai eu du mal à entrer dans cette histoire. Bien sûr le ton, le personnage irrévérencieux et iconoclaste d'Exley, m'ont séduite, mais pas suffisamment pour me faire adorer ce roman. Dans la même veine du politiquement incorrect, j'ai de loin préféré Karoo, paru chez le même éditeur.
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critiques presse (1)
LaLibreBelgique
08 juillet 2013
Un texte où l’épique côtoie le tragique. L’auteur du "Dernier stade de la soif" y paraît toujours désabusé.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Disons juste que l'animal humain, même dans notre société où la promiscuité est de mise, ne peut impunément baiser à plusieurs reprises le même partenaire sans que quelque chose ne se produise, car lorsque les jambes retombent et que les léchouilles s'achèvent, on finit par s'abandonner, épuisés d'amour, dans les bras l'un de l'autre en se chuchotant à l'oreille. Ces chuchotements impliquent le langage, l'instrument le plus noble de l'homme, et ainsi on révèle à son partenaire un peu de son enfance, de ses espoirs et de ses rêves, de ses peurs et de ses aspirations, et bien malgré soi, on se rend compte que cette chose, ce délicieux et sirupeux objet sexuel qui repose dans vos bras, a en fait une histoire; elle commence alors à se muer en une créature de dévotion ou d'égoïsme, capable de souffrir ou de faire souffrir, terriblement, et devient, en vérité, humaine. Oui, nous avons beau nous enfermer dans la carapace la plus dure et la plus impénétrable qu'il soit, les ennuis finissent toujours par nous tomber dessus.
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...je considère la torpeur et la paresse non pas comme des péchés mortels, mais plutôt comme des facultés propres à forger un état d'esprit en mesure de nous protéger de ces blessures traumatisantes de l'existence que l'on nomme désillusions; des dispositions qui permettent, en fin de compte, à l'âme de s'épanouir.
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Votre véritable vie littéraire, lançai-je, commencera le
jour où vous accepterez que l’exclusion, le chaos, la solitude, le travail, le travail et encore le travail sont les conditions sine qua non de l’écriture.
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J'avais peur : peur de la beauté et de la laideur, peur d'être aimé et de ne pas l'être, peur de vivre et peur de mourir, tellement peur du soleil que je ne parvenais pas à ouvrir les yeux le matin, tellement peur de la nuit que je ne pouvais pas les fermer le soir pour m'endormir ; j'avais peur
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Il m’avait traité de pédale devant toute la classe (nous étions en train de lire Shakespeare, et apparemment, dans son esprit dérangé, ceux qui appréciaient le Barde avaient immanquablement envie d’accueillir dans leur cavité buccale des pénis enflammés).
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Vidéo de Frederick Exley
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