AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Kai Hermann (Éditeur scientifique)Horst Rieck (Éditeur scientifique)Horst-Eberhard Richter (Autre)Léa Marcou (Autre)
EAN : 9782070374434
339 pages
Gallimard (13/01/1983)
4.02/5   2256 notes
Résumé :
Ce livre terrible a connu un retentissement considérable en France et dans toute l'Europe. Ce que raconte cette jeune fille sensible et intelligente, qui, moins de deux ans après avoir fumé son premier joint, se prostitue à la sortie de l'école pour gagner de quoi payer sa dose quotidienne d'héroïne, et la confession douloureuse de la mère font de 'Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée...' un livre sans exemple. Il nous apprend beaucoup de choses, non seul... >Voir plus
Que lire après Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée...Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (189) Voir plus Ajouter une critique
4,02

sur 2256 notes
Ce témoignage est sombre, tragique, douloureux et extrêmement marquant puisqu'il parle de deux sujets difficiles et toujours d'actualité : la drogue et la prostitution.
Pour ma part, je me suis beaucoup attachée à cette jeune Christiane et c'est avec beaucoup de tristesse que l'on constate sa déchéance au fil de ces pages. Elle raconte son histoire avec son enfance triste et brutale qu'elle tente d'échapper en allant se changer les idées auprès d'une bande "branchée" qui la fascine. Elle est alors très vite tentée de faire comme eux, en consommant des drogues, mais en devient rapidement dépendante. Elle se tourne alors vers la prostitution à 14 ans pour se payer sa dose quotidienne d'héroïne.

Ce livre parle d'une Allemagne à la fin des années 70, dans laquelle la jeunesse des quartiers modestes se trouve face à l'ennui et l'indifférence.
Ce récit met en avant les difficultés liées à la dépendance de la drogue, le manque d'organismes spécialisés pouvant accompagner ces personnes à l'époque, la souffrance liée au sevrage. Mais aussi la difficulté des proches à sortir les personnes de cet enfer.
Un témoignage bouleversant qu'il faudrait faire lire à la jeunesse pour tenter de faire prendre conscience des dangers engendrés par la drogue.

À présent, il me tarde de lire ce qu'est devenue Christiane dans son récent témoignage 34 ans après celui-ci : "Moi, Christiane F., la vie malgré tout", qui parait tout aussi éprouvant à lire.
Commenter  J’apprécie          860
« Ni hier ni demain ne m'intéressent. » « Je n'ai pas de projets, seulement des rêves. » « Maintenant, je ne suis à peu près heureuse que dans les moments où je rêve, et où je rêve que je suis quelqu'un d'autre. »

Merde alors ! Quand j'ai lu ces phrases prononcées par une gamine de 13 ans, j'ai corné les pages, pour ne pas oublier, pour marquer ce livre comme ses bras. Une piqure, un rappel pour moi.

« Tout ça m'a paru complètement fou. Dans quel monde vivons-nous ? » se demande la mère de Christiane. Moi aussi, je me le demande. Quand des instituts spécialisés refusent de prendre en charge des enfants dont la vie ne tient qu'à un fil. Quand tous les adultes préfèrent fermer les yeux car c'est trop moche ou parce que ça en arrange bien certains...ou parce qu'ils se sentent démunis ? Oui nous le sommes mais est-ce pour autant qu'il faut arrêter de se battre ?

Je ne crois pas que cette histoire soit terminée. Tous les jours des enfants tombent et ne se relèvent pas. Parce qu'aucun adulte n'est là pour les aider. J'ai flippé pendant cette lecture car je ne me sens pas à l'abri. Qui peut l'être ? Quand un enfant pense « Je ne sais pas pourquoi je suis au monde. », on a raté quelque chose, non ?

Quand on donne des étrennes, voilà ce que peut penser un adolescent héroïnomane : « Hiver ou été, Noël ou Nouvel An, pour moi tous les jours se ressemblent. A ceci près que j'ai reçu de l'argent en cadeau de Noël, ce qui m'a permis de faire un ou deux clients de moins. » Flippante cette lecture. Dans le quartier de Gropius, les enfants n'avaient pas droit de cité, tout leur était interdit. Avec son père, c'était des coups et des meurtrissures.

Alors je me suis raccrochée à des petits détails pour trouver vos rayons de soleil Christiane. Il y a eu David Bowie... « C'est le pied. Presque autant que je l'ai imaginé. Fantastique. Mais, aux premières mesures de It is too late, ''C'est trop tard'', je sombre. Cette chanson me donnait la cafard. Je trouve qu'elle décrit très exactement ma situation. » Et avec Detlev... un rayon chaud d'amour. Un amour qui a coulé dans vos veines. Finalement même vos rayons de soleil finissaient par vous donner la jaunisse. Qui vous aimait ?

Oh, what will I be believing and who will connect me with love ? ''Station to station''

« C'est moche de mourir quand on n'a pas encore vécu. »
Commenter  J’apprécie          806
Christiane F. livre ici son témoignage, celui de sa chute dans l'enfer de la drogue. Ce n'est pas le genre de bouquin qui, habituellement, m'attire. En fait, je lis très peu de biographies. Mais celui-ci m'a été prêté, je l'ai entamé un peu à reculons. Non seulement à cause du genre, mais aussi et surtout à cause du thème. Les drogues, les toxicomanes, ce monde dur, pas pour moi. Toutefois j'ai laissé sa chance au livre et j'en suis content. Évidemment, c'est dur, une lecture coup de poing, mais parfois c'est essentiel.

La préface (dans l'édition Folio, je ne sais si c'est la même partout) m'a aidé à me situer, à mettre en perspectives cette histoire. Peut-être même expliquer ce qui a pu poussé Christiane vers la drogue. En effet, son enfance et son début d'adolescence ont été marqués par un père vindicatif et une mère qui n'a pu su mettre des limites, voir ce qui arrivait à sa fille. Et ce qui ne devait être qu'un essai, l'héroïne, est devenu une réalité.

En passant, j'aime bien que jamais la substance ne soit nommée explicitement. H. Tout court. C'est comme une façon de ne pas donner d'emprise à la chose. Un peu à la façon de certains de jamais nommer les meurtriers en série et de seulement les appeler «le monstre» ou quelque chose du même genre.

Évidemment, la jeune Christina voyait les choses plus simplement. La drogue, c'était que pour passer du bon temps. Une connerie. Elle n'était pas accro, elle pouvait arrêter quand elle le voulait. C'est ce qu'elle croyait. C'est ce qu'ils croient tous… au début. Puis, quand l'argent vient à manquer et que le besoin se fait ressentir, il ne reste plus qu'à se prostituer pour arriver à ses fins. Je la voyais sombrer et elle ne le comprenait pas, je rageais intérieurement pour elle, pour ses amis, pour ce monde qui les laisse s'empêtrer.

Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée…

Mais ce roman n'est pas que noir. C'est d'abord une belle – et déchirante et troublante – histoire d'amour entre la jeune fille et Detlev, un garçon de deux ans plus âgé. Ils partageaient leurs espoirs, leurs rêves.
Malheureusement, ils étaient mal entourés. J'ai trouvé cet amour vraiment touchant.

C'est ensuite et surtout le calvaire d'une jeune femme (et de sa mère) pour essayer de se défaire de sa dépendance aux drogues dures. Ce combat, ponctué de cures et de rechutes, fut long mais finalement couronné de succès.

Le roman met aussi en évidence le manque de ressources pour aider les jeunes toxicomanes et leurs familles. du moins, en Allemagne dans les années 1970. J'espère que les choses ont changé depuis. Aussi, j'ai été surpris de voir comment, même guérie (mais peut-on se considérer guéri quand on n'a pas retouché à la drogue depuis seulement quelques semaines ?), le système scolaire continue à lui tenir rigueur de ses fautes du passé.

Je crois qu'on devrait faire lire ce roman aux jeunes. Il est peut-être un peu technique mais l'intérêt n'est pas là. Je suis certain que cela aurait un effet dissuasif sur plusieurs. Ils éviteraient les mêmes erreurs que Christiane, cette connerie, la désillusion qui l'accompagne. À tout le moins, ils pourraient reconnaître les risques, les façons de prévenir des situations semblables. On peut rêver…
Commenter  J’apprécie          521
Ce livre est une grosse baffe dans la figure, et c'est vrai qu'il ne vaut mieux pas être dans une période déprimée pour le lire... Quoiqu'en lisant ces pages on se rend compte que finalement on est pas si mal loti (à condition de ne pas être toxicomane, de ne pas devoir tapiner pour se payer sa dose quotidienne et de ne pas voir son cercle d'amis décimé peu à peu par les overdoses et autres maladies).

C'est là qu'on se rend compte à quel point, quand toutes les conditions sont réunies, il est facile de tomber au fond à partir d'une simple connerie d'ado. C'est sûr que ce qu'elle a vécu est vraiment extrême. Mais on a beau se dire ça, une fois qu'on l'a lu on ne l'oublie jamais.
Commenter  J’apprécie          530
« Watch out the world's behind you » – The Velvet Underground

Ce livre est le témoignage le plus saisissant et le plus réaliste sur l'univers de la drogue qu'il m'ait été donné de lire, mis à part « L'herbe bleue » que j'avais déjà lu il y a fort longtemps mais dont il ne me reste que peu de souvenirs.

« Feeling sick and dirty more dead than alive
I'm waiting for my man » – The Velvet Underground

Il a d'ailleurs reçu, à sa sortie, un certain écho en France ainsi qu'une grande renommée jusqu'à aujourd'hui, même si le titre en français me paraît un peu racoleur et franchement stupide étant donné que l'histoire se déroule sur environs trois ans et que Christiane ne se prostituait pas encore à l'âge de treize ans. le titre d'origine (Nous, les enfants de la station Zoo) était bien meilleur même si moins vendeur d'un point de vue strictement marketing.

« Take me on a trip upon your magic swirlin' ship
My senses have been stripped, my hands can't feel to grip
My toes too numb to step
Wait only for my boot heels to be wanderin' » – Bob Dylan

L'histoire débute lorsque Christiane, ses parents et sa soeur déménagent à Berlin, quittant leur village pour la cité Gropius. Là-bas, elle découvre la pression sociale qu'exerce la société sur les enfants que ça soit à l'école ou à l'extérieur, les rapports de force, l'esprit de compétition et tutti quanti. Son père doit faire face au chômage et donc devient brutal, violent envers sa mère et à ses filles, rentrant souvent tard après avoir passé la soirée à boire au bistrot. Quant aux enfants, dans cette cité peu accueillante, tout leur est interdit, il n'y a pas de place pour l'amusement ou même pour leur simple épanouissement. C'est au centre socio-culturel protestant « La Maison du Milieu » qu'elle y fera sa première expérience du haschich.

« I started out on burgundy
But soon hit the harder stuff » – Bob Dylan

Puis vint l'accès à la fameuse boite de nuit le « Sound », le repaire des toxicos en tous genres. C'est près de ce lieu au goût de prestige à l'aune de ses treize ans qu'elle y fera sa première rencontre avec l'héroïne, d'abord en la sniffant avant de passer à l'injection par intraveineuse. Ensuite ce sera l'escalade vers une dépendance physique, croyant d'abord maîtriser sa consommation, ne sachant pas à cause de son jeune âge que c'est la came qui dicte la règle à suivre, jamais l'inverse. C'est l'époque, 1976, où l'héroïne fait des ravages en Europe, touchant des adolescents de plus en plus jeunes. Les gouvernements semblent désemparés face à ce fléau, cherchant, comme à leur habitude, à éradiquer non les racines du mal, bien trop profondes à atteindre, mais uniquement la partie émergée de l'iceberg.

« Les feuilles tombent des cocas
Et se répandent sur l'occident
Demain tu verras tous ces petits alchimistes
Pulvériser un continent » – Hubert-Félix Thiéfaine

On en retient surtout le sordide dans lequel « l'algèbre du besoin », pour utiliser une formule de William Burroughs, confine les toxicos à un destin tragique, et combien il est difficile de sortir de cette dépendance car, dans le récit de Christiane, on ne compte plus les tentatives de sevrage qui ont finis par une irrémédiable rechute. On voit aussi tous ceux qui profitent de cette situation désespérée tels que les pervers, les pédérastes (ils appellent cela le baby tapin) et même, à mon grand étonnement, l'église de scientologie qui voit là manière à recruter de nouveaux fidèles dans un regain de prosélytisme honteux.

« Seasick Sarah had a golden nose
Hard-nailed boots, wrapped around her toes
When she turned blue, all the angels screamed
They didn't know, they couldn't make the scene » – The Velvet Underground

Il serait intéressant également d'en faire une analyse sociologique afin de comprendre le malaise qui agite ceux, comme Christiane, à se droguer. Peut-être est-ce la société de consommation qui n'offre pas les attentes que recherche la jeune génération, qui n'offre aucun idéal à cette jeunesse perdue entre un quotidien morose et un avenir incertain.

« When i put a spike into my vein
Then i tell you things aren't quite the same
When i'm rushin' on my run
And i feel just like Jesus' son » – The Velvet Underground

C'est un livre, in fine, qui ne se fait jamais moralisateur, décrivant la réalité crue, sans artifices inutiles. Un livre bouleversant où on la suit dans ses déambulations à travers ses déboires et ses peines pour enfin décrocher de la drogue.

« It's too late
To be grateful » – David Bowie
Commenter  J’apprécie          323

Citations et extraits (89) Voir plus Ajouter une citation
Le comportement de mon père confirme simplement à mes yeux la règle de vie que m'enseignent la rue et l'école : battre ou être battu.

En réalité je suis plutôt frêle, mais la rage décuple mes forces.

Ainsi, à la cité Gropius, on apprend pour ainsi dire automatiquement que tout ce qui est permis est affreusement ennuyeux, et que ce qui est interdit est amusant.

J'ai douze ans. J'ai déjà un peu de poitrine et je commence à m'intéresser fortement aux garçons et aux hommes. À mes yeux, ce sont des êtres très bizarres. Brutaux, tous. Aussi bien les grands garçons qui traînent dans la rue que mon père et même Klaus, à sa manière. Ils me font peur. Mais ils me fascinent aussi. Ils sont forts, il détiennent le pouvoir. Je les envie. En tous cas, leur force et leur puissance m'attirent.

J'ai l'impression qu'on ne veut pas de moi à la maison. Mais d'un autre côté je trouve chouette d'avoir autant de liberté. Je crois même que je savoure les disputes avec Klaus. Ça me donne un sentiment de puissance, de m'engueuler avec un adulte.

Le seul sentiment que j'éprouve encore pour ma mère, c'est la pitié. Je la plains quand je la vois rentrer du boulot stressée, énervée, épuisée et se jeter sur les travaux ménagers. Mais je me dis que c'est de leur faute, aux vieux, s'ils mènent cette vie de cons.

Les jours suivants, je m'efforce de tuer en moi tout sentiment pour les autres. Je ne prends plus de comprimés, plus de LSD. Je fume un joint après l'autre et bois toute la journée du thé mélangé de haschisch. Au bout de quelques jours, je suis cool à nouveau. J'ai réussi à ne plus aimer rien ni personne excepté moi-même. Je pense avoir désormais la maîtrise de mes sentiments.

J'ai perdu tout sens des réalités, pour moi la réalité est irréelle. Ni hier ni demain ne m'intéressent. Je n'ai pas de projets, seulement des rêves.

Je veux être avec lui, n'importe où. Et, peu à peu, je m'habitue au décor. Je ne sens plus l'odeur de pisse et de désinfectants. Les clients, les putes, les métèques, les flics, les clochards, les ivrognes font partie de mon environnement quotidien. C'est ici, ma place, puisque Detlev y est.

Je pense à la manière dont j'ai traité des junkies en manque. Je ne comprenais pas ce qui leur arrivait. J'avais seulement remarqué qu'ils étaient vachement sensibles, totalement désarmés, et très vulnérables. Un toxico en manque, c'est tellement annihilé que ça n'ose même pas vous contredire. Il m'est arrivé d'assouvir sur eux mes appétits de puissance. Quand on sait s'y prendre on peut les démolir complètement. Il suffit de taper au bon endroit, de retourner patiemment le fer dans la plaie, et ils s'écroulent. Quand on est en manque, on est assez lucide pour se rendre compte qu'on est une loque. La façade cool s'est écroulée, on ne se juge plus au-dessus de tout et de tous.

Une fois ressortie de la voiture, je me sens très calme et je fais une espèce de bilan : "Voilà. Tu as quatorze ans. Il y a un mois, tu étais encore vierge. Et maintenant tu fais le tapin."

Je tombe dans une espèce de demi-sommeil. Je dors mais je sais que je dors, et j'ai pleinement conscience de ces foutues douleurs. Je rêve et je réfléchis. Tout ça à la fois. J'ai l'impression que tout un chacun, et surtout ma mère, peut lire en moi comme dans un livre, lire mes saloperies de pensées. Voir que je ne suis qu'un tas de merde dégueulasse. Mon corps me fait horreur. Si seulement il pouvait crever et se détacher de moi.

J'ai vraiment envie de mourir. Au fond, je n'attends rien d'autre. Je ne sais pas pourquoi je suis au monde. Avant non plus je ne le savais pas bien. Mais un fixer, pourquoi ça vit ? Pour se démolir et démolir les autres ? Je me dis, cet après-midi-là, qu'il vaudrait mieux que je meure, rien que par amour pour ma mère. De toute manière, je ne sais plus si j'existe ou non.

"Elle n'avait que quatorze ans." J'ai compris. Sans même lire la suite. Babsi. J'en avais le pressentiment. Je suis incapable d'éprouver quoi que ce soit. Morte. J'ai l'impression d'avoir lu l'annonce de ma propre mort.

Voilà donc une toxico de plus au bout du chemin. La déprime noire. Les idées de suicide. Mais je suis toujours trop lâche pour m'injecter le hot shot. Je cherche toujours une issue.

C'est la première fois que j'ai tant de cadeaux de Noël. Un moment, cependant, je me surprends à calculer combien tout ça a coûté, et combien de doses d'héro ça représente.

Moi aussi, dans tous mes rêves, je me vois avec un appart et une voiture, c'est évident. Se crever comme ma mère pour un logement ou un salon neuf, c'est débile. C'était bon pour nos parents, avec leurs théories dépassés. Pour moi, et je crois pour beaucoup de ceux de ma génération, ces quelques trucs matériels, ce petit peu de confort, c'est le "minimum vital". Il nous faut quelque chose en plus. Ce qui donne un sens à la vie. Et ça on ne le voit nulle part. Mais certain nombre de jeunes dont je suis sont toujours à la recherche de ce qui pourrait donner un sens à leur vie.

À certain point de vue, j'aurais bien aimé vivre à la période nazie. Au moins les jeunes savaient où ils en étaient, ils avaient des idéaux. Mieux vaut je crois, pour un jeune, se tromper d'idéal que de ne pas en avoir du tout.

J'avais beau me figurer la prostitution comme un effet secondaire, inévitable, de la toxicomanie, n'ayant rien à faire avec mon véritable moi, ça a tout de même affecté ma relation avec les garçons. J'ai souvent l'impression, à voir le comportement des mecs, qu'ils veulent m'exploiter encore une fois.

Je me dis qu'il doit bien y avoir un moyen terme entre fuir cette société pourrie et s'y adapter totalement.
Commenter  J’apprécie          91
Je venais de m'enfermer dans un w-c. pour me piquer, et tout à coup je vois un type sauter par-dessus la cloison, littéralement me tomber dessus. Manu-le-Filou. On m'avait bien raconté que c'était son truc : se planquer dans les toilettes pour dames, attendre qu'une fille vienne se piquer. Sachant qu'il n'hésite pas à frapper, je lui donne tout de suite ma dose et ma seringue. Il sort, se plante devant un miroir, et se pique. Dans le cou. Ce mec-là n'a plus peur de rien, et c'est le seul endroit de tout son corps où il peut encore enfoncer une aiguille. Il saigne comme un cochon. Je crois qu'il s'est envoyé le shoot dans l'artère. Il s'en fout. Il me dit : "Merci" et disparaît.
Commenter  J’apprécie          200
Je ne sais pas pourquoi je suis au monde ? Avant non plus je ne le savais pas bien. Mais un fixer, pourquoi ça vit ? Pour se démolir et démolir les autres ? Je me dis, cet après-midi-là, qu'il vaudrait mieux que je meure, rien que par amour pour ma mère. De toute manière, je ne sais plus si j'existe ou non.
Commenter  J’apprécie          340
Nous avons toujours rêvé d'aller à Paris. Nous voulions louer une chambrette à Montmartre et nous y désintoxiquer. Nous n'avions jamais entendu parler de la drogue à Paris, et nous pensions que ça n'existait pas. A Paris il n'y a que des artistes, des mecs super, ils boivent du café, ou un verre de vin de temps en temps
Commenter  J’apprécie          280
Ce sont souvent les parents, au contraire, qui font porter aux enfants le fardeau de leurs propres conflits, soit en les y impliquant, soit même - le cas est fréquent - en les chargeant de les résoudre à leur place.
Commenter  J’apprécie          400

Videos de Christiane V. Felscherinow (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Christiane V. Felscherinow
Trois décennies après son best-seller "Moi, Christiane F, 13 ans, droguée, prostituée'", Christiane Felscherinow a présenté à la Foire du livre de Francfort (2013) sa deuxième autobiographie, qui retrace les années qui ont suivi son errance dans le Berlin des années 1970.
>Histoire, géographie, sciences auxiliaires de l'histoire>Biographie générale et généalogie>Biographie générale et généalogique (557)
autres livres classés : toxicomanieVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus

Autres livres de Christiane V. Felscherinow (1) Voir plus

Lecteurs (5741) Voir plus



Quiz Voir plus

Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée...

De quelle nationalité est Christiane ?

Française
Allemande
Russe
Islandaise

10 questions
35 lecteurs ont répondu
Thème : Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée... de Christiane V. FelscherinowCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..