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Roselyne Majesté-Larrouy (Traducteur)
EAN : 9782020108331
186 pages
Seuil (01/10/1989)
3.83/5   3 notes
Résumé :
La guerre s'installe en Grèce : les Allemands occupent Delphes, envahissent Mycènes, Sparte, Ithaque, le drapeau à croix gammée flotte sur l'Acropole d'Athènes. Les cités millénaires les plus prestigieuses de l'histoire des civilisations ont à connaître la barbarie des temps modernes. Comme en d'autres pays pareillement éprouvés et menacés dans leur âme même, des "combattants de l'ombre" résistent à l'ennemi. Mais chez un peuple habitué depuis toujours à vivre avec ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
L'auteur nous fait partager les affres d'un jeune grec (l'auteur lui même ?) qui grandit dans les privations, la famine, avec la peur pour compagne mais aussi quelques adultes pour modèle : maître Antonis, l'artisan résistant passif, et la belle Athéna résistante l'arme au poing. L'ennemi est tout d'abord l'occupant allemand, puis ses propres frères grecs pendant la guerre civile, et enfin la police du régime des Colonels.
Pour se donner du coeur, il imagine Ulysse et ses compagnons enfermés dans le cheval de bois aux portes de Troie.
Tout comme l'auteur, pendant des années, ils attendent leur libération ; l'instant où les troyens feront rentrer le cheval dans la ville...et ou les Achéens pourront enfin rentrer chez eux...leur terre grecque ancestrale, pauvre mais si douce dans leurs souvenirs.
Avec Ulysse on retrouve le roi d'Argos, Diomède, le plus courageux, celui qui protège le groupe...tel le père de l'auteur
Et puis Ermolaos, pâtre de l'Epire, qui n'a rien d'un héros mais est là pour tenter de sortir de sa misère...un grec "ordinaire"... "il se battait comme tous les autres Grecs, les simples, les sans-grade, il remplissait son devoir de bon et honorable soldat. Il n'était peut-être pas roi ou prince, mais il ne tournait jamais le dos à l'ennemi, il ne ternissait pas son honneur."
Un livre plein de nostalgie et de tendresse malgré la dureté de l'époque.
Tant d'années de guerres qui ont ravagé la Grèce...et pourquoi ?
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Exilé en France après le putsch des colonels qui impose en 1967 une dictature durant sept ans à la Grèce, Aris Fakinos écrit alors un roman dans lequel il mêle son histoire personnelle et celle de ses contemporains, à celle d'Ulysse et des Achéens partis en guerre contre les Troyens dont ils assiègent la ville durant dix ans, avant de la conquérir et de la détruire grâce au stratagème du célèbre cheval conçu par Ulysse.

En parallèle, l'auteur évoque la résistance durant la seconde guerre mondiale, face aux allemands et à leurs exactions, puis la guerre civile, qui s'en suivit, fratricide et cruelle qui n'eut rien envier à la précédente.

Ce récit est aussi l'occasion d'évoquer avec beaucoup d'émotion la figure tutélaire de son père, dont la sagesse guide ses pas, l'infinie tendresse de sa mère, ainsi que l'artisan habile qui confectionne ses jouets dans son enfance, sans oublier la première femme, celle qui lui fait découvrir l'amour et la sensualité.

Simultanément, l'auteur retrace l'épopée d'Ulysse, Diomède, Ménélas et de leurs hommes, qui enfermés dans le cheval, devront attendre l'heure du sac de Troie et de la victoire, tout comme le narrateur et ses compagnons exilés, qui attendent, le retour vers la mère patrie et l'avènement de la liberté.

Un livre touchant, dont le style élégant et la sensibilité mettent en exergue l'âme grecque, sa quête et son combat pour la liberté, qui transcendent les siècles, malgré les oppressions successives dont ce peuple a fait l'objet.
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J'ai relu avec beaucoup de plaisir le Récit des temps perdus lu une première fois en rentrant de Crète et je n'ai pas voulu quitter cet auteur. Dans Les enfants d'Ulysse, j'ai retrouvé le village d'Attique, encore rural, couvert d'oliveraies. Cette année notre voyage dans les Cyclades se trouve vraiment dans le sillage de l'Iliade et l'Odyssée. La couverture est ornée de la mosaïque d'Ulysse sur son bateau que nous avons vue au Musée du Bardo à Tunis

L'auteur a tressé deux récits qui se mêlent tellement qu'il m'a fallu parfois quelques minutes pour réaliser si je lisais bien le récit contemporain ou le récit antique. le récit contemporain se déroule entre les années 1940 où le narrateur enfant étudiait en classe les textes antiques et 1967 quand - adulte et journaliste - il est contraint de prendre le chemin de l'exil. Les enfants grecs baignaient dans les textes homériques, ils s'identifiaient aux Achéens dans leur souffrances mais l'enfant les imaginaient:

"Plus je pensais à Ulysse et à ses compagnons, plus je les enviais : ils ne devaient pas avoir faim les veinards, dans leur cheval bourré de victuailles, avec des provisions assez abondantes pour tenir des années..."

L'enfant, puis le lycéen, le jeune adulte écrit le roman des compagnons d'Ulysse enfermés dans le cheval de Troie, attendant que les Troyens ne tombent dans le piège d'Ulysse. On a beau connaître le dénouement, l'incendie de Troie, la fuite d'Enée...on tremble pour eux, pour le cheval de bois qui s'abime dans l'humidité, pour le moral des guerriers réduits à l'impuissance. le récit du "jeune Homère" est poignant.

Les Allemands fusillent des otages, et parmi eux le menuisier qui réparait les jouets des enfants mais qui refusait de collaborer. La fin de l'occupation allemande ne rend pas la paix au village, la guerre civile éloigne les résistants dans les montagnes. Athéna, l'une d'eux mène un combat inégal avant de capituler. Arrestations et déportations dans les îles. le jeune homme entre en clandestinité et part en exil...

J'ai beaucoup aimé ce livre. Fakinos est un grand écrivain qui ait nous toucher encore un demi-siècle après.

 


Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
L'influence qu'lle exerçait sur moi grandissait de jour en jour, son charme jetait en moi des racines d eplus en plus profondes. Tandis qu'elle se démenait pour remettre en état son jardin si longtemps délaissé, j'observais ses belles mains industrieuses, j'admirais leurs doigts fins et habiles - je savais qu'elles avaient tenu pistolets, fusils, mitraillettes, que du sang avait coulé sur elles ; et voilà qu'à présent elles plantaient du jasmin et du chèvrefeuille, soignaient des jacinthes, je les voyais tantôt couvertes de terre, tantôt saupoudrées du pollen des fleurs.
Elle ne ressemblait en rien à mes pauvres camarades de classe, pour la plupart malingres, décharnées, osseuses. Dans son enfance, elle ne s'était pas nourrie d'épluchures, d'herbes sauvages et de pain moisi, on ne lui avait pas donné d'os à lécher. Son corps à elle avait été semé en des temps heureux, il s'était épanoui à loisir avant d'être rongé par les privations, par les famines. Athéna m'apparaissait comme le dernier échantillon vivant d'un monde lointain et oublié - je n'aurais pas été surpris d'apprendre qu'elle était tombé là d'une étoile inaccessible.
Je me demandais ce que je ressentirais si je la serrais dans mes bras, je laissais mes doigts rêver qu'ils se promenaient sur sa peau, qu'ils folâtraient dans ses cheveux. Quand je l'aidais à déplacer un lourd pot de fleurs, je faisais tout mon possible pour que nos mains se retrouvent entremêlées, je trébuchais exprès pour la faire trébucher à son tour, espérant que nous perdrions tous les deux l'équilibre et que nous roulerions ensemble par terre...
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A cause de moi, une fin tragique et sans gloire attendait Ulysse et ses compagnons cette poignée de Danaens qui risquaient de connaître mon sort, de subir mes épreuves, qui sans l'avoir voulu, sans même le soupçonner, avaient leur vie liée à la mienne.
Je les imaginais déjà tous fin prêts, en position de combat, avec leurs cuirasses et leurs casques antiques, avec leurs armes . En quelques secondes, ils avaient oublié leur détresse et leur désarroi, rien dans leur attitude ne rappelait les hommes découragés qui se traînaient tout récemment encore dans l'intérieur négligé du cheval, qui se lamentaient sur leur destinée. En un clin d'œil, ils avaient retrouvé leur vaillance d'antan, ils étaient redevenus les farouches et invincibles Achéens que j'aimais et admirais dans mon enfance, les guerriers intrépides qui avaient tant de fois animé mes rêves d'adolescent. Quoi qu'il arrivât, si les Troyens découvraient leur ruse, ils ne jetteraient pas leurs boucliers, ils ne se rendraient pas sans combattre, ils vendraient cher leur peau.
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