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EAN : 9782259216654
444 pages
Plon (26/06/2014)
3.25/5   2 notes
Résumé :
Pourquoi Bonaparte choisit-il en 1796 l'Irlandais Charlie Kilmaine pour diriger sa cavalerie en Italie et son Bureau secret afin de renverser la république de Venise ?

Du fait d'un pedigree exceptionnel ! Fils d'émigrés à l'origine du cognac en Charente, hussard à 16 ans, Kilmaine a combattu, jusqu'à devenir général, sur les champs de bataille les plus glorieux : Yorktown, en Amérique, avec La Fayette, Valmy et Jemmapes pendant la Révolution. Emprison... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Charlie Kilmaine ou bien Charles Edward Jennings Saul, baron de Kilmaine... peu importe, dans un cas comme dans l'autre, ce personnage historique reste largement méconnu bien que son nom figure sur le pilier nord de l'Arc de triomphe de l'Étoile à Paris. Et pourtant quel destin exceptionnel !


Un Irlandais en France
Qui était cet homme ? Né à Dublin en 1751, ce fils de catholiques jacobites quitte l'Irlande en 1762 pour fuir les persécutions britanniques et rejoint, avec sa mère et sa soeur Bridget, la France où s'est déjà installé il y a quelques années son père médecin. Il grandit en Charente-Maritime, où toute sa famille a finit par s'installer. Celle-ci ayant fait fortune dans le commerce de cognac, l'avenir du petit Charlie semble tout tracé.

Mais il en sera autrement. Cadet dans l'armée de l'empereur Joseph II à l'âge de 15 ans, Charlie hésite ensuite quelque peu sur la suite à donner à sa vie. Sa rencontre avec le duc de Lauzun sera déterminante : il le suivra dans sa campagne au Sénégal comme aux États-Unis, participant à la victoire de Yorktown (19 octobre 1781). Durant toutes ces années, le duc de Lauzun lui confie de nombreuses tâches, appréciant son caractère impassible et retenu, et sa connaissance des langues.

De retour en France, il fait la connaissance de Susan Campbell dont il tombe éperdument amoureux malgré son pied-bot. Il l'épouse peu de temps après et elle le suit en Alsace, là où est installé son régiment. Durant toutes ces années, outre ses responsabilités militaires, il s'occupe de la formation des cavaliers.


Fidèle à la France
Mais les temps changent et la menace se fait plus précise : l'hiver 1788 est terrible et fait suite à des récoltes estivales désastreuses, la famine est là. Et la colère gronde parmi le peuple : les revendications dans les cahiers de doléances en prévision des états généraux se multiplient, des révoltes pour soutenir le pouvoir des parlements face à l'autorité royale sont organisées... L'armée est alors appelée en renfort afin de protéger les étalages des marchands, les magasins à grains mais aussi la capitale et le palais de Versailles. Refusant de prendre les armes contre ses concitoyens, Kilmaine est mis aux arrêts. Mais la bourrasque révolutionnaire ne peut plus être arrêtée : pris de la Bastille, abolition des privilèges et des droits féodaux, fuite du comte d'Artois et plus généralement des grands du royaume, vote de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen... L'armée n'est pas épargnée par cette scission au sein de la population, entre ceux qui restent fidèles au roi et ceux qui veulent un monde nouveau. Suite aux mutineries de Nancy puis de Belfort, contre lesquelles il déconseille le recours à la force, Kilmaine est mis aux arrêts puis réformé. Il regagne alors Paris avec Susan et, après avoir sollicité d'anciennes connaissances et prouvé sa fidélité au nouveau régime, il est réintégré dans l'armée et se retrouve à commander les escadrons du 6e Hussards en 1792 à Valmy. Les victoires s'enchaînent : Valmy, Jemmapes, libération du Brahant et de la Belgique… et il monte en grade, devenant colonel.

Mais la Terreur gagne Paris et sa province, la suspicion devient le maître-mot : la Convention surveille de près l'avancée des armées et envoie des commissaires chargés d'épier les faits et gestes des officiers de premier plan. Ainsi, François Héron, chef des services secrets de Robespierre et homme tapi au Comité de la sûreté générale, possède un dossier sur Kilmaine qui s'épaissit de jour en jour : on le soupçonne d'avoir dissimulé ses titres de noblesse, sa femme fréquente à Paris de nombreux étrangers, des nobles et même des espions royalistes... Et la sentence tombe à la fin de l'année 1793 : la Convention édicte un décret exigeant l'arrestation de tous les étrangers originaires des pays en guerre avec la France révolutionnaire. Les Irlandais, en tant que ressortissants de l'empire britannique, en font partie. Kilmaine et Susan se retrouvent ainsi emprisonnés au palais du Luxembourg, en compagnie de nombreux autres ressortissants étrangers. C'est d'ailleurs là qu'il retrouve d'anciens adversaires de la guerre d'Indépendance des États-Unis ! Moralement affaibli, physiquement vulnérable, il tomba malade, victime d'une dysenterie. Heureusement, la chute de Robespierre en 1794 leur permet d'éviter la guillotine et ils retrouvent la liberté. Kilmaine tente alors par tous les moyens de réintégrer l'armée à un poste comparable à celui qui était le sien lorsqu'on l'avait réformé en 1793. Réintégré en avril 1795, il est chargé de rétablir l'ordre dans Paris (menaces des sans-culottes), mission qu'il remplit avec succès.


Sa rencontre avec Bonaparte
Pour le récompenser, il est nommé général de division, chef de la cavalerie de l'armée des Alpes et d'Italie. C'est là qu'il va faire la seconde rencontre décisive de sa vie : celle de Bonaparte, qui est nommé commandant en chef de l'armée d'Italie par le Directoire (1796). Celui-ci apprécie sa fidélité, son esprit rusé et son caractère impassible. La campagne d'Italie peut commencer, marquée par les victoires : Milan, Lodi, Brescia, Mantoue, Vérone... Cependant, afin notamment de renverser la République de Venise, Bonaparte décide de créer un service de renseignements, dit le "Bureau des affaires secrètes", chargé de récolter des informations sur ce qui se trame contre Bonaparte, aussi bien en Italie, en Autriche, en Angleterre qu'en France. Mais ce service, dont Kilmaine se retrouve à la tête, se charge aussi de surveiller et de noter les généraux. Il est ainsi chef de la cavalerie et maître du Bureau secret, partageant les petits secrets de Bonaparte. Durant ces années, il y aura quelques pots cassés : tentative d'enlèvement de Louis XVIII, embuscade de Salò, Pâques véronaises, pillage du Mont-de-Piété à Vérone... Mais Bonaparte lui fait confiance, lui confiant même momentanément le commandement de l'armée d'Italie à sa place.


L'expédition d'Irlande
La campagne d'Italie achevée, Kilmaine rentre à Paris, divorce d'un commun accord avec Susan et prend en 1798 le commandement de la cavalerie de l'armée d'Angleterre dont la mission est d'envahir l'Angleterre et de libérer l'Irlande. Opération qui tourne au désastre, du fait d'envois fragmentés de troupes. Durant toutes ces années, il n'avait pourtant pas cessé de penser à sa chère Irlande dont il espérait un jour la libération, rencontrant et soutenant des opposants aux Britanniques...

Miné par cet échec, il est également frappé en 1799 par des crises de dysenterie de plus en plus fortes au point qu'il ne peut assumer sa nouvelle charge de commandant en chef de l'armée d'Helvétie. Il meurt le 11 décembre 1799, entouré de tous ses fidèles, vétérans de l'armée, amis francs-maçons, etc., sauf de Bonaparte. Pourtant, même Landrieux admet que Kimaine "était le seul en qui Bonaparte eût une entière confiance en affaires". Et, d'après des témoignages de son entourage, Bonaparte lui rendra cependant hommage quelques années plus tard :

"Parmi les généraux qui me secondèrent avec autant de valeur que de science militaire, je signalerai particulièrement Kilmaine, général de cavalerie, toujours en mesure de rendre les services qu'on attendait de lui ; sa bravoure était passée en proverbe. Irlandais de naissance, Français d'affection, il était à la fois flegmatique et audacieux, malin et simple ; son sang-froid cachait une âme ardente, et il savait commander à sa vivacité naturelle, de manière que sa dignité n'en souffrît pas ; il nourrissait contre les Anglais une haine irréconciliable, et chaque coup de sable qu'il donnait à un Autrichien, il l'adressait d'intention à un habitant de la Grande-Bretagne.
Il rendit à sa patrie adoptive de grands services ; elle lui doit de la reconnaissance, et lorsqu'une maladie aiguë l'enleva à Paris, en décembre 1799, je ressentis un vif regret."


Une grande fresque historique
À travers la vie de Charlie Kilmaine, retracée sous la forme d'une biographie romancée, c'est toute l'histoire de l'Europe du XVIIIe siècle qui défile sous nos yeux, et même une partie de celle des États-Unis. Tout en faisant preuve de rigueur historique, l'auteur est parvenu à mêler l'histoire personnelle de Charlie Kilmaine et L Histoire, celle des grandes nations qui s'affrontent ou s'allient en ces temps troublés.

Fruit d'un travail d'investigation et de recherche poussé comme en témoigne la bibliographie fournie en fin d'ouvrage – il n'existe pas à ce jour de biographie de Charlie Kilmaine –, ce roman est passionnant, fourmille de détails sur la vie au quotidien d'un militaire, les courants de pensée, les personnages historiques, les évolutions de la société (divorce, intéressante description des muscadins et des merveilleuses, etc.), les événements historiques et comment ils ont été vécus par la population et les grands personnages de cette histoire… J'y ai notamment découvert que le palais du Luxembourg avait été sous la Révolution une prison destinée aux ressortissants étrangers ! Outre la bibliographie, l'auteur et l'éditeur ont pris soin de mettre un portrait de Charlie Kilmaine en exergue du roman et plusieurs chapitres sont agrémentés de cartes (guerre d'Indépendance en Amérique, campagne d'Italie) : ce sont des détails mais qui donnent vraiment la sensation que le livre a été pensé pour le lecteur.

Quel que soit le degré de connaissance de cette période et celui d'attachement à Napoléon Bonaparte, ce roman permet de renouer de manière plaisante avec une chronologie de la Révolution parfois compliquée et des événements parfois complexes, dont font partie les guerres de la Révolution française. On croise au fil du récit des noms connus de personnages historiques mais qui restent bien souvent abstraits et qui prennent ici toute leur réalité : Armand Louis de Gontaut-Biron (duc de Lauzun), Gilbert de la Lafayette, Jean-Baptiste-Donatien de Vimeur (comte de Rochambeau), Charles O'Hara, Charles Cornwallis, Marie-Louise O'Murphy, Jean-Frédéric Perregaux, François Claude de Bouillé (marquis de Bouillé), Charles-François Dumouriez, Adam-Philippe de Custine, François Héron, Jean-Baptiste Marino, François Kellermann, Paul Barras, Louis-Alexandre Berthier, Robert-William Dillon, Jean Landrieux, d'Antraigues, Humbert, Wolfe Tone, Henri Clarke, Thomas Paine... Des militaires fidèles au régime en place, des généraux qui ont fui à l'étranger, des hommes qui ont oeuvré pour la libération de l'Irlande... C'est un autre aspect passionnant de ce roman que de découvrir l'expédition d'Irlande de 1798, ses préparatifs et même ses antécédents, menée par des hommes encouragés par l'émancipation des États-Unis et la Révolution française. Après avoir lu ce roman, les Volontaires irlandais, les Irlandais Unis, la bataille de Castlebar, la République de Connaught, etc., n'auront plus de mystère pour vous !


Merci aux Éditions Plon !
Lien : http://romans-historiques.bl..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Le grotesque et la caricature devinrent la règle, pour ces jeunes gens qu'on appelait aussi les Muscadins, les Inconcevables et les Incroyables. Tout y passait dans la difformité : chapeaux ridicules leur hypertrophiant la tête, plis dans le dos de la redingote pour faire bossu, culotte attachée d'un seul bouton au genou pour donner l'impression qu'il était cagneux, énorme cravate semblant cacher un goitre, lunettes géantes pour grossir des yeux de crapaud myope, bottes dépareillées pour simuler un boitement.
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"Tous au bal des guillotinés !" La Terreur finie, c'était la fête. Un feu d'artifice des sens. On voulait exorciser le passé proche. La soudaine liberté des moeurs s'affichait comme une renaissance pour ceux qui s'en étaient sortis indemnes. Les soirées dansantes et libertines en étaient l'expression la plus colorée. Comme avant la Révolution, mais sans que les nobles eussent repris le dessus.
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La Révolution était un tel cyclone que ses tourbillons mettaient en présence, au Luxembourg, les ennemis d'hier, les amis de toujours, peut-être les adversaires de demain.
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Dans ce monde de fêtards, les anciens nobles courtisaient les nouveaux riches. C'était l’univers de la spéculation qui dominait et le champagne coulait à flots. Dehors, la disette menaçait le peuple des faubourgs où les rescapés jacobins de Thermidor soufflaient sur les braises de la révolte.
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Clarke avait eu vent de sa visite, mais ne s'attendait certainement pas à trouver un petit jeune homme famélique, un gringalet aux joues creuses et au menton sans poil sous de longs cheveux éparpillés. Ses yeux bleus étaient sans cesse en mouvement, soit qu'il ne pouvait fixer un point précis soit qu'il voulait tout mitrailler du regard. Il était corse et parlait français avec un fort accent. Il disait s'appeler Napoléon Buonaparte.
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https://www.editions-dialogues.fr/livre/brest_insoumise/ Rencontre avec Roger Faligot, qui a publié Brest l'insoumise aux éditions Dialogues. Questions posées par Laure-Anne Cappellesso. Réalisation : Ronan Loup.
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