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Quatuor Bandini tome 2 sur 4

Brice Matthieussent (Traducteur)
EAN : 9782264032232
272 pages
10-18 (03/01/2002)
4/5   616 notes
Résumé :
"La Route de Los Angeles, premier roman de John Fante, a été écrit en 1933 mais publié après sa mort, en 1986. Il y raconte la bourlingue américaine classique : recherche de petits boulots, vie de bagarres et de vols, personnages gueulards rencontrés sur les quais ; ajoutez une forme d'humour sauvage, cinglant et de plein air.
John Fante, avant les beatniks, a raconté l'aventure des laissés-pour-compte, des ivrognes. La Route de Los Angeles, c'est déjà le bré... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (65) Voir plus Ajouter une critique
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sur 616 notes
Bouffi d'orgueil, misogyne, bouffe-curé, iconoclaste, ne respectant rien sauf lui-même et sa grandeur supposée, Arturo Gabriel Bandini se fond dans ses rêves de puissance pour pouvoir croire en un avenir meilleur.

Immigré italien de deuxième génération dont les parents n'ont pas réussi à atteindre l'American Dream, Arturo vit avec sa mère et sa soeur qui n'ont Dieu que pour seul horizon. Lui se nourrit de philosophie, s'imagine en Zarathoustra et en un Surhomme qu'il ne sera jamais.

La lecture et son pendant, l'écriture, seront ses passeports pour la gloire. « Le plus grand écrivain que le monde ait jamais connu ». Pas moins.

Entre deux accès de cruauté envers des crabes ou des fourmis, Bandini ne s'en prend qu'aux hommes de façon interposée : l'insulte raciste, pour se venger de Philippins qui s'étaient moqués de lui, ou les fantasmes sur papier, incapable de séduire une femme, et fuyant à toutes jambes si l'une d'elle s'approche trop près de lui.

Lâche, hypocrite, emphatique, parfois lucide mais toujours détestable, Arturo Bandini est le double littéraire que s'est créé John Fante dans les années 30.
Fuir sera sa seule issue. Fuir sa famille, ses propres carcans, fuir le port et les emplois précaires de Wilmington en Californie pour Los Angeles pour ses rêves de gloire et d'espoir.

Publié de façon posthume en 1985 (1987 en France chez Christian Bourgois, dont on peut lire aujourd'hui encore la traduction originale), ce premier roman longtemps refusé car jugé trop choquant, est une pierre inévitable à l'édifice de cet écrivain mythique des "laissés-pour-compte", et précurseur de la Beat Generation.

L'occasion de suivre la route de Bandini vers la route pour l'espoir, La route de Los Angeles, pour le pire, mais aussi, on l'espère, pour le meilleur...

Lu en avril 2018.
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Arturo Bandini vit avec sa soeur et sa mère. Issue de l'immigration Italienne il n'en est pas moins américain, pas comme tous les autres, mexicains, noirs ou encore pire, philippins. Non, lui il a la réussite à portée de main et il le crie haut et fort. Malheureusement, son expansion est limitée par sa famille qu'il doit nourrir, sa mère qui le couve trop et son ingrate de soeur qui n'a pas une once d'estime pour son grand talent naissant pour la littérature.
Il est obligé de s'abaisser à travailler notre Bandini et pas dans les endroits les plus estimables, mais il faut qu'ils le sachent tous, il est écrivain et il les méprise tous, tout ces faibles qui se laissent exploiter par la bourgeoisie.
Les femmes ne sont pas mieux loties que les autres, elles sont d'une faiblesse grotesque, c'est d'ailleurs pour cette raison qu'un jour il décide de toutes les faire disparaitre, dans l'eau de son bain.
Personnage éclatant, hilarant et pathétique à ses heures, on s'inquiète tout le long de l'ouvrage pour la santé mentale de ce jeune passionné et on n'a de cesse de se demander jusqu'où ses élans délirants vont l'amener.

C'est une découverte merveilleuse que cette écrite vivante et inventive qui éructe de la plume de John Fante. Je suis tout de suite tombé sous le charme de ce jeune héro si drôle malgré lui et doté d'une énergie incroyable. Animé par la révolte, il oscille entre la folie et la criante réalité de la sa vie misérable. Insoumis, il n'arrive qu'à se convaincre lui-même de son incroyable potentiel de génie, laissant le lecteur dans l'expectative, car une si grande folie ne doit-elle pas irrémédiablement mener à gravir les plus hauts sommets ?

Génial Fante. Inoubliable Bandini. Un livre percutant et puissant.
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Allant à la bibliothèque, je l'avoue j'ai un faible pour les lunettes de la bibliothécaire, du genre brune et souriante, je croise la route de mon fidèle compagnon. Des années que l'on se suit de caniveaux en motel à l'abandon, vétusté des lieux et du temps. Il déambule comme un pauvre ou un miteux alcoolique, à la recherche d'un mégot au fond de la poche d'un cadavre endormi ou d'un bout de trottoir entre deux flaques de pisse encore chaude et fumante. Compagnon qui sait si bien m'émouvoir si bien me faire rire, le grand Arturo Bandini est de retour. Il est en pleine forme. Il a la rage, envers le monde, envers la société, envers les femmes. Il est tout simplement humain et c'est ce qui me plait chez lui, le grand Arturo Bandini. Mais d'où me vient cette passion subite pour la bibliothécaire ? sa paire de jambes, ses gros seins, ses lunettes ? Je l'entends d'ici, sa tirade enflammée digne d'un Nietzsche sous amphétamines. Un jour il sera publié, Arturo Bandini le Grand avec les majuscules là où il faut et j'irai voir la bibliothécaire, avec son sourire et son large décolleté pour lui demander : « avez-vous par hasard le grand Bandini en rayon ? » Elle regardera dans son fichier informatique, un grand sourire et un ange passera, et se lèvera de son fauteuil en skaï noir épousant ses délicieuses formes. Je regarderai bien sur son cul comme l'aurai fait Bandini et l'aurai suivi dans les rayons obscurs de la bibliothèque attendant le moment propice pour la prendre debout entre les plus grands philosophes me retenant d'éjaculer… O Zarathoustra ! sur ses lunettes…

Et dire qu'au levée du jour, j'avais le blues. Même l'érection matinale ne parvenait pas à me sortir de ma torpeur et l'envie de sortir de mon pieu, de soulever les draps bouffés par les mites et d'avaler des corn flakes trop humides ne semblaient pas une motivation au goût du jour. L'absence d'envie, la perte de vie, jusqu'à ce que je refasse « la route de Los Angeles ». Et là, je me suis mis à écrire sur mon clavier, à taper furieusement un agencement de lettres dans le désordre. Je ne tiendrais jamais la comparaison avec le grand Arturo Bandini, cet immense écrivain au talent aussi rital que la mama cuisant ses pâtes al-dente en soutien-gorge. Un verre de whisky, un mégot dans le cendrier. La bouteille à mes pieds. L'inspiration en vrac. Je troque mes charentaises pour des mocassins au cuir délavé par la gerbe de longues soirées dans les bars irlandais de la Bunker Hill. Et découvre les rayons de soleil qui me donnent mal au crâne et illuminent les jambes des femmes. A la recherche d'une idée fumante…

Je m'assois sur un banc, regarde les jambes passées, regarde la colonie de fourmis croiser la route de ces jambes pressées. A la queue-leu-leu. Fascinant, ces fourmis dans un parc, de quoi construire un chapitre entier dans mon prochain roman. Elles passent leur journée à déambuler, à se suivre, à ramasser des mégots ou des feuilles mortes. Sans jamais se plaindre, elles marchent, courent, volent au vent. Captivant. Et elles ne le font même pas pour elles. Non, c'est juste un loisir ou un devoir envers leur société, la société secrète des fourmis. Puissant. A la queue-leu-leu. Ma queue se redresse. Une paire de cuisses à l'horizon, la bibliothécaire. Je laisse de côté la vie des fourmis, pour me concentrer sur celle de ses cuisses. Ouvertes, fermées. Je fais semblant d'ouvrir le livre que je viens d'acheter, aussi lourd qu'une caisse pleine de Jim Beam, faut dire que Schopenhauer, c'est du lourd. Si avec ça, je ne l'emballe pas et n'arrive pas à la déballer dans ma piaule et lui enlever ses lunettes…

Mais assez de ces grandes tirades déclamées à l'ombre de ce cyprès. Viens par-là, femme, assis-toi sur ce banc que je mette ma main entre tes cuisses et que je sente ton parfum du désir mouiller mon âme virile. Tu seras ma perte, comme toutes les femmes, mais comme Arturo Bandini tu hantes mon esprit. Pendant que mon majeur se fourvoie dans ses poils, je lui récite des vers de Kant, un verre de Chianti poupée ?, elle me sourit, je lui balance mon regard de braise qui décrit si bien mon âme, je suis rital et je le reste et ma langue s'aventure dans sa bouche. Je n'aime pas parler. Une odeur de whisky s'empare de nos bouches, brûle nos sens, j'adore, Arturo est en moi, la bibliothécaire est sur moi.
Lien : http://memoiresdebison.blogs..
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Me voici à enchaîner les romans de Fante en ce début d'année. On me l'avait pas dit (^^), mais c'est un bon ! Un sacrément bon même.

Toujours un peu le même thème en toile de fond de ses romans, des histoires de ritalo-américanos qui tentent de s'inscrire dans le quotidien américain.
Ici il s'agit d'Arturo Bandini le grand écrivain de 18 ans, ou le futur grand, qui ne manque pas de faire savoir sa destinée glorieuse à qui se met sur son chemin. Menteur, violent, raciste, détestable, limite psychopathe, « Bandini le terrible » détruit et vole, « Bandini le Grand » insulte les philippins comme les mexicains pour se venger de son sort de rital, « Bandini le Dictateur » saccage une armée de crabes dans un délire guerrier. « Bandini le gamin » en devient pathétique. Touchant même, à se battre comme ça sans fin contre les éléments, à vouloir affirmer son identité naissante, à rejeter sa famille, à courir après des chimères féminines. Au fil des lignes de ce roman se dessine les contours d'une émotion à fleur de peau, une colère explosive, une rage souterraine et désespérée.

C'est le premier roman écrit par John Fante, refusé par les éditeurs dans les années 30, publié après sa mort en 1985. Le premier également de la série des Bandini, l'alter ego à peine déguisé de Fante.
Excessif et tonitruant, « La route de Los Angeles » n'est peut-être pas le point d'entrée idéal dans l'univers de cet auteur.
Quoique...
On y retrouve son don unique de l'écriture : ça pulse, ça vit comme ça se lit, c'est drôle aussi parfois. Et ça donne irrésistiblement envie de continuer.
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Je poursuis ma route avec Arturo Bandini et je continue de découvrir un personnage particulièrement mal dans sa peau au moment de décider du choix de sa vie.Le voilà responsable de sa mère et de sa soeur,Mona,dont le moins qu'on puisse dire d'elle est que sa religiosité excessive énerve au plus au point notre ami,plus porté sur l'étude détaillée de la gent féminine dans des revues spécialisées. Arturo étouffe, se révolte, est violent,méchant ,acerbe,insolent avec quiconque le contrarie .Il ment honteusement,insulte,se fait "virer"de tous les petits boulots qui s'offrent à lui,se mutile,se montre cruel et l'on peut même parfois douter de son équilibre mental.Arturo est un volcan prêt à rentrer en éruption. Sa seule chance de salut résidera dans son rêve le plus fort,le plus fou,devenir écrivain.Arturo est un être si complexe et complexé, notamment avec les femmes, qu'on ignore d'où peut venir,pour lui,le salut.
Ce livre est un livre de révolte, de rejet d'un état de misère, le cri d'un personnage malheureux qui ne pourra s'en sortir qu'en tirant un trait sur un passé qui lui colle aux basques et ne lui offre qu'un horizon de malheur.
Son combat nous le rend assez antipathique,mais ne faut il pas voir en ses attitudes les ultimes soubresauts du désespoir.
Encore une fois Fante nous touche en plein coeur.Avec lui,tous les coups sont permis et font mouche.On aurait bien envie de prendre avec Arturo,la "route de Los Angeles".
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Citations et extraits (60) Voir plus Ajouter une citation
"Merci mon dieu! Oh, merci mon Dieu!"
-- Il s'est pas trop fatigué aujourd'hui ton Dieu. j'ai trouvé ce boulot tout seul. Je suis athée. Je nie l'hypothèse de dieu.
Mona a ricané.
"Tu parles! Ta vie serait en jeu que tu serais incapable de trouver un boulot. C'est oncle Franck qui te l'a dégoté.
-- C'est un mensonge, un sale mensonge. J'ai déchiré la lettre d'oncle Franck.
-- Je ne te crois pas.
-- Je me moque que tu me croies. Quiconque croit en la Vierge Marie et en la Résurrection est un jobard dont toutes les croyances sont sujettes à caution"
Silence.
" Désormais, je suis un ouvrier, j'ai dit. J'appartiens au prolétariat. Je suis un écrivain-ouvrier"
Mona a souri.
" Tu sentirais beaucoup moins mauvais si tu étais seulement écrivain.
-- j'aime cette odeur, je lui ai répondu. J'aime toutes ses connotations et ses ramifications ; la moindre de ses variations et de ses sous entendus me fascine. j'appartiens au peuple.
Elle a fait la moue.
" Mamma , écoute -le ! Il emploie des mots dont il ne connait même pas le sens"
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Non, il n’y avait pas de travail pour Arturo Bandini. Je suis parti le cœur léger, content de ne pas bosser. Je suis rentré à pied, en regrettant de ne pas avoir un avion, un million de dollars, et que les coquillages de l’océan ne soient pas des diamants. Je vais aller au parc. Je ne suis pas encore un mouton. Lis Nietzsche. Sois un surhomme. Ainsi parlait Zarathoustra. Oh, ce Nietzsche ! Ne sois pas un mouton, Bandini. Conserve la sainteté de ton esprit. Va dans le parc et lis le maître sous les eucalyptus.

Page 64, 10/18, 2018.
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Un matin, au réveil, j’ai eu une idée. Une idée fumante, grosse comme une maison. La plus grande idée de ma vie, un vrai chef d’œuvre. J’allais trouver un boulot de veilleur de nuit dans un hôtel – voilà mon idée. Cela me donnerait l’occasion de lire et de travailler en même temps. J’ai sauté au bas de mon lit, avalé mon petit déjeuner, puis descendu l’escalier six à six. Sur le trottoir, je me suis arrêté quelques secondes pour ruminer mon idée. Le soleil brûlait la rue, arrachait de mes yeux les derniers lambeaux de sommeil. Bizarre. Maintenant que j’étais bien réveillé, mon idée ne me semblait plus aussi géniale ; c’était simplement l’une de ces idées qui naissent dans le demi-sommeil. Un rêve, un simple rêve, un délire fumeux. Je ne pouvais pas trouver de boulot de veilleur de nuit dans cette ville portuaire, pour cette simple raison qu’aucun hôtel n’employait de veilleur de nuit. Déduction mathématique assez élémentaire. J’ai donc remonté l’escalier jusqu’à notre appartement et je me suis assis.
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« Tu lis tout le temps, il m’a dit. T’as jamais essayé d’écrire un livre ? »
Ça a fait tilt. Dès cet instant, j’ai voulu devenir écrivain.
« J’en écris un en ce moment même », j’ai dit.
Il a voulu savoir quel genre de livre.
« Ma prose n’est pas à vendre, j’ai répondu. J’écris pour la postérité. »

Page 37, 10/18, 2018.
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J’ai débouché la bouteille et l’ai brandie devant moi. « Saluti ! » Et je me suis envoyé une rasade. J’ignorais pourquoi j’avais acheté cet alcool. C’était la première fois de ma vie que je dépensais de l’argent pour de la gnôle. Je détestais le goût du whisky. J’ai été surpris de le trouver dans ma bouche, mais il était bel et bien là, et avant que je n’aie le temps de réagir, l’alcool me travaillait, griffant mes dents et attaquant ma gorge – il se débattait et lacérait comme un chat qui se noie. Son goût était horrible, comme de poils roussis. Je l’ai senti descendre, me faire des trucs bizarres dans l’estomac. Je me suis léché les babines.
« Merveilleux ! Tu as raison. Ce whisky est merveilleux ! »
Il s’était niché au creux de mon estomac où il roulait en tous sens en essayant de trouver une place confortable, et je me frottais vigoureusement le ventre pour que la brûlure de ma peau égale celle de mon estomac.
« Splendide ! Superbe ! Extraordinaire ! »
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