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EAN : 9789947972076
Editions Achab (01/01/2010)
1.9/5   10 notes
Résumé :
Il s’agit d’un fait divers très commun, répété durant les années dites, en Algérie, « noires»: l’enlèvement d’une jeune femme, Selma, raconté selon un mode fantastique traversant les différents personnages, Tania, fille de Selma, devenue mutique, Slimane Driif, journaliste, apprenti écrivain, Le Directeur d’un journal, «La république des lettres», Linda, peintre exilée d’Algérie, Un ministre de la santé, Un Président de la république, une psychothérapeute qui, à tra... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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L'enlèvement de Selma, jeune Algérienne, est un fait divers très connu au pays. Ils sont plusieurs à relater cette histoire tout en la rattachant à des évènements plus larges : les accords d'Evian, le séisme de Boumerdès, la répression d'octobre 1988, etc. Les narrateurs sont Tania, fille de la disparue, Slimane Driif, journaliste exalté, Linda, peintre exilée ou encore le ministre de la Santé. « Ce peuple d'Algérie serait devenu le figurant-témoin d'une histoire qui ne serait plus la sienne. Il vivrait une déformation. » (p. 51) C'est comme si Selma disparaissait à chaque bouleversement du pays, comme si chaque drame de l'Algérie contemporaine s'incarnait dans une jeune femme éternellement sacrifiée.

L'Algérie est dessinée sous les traits d'une terre de malheurs et le narrateur ne peut s'empêcher de souffrir des crimes qui martyrisent sa terre. « J'aime ce pays mais je n'aime pas ces histoires de morts et d'incendies ; celle que me racontent Tania, Slimane, d'autres ; je ne les aime pas. » (p. 32) le roman – ou le conte – est une longue élégie désespérée faite au pays blessé. Mais rapidement, la plainte devient une accusation : les malheurs de l'Algérie et les souffrances de ses habitants sont le fait des Algériens eux-mêmes. « Mais, ne le sais-tu pas ? L'homme est devenu un Ogre pour les siens ! » (p. 79) D'aucuns disaient que l'homme est un loup pour l'homme. L'ogre est plus menaçant, dévorant sa proche chair et sa propre histoire.

Le fantastique affleure sans cesse dans ce conte. Slimane partage un long dialogue avec un spectre dont l'ombre plane sur tout le texte. On voudrait presque croire que les tragédies de l'Algérie ne sont qu'une mauvaise fiction, mais trop de choses ancrent le récit dans le réel. La ponctuation est volontiers hasardeuse, comme une respiration syncopée ou un souffle coupé devant les drames. Et c'est là qu'émerge la poésie, subtile et violente, jamais idyllique.

Je n'ai qu'un seul reproche à émettre contre ce roman et il est de taille. Je ne sais pas si ce problème ne vaut que pour mon exemplaire, mais l'assemblage du livre est de très mauvaise qualité. Les pages ne sont pas dans l'ordre et j'ai cherché mon chemin dans ce labyrinthe un peu fou : 33, 38, 39, 36, 37, 34, 35, 40. Et sur certaines pages, le texte penche à droite. Dommage que la mise en page desserve ce conte moderne des 1001 nuits.
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Si la première partie du livre pouvait encore passer malgré un style déroutant et rendant la lecture plus difficile, il n'en est rien de la deuxième dans laquelle l'auteur s'affranchit complètement des règles de grammaire et de ponctuation.
En effet, l'auteur a décidé de s'affranchir, dans un premier temps, des règles de ponctuation, et dans un deuxième temps des règles de grammaire, ponctuant ses longues phrases de majuscules dont je cherche encore la signification (la personnalisation ne pouvant même pas expliquer ceci puisque même des articles le sont).
Déjà que pour la ponctuation cela était troublant et rendait la lecture difficile, mais le style de la deuxième partie de ce conte la rend ardue, à la limite du compréhensible, puisque le lecteur se retrouve à lire des phrases telle que celles-ci : "Le moral C'est cela : le moral ne tient plus Bien sûr Ici Ce n'est pas du tout drôle du tout D'autant que ce n'est pas fini Et, de plus, vous n'avez rien trouvé sur Comment dites-vous Selma Selma Bent Chaïd ?".
D'autant plus que l'auteur se plaît à utiliser une liste de mots impressionnante, il les juxtapose les uns à côté des autres, certains étant soit des synonymes du précédent soit son contraire, transformant ainsi son récit en une longue énumération sans queue ni tête, ou alors si poésie il y avait, je suis complètement passée à côté.
Cela a achevé de me faire décrocher de la trame narrative, j'étais perdue dans cet assemblage de mots qui essayaient de me dire quelque chose et dont je ne saisissais pas le sens.

Par conséquent, je suis restée hermétique à cette histoire décousue qui pourtant sur le fond était intéressante : l'enlèvement d'une jeune femme pendant les années "noires" en Algérie et la quête de Slimane Driif, journaliste, pour la retrouver.
Nabile Farès a choisi de raconter cette histoire dans un mode fantastique, où il est notamment question d'Ogres : "L'homme est devenu un Ogre pour les siens !", mais aussi des ravages psychologiques, héritages des années noires pendant la Guerre d'Algérie : "A l'ASP, où je travaille, -aide sociale et psychologique- il nous est difficile de lutter contre les suicides, les désespoirs, désolations qui déchirent femmes et hommes, jeunes filles, jeunes gens, agrippés aux murs d'immeubles anciens, déglingués ou en suspens au-dessus d'abîmes marins dont on entend gronder les colères, sourdre les rages et les faims.".
Le fond était bon, et l'idée de raconter cette histoire sous la forme d'un conte, si elle avait été mieux exploitée, aurait pu faire de cette lecture une belle découverte.
Au final je me suis retrouvée perdue au milieu de ce récit fantastique faisant se percuter différents personnages qui me sont restés totalement étrangers.

"Il était une fois l'Algérie" est un conte fantastique auquel je suis restée imperméable, qui souffre d'un style lourd et d'un affranchissement des règles de ponctuation les plus classiques, rendant ainsi la lecture ardue et difficilement compréhensible.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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"Je reste ici. Oui. Je resterai. Je lutterai contre les monstres, les temps, les dragons."

Nabile Fares, avec une voix résolument originale, fait le récit de la dérive de la jeune Algérie, "dont les gens parlent encore aujourd'hui à cause des décombres de tout un monde qui y a été, en même temps, jeté, enseveli".

Au travers d'une écriture fragmentaire, dans ce qui n'est ni un roman, ni un conte, mais un texte empreint d'une poésie profonde, et marqué par la psychanalyse qui a été son premier métier, Fares (fils du président de l'assemblée algérienne des années 1950) livre sa vision, d'une violence et d'une brutalité crue qui ont fait sombrer le rêve de l'Algérie indépendante pour laquelle il s'est battu. Un texte très beau, mais d'une lecture difficile et exigeante.

"Face à la mer, dans les danses que faisaient les murmures d'eau sous les rochers, je voyais passer des visages, des bouches aux lèvres mouvantes ; ombres qui parlaient vite, comme si elles psalmodiaient, priaient et maudissaient en même temps ; ombres aux cris étouffés qui laissaient entendre une voix, distincte pour moi, celle de Selma, courant dans la ville ; elle qui ne voudrait plus avoir d'enfant qui naîtrait ici"

L'Algérie de Nabile Fares se construit et se transforme constamment, elle est fondamentalement vivante et non prédéterminée, elle évolue d'une manière fascinante. C'est une Algérie dure et fantastique, violente mais humaniste, et peuplée de spectres, de djinns et d'Ogres.

"Il n'y a pas si longtemps, avant que l'oeil de l'Ogre ne tombe sur notre terre, existait une langue qui ne tuait pas et vivait comme cette jeune femme, chaque jour, en plus de la nourriture comestible, de paroles, d'écriture, de sons, dans cette école qui avait été construite en un temps où la guerre avait fui, un très court temps, loin de la ville, cette ville où elle avait vécu, la ville des roses, la ville des orangers, la ville au Bois Sacré, la ville au bas de la montagne douce, du nom de Chréa, la ville où étaient passés des poètes, des femmes écrivains, des peintres, tant d'autres qui, sur la route des lumières, des astres, des terres, des mers, des déserts, avaient traversé ou vécu dans la belle ville de Blida"

Une lecture qui clôt le joli défi du Prix France Océans.
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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Ce « roman conte fantastique » est typiquement le genre d'OVNI littéraire qui me dépasse. Celui que tu reposes en te disant que tu as dû raté quelque chose, que la magie littéraire n'a pas opéré. Celui qui t'énerve quand tu y repenses à cause de ce temps perdu. Bref, une grosse déception.

Mais je vous vois venir, vous allez penser : « d'habitude elle écrit des tartines, on ne va la laisser s'en tirer comme ça, il faut qu'elle s'explique ! ». Pour prévenir ces questions et ce mécontentement, je vais donc m'expliquer, même si ça restera succinct. En résumé, autant le dire tout de suite : un style désagréable, une histoire de bric et de broc, peu de réflexion suscitée et je n'ai rien appris. de surcroît, une petite maison d'édition qui ne tient aucun cas de l'importance de la mise en page d'un texte. En l'occurrence, cette mise en page chaotique, avec un choix de typographie qui m'a énervé, n'a pas contribué à me faire apprécié le contenu même.

Sous la forme de courts chapitres, on suit en partie les pérégrinations d'un journalistes sur les traces d'une institutrice enlevée, Selma, dans l'Algérie des années noires.En vrac, il traverse des événements majeurs de l'histoire de l'Algérie – qu'il faut connaître pour comprendre – : les accords d'Evian, l'assassinat de M. Khemisti, les manifestation et répression d'octobre 88, le tremblement de terre de Boumerdès…

Il retrace ainsi uniquement une vision très sombre de l'Algérie : celle des injustices, de la violence, de la guerre sous-jacente, de la liberté totale :

« Ce peuple d'Algérie serait devenu le figurant-témoin d'une histoire qui ne serait plus la sienne. Il vivrait une déformation. » Un peuple dont la jeunesse est désabusée, incarnée par la fille de Selma, Tania : « Je comprenais la violence de ses paroles, partagées, sans doute, par toute une jeunesse dont on avait si détestablement compromis les avenirs, les joies, les désirs de vivre. » et « A quoi peuvent bien servir ce ciel, ce soleil, à présent ? ». Ces jeunes rêvent d'un monde où ils auraient la possibilité d'utiliser « une langue qui ne tuerait pas. Une autre langue du monde. », symbolisée par l'usage du français.

Mais rien à faire, malgré la toile de fonds historique, je n'ai trouvé aucune trace de la « poésie » dont ont parlé d'autres critiques, allant jusqu'à évoquer un long poème en prose. Soit. Mais alors je suis passée à côté.
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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Quel drôle d'objet que ce livre. Il m'a d'abord profondément dérouté, par sa forme et son style, à tel point que je l'ai laissé tombé pour d'autres lectures. Mais en même temps il m'attirait, et j'y suis revenu. Je pense que je n'avais pas le bon état d'esprit pour l'attaquer, car il faut se laisser porter par les mots, les paragraphes, et non chercher à les maitriser et à tout comprendre comme je le fais habituellement. J'ai néanmoins la frustrante sensation d'être passé à côté de quelque chose, il va falloir que j'affronte à nouveau ce livre dans les semaines ou les mois qui viennent, pendant les vacances, quand j'aurai l'esprit libéré.
Ni conte ni roman, Il était une fois l'Algérie retrace les pérégrinations de Slimane Driif, journaliste. Il hante les pages de ce livre à la recherche de renseignement sur Selma, « la mère de Tania, disparue dans un tremblement de terre et un raz de marée, qui eurent lieu en mai 2003, sur la côte est de la ville d'Alger ». Cependant, cette disparition n'est pas due à la nature, mais aux Ogres, les rebelles, des hommes devenus ogres pour les autres hommes. Première touche fantastique dans cette appellation, comme si ce genre permettait de prendre du recul et d'analyser les réalités terrestres à travers un spectre plus large de possibilités. C'est d'ailleurs un Djinn, ‘'un spectre de l'Ancien monde'' qui va guider Slimane dans une partie de sa quête.
Car c'est bien d'une quête dont il s'agit, pour effacer sa culpabilité d'avoir laissé Selma derrière lui dans sa fuite qu'elle lui impose. Il veut savoir, pour parler et écrire pour la fille de Tania, perturbée par ce qu'elle a vécu.
Le style du livre change au fil des pages et de l'avancée des recherches. Des témoignages se succèdent, avec des passages sans ponctuation qui surviennent quand les personnes se laissent aller à parler, ou à témoigner. On garde les majuscules, mais les points disparaissent, comme si les personnes racontaient à perdre le souffle. Les discours libres deviennent récits.
Les recherches font ressortir des fragments de l'histoire du pays : catastrophes naturelles, événements historiques, attentats, comme si les raz de marée ou les tremblements de terre tentaient de nettoyer ce pays frappé par la violence de l'Histoire.


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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Quelle vie ! Oui, j'ai quitté ce monde après deux emprisonnements, une mise en résidence surveillée, un retrait de passeport, une interdiction de travailler, et, pour clore le tout, une mise en clinique prolongée, d'où je voyais des incendies, de grands incendies qui déferlaient sur le pays que j'avais connu, où j'étais né, au début de l'autre siècle, ce siècle où j'avais vécu orphelin ; j'ai même été en prison, une foi en France, l'autre fois en Algérie, à deux époques différentes.
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Il se rappelait Linda dont il répétait le nom mêlé à d'autres noms. Ceux de Catherine et Lalou, Sandra, Amin que Selma avait accompagné jusqu'à l'aéroport d'Alger, bien après les émeutes de 1992, les émeutes de 1988, le départ de Sidi Bou Saïd, après toutes ces émeutes qui avaient transformé la ville, l'explosant, la retournant, comme une terre décharnée, peuplée d'os et de pierres, pour la précipiter une nouvelle fois dans ce gouffre sans fin d'où, à brassée de mots, de phrases successives, il tentait – devenu personnage et lecteur de sa propre chute – d'émerger à grand renfort d'images, de doutes, de dialogues vécus, entendus, imaginés, où lui apparaissaient les amours délaissés, les histoires impossibles, les révoltes entreprises pour changer le monde des femmes, des hommes, des enfants à naître et à faire vivre, libérés de la martyrologie meurtrière des kalachnikovs, des bombes artisanales ou sophistiquées qui tuaient, amputaient, loin des aéroports surveillés, explosés, loin des jambes, des mains, des bras, et, encore, et, encore, des yeux illuminés, des suicides montrés, vécus, et, pour comble, anticipés. 
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« Je comprenais la violence de ses paroles, partagées, sans doute, par toute une jeunesse dont on avait si détestablement compromis les avenirs, les joies, les désirs de vivre. » et « A quoi peuvent bien servir ce ciel, ce soleil, à présent ? ».
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Il n'y a pas si longtemps, avant que l’œil de l'Ogre ne tombe sur notre terre, existait une langue qui ne tuait pas et vivait comme cette jeune femme, chaque jour, en plus de la nourriture comestible, de paroles, d'écriture, de sons, dans cette école qui avait été construite en un temps où la guerre avait fui, un très court temps, loin de la ville, cette ville où elle avait vécu, la ville des roses, la ville des orangers, la ville au Bois Sacré, la ville au bas de la montagne douce, du nom de Chréa, la ville où étaient passés des poètes, des femmes écrivains, des peintres, tant d'autres qui, sur la route des lumières, des astres, des terres, des mers, des déserts, avaient traversé ou vécu dans la belle ville de Blida
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A l'ASP, où je travaille, -aide sociale et psychologique- il nous est difficile de lutter contre les suicides, les désespoirs, désolations qui déchirent femmes et hommes, jeunes filles, jeunes gens, agrippés aux murs d'immeubles anciens, déglingués ou en suspens au-dessus d'abîmes marins dont on entend gronder les colères, sourdre les rages et les faims.
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