Ce livre est la suite de "
l'héritage des rois passeurs", bien qu'il se lise très bien comme un one-shot. On y découvre Ombre, une terre de magie, de pouvoirs, et de persécution. Car seuls les hommes y sont autorisés à pratiquer la magie. Cette interdiction, issue d'un duel vieux de plusieurs siècles, est surtout celle de la crainte de leur capacité de faire des illusions.
C'est dans ce décor que Bleue et son groupe de futurs acolytes sont vendus comme esclaves au sker, et commencent leur vie d'adulte marqués par la barbarie de celui-ci.
On passera sur les hasards qui en sont presque
notamment la non-mort d'Oreb au départ, il a été trop exposé mais avec trop de mystères pour qu'on ne s'attende pas à un sauvetage de dernière minute, deus vult comme disait l'autre (même si des fois ces dieux ont de drôles de manières d'atteindre leurs objectifs). Les personnages y sont attachants, et surtout étonnamment bien développés : on notera surtout les cas de Bleue et de Manala, qui avait tout pour rester une magicienne lambda. Chaque personnage a quelque chose à apporter, et en recoupant leurs personnalités se dessine une seule et même volonté, ce qui est un bel effort mais on aurait apprécié connaître mieux les autres antagonistes car elle semble n'avoir choisi de parler que de ceux qui ont cette vision du monde
(y compris Til'Enarion qui tombe finalement dans cette vision d'amour et d'acceptation) qui correspond à celle du gris. C'est bien trouvé quand on y pense, mais ça laisse l'impression que la défaite est impossible, vu que tout le monde, à deux dieux près, est d'accord là dessus . L'intrique pour sa part est très plaisante, même si on regrettera peut-être le dernier plot-twist
(ces aranéides qui sortent de nulle part juste pour donner un ennemi commun) : on ne s'attend jamais vraiment à ce qui va se passer (à part avec Tiriss, mais bon...), et on reste accroché pour savoir ce que va devenir ce groupe hétéroclite. L'univers est riche, bien agencé (on aurait cependant apprécié une carte dans les 300 premières pages), et chaque endroit à sa spécificité, et n'existe pas que pour donner un endroit de plus. Seul bémol à mon avis, la gestion du gouvernement du royaume d'ombre, qui semble trop caricaturale surtout avec un peuple qui semble ne pas être crédule.
Il s'agit d'une excellente lecture, à ranger pas encore parmi les grands livres, mais assurément parmi les très bons livres, et qui a l'avantage de se lire très facilement.