Le temps des vrais bonheurs

Aruna a une vie bien rangée à Londres depuis qu'elle a quitté sans explications son ex-petit ami de longue date à Singapour. Maintenant mariée depuis un an et demi à un anglais, elle décide de quitter son époux, toujours sans explications, pour retourner à Singapour.

Les débuts avec ce roman ont été assez compliqués. Je trouvais les personnages principaux assez antipathiques : une femme froide et sans sentiments, un anglais naïf et autocentré sur une vie idéalisée, un écrivain raté et un vieillard qui se venge de ses douleurs sur son entourage. À première vue, aucun ne semblait avoir de raisons valables de se comporter de la sorte, et je n'avais pas spécialement envie de passer plus de temps en leur compagnie.

Cependant, au fil du récit, les différentes révélations viennent jeter de la lumière sur ces comportements étranges. Avec les secrets qui se dévoilent, ce qui paraissait être de l'égoïsme devient un sacrifice de soi respectable, et les personnages nous semblent vivre une tragédie grecque dans laquelle ils ont bien peu de marge de manoeuvre.

Sur fond de déchirement de l'Inde et de la naissance du Pakistan et du Bangladesh, ce récit dégage une curieuse poésie. La vie est imprévisible, chacun fait ce qu'il peut avec ses cartes. Je sors du livre avec un pardon pour tous ces personnages jugés sévèrement au départ, et l'espoir qu'ils vont tous retrouver la paix.

C'est en lisant les vers d'Hari Hassan "Il est temps de cesser le combat et de rentrer" qui poussent Aruna de quitter sa vie confortable londonienne, son mari, un matin, sans valise, sans prévenir et rentrer sur un coup de tête à Singapour. Singapour où elle a grandit auprès de Jazz depuis l'âge de ses dix ans. Jazz qui fut son ami de cour d'école, son protecteur, son meilleur ami, son confident, son petit ami, son frère au sens figuré mais qui se révélera être son frère de sang.
C'est justement après avoir appris ce lien de sang avec Jazz, il y a environ deux ans, qu'Aruna avait fait le trajet inverse, quitter Singapour pour Londres. A cette époque, elle avait également subitement quitté sa vie et par la même occasion Jazz sur un coup de tête sans prévenir, sans dire où elle allait, sans donner de nouvelles.
C'est donc une surprise pour Jazz de recevoir l'appel d'Aruna qui lui annonce qu'elle est en partance pour Singapour. Mais que compte trouver Aruna à son retour ? Sa vie qu'elle a laissé en suspens de l'autre côté du monde ?

Hari Hassan a été un poète d'origine bengalie qui avait quitté l'Inde autrefois pour s'installer tout d'abord à Kuala Lumpur puis à Singapour pour revenir à Kuala Lumpur à la mort de son épouse. Hari n'a pas revu son fils Jazz depuis deux ans, ce dernier refuse de voir son père et n'a pas autorisé la non-réanimation de son père. Aujourd'hui Hari Hassan est couché dans une chambre d'hôpital, un être qui souhaite qu'enfin sa vie le quitte pour le libérer enfin.

"Le Temps des vrais bonheurs" est un roman qui m'a étonné et que j'ai grandement apprécié. L'histoire se déroule uniquement sur trois jours et trois nuits et pourtant trois vies vont être bouleversées. Des décisions seront prises, des bilans seront établis, des secrets révélés, ... Tout en délicatesse, le temps de comprendre ce qu'il s'est passé dans le passé et les facteurs déclencheurs de la situation aujourd'hui.
Une belle lecture et surtout une belle découverte. Un livre entre le Royaume-Uni, la Malaisie, Singapour, l'Inde et le Pakistan.

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