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Trilogie des Snopes tome 3 sur 4
EAN : 9782070313860
656 pages
Gallimard (18/03/2004)
4.56/5   17 notes
Résumé :
Qui a lu "Le hameau" n'a pas oublié le meurtre de Jack Houston par Mink Snopes, le paysan borné qui se venge d'une humiliation, et la longue nuit où l'assassin lutte contre le chien de sa victime avant d'enfouir le cadavre dans le tronc d'un arbre. Dans "Le domaine", troisième et dernier volume de la trilogie des Snopes après "Le hameau" et "La ville", nous avons une nouvelle version du crime de Mink, vu cette fois par l'assassin : la lente montée du ressentiment da... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Ce livre clot la trilogie des Snopes, qui aura hanté Faulkner une bonne partie de sa vie. A l'image de la partie finale du Bruit et la Fureur, ce tome permet de combler les trous, de mieux comprendre les tenants et les aboutissants de la trilogie et constitue un vrai point final.
Faulkner garde son mystère, mais nous soulage malgré tout du poids de cette famille maudite. le suspense est omniprésent et le final haletant.
Faulkner indique par avance au début du Domaine dans un Avant Propos les incohérences de ce dernier tome avec les précédents. Il ne s'en excuse pas, indiquant au contraire que c'est sa meilleure connaissance des personnages qu'il fait vivre ici qui explique ces différences.
C'est tout le message de cette trilogie, cette fatalité qui pousse tous les personnages à agir comme il est prévu qu'ils agissent, et tellement forte qu'elle guide l'auteur lui-même dans son récit. Mention spéciale au personnage de Ratliff, témoin omniscient et presque seul lucide, malgré son langage simpliste et rempli de fautes de prononciation.
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Que dire après la belle critique de Marcel IP? Pour ne pas paraître ridicule, je me contenterai de la compléter par quelques impressions personnelles.
Tout d'abord, préciser que j'ai lu la version traduite par René Hilleret revue par François Pitavy dans le cinquième tome des oeuvres romanesques de Faulkner de la Pléiade. Version qui fait le choix de titrer le roman "La Demeure" à la place de "Le Domaine", considérant que le titre original "The Mansion" désigne bien la grande bâtisse à colonne plutôt que la propriété dans son ensemble. Il est vrai que le roman traite de l'appropriation par Flem Snopes de cette grande demeure de Jefferson qui appartenait alors au président de la Banque Manfred de Spain, obligé de quitter les lieux à la suite du suicide d'Eula Varner (épouse de Flem et amante de Manfred). Mais je m'embrouille peut-être en m'aventurant dans ces indications sur la fiction du timbre poste faulknérien.
Ce dernier volet de la trilogie des Snopes est, pour moi, un chef d'oeuvre. Quand on a presque tout lu de Faulkner, La Demeure apparaît comme un chant du cygne. Faulkner semble y clore tous les récits tragiques et comiques de ses romans précédents. On y retrouve en effet tous les personnages qui ont nourri ses romans: les Snopes bien sûr, mais aussi les Compson du Bruit et la Fureur, les Sartoris ou les Sutpen. Lire La Demeure donne donc la sensation de dire adieu à tout cet univers mississippien.
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Paru en 1959, le domaine est le dernier volet de la triologi Snopes, celui où le destin des personnages va jusqu'à son terme. le roman est composé de trois parties, chacune centrée sur un personnage. La première partie, est consacrée à Mink, fermier illettré condamné à perpétuité pour le meurtre d'un riche voisin et qui jure de tuer son cousin Flem, qui n'a rien fait pour le sortir de prison. La deuxième partie est consacré à Linda, fille de Flem, revenue veuve et sourde de la guerre d'Espagne, et qui vit un amour platonique avec Gavin Stevens. Et enfin la troisième partie dans laquelle Flem Snopes, de paysan misérable devenu riche banquier, connaîtra sa mort.
 
Avant de donner mon avis sur ce livre, je  voudrais dire à tous ceux qui ne savent pas encore à quel point j'aime Faulkner, qui est pour moi l'un de plus grands écrivains de tous les temps. Enfin le Faulkner entre 1929 et 1942, autrement dit entre de bruit et de fureur et Descends Moïse. Avant, c'était ses premières tentatives pas encore complètement abouties, même si elles étaient prometteuses. Et après...C'est comme si son art extraordinaire se décomposait, partait en lambeaux, on reconnaît les éléments de son écriture, sa façon de tourner les  phrases, mais tout cela n'a plus aucun intérêt, j'avoue même que je me suis beaucoup ennuyée et que j'ai du me forcer pour finir ce roman. Tout son univers est pourtant là, mais il suffit de comparer "Le domaine" au "Hameau", premier tome de la trilogie, d'un côté un livre dense et attachant à chaque page et de l'autre côté une sorte de répétition inutile et délayée, le propos du livre aurait pu tenir dans une longue nouvelle de 80 pages au lieu de ce roman interminable de 461 pages. Tous sens du tragique semble s'être envolé, les personnages deviennent plats et sans mystère.
 
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"The poor son of a bitch," she said. "Which one are you talking about now ?" "Both of them," she said. "All of us. Every one of us. The poor son of a bitches."

C'est la fin d'un monde. Avec La Demeure, Faulkner adresse un adieu tremblé au Yoknapatawpha. Soulevant aiguilles de pin et écorces rouges, l'écrivain trifouille d'une plume usée la termitière Jefferson et expose à la lumière crue d'un style toujours incomparable le fruit de ses excavations : l'un ou l'autre de ces gros insectes à la blancheur écoeurante, les Snopes .

C'est la fin d'un monde. Les années ont passé et les héros sont fatigués. Flem Snopes s'est métamorphosé en un anachorète claquemuré dans son bureau, mâchonnant air et souvenirs viciés comme du tabac à chiquer. Sa présumée fille, Linda, revenue au pays veuve et sourde -la guerre d'Espagne est passée par là- se prodigue dans des activités antiségrégationnistes et entretient des liens toujours ambigus avec un Gavin Stevens enfin casé. le petit Mallison s'est déniaisé grâce au stalag -Hitler est passé par là- et la pipelette Ratliff a diversifié son commerce, ajoutant radio et télévision à ses machines à coudre -le consumérisme est passé par là-. Mais où est le Sud d'antan !

Ces porte-paroles habituels de l'auteur (Stevens, Ratliff et Mallison) rabâchent désormais leurs historiettes, ajoutant ou retranchant des détails, exagérant les situations ou jugeant de façon péremptoire faits et gestes mais à l'instar d'ancêtres radoteurs, un brin insupportables. La mythographie faulknérienne patine donc un peu... Il suffit cependant qu'ils évoquent un politicien démagogue et raciste (le déjà trumpien Clarence Snopes) ou un grigou survolté (l'impayable Meadowfill) pour illuminer une lecture un tantinet ardue.

Mais La Demeure c'est avant tout la trajectoire de Mink Snopes, avorton monomaniaque dont la vengeance aura attendu 38 années de prison pour être assouvie. Ne serait-ce que pour les pages limpides que Faulkner lui consacre, ce roman mérite d'être lu. Cette tragédie d'un homme obsédé, sa solitude dans un monde qu'il ne reconnaît plus, sa foi inflexible en un Dieu terrible mais juste ("Old Master just punishes ; He don't play jokes.") sont bouleversantes. Minuscule fourmi laborieuse qu'une semelle immense menace, il poursuit son chemin industrieux et vain et son jusqu'au-boutisme impressionne durablement. Inoubliable Caïn en salopette et godillots.

Une suite pour violoncelle de Bach s'élevant au milieu d'un jug band. Implacable !
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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LE DOMAINE de WILLIAM FAULKNER
Après le hameau et la ville ce livre clôture la trilogie des Snopes qui court sur une cinquantaine d'années. Flem est désormais au sommet, il est président de la banque, propriétaire du hameau du français et jouit désormais d'une certaine notoriété. Eula, sa femme s'est suicidée, sa fille Linda est partie en Espagne se battre aux côtés des républicains, tout lui sourit. Mais du fond de sa prison, Mink, le fermier meurtrier n'a toujours pas digéré que son cousin Flem ne l'ait pas sorti de son trou. Il y a 38 ans de cela, mais sa rancune est tenace. Dans ce dernier volume, Faulkner nous dévoile quelques zones d'ombre laissées ici ou là dans les 2 premiers tomes, son propos s'est apaisé. On ne retrouve pas la même verve littéraire. Les narrateurs sont toujours les mêmes, Gavin, amoureux d' Eula, puis de Linda sa fille et l'inénarrable Ratliff, pipelette qui aurait sans nul doute trouvé sa place dans ce groupe.
Il a fallu 20 ans à Faulkner pour achever ce cycle, après lequel il n'écrira plus que les Larrons, un de ses romans les plus drôles.
Lire les Snopes est une aventure de presque 1400 pages qui a été éditée chez Quarto. Pour ma part je les ai lus dans les éditions d'origine des années 60.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Maintenant il avait soudain découvert quelque chose. Les gens de son espèce n'avaient jamais possédé même provisoirement la terre qu'ils croyaient avoir louée entre un jour de l'An et le suivant. C'était la terre elle-même qui les possédait et non pas seulement depuis les semailles jusqu'à la moisson mais à perpétuité; non pas le possesseur de la terre, le propriétaire qui les expulsait d'une méchante ferme louée en novembre et les jetait sur la route à la recherche désespérée d'une autre méchante ferme toute semblable à louer à un mile ou dix miles de là, ou à deux ou dix comtés de là, avant que n'arrive en mars l'époque des semailles pour la prochaine récolte, mais la terre elle-même, le sol lui-même qui leur faisait mener une vie d'esclaves condamnés à l'indigence et à la pauvreté en les traînant de ferme en ferme, comme une famille ou un clan le fait d'un cousin au dixième degré irrémédiablement en faillite.
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Le camion repartit. La route était déserte au moment où il était descendu. Hors de la vue de la route, ça serait assez loin. Seulement, si possible, personne ne devait entendre le bruit du coup de feu d’essai. Il ne savait pas pourquoi ; il n’aurait pas pu dire, ayant eu à vivre sans aucune solitude intime pendant trente-huit ans, mais maintenant il avait l’intention d’en savourer chaque minuscule brin auquel la liberté lui donnait droit. En outre, il lui restait cinq à six heures avant la nuit et probablement moins que ça de milles à parcourir en suivant le lit de la rivière formé de fourrés épais d’églantiers, de cyprès et de saules pendant un quart de mille, peut-être plus, quand soudain il s’arrêta, figé de stupeur, d’émotion et même de joie. Devant lui, enjambant la vallée un viaduc de chemin de fer. Maintenant non seulement il savait comment atteindre Jefferson sans courir le risque constant de rencontrer des gens qui grâce à cette vieille affinité du comté de Yoknapatawpha le reconnaîtraient et sauraient ce qu’il avait l’intention de faire, mais il aurait quelque chose à faire pour passer le temps jusqu’à la tombée de la nuit, où il continuerait son chemin.

(p. 595-596)
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Et maintenant ils approchaient des collines : une agglomération de petites fermes délabrées, précaires, disséminées parmi les replis érodés du terrain comme des morceaux de papier éparpillés. Le chemin n’était plus empierré depuis un certain temps et à tout moment menaçait de cesser d’être praticable pour tout véhicule. Déjà, à la lumière fixe des phares (Ratliff avait arrêté la voiture) la route avait l’air d’un ravin creusé par les eaux, serpentant vers la crête couronnée de tristes pins noirs, rabougris et chevelus. Le soleil avait passé l’équateur, il était dans la Balance maintenant et il y avait dans la cessation du mouvement et le calme du moteur arrêté une sensation d’automne après le lent écoulement du dimanche et la fraîcheur éclatante, mensongère, qui avait duré presque tout le lundi ; le rempart déchiqueté des pins et des chênes rabougris formait une mince digue contre l’hiver, la pluie et le froid à l’abri de laquelle les champs usés envahis par les sumacs, les sassafras et les plaqueminiers avaient tourné au rouge écarlate. Les plaqueminiers lourds de fruits n’attendaient que le gel et les aboiements des chiens de chasse à la poursuite des opossums.

(p. 614-615)
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— De sorte qu’il ne reste même plus la carcasse.
— Il y a une cave dessous, dit Ratliff.
— Un trou dans la terre, dit Stevens. Un terrier, comme un animal.
— Il est fatigué, dit Ratliff. Même s’il n’avait pas soixante-trois ou soixante-quatre ans. Il est sous pression depuis trente-huit ans, sans compter (nous sommes jeudi aujourd’hui, n’est-ce pas ?) les sept derniers jours. Et il n’a plus cette tension pour le soutenir. Supposez que vous ayez passé trente-huit ans à attendre de faire quelque chose et que finalement un jour vous l’ayez fait. Vous n’auriez plus beaucoup de ressort. De sorte que ce qu’il lui faut maintenant c’est uniquement de se reposer dans le noir et le calme quelque part un bout de temps.

(p. 616)
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En fait, dès que cette idée lui vint, il lui sembla qu’il sentait le Mink Snopes qui avait dû passer une si grande partie de sa vie à avoir des soucis et des ennuis inutiles commencer à ramper, à s’infiltrer, à couler tranquillement comme le sommeil ; il pouvait presque l’observer, en suivant tous les petits brins d’herbes et les minuscules racines, les petits trous que faisaient les vers, en pénétrant dans la terre déjà pleine de gens qui avaient eu leurs soucis et étaient libres maintenant, de sorte que c’était le sol et la terre maintenant qui avaient les ennuis, les soucis et l’angoisse avec les passions, les espoirs et les craintes, la justice et l’injustice, et les chagrins, et que les gens eux étaient bien tranquilles maintenant, tous mélangés, pêle-mêle, sans inquiétude et personne pour savoir ou se soucier de savoir désormais qui ils sont, lui-même parmi eux l’égal de tous, aussi bon que n’importe qui, aussi brave que n’importe qui, inextricable, anonyme parmi eux tous : les beaux, les splendides, les orgueilleux, les braves jusqu’au faîte même, parmi les fantômes et les rêves étincelants, bornes milliaires de la longue histoire humaine : Hélène et les évêques, les rois et les anges apatrides, les séraphins méprisants et damnés.

(p. 641)
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De quel écrivain génial André Malraux parlait-il quand il a dit : « C'est l'intrusion de la tragédie grecque dans le roman policier » ?
« le Bruit et la fureur » de William Faulkner, c'est à lire en poche chez Folio.
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