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René-Noël Raimbault (Traducteur)Charles-P. Vorce (Traducteur)
EAN : 9782070301041
425 pages
Gallimard (29/05/2003)
3.65/5   17 notes
Résumé :

Publié en 1934, ce recueil rassemble quatorze histoires dont Faulkner réutilisera quelques-unes dans des livres ultérieurs. Ceci montre l'importance qu'il accorda à ce volume, le deuxième recueil de nouvelles qu'il publiait après Treize histoires. Livre composite, les récits traitent de la guerre aérienne de 14-18 ou apportent des témoignages recueillis au cours des grandes épreuves de l'histoire amér... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
William Faulkner n'est pas nécessairement un auteur d'approche facile. (C'est le moins que l'on puisse dire.) Personnages torturés, discontinuités narratives, ambiances glauques et ambigües, flashbacks et projections, courant de conscience, etc.

Beaucoup des ingrédients qui ont fait son succès (et aussi mes déboires lorsque je pataugeais dans la boue au milieu des marécages sous une pluie battante où m'avaient planté l'auteur du Bruit Et La Fureur et que j'essayais désespérément de distinguer un quelconque panneau indicateur pour retrouver ma route).

Aussi, pour s'accoquiner à l'univers si particulier de Faulkner n'est-il peut être pas idiot de commencer par ses nouvelles, qui, si elles mettent en scène des personnages aussi torturés et ambigus que ceux des romans, de par leur format, les rapproche plus d'une forme classique et donc, accessible plus aisément au profane.

C'est ainsi que l'on peut sans doute effectuer un rapprochement pas trop scandaleux entre le Docteur Martino et Musique Noire de nouvelles classiques comme le Horla de Maupassant, les unes comme les autres donnant la part belle aux personnages névrosés qui évoluent dans des atmosphères bizarres, un brin glauques, qui touchent aussi bien au réel qu'au surnaturel ou à la folie légère.

Dans le Docteur Martino, l'auteur nous présente un jeune homme assez fier et imbu de lui même, Hubert Jarrod, qui, lors d'une halte de voyage, fait la connaissance d'une charmante jeune fille, Louise King, à laquelle il sert de prétexte pour échapper à la vigilance de sa mère.

De fil en aiguille, la nature humaine étant ce qu'elle est, la question des relations entre ce jeune homme et cette jeune femme va bientôt se poser dans des termes plus précis.

Mais Jarrod découvre, derrière plusieurs nappes de mystères, que Louise est manifestement sous l'influence d'un autre homme. Un rival ? Sans doute. Mais de quel type ? Ça, c'est plus dur à dire. Un certain docteur Martino. Un vieux bonhomme, qui ne dit presque rien et qui reste désespérément assis, immobile, sur le toujours même vieux banc.

Étrange pouvoir magnétique que celui du docteur Martino sur cette imprévisible jeune femme. Quelle est la nature de ce magnétisme ? Son origine ? Et d'ailleurs, ce magnétisme est-il unilatéral ? Qu'implique-t-il ?

Hubert Jarrod doit essayer de dénouer cet imbroglio aidé d'une redoutable partenaire en la personne de la mère King, pas forcément la meilleure carte pour apprendre à lire dans le jeu de la fille...

Dans Musique Noire, Faulkner nous déplace à Porto Rico, dans une ambiance qui, au départ, pourrait éventuellement rappeler celle du Vieil Homme Et La Mer, mais qui, par la suite, s'en détache notablement.

On essaie de comprendre ce qui a bien pu amener Wilfred Migleston à venir s'enterrer dans l'île vingt-cinq ans plus tôt et à vivre désormais comme un trois-quarts clochard, sans ami, sans argent, sans toit véritable et même sans avoir appris trois mots d'espagnol depuis tout ce temps.

Les cancans vont bon train, on lui attribue toutes les réputations, du malfrat en fuite au noeud-noeud de service mais, en pareil cas, le mieux est peut-être de l'écouter s'expliquer lui-même, non ? Alors, écoutons-le.

Deux nouvelles intrigantes donc, bien menées, dont la facture évoque plus clairement les écrivains américains de l'entre-deux-guerres tels Hemingway, Steinbeck ou Caldwell, où la psychologie humaine est bien malaxées entre les mains d'un maître potier nommé Faulkner. Pourtant, comme le Horla pour Maupassant, ce n'est pas dans ce genre de nouvelles que je prends le plus de plaisir, d'où cette appréciation mitigée.

En outre, vous savez bien maintenant que cela n'est que mon avis, assis depuis bien trop longtemps sur son vieux banc, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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LE DOCTEUR MARTINO et autre histoires de WILLIAM FAULKNER
Hubert Jarrod fait la connaissance de Louise King pendant un dîner, elle l'embarque rapidement dans un taxi destination inconnue, descend seule et revient deux heures plus tard sans explication. Ils vont se fiancer puis se marier, elle aura toujours ses mystérieux rendez-vous, Jarrod découvre que c'est pour voir le Docteur MARTINO…
Blair est propriétaire d'une maison en Caroline dans laquelle il vient tous les ans chasser une vieille renarde, il ne veut pas qu'on l'empoisonne, ni qu'un chien la tue. Deux hommes discutent de l'origine de la fortune de Blair, le pétrole des indiens en Oklahoma…
Cotton est un vieux garçon, il vient de tuer un homme, Houston, son chien hurle à la mort, il n'a pas le courage de le tuer. Il planque le corps et le fusil mais Snopes, un commis va le reconnaître et causer sa perte…
Trois aviateurs se posent près d'une ville et proposent aux habitants un spectacle dont La Course à la Mort. Celui qui doit sauter de l'avion sur une voiture craint de ne pas être payé…
On est chez les Sartoris, une lignée de Bayard et de John, tous les hommes dont morts ou partis, reste Narcissa et son enfant, la maison bruisse de secrets, de lettres au milieu de toutes ces femmes…
Des soldats américains et anglais ivres, la police militaire ne sait que faire, deux officiers décrètent que la rue leur appartient et font leur lit en plein milieu…
Le juge dans son lit entouré du docteur et de deux serviteurs noirs. Il quitte la chambre en pyjama et croisent des gens surpris de le voir dont un qui s'est suicidé récemment…
Le colonel Sutpen enfourche son cheval et part combattre les Yankees, 5 ans plus tard, Wash le ramène en charette. Naissance d'une petite fille, Wash avait crû comprendre que Sutpen l'épouserait, ou…
Il a perdu une jambe à la guerre, la sent mais ne la trouve pas, demande à son pote de la chercher…
Weddel revient de la guerre avec son esclave noir, dans une auberge rencontre un Yankee qui veut la continuer…
Il était pilote de chasse pendant la guerre, après l'armistice, il vend des voitures, il est mauvais…
Des nouvelles très variées, certaines sur la guerre, sur l'aviation et d'autres sur des personnages qu'on trouve dans ses grands romans, Sartoris, Cotton, Snopes ou Sutpen. Une pointe de fantastique dans deux d'entre elles.
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On sait l'art de William Faulkner, son style inimitable et sa façon de raconter des histoire, en dévoilant petit à petit et souvent de façon non chronologique des traits de caractères, des morceaux de vie, des détails qui éclairent le sens du roman. Ses nouvelles ressemblent bien évidemment à ces plus longues narrations, à ceci prêt que bien sur il y a moins de place pour affirmer son style. Aussi ces nouvelles m'ont elles moins plu que les romans, tant le manque d'envergure nuit au style de l'auteur et ne lui permet pas l'espace dont il a besoin pour plonger le lecteur dans une ambiance, un univers.

On y retrouve tous les thèmes de prédilection de Faulkner (le Sud, les esclaves, les champs de coton), et à cet égard ce recueil est très intéressant car bien souvent elles sont antérieures aux romans, et on peut donc y voir des ébauches, des essais, un perfectionnement nécessaire avant de s'attaquer aux oeuvres de grande envergure comme la trilogie des Snopes ou les romans liés aux Sartoris.

Néanmoins quelques unes de ces histoires sont très réussies (les autres sont bonnes sans être des chefs d'oeuvre) et méritent le détour, peut-être comme une introduction express au reste des livres du génial Faulkner.
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Docteur Martino est certainement le recueil qui regroupe les nouvelles de Faulkner à la tonalité la plus flottante et mystérieuse. Dans la nouvelle éponyme on frôle le récit vampirique bien que rien ne soit explicite. Dans Victoire dans la montagne, on tombe dans le guet-apens horrifique d'une cabane isolée habitée par une famille subissant les traumatismes de la Guerre de Sécession. Dans Au-delà, un juge agnostique se retrouve au pays des morts. Dans Musique noire et La Jambe, le récit halluciné des narrateurs laisse planer le doute sur leur santé mentale et nous emporte dans des scènes dionysiaques, délirantes, irréelles.
Cet onirisme angoissé est finalement très proche des sujets de prédilection de Faulkner, sondeur infatigable des noirs horizons de nos âmes.

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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
— Je ne puis croire qu'un Blanc vienne ici, pour y vivre et pour y mourir, sans aucune raison.
— Et vous considérez que la seule raison c'est qu'il a volé de l'argent ?
Il me regarda avec une nuance de mépris.
— Avez-vous amené une bonne d'enfant avec vous ? Vous auriez dû en amener une jusqu'à ce que vous en ayez suffisamment appris sur l'humaine nature pour voyager seul. Car un être humain, quel qu'il soit et si fort qu'il braille à l'église, vole chaque fois qu'il croit pourvoir le faire impunément. Si vous ne le savez pas encore, vous feriez mieux de rentrer chez vous et de rester dans un endroit où votre famille pourrait vous surveiller.

(— You can't tell me a white man would come down here to live and die without no reason.
— And you consider that stealing money is the only reason ?
He looked at me, with disgust and a little contempt.
— Did you bring a nurse with you ? Because you ought to have, until you learn enough about human nature to travel alone. Because human nature, I don't care who he is nor how loud he sings in church, will steal whenever he thinks he can get away with it. If you ain't learned that yet, you better go back home and stay there where your folks can take care of you.)

BLACK MUSIC / MUSIQUE NOIRE.
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" Ce que c'est, songeait-il, que d'être du Mississippi. Car c'est ça qu'elle a : c'est une gosse née et élevée dans un marécage du Mississippi. " Ce n'était pas le sex-appeal qu'il voulait dire. Il n'aurait pas suffi à lui seul pour l'emballer, lui qui, depuis trois ans maintenant, était à New Haven, qui faisait partie de tous les clubs chics, et out cela avec de l'argent plein ses poches. Et, d'ailleurs, Louise était un peu entre deux sexes. Ce je ne sais qu'il voulait dire, c'était une manière d'être dont il ne se rendait pas encore très bien compte : une sorte de voyance, une sensibilité, une foi passionnée aux métamorphoses immanentes, à laquelle la suffisance pachydermique de son placage Yale-puits-de-pétrole fut d'abord quelque peu imperméable. Tout ce qu'il remarqua en premier lieu ce fut l'attention, l'examen, dont il se jugea immédiatement l'objet.

(" That to come out of Mississippi, " he thought. " Because she's got it : a kid born and bred in a Mississippi swamp. " He did not mean sex appeal. He could not have been fooled by that alone, who had been three years now at New Haven, belonging to the right clubs and all and with money to spend. And besides, Louise was a little on the epicene. What he meant was a quality of which he was not yet consciously aware : a beyond-looking, a passionate sense for and belief in immanent change to which the rhinoceros-like sufficiency of his Yale and oil-well veneer was a little impervious at first. All he remarked at first was the expectation, the seeking, which he immediately took to himself.)

LE DOCTEUR MARTINO.
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L'endroit était une station estivale appartenant à une vieille petite demoiselle, coquette et grisonnante, qui l'avait héritée de son père, avec quelques-uns de ses hôtes, trente ans auparavant : un hôtel en planches, de construction irrégulière, avec une source dans un pavillon, où se réunissait de vieux messieurs avec des poches sous les yeux et des peaux parcheminées, et de vieilles dames hydropiques d'avoir trop bien vécu, venus des villes avoisinantes de l'Alabama et du Mississippi pour boire des eaux ferrugineuses.

The place was a resort owned by a neat, small, gray spinster who had inherited it, and some of the guests as well, from her father thirty years ago a rambling frame hotel and a housed spring where old men with pouched eyes and parchment skin and old women dropsical with good living gathered from the neighboring Alabama and Mississippi towns to drink the iron-impregnated waters.

DR. MARTINO / LE DOCTEUR MARTINO.
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Wilfred Migleston, le chéri de la fortune, le favori des dieux. Pendant cinquante-six ans — coagulation des assommantes contraintes qu'avaient jadis déterminées montres et pendules — il s'était trouvé, au cours de ses promenades, nez à nez, dans les monotones devantures des rues monotones et revêches, avec l'image déambulante d'un indéfinissable petit individu mal nippé, sur lequel homme ni femme ne s'était jamais retourné pour le regarder deux fois. Puis, comme jadis Élie, il s'était envolé dans une apothéose flamboyante, et, pour lui du moins, non sans lendemain, à travers le ciel insondable, au-dessus de la terre qu'il venait de quitter.

(Wilfred Midgleston, fortune's favorite, chosen of the gods. For fifty-six years, a clotting of the old gutful compulsions and circumscriptions of clocks and bells, he met walking the walking image of a small, snuffy, nondescript man whom neither man nor woman had ever turned to look at twice, in the monotonous shop windows of monotonous hard streets. Then his apotheosis soared glaring, and to him at least not brief, across the unfathomed sky above his lost earth like that of Elijah of old.)

BLACK MUSIC / MUSIQUE NOIRE.
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Vous ne comprenez pas. Moi non, je n'ai pas compris tout d'abord, quand il m'a dit pour la première fois ce que c'est que de vivre jour après jour avec une boîte à allumettes pleine de capsules de dynamite dans la poche de son gilet. Puis, un jour, quand j'ai été assez grande pour le comprendre, il m'a expliqué que tout ce qui compte au monde c'est de vivre, d'être en vie, de savoir qu'on est vivant. Avoir peur, c'est savoir que vous vivez, mais faire ce dont vous avez peur, alors cela c'est vivre.

(You don't understand. I didn't at first, when he first told me how it was to live day after day with a match box full of dynamite caps in your breast pocket. Then he told me one day, when I was big enough to understand, how there is nothing in the world but living, being alive, knowing you are alive. And to be afraid is to know you are alive, but to do what you are afraid of, then you live.)

LE DOCTEUR MARTINO.
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De quel écrivain génial André Malraux parlait-il quand il a dit : « C'est l'intrusion de la tragédie grecque dans le roman policier » ?
« le Bruit et la fureur » de William Faulkner, c'est à lire en poche chez Folio.
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