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Jacques Pothier (Éditeur scientifique)Maxime Gaucher (Autre)Giliane Morell (Éditeur scientifique)
EAN : 9782080704504
379 pages
Flammarion (04/01/1999)
3.72/5   46 notes
Résumé :
Dans son premier roman, Monnaie de singe, paru aux États-Unis en 1926, William Faulkner règle son compte à la guerre : " Le Sexe et la Mort, porte d'entrée et porte de sortie du monde. Comme ils sont en nous inséparables !

Quand les instincts sexuels sont-ils plus aisément satisfaits qu'en temps de guerre, de famine, d'inondation, d'incendie ?Pour Donald Mahon, jeune pilote de chasse pendant la guerre de 1914-1918, la bataille a été, comme pour Macbet... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
J'avance à pas mesurés dans l'oeuvre de Faulkner, un auteur que je redoute. le hasard a bien fait les choses en me mettant dans les mains ce premier roman, dont je perçois qu'il est beaucoup plus abordable que ses écrits à venir, et déjà l'auteur me fait moins peur.
C'est difficile de parler d'oeuvre de jeunesse tant "Monnaie de singe" écrit dans sa vingtaine au retour de la première guerre, démontre une maturité, une expérience de la matière humaine et une perception de la nature très marquées. A tort ou à raison, j'ai ressenti la "jeunesse" de son écriture, fluide et déliée, parfois même un peu trop démonstrative. Cette même écriture qui va plus tard, une fois distillée dans les alambics de l'expérience (et de l'alcool), se sédimenter en ce qu'elle contient de plus brut et de plus essentiel.
Malgré quelques scènes moins efficaces, "Monnaie de singe" se lit comme un très bon film avec d'excellents acteurs; la pesanteur du Sud est là, le poids lointain de la guerre européenne également à travers la figure mutique du jeune lieutenant revenu mutilé au pays. J'ai particulièrement aimé la manière dont Faulkner met en scène la nature, le printemps éclatant mais impavide dans lequel évoluent les personnages agissant comme une sorte de spectateurs de leurs pulsions, leurs frustrations, leurs mesquineries et leur grandeur.
Je crois en fait avoir trouvé une clé qui me permettra d'aborder Faulkner : l'atmosphère de ses romans, qu me semble jouer un rôle tout aussi significatif que l'intrigue, les personnages et l'écriture. A vérifier dans le bruit et la fureur ou Lumière d'Aout...
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Titre original : Soldier's Pay.
Mon édition : Chatto & Windus, London 1957

Dans un train, les soldats reviennent de la Première Guerre Mondiale en Europe. Leur train se dirige vers un petit village de Géorgie. Parmi eux se trouve Donald Mahon, aviateur gravement blessé, escorté par un vétéran. L'homme a une énorme cicatrice au visage qui le défigure et il s'en trouve presque aveugle. Il ne dit rien. Il a l'air de subir le monde. Les soldats Julian Lowe et Joe Gilligan, ainsi que Margaret Powers, une veuve ayant perdu son mari au combat, vont escorter Don Mahon jusqu'à son village natal de Géorgie.
L'arrivée du blessé qu'on croyait mort depuis longtemps, personne n'ayant eu de récentes nouvelles, ne va pas sans poser quelques problèmes au village. Son père, le pasteur, recteur de ‘université proche, vit seul avec sa servante Emmy. Il invite pour la première fois Janerius Jones, un de ces étudiants gras et jouisseurs. Don mahon était fiancé à Cecily Saunders qui court les garçons et notamment George Farr qui possède une voiture. le problème : va-t-elle encore vouloir épouser un homme défiguré, presque aveugle et pouvant mourir à tout instant ? Mrs Powers devient aussi une rivale potentielle à la fois pour Cecily et Emmy qui est depuis longtemps amoureuse de Don.
Faulkner campe son roman dans les saisons qui suivent 1918-1919 et montre bien sûr l'impact de cette guerre sur les survivants blessés ou non dont on a volé l'avenir, impact tout aussi important sur les civils restés dans leur village dont les vies sont bouleversées par ce retour inattendu du guerrier.
Comme « le bruit et la fureur » était « une histoire racontée par un idiot », « Soldiers' Pay » est une histoire de mort et de sexe dont les deux extrêmes pourraient être Mahon, mort à ce qui l'entoure et Jones qui court la langue pendante après tout ce qui bouge dans la gent féminine. de nos jours il aurait son nom sur #metoo !
L'auteur soigne ses métaphores sur la terre, la respiration des saisons, la lune, les crépuscules, les lourdes senteurs de l'été où tout peut basculer au détour d'une confidence. Gilligan et Lowe, amoureux tous deux de la belle Mrs Powers verront leurs avances respectives rejetées. Gilligan laisse passer sa chance et Julian Lowe, malgré ses lettres enflammées n'aura qu'une réponse : elle s'est mariée en Californie et son troisième mari est mort. Elle avait confié à Gilligan qu'elle portait malheur.
D'autres voix se font entendre dans le village et notamment celle des mères dont le fils a été tué à la guerre, trouvant probablement injuste que le fils du recteur ait survécu. Faulkner- qui est son narrateur ? Est-ce Mahon ? Son cerveau endommagé ? – met les pensées entre parenthèses, pensées au moment où les hommes courtisent les femmes, pensées prémonitoires de mort, comme un leitmotiv obsédant.
Difficile d'entrer dans ce roman tant il est déroutant car tout Faulkner est déjà là : la vie des petites gens du sud-est des USA après un traumatisme où l'on s'en sort par l'alcool parfois, le sexe, à l'état de désir, mais où la mort finit par triompher.
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Monnaie de singe est le premier roman publié de William Faulkner.
Il a auparavant écrit de nombreuses nouvelles, genre pour lequel il est reconnu dès cette époque. Après s'être essayé à la poésie avec un moindre succès, il se lance dans le roman qui sera le genre qui lui offrira ses plus grandes réussites.
Monnaie de singe (solider's pay en américain) porte le germe des thèmes récurrents de l'auteur nobélisé : le Sud, les femmes, la relation noir-blanc dans les états esclavagistes, la guerre, l'endurance, l'amour, ...
Il porte aussi un peu plus que les germes du talent de l'auteur, celui-ci a déjà bien éclot lorsqu'il rédige ce texte superbe. S'il n'a pas l'audace formelle du Bruit et la Fureur ou la puissance épique de Lumière d'Août, on y retrouve ce style, ce ton, cette verve, cet humour pince sans rire et un peu acide qui marquent le ton de Faulkner.
C'est donc avec joie que j'ai lu cette première oeuvre pour terminer les oeuvres complètes de cet écrivain. Paradoxal ? Peut être, mais quitte à tout lire dans le désordre...
Je ne sais pas d'ailleurs s'il vaut mieux commencer par celui-ci pour découvrir Faulkner, ou par un de ses succès, ou par ses nouvelles qui sont géniales. A chacun de se faire son avis, mais en tous cas, il faut lire Faulkner (et le relire), il a toujours des choses à dire sur le coeur de l'Homme.
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Il s'agit du premier roman de Faulkner, publié en 1926. La guerre de 14-18 plane sur tout le roman, pas vraiment évoquée directement mais par l'influence qu'elle a pu avoir sur le destin et le monde intérieur des personnages, que ce soit ceux qui l'ont faite ou les autres, civils ou jeunes gens juste un peu trop jeunes.

Au centre du livre, Donald Mahon aviateur défiguré par une terrible cicatrice, devenant aveugle et se dirigeant petit à petit vers une mort inéluctable. Autour de lui 3 femmes qui d'une façon ou une autre se sont attachées à lui. Et puis tout une série de portraits d'habitants d'une petite ville américaine, anciens soldats démobilisés, parents des disparus.

Il s'agit d'un livre d'une grande richesse, avec des situations complexes, et des personnages attachants, l'écriture est sans aucun doute plus simple que dans les oeuvres ultérieurs. Néanmoins, j'ai eu l'impression de quelque chose de pas tout à fait abouti, d'une ébauche de génie, je ne pouvais m'empêcher d'imaginer ce que le Faulkner de la maturité aurait pu faire de ces thèmes et de ces caractères.
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Il y a fort longtemps que j'ai lu cette oeuvre des débuts du grand écrivain. En voyage dans un pays du Moyen- Orient, ce qui n'a rien à voir avec le décor de Soldier's pay, qui se passe, comme tous les ouvrages de Faulkner, dans le sud des Etats Unis. Rien à voir, si ce n'est cette lumière vive (voir Light in August) et cette légèreté de l'air qui correspondent à l'impression que j'ai gardée du roman, ainsi peut-être qu'avec le voyage lui-même car le récit naît d'un déplacement.
Si je me rappelle bien, il s'agit du retour d'un soldat américain blessé en 1917 ou 1918. Un long voyage en train précède son arrivée dans une de ces maisons coloniales dont le charme seul déjà fait un livre. Diminué, livré aux soins de femmes qui le dévorent ou l'oublient, il disparaît dans une nostalgie incoercible. Avec cette ambiance, c'est la prose incroyablement ciselée de Faulkner qui m'a marqué. Elle vous vaut deux citations ci-joint.
Le livre a été publié en français sous le titre Monnaie de singe, traduit par Maxime Gaucher, Grenoble, B. Arthaud, 1948, nous dit Wikipedia.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Aucun bruit dans la cuisine, sauf le tic-tac de la pendule. La vie, la mort, la vie, la mort, la vie, la mort. Toujours et toujours. (Si seulement je pouvais pleurer !) Elle entendait le vacarme des moineaux dans la poussière et elle croyait voir les ombres s’allonger sur la pelouse. Bientôt, ce sera la nuit, songeait-elle, en se rappelant cette nuit-là, il y avait si longtemps, la dernière fois qu’elle avait vu Donald, son Donald — pas celui-ci ! Il lui avait dit : « Viens, Emmy », et elle était venue à lui. Son Donald à elle était mort depuis longtemps, longtemps… La pendule continuait. La vie, la mort. La vie, la mort. Elle sentait dans sa poitrine quelque chose de glacé, comme un torchon de cuisine en hiver.

(p. 343)
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"Pais tes brebis, ô Jésus". Les voix s’élevaient pleines et douces. Il n’y avait pas d’orgue : nul orgue n’était nécessaire puisque au-dessus de l’harmonie passionnée des basses et des barytons s’élevait le soprano pur des voix de femmes comme un envol doré d’oiseaux célestes. Ils étaient debout ensemble dans la poussière, le recteur dans ses noirs vêtements informes et Gilligan dans sa serge neuve trop raide. Ils écoutaient, ils voyaient la pauvre église se transfigurer par l’ardeur de son rêve mélodieux, triste et passionné. Puis les chants s’éteignirent, moururent sur la terre baignée de lune dans l’attente inévitable du lendemain et de la sueur, de l’amour et de la mort et de la damnation. Tous deux reprirent le chemin de la ville sous la lune. Ils sentaient la poussière dans leurs souliers.

(p. 368)
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« Moi, je me suis couchée. Je ne voyais que le ciel et je ne peux pas vous dire combien de temps s’était écoulé lorsque soudain sa tête est apparue contre le ciel, au-dessus de moi, il était de nouveau tout mouillé et je voyais comme qui dirait le clair de lune courir sur ses épaules et ses bras, et il me regardait. Je ne voyais pas ses yeux, mais je les sentais comme si c’étaient des choses qui me touchaient. Quand il vous regarde, c’est comme si on était un oiseau, on dirait comme si d’un seul coup on s’arrachait loin du sol en quelque sorte. Mais cette fois-là, il y avait quelque chose de différent aussi. Je l’entendais haleter d’avoir couru et je sentais aussi en moi quelque chose qui haletait. J’avais peur et je n’avais pas peur. C’était comme si tout était mort sauf nous. Et alors il a dit : "Emmy, Emmy." Comme ça. Et après… et après…
— Oui, après, il vous a fait l’amour. »
Emmy se tourna soudain, et l’autre la serra contre elle. « Et maintenant, il ne me reconnaît même plus, il ne me reconnaît même plus ! » gémit-elle.

(p. 157)
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Ce qu'il y a de plus triste dans l'amour, c'est que non seulement l'amour ne peut pas durer toujours, mais que les désespoirs qu'il cause sont vite oubliés.

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« La mort se lit sur son visage », dit Jones.
Le recteur prit la photo : « Les jeunes en esprit, les éternellement jeunes portent toujours la mort sur leurs visages. La mort pour eux et la mort pour les autres. Et le déshonneur. Mais la mort en tout cas. Et pourquoi non ? Pourquoi la mort ne convoiterait-elle que ce dont la vie n’a plus que faire ? Qui voudrait cueillir une rose fanée ? »

(p. 93)
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De quel écrivain génial André Malraux parlait-il quand il a dit : « C'est l'intrusion de la tragédie grecque dans le roman policier » ?
« le Bruit et la fureur » de William Faulkner, c'est à lire en poche chez Folio.
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