Titre original : Soldier's Pay.
Mon édition : Chatto & Windus, London 1957
Dans un train, les soldats reviennent de la Première Guerre Mondiale en Europe. Leur train se dirige vers un petit village de Géorgie. Parmi eux se trouve Donald Mahon, aviateur gravement blessé, escorté par un vétéran. L'homme a une énorme cicatrice au visage qui le défigure et il s'en trouve presque aveugle. Il ne dit rien. Il a l'air de subir le monde. Les soldats Julian Lowe et Joe Gilligan, ainsi que Margaret Powers, une veuve ayant perdu son mari au combat, vont escorter Don Mahon jusqu'à son village natal de Géorgie.
L'arrivée du blessé qu'on croyait mort depuis longtemps, personne n'ayant eu de récentes nouvelles, ne va pas sans poser quelques problèmes au village. Son père, le pasteur, recteur de ‘université proche, vit seul avec sa servante Emmy. Il invite pour la première fois Janerius Jones, un de ces étudiants gras et jouisseurs. Don mahon était fiancé à Cecily Saunders qui court les garçons et notamment George Farr qui possède une voiture. le problème : va-t-elle encore vouloir épouser un homme défiguré, presque aveugle et pouvant mourir à tout instant ? Mrs Powers devient aussi une rivale potentielle à la fois pour Cecily et Emmy qui est depuis longtemps amoureuse de Don.
Faulkner campe son roman dans les saisons qui suivent 1918-1919 et montre bien sûr l'impact de cette guerre sur les survivants blessés ou non dont on a volé l'avenir, impact tout aussi important sur les civils restés dans leur village dont les vies sont bouleversées par ce retour inattendu du guerrier.
Comme «
le bruit et la fureur » était « une histoire racontée par un idiot », « Soldiers' Pay » est une histoire de mort et de sexe dont les deux extrêmes pourraient être Mahon, mort à ce qui l'entoure et Jones qui court la langue pendante après tout ce qui bouge dans la gent féminine. de nos jours il aurait son nom sur #metoo !
L'auteur soigne ses métaphores sur la terre, la respiration des saisons, la lune, les crépuscules, les lourdes senteurs de l'été où tout peut basculer au détour d'une confidence. Gilligan et Lowe, amoureux tous deux de la belle Mrs Powers verront leurs avances respectives rejetées. Gilligan laisse passer sa chance et Julian Lowe, malgré ses lettres enflammées n'aura qu'une réponse : elle s'est mariée en Californie et son troisième mari est mort. Elle avait confié à Gilligan qu'elle portait malheur.
D'autres voix se font entendre dans le village et notamment celle des mères dont le fils a été tué à la guerre, trouvant probablement injuste que le fils du recteur ait survécu.
Faulkner- qui est son narrateur ? Est-ce Mahon ? Son cerveau endommagé ? – met les pensées entre parenthèses, pensées au moment où les hommes courtisent les femmes, pensées prémonitoires de mort, comme un leitmotiv obsédant.
Difficile d'entrer dans ce roman tant il est déroutant car tout
Faulkner est déjà là : la vie des petites gens du sud-est des USA après un traumatisme où l'on s'en sort par l'alcool parfois, le sexe, à l'état de désir, mais où la mort finit par triompher.