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La Voie des Oracles tome 1 sur 3
EAN : 9782367401898
336 pages
Scrineo (09/10/2014)
3.81/5   252 notes
Résumé :
La Gaule, au début du cinquième siècle après Jésus-Christ.
Cerné par les barbares, minés par les intrigues internes et les jeux malsains du pouvoir, l'Empire romain, devenu chrétien depuis peu, décline lentement.
Dans une villa d'Aquitania, perdue au milieu des forêts, vit Thya, seize ans, fille du général romain Gnaeus Sertor. À cinq ans, elle a manifesté pour la première fois des dons de devin. Mais dans l'Empire chrétien, il ne fait plus bon être or... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (122) Voir plus Ajouter une critique
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Merci à Babelio, à l’opération Masse Critique et aux éditions Scrineo qui m’ont permis de chroniquer livre à moindre coût ! blink


Les livres d’Estelle Faye se suivent, mais ne se ressemblent pas : après la Dark Fantasy façon Renaissance, la magie de la Chine éternelle, le post-apocalyptique écologique, l’auteure française s’attaque au peplum fantastique… Enjoy !
Et nous suivons ici la quête de l’adolescente Thya, héritière des savoirs païens dans un Empire romain chrétien. Ses dons d’augure lui disent de rejoindre la forteresse de Brog dans les Vosges, lieu où son père Gnaeus Sertor s’est illustré contre les Vandales.
Plusieurs compagnons lui viennent en aide : le maquilleur métisse Enoch (version Young Adult du Chet de "L’Eclat de givre", qui rend hommage à la passion de l’auteur pour le monde du spectacle), le vétéran Mettius, ancien soldat de son père général, le jeune rebelle d’origine parthe Arsas, partisan du Diseur des Monts…
Plusieurs créatures anciennes lui prête main forte : faunes, harpies, ondines, homoncules sylvestres… Plusieurs divinités anciennes souhaitent sa réussite : Sylvanus, Nodens, Culsans…

C’est un roman historique :
C’est dingue, pendant longtemps, j’ai presque ressenti l’impression d’être dans la suite de "L’Aigle de Rome" / "L’Aigle dans la neige" de Wallace Breem, avec ce Gnaeus Sertor qui en remportant la victoire sur les Vandales au Mont Borg, aurait pu être ce préfet des Gaules qui n’est jamais arrivé à temps pour sauver Maximus et ses compagnons de ces mêmes envahisseurs vandales…
Nous somme donc dans l’Empire Romain du Ve siècle, une génération après la chute du limes du Rhin en 406/407 après J.-C. On retrouve cet aura de désenchantement, cette ambiance mélancolique, résignée voire désespérée où chacun est intimement persuadé que demain sera pire qu’aujourd’hui : on sent arriver la fin d’une époque, d’une civilisation. Ambiance « fin d’un monde » assez sombre donc, mais pas aussi dark que celle de "La Cité" de Stella Gemmell, qui empruntait beaucoup aux pepla et aux catastrophes de la fin de l’empire…
On retrouve donc tout naturellement les piques multiples contres ces élites hipsters qui se croient au-dessus du commun des mortel, qui se moquent des hommes e les femmes d’honneurs et de leur valeurs, qu’elles jugent désuètes et démodées, et qui comme elles n’ont absolument rien compris au sens de la vie, trompent leur ennui en games of thrones vains et stériles (qui ne servent qu’à assouvir les ambitions de leur ego démesurés), quand elles ne se perdent pas en inventant de nouvelles manières de tourmenter les esclaves de leurs caprices d’enfants pourris gâtés immatures au possible…
Les personnages côtoient et subissent toute une faune anthropophage d’homines crevarices composée, entre autres choses, d’aristocrates sociopathes prêtes à tout et au reste et d de prêtres intolérants qui prêche la parole de Dieu mais qui semble m’avoir jamais compris un traître mot de la parole de Jésus Christ portée par les Évangiles.
D’ailleurs en passant, un petit coup de gueule contre les auteurs modernes qui sont encore complètement dupes des Images d’Epinal des gentils chrétiens tolérants et libéraux martyrisés par les méchants païens intolérants et totalitaires. Le Bas Empire Romain fut marqué par une multitude de violents pogroms antipaïens, assortis de l’appareil la législation répressive qui va bien avec… Et ce n’est pas la Bibliothèque d’Alexandrie, le Sanctuaire d’Olympie, ou les philosophes athéniens réfugiés à la cour des shahanshah iranien qui vont me contredire)

C’est un roman fantastique voire fantasy :
Faunes, harpies, ondines, cthoniens, Culsans, Janus étrusque, Nodens, syncrétisme celte de Neptune et Pluton, mystérieux et inquiétant sorcier égyptien, prêtres intolérants qui peuvent aller jusqu’à organiser un nouveau procès de Salem, livres interdits semblant doué de vie, portail entre les dimensions, barrières entre les mondes qui s’affaiblissent…
Au départ je me suis persuadé qu’Estelle Faye faisait des clins d’œil au maître de Providence en faisant du fantastique lovecraftien Young Adult (y compris dans une très jolie prose sensorielle qui nous gratifie de belles des très immersives). Je m’attendais presque à voir débouler à un moment les adorateurs de Shug Niggurath, Nyalarthotep et autres Azathoth… ^^
La question se posait en effet, puisque qu’H.-P. Lovecraft en son temps n’avait pas hésité en moult occasion à faire des cultes païens antiques les paravents du culte de ses Grands Anciens.
Mais comme je commence à bien connaître la très sympathique auteure française que je suis depuis ses débuts, je me dis qu’on peut aussi y voir un univers à la Hayao Miyazaki : l’affrontement entre l’ancien et le nouveau, entre le monde de la nature et le monde des hommes, des divinités finalement assez proche du shintoïsme (ni bonnes ni mauvaises, mais gardiennes et garantes d’un équilibre associé au Bien Suprême, les êtres humains étant récompensés ou châtiés en fonction de leurs efforts pour le sauvegarder).
Je note également que la scène de l’invasion de la ferme abandonnée par les chtoniens ressemblent étrangement à l’invasion de la ferme abandonnée par les sombres sentes dans "Cœur de Phénix" de Mathieu Gaborit… Estelle se rappelle donc au bon souvenir de son mentor fantasy ! ^^

C’est un roman Young Adult :
On suit les aventures de héros adolescents (Thya la patricienne romaine et Enoch le barbare métisse) qui affronte des méchants, adolescent eux aussi (le fourbe Aedon le Namitius l’indolent). Les adultes surtout là pour jouer le rôle de protecteur (Metttius) ou de mentor (le Diseur des Monts). Encore que, il y avait quelque chose de très intéressant dans le lourd secret de Mettius et son sentiment de culpabilité :

C’est un très bon roman pour adolescents, mais comme je ne vais pas partie du public visé, je n’ai pas vu vibrer autant que je l’avais espéré : vous pouvez sans doute rajouter 1 voire 2 étoiles si vous avez des atomes crochus avec la littérature Young Adult. Pour autant, je me suis quand même vraiment pris au jeu, surtout quand les héros passait par chez moi ! (avec la vallée de la Garonne, le Plateau de Langres et les monts vosgiens, ce roman prend parfois des allures de littérature régionale ^^!) De la même manière l’incontournable romance adolescente (je dois bien l’avouer, ce n’est vraiment pas mon truc) est assez bien amenée et assez bien développée,
Reste que comme souvent avec l’auteur, il y a encore des hiatus dans la narration : au bout de 300 pages le Faune est toujours en chasse-patate, et on ne sait pas vraiment quel est la mission de Thya, ou quelles sont les motivations des forces en présence… Du coup, passé un cap je ne savais plus trop qui voulait quoi et finalement pourquoi tout monde voulait/devait rejoindre Brog…

Mais ce coup-ci Estelle Faye s’est lancée dans une trilogie, et devrait éclaircir tout cela dans les suites ! ^^
Et je note que de livre en livre ceux-ci arrivent de plus ne plus tard le récit. Donc l’auteure continue de progresser dans sa voie, et c’est très bien ainsi…


C’est la première fois que j’ai entre les mains un poulain des éditons Scrineo et il faut dire que c’est du bel ouvrage : magnifique illustration d’Aurélien Police, couverture solide, papier épais, mise en page claire et aérée… et le tout 100% « made in France » s’il vous plait. (N’en déplaisent à ceux qui viennent cracher leur venin sur les « parvenus » qui ne font pas comme tout le monde en ne rognant pas sur la qualité du livre objet… Oui je te vois Olivier Girard…). Bref rendez-vous pour le tome 2, que le lirai avec grand plaisir !
Et si des professeurs documentalistes passent par cette chronique, je ne saurais trop leur conseiller de jeter un coup d’œil au catalogue des éditions Scrineo pour renouveler leur fond SFFF à destination des adolescents. blink
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C'est lors des dernières Imaginales en mai dernier que je me suis offert ce premier tome, finalement davantage convaincue par la magnifique couverture signée Aurélien Police et par les interventions d'Estelle Faye en conférences que par les chroniques positives dont j'avais pu avoir vent auparavant.
Heureuse de l'avoir dans ma bibliothèque, je ne savais malgré tout pas quand j'aurais le temps de l'en sortir ; mais vous avez décidé pour moi puisque vous avez choisi ce premier tome (entre autres) lors du deuxième épisode du challenge Wild PAL… et je ne peux que vous en remercier !
Thya a été une lecture extraordinaire et si addictive que j'en ai oublié mon quotidien… ce qui ne m'était pas arrivé depuis très très très longtemps. Alors un immense merci à Estelle Faye pour ces quelques heures de voyage dans le temps ! Il me tarde maintenant d'acheter et de lire la suite !

Ce voyage dans la Gaule du Ve siècle après Jésus Christ a été une parfaite réussite pour moi. Estelle Faye s'est documentée sur l'époque et ses us et coutumes ; résultat : on s'y croit. Décors urbains, tenues des personnages, l'auteure sait nous mettre dans l'ambiance, à commencer par l'utilisation d'un vocabulaire spécifique dans les descriptions.
N'ayez crainte, si le fond est riche d'images fortes, vous ne serez pas noyés sous un cours magistral d'archéologie antique. Et c'est là le talent d'Estelle Faye, nous apporter tout juste assez d'éléments pour constituer un récit documenté grâce auquel on apprend des choses, mais avec subtilité, sans qu'on s'en rende compte, sans utiliser un style pompeux ou ennuyeux. Les jeunes lecteurs pourront ainsi se plonger dans cette histoire sans difficultés majeures (même s'ils ne comprendront peut-être pas tous les mots) et les adultes friands d'antiquité ne seront pas lésés.
Si le voyage a si bien fonctionné pour moi c'est évidemment parce que j'ai, à la base, une certaine sensibilité pour le thème mais aussi et surtout parce que ma lecture a été accompagnée d'autres médias enrichissants. J'avais en tête les magnifiques tableaux de Lawrence Alma Tadema (j'avais justement emprunté une nouveauté le concernant à la bibliothèque où je travaille) et dans les oreilles, les albums du groupe Daemonia Nymphe (les membres – grecs – ont reconstitué quelques instruments antiques grâce aux textes et illustrations de l'époque et se sont inspirés de partitions pour recréer leur musique). C'est donc toute une ambiance, tout un cocon qui m'a entourée pendant ma découverte… elle ne pouvait qu'être réussie !

Outre l'aspect historique très bien mené (à mon goût, mais je ne suis pas archéologue/historienne et ne suis donc pas une spécialiste), c'est aussi et surtout l'aspect « fantastique » qui m'a séduite. Alors que le Christianisme montait en puissance dans l'empire romain et la Gaule du Ve siècle après Jésus Christ, les anciennes traditions et les dieux païens étaient interdits. Ceux qui honoraient les anciens dieux et qui possédaient ne serait-ce qu'une once de « pouvoir » étaient persécutés (la chasse aux oracles/devineresses/sorcières était lancée). Estelle Faye n'a pas oublié d'intégrer ces éléments à son histoire – bien au contraire, puisque l'héroïne est elle-même oracle – et elle a su les insérer avec brio. le surnaturel apparaît soudainement sous la forme d'un faune, d'une ondine, d'un dieu… et le tout avec naturel.
La mythologie (et donc tout ce qui s'y rattache) faisait partie du quotidien de nos ancêtres, les visions prémonitoires et les visites de créatures non-humaines étaient normales et leur permettaient de faire des choix, d'avancer. L'auteure l'avait bien en tête au moment de la rédaction de son récit et le lecteur peut ainsi s'immerger totalement dans cette ambiance « antique » (ce que j'ai également vécu lors de ma lecture de Même pas mort de Jean-Philippe Jaworski, que je ne peux que vous conseiller !).

Vous allez me dire, le contexte et l'ambiance, c'est bien beau, mais ça ne fait pas tout. Pour ma part, je me rends compte que c'est ce qui fait qu'une lecture va me marquer ou non. Bien sûr, l'intrigue et les personnages doivent eux aussi me plaire, mais un livre s'élèvera plus facilement au rang de coup de coeur s'il parvient à m'emporter de A à Z… et ça passe beaucoup par l'atmosphère générale.
Bref, rassurez-vous à nouveau, intrigue et personnages sont eux aussi très réussis. La jeune Thya va partir sur les chemins de la Gaule pour rejoindre la ville de Brog qu'elle a vue dans une vision. Très vite elle va faire la connaissance de deux (trois) personnages qui vont la guider et l'épauler au fil des épreuves. C'est une quête bourrée de rencontres, de révélations, de secrets, de rebondissements et d'actions. Les dangers sont bel et bien présents et prennent plusieurs formes, à commencer par le visage du frère aîné de l'héroïne, Aedon. On ne s'ennuie pas une seule seconde au coeur de ces pages et les dernières lignes laissent présager que tout ne fait que commencer !

Quant aux personnages, que l'on découvre à travers un point de vue omniscient, eux aussi valent le détour. Thya est évidemment la principale, celle que l'on va côtoyer en priorité. C'est une jeune fille de 16 ans déterminée, forte et réfléchie… la plupart du temps. Malgré tout, elle n'est pas sur-humaine (si on ne prend pas en compte son statut d'oracle) et fait des erreurs, comme n'importe quelle jeune personne de son âge. J'ai trouvé qu'Estelle Faye a bien dosé sa personnalité, faisant d'elle une jeune fille crédible. Elle paraît peut-être un peu trop responsable pour ses 16 années, mais 16 ans au Ve siècle n'ont a priori rien à voir avec les 16 ans de 2015. J'ai aimé la suivre dans sa quête de réponses et j'ai eu beaucoup d'empathie pour elle. Elle m'a plu, tout simplement.
Enoch, le deuxième personnage principal, est un jeune homme de quelques années son aîné. Maquilleur professionnel, il gagne sa vie en conseillant les jeunes femmes riches sur les meilleurs produits à utiliser et les plus belles perruques à porter. Son art de la dissimulation et sa débrouillardise seront bien utiles sur le chemin. J'ai aimé les doutes et l'indécision qu'il porte en lui. A moitié barbare (par sa mère qui était une prêtresse), il ne rêve que d'accéder à la citoyenneté romaine et pour cela, il serait prêt à tout… C'est un peu le bad-boy séducteur de l'époque… mais là encore, Estelle Faye sait doser et ne tombe pas dans l'accès. de ce fait, il m'a plu également et l'association des deux personnalités (Thya-Enoch) fonctionne très bien à mon avis.

J'arrête là cet avis déjà bien longuet en vous conseillant absolument la lecture de ce premier tome. J'ai tellement peu de coups de coeur dans ma vie de lectrice que lorsque j'en ai un, cela devrait suffire à convaincre tout le monde ! Lisez La Voie des Oracles et moi, je vais sans tarder me procurer le tome 2 et les autres livres d'Estelle Faye
Lien : http://bazardelalitterature...
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J'avais adoré Un Éclat de Givre, et le style si particulier d'Estelle Faye. J'étais du coup assez curieuse de découvrir ce roman young adult de l'auteur, qui semble décidément aimer changer de décor à chaque livre.

Ici, nous sommes au Vème siècle après Jésus-Christ. L'Empire Romain devient peu à peu chrétien, et les anciennes religions passent pour de la sorcellerie. C'est dans ce contexte que nous découvrons Thya, fille d'un général romain, qui possède des dons d'Oracle. Après une tentative d'assassinat sur son père qui le laisse entre la vie et la mort, Thya va essayer de le sauver en entreprenant un dangereux voyage vers Brog, où son père a remporté sa plus grande victoire.

Je crois que c'est une règle avec Estelle Faye, mais l'univers est à nouveau magnifique, détaillé et réaliste. C'est un vrai plaisir de suivre nos protagonistes évoluer dans ce monde en mutation, entre Antiquité et Moyen-Âge. On sent que l'auteur s'est bien documentée pour nous décrire au plus juste cette période de transition, si intéressante en elle-même que l'inclusion des créatures fantastiques était à peine nécessaire.

Cependant, leur présence est très bien emmenée, très naturelle, et l'on découvre avec plaisir ces faunes, dryades et autres dieux antiques qui participent activement à l'histoire sans pour autant devenir un ressort scénaristique trop facile.

Car oui, malgré la présence du surnaturel, ce roman est principalement centré sur ses personnages humains, qui sont dans l'ensemble assez bien travaillés et atypiques pour un roman young adult. On n'échappe bien sûr pas à l'héroïne adolescente, mais elle est écrite de manière subtile, loin des clichés, et est au final très attachante. Mais le personnage qui sort vraiment du lot, c'est Enoch. Si il semble au début être le "bad boy" et intérêt romantique typique de ce genre d'histoire, il se révèle beaucoup plus profond que ça, et apporte beaucoup à l'intrigue de par son métier.

Malgré tout, je n'ai pas été entièrement conquise par ce roman, à mon grand regret. Si l'on prend plaisir à déambuler dans ce monde, l'intrigue est un poil trop évidente, et mis à part quelques détours, on arrive plus ou moins à en deviner les grandes lignes. du coup, on n'a pas vraiment peur pour les personnages, et quand la mort frappe, ce n'est ni un choc, ni une surprise. Heureusement, ce tome n'étant que le premier d'une trilogie, j'ai bon espoir que cela s'arrange dans la suite, étant donné que la fin du livre nous donne peu d'indications sur la suite des événements.

Bref, cette lecture aura été sympathique, et je suis à nouveau en admiration devant les descriptions d'Estelle Faye, mais je n'ai pas tout à fait retrouvé la poésie que j'avais tant aimé dans Un Éclat de Givre. de plus, si l'édition en elle-même est de qualité, et la couverture absolument magnifique, je regrette d'avoir trouvé quelques fautes de français (dénoter au lieu de détonner, censé au lieu de sensé) qui m'ont fait sortir du livre à plusieurs reprises. Cependant, je lirai bien évidemment la suite que j'attends avec impatience, et j'ai bien l'intention de lire les autres livres de l'auteur.

Challenge Variétés 2015
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Ça faisait un moment que la trilogie La Voie des Oracles me faisait de l'oeil ; un peu de magie et de mythologie dans la Basse Antiquité, je ne pouvais qu'être ferré. Sa dimension d'oeuvre jeunesse m'a décidé à commencer en cette fin d'année, vu que je n'ai vraiment pas envie de me prendre la tête.

Absence de prise de tête parfaitement réussie. J'ai lu le tome 1 ‒ Thya ‒ goulument, avec un plaisir de gamin. Les personnages principaux sont bien caractérisés et attachants, soumis à des chagrins et des conflits intérieurs mais n'en oublient pas le sens de l'humour. Comme souvent, les « méchants » sont construits d'un seul bloc de malignité qu'on a envie de démolir au marteau-piqueur.
Estelle Faye semble bien douée pour les décors. Sa peinture de la Gaule du début du Vème siècle est toute en contraste. J'ai beaucoup apprécié de sentir une Aquitaine toujours très gallo-romaine – où pourtant les voies romaines se délabrent – opposée à une région vosgienne où l'Empire sent clairement le sapin. L'atmosphère de déclin est prégnante, très bien rendue, de même que la nostalgie du glorieux passé.
La magie et la mythologie sont présentes mais pas envahissantes. Les créatures de l'Ancien Monde qui aident Thya apportent une note de merveilleux agréable. On les sent aux abois, menacées d'extinction par une Chrétienté qui – sortie de la clandestinité et oublieuse de ses martyrs, conquérante religieuse de l'Empire Romain – se révèle plus impitoyable que ses anciens tortionnaires. Je ne suis cependant pas convaincu que l'introduction des forces chtoniennes soit vraiment nécessaire à l'aspect dramatique de l'histoire. de mon avis on pouvait s'en passer et se limiter à un danger purement humain.

Plusieurs choses m'ont malgré tout gêné du point de vue scénaristique. L'auteur écrit des scènes improbables SPOIL ou passe à côté de réactions qui me semblent aller de soi SPOIL . Les grandes explications de la fin manquent de robustesse, de même que les dernières péripéties quelque peu capilotractées auxquelles j'ai eu du mal à croire.

Mais les points négatifs ne parviennent pas à me défaire de ce sentiment de satisfaction que j'éprouve au souvenir récent de cette lecture. Je ne tarderai pas trop à lire la suite.
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J'avais entendu tellement de bien d'Estelle FAYE que je me suis lancée dans son roman Young Adult La voie des oracles et qui a reçu récemment le Prix Jeunesse Elbakin 2015.

Ce livre conte les mésaventures de Thya jeune patricienne de quinze ans, au Vème siècle après J.-C. Cette dernière doit fuir sa maison d'Aquitania (Aquitaine), après la tentative de meurtre de son père Gnaeus Sertor, fomenté par son propre fils Aedon. En cours de route, elle croise Enoch, jeune maquilleur et Mettius, ancien soldat de son père qui l'accompagnent jusqu'à Brog, au coeur du Monte Vesugo (Massif des Vosges). Elle possède également des dons d'oracle et bénéficie de la protection des anciennes divinités païennes.

Difficile pour moi de ne pas penser à la trilogie d'Azilis de Valérie GUINOT, lu il y a une dizaine d'années. En effet, le postulat de départ est le même : Azilis et Thya ont sensiblement le même âge, toutes deux patriciennes, possèdent un don occulte, doivent fuir leur maison, pourchassées par leur frère respectif et rencontrent en chemin un jeune homme qui va les aider (un barde pour Azilis et un maquilleur pour Thya). Si la première s'échappe en Britania (Angleterre actuelle), la seconde trouve temporairement refuge au Monte Vesugo où son père, général romain, a triomphé des Vandales, vingt ans auparavant. Certes, la comparaison s'arrête avec la destination divergente des deux jeunes filles. Mais, dès le départ, la sensation de déjà-vu m'a, je dois le dire, handicapé et empêché de m'immerger complètement dans le roman.

Ensuite, les reproches que j'aurais à faire se situeraient au niveau scénaristique : en effet, je n'ai pas vraiment compris où l'auteur voulait en venir avec la prophétie sur l'oracle, ni en quoi le fait de partir à Brog, pour Thya, pourrait sauver son père. Néanmoins, il est possible que cela nous soit révélé dans le second tome. Estelle FAYE utilise aussi des raccourcis qui me semblent un peu faciles pour ses rebondissements : en effet, au moment où nos héros se retrouvent coincés, un dieu païen ressemblant à Janus, sorti d'on ne sait où, les catapultent d'un coup d'Aquitaine à Paris…

Enfin, quelques inexactitudes historiques m'ont un peu gêné. Certains vont me dire que je chipote sachant qu'il ne s'agit pas d'un roman historique mais d'un livre fantastique jeunesse. Je suis tout à fait d'accord : je pense que c'est la raison pour laquelle l'auteur n'a pas traduit, au moyen d'une note de bas de page, les nombreux toponymes latins comme Burdigala (Bordeaux), Varatedo (Vayres) ou Andemantunnum (Langres). C'est une manière d'immerger complètement son lecteur dans son univers et apparenter ce dernier à de la Fantasy. Il est probable aussi que l'auteur a fait plusieurs recherches aussi sur l'Empire Romain tardif, cela se ressent. Néanmoins, j'ai relevé quelques petites inexactitudes comme l'emploi du lisses au lieu du limes (frontière), le proconsul qui habite une insula (immeuble) au lieu d'une villa (maison) ou le traitement trop médiéval, voire moderne de la sorcellerie. Effectivement, la condamnation au bûcher a existé dès l'Antiquité mais pas systématisé pour lutter contre la sorcellerie.

J'ai tout à fait conscience que ma note 3/5 est un peu sévère. En effet, je ne fais pas partie du lectorat visé : il est plus que probable que si j'avais lu ce roman à vingt ans, j'aurais beaucoup plus apprécié. J'ai trouvé l'histoire un peu trop gentillette, à l'image de la Maîtresse de guerre de Gabriel KATZ. Néanmoins, le style d'écriture de l'auteur est très intéressant et maîtrisé. Hormis les quelques écueils scénaristiques cités plus haut, l'histoire possède son propre rythme et m'a donné envie de poursuivre avec le second tome.
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critiques presse (2)
HistoiresSansFin
10 février 2015
Premier tome bien ficelé, mais de facture somme toute classique, La Voix des Oracles – Thya vous plongera dans un monde antique où la magie prend vie pour votre plus grand bonheur. Aventure, Histoire et secret vieux de vingt ans sont au programme de ce roman des plus prometteurs.
Lire la critique sur le site : HistoiresSansFin
Elbakin.net
04 novembre 2014
[...] le roman bénéficie donc d’emblée du choix de ce cadre atypique et ambitieux, car il faut ensuite s’y tenir sans en faire trop pour autant et en évitant donc de tomber dans la leçon d’histoire. On en est loin ici, pour le meilleur. C’est avant tout l’intrigue et certaines de ses perspectives seulement en partie soulevées pour le moment qui retient notre attention de bout en bout.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
Un printemps précoce recouvrait de vert tendre les forêts de Gaule. En ce début du cinquième siècle après Jésus-Christ, la vie, l’espoir semblaient renaître, après quelques années difficiles qui avaient ébranlé Rome. Après des décennies d’invasion, les Huns avaient été repoussés jusqu’au-delà des lisses, les postes avancés qui marquaient les frontières de l’Empire. Le faune avait vu, enfin, les soldats quitter sa forêt, retourner dans leurs garnisons. Cependant, pour lui, la paix n’apportait ni soulagement, ni repos.
Car son monde à lui continuait de mourir. L’ancienne religion s’éteignait lentement. Les dieux païens, ses dieux, avaient été mis au ban de l’Empire. A Rome même, depuis près d’un siècle, les empereurs étaient chrétiens. Le faune se souvenait avec nostalgie des temps anciens, où des prêtres-loups les priaient en grand pompe, lui et ses semblables, à chaque fin d’hiver. Depuis, il avait vu les sylvains, les naïades, les centaures… tout son peuple surnaturel reculer au fond des forêts, dans les recoins obscurs des cavernes et des combes. Ils avaient laissé les chrétiens prendre le pas sur eux, pénétrer dans les clairières interdites, piétiner les cercles des fées, arracher les arbres et briser les branches des buissons… Des moines en haillons répandaient la nouvelle foi dans tout l’Empire, prônaient un monde sans magie, en prêchant sous les yeux de bronze des statues de Cybèle et Diane.
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De derrière un orme, le Faune les observait, les oreilles aux aguets. Le semi-barbare lui hérissait le poil. Et puis il n'aimait pas la puanteur que le jeune homme portait partout avec lui, puanteur de ville et musc d'animaux morts. Certes, il ne croyait pas que Thya soit en danger près de lui. La jeune fille avait de quoi se défendre. Mais le coureur des bois éprouvait pour le nouvel ami de sa protégée une aversion instinctive, celle de l'Ancien Monde pour le nouveau, de la Nature pour le civilisé.
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Un bac partait des faubourgs pour rejoindre la cité sur l’île. Thya, Mettius et Enoch embarquèrent à son bord. […] Ils apprirent aussi que le fleuve qu’ils traversaient avait pour nom Sequana. La ville, elle, s’était appelée Lutèce, dans les âges anciens de l’Empire. Aujourd’hui, elle avait changé de nom pour Paris. Elle avait acquis une vague célébrité auprès de quelques consuls des Gaules, pour son climat clément, surtout. […] Enoch ne put s’empêcher de jeter des regards dépités alentour. Lui qui avait rêvé de Lugdunum, de la capitale des Gaules… Voilà qu’il se retrouvait dans une petite urbs de province, sans passé et sûrement sans grand avenir.
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- La mère d’Enoch, la sœur de Garimund, était une prêtresse Node. Certains, dans son peuple, prétendaient qu’elle possédait de grands pouvoirs, ceux que lui procurait Nodens, leur dieu. Qu’elle pouvait invoquer la brume et la foudre. C’était une maîtresse femme, elle accompagnait même les guerriers au combat. Elle les soutenait jusqu’au cœur des batailles. Mais après la victoire de Brog, elle a été rejetée par son peuple.
- Pourquoi ? demanda Thya. Parce qu’elle a épousé un Romain ? Pourtant, les Romains et les barbares se mélangent de plus ne plus dans l’Empire !
- Je te rejoins là-dessus, ma belle ! s’exclama Mettius. Et je m’entends bien mieux avec un barbare comme Garimund, qui a combattu à mes côtés, qu’avec un jeune patricien sans courage…
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La pluie tombait dru sur Andemantunnum, la capitale du nord de la Gaule, la seule rivale de Lugdunum, et la plus puissante cité du Plateau des Ligons. Elevée sur une colline escarpée, dominant l’étendue grise du Plateau, la ville avait déjà repoussé plusieurs invasions barbares. C’était au pied de ces murailles que l’Empereur Constance avait vaincu les Alamans, un siècle plus tôt. Aujourd’hui l’averse lavait à grande eau les remparts de pierre calcaire. Le mauvais temps vidait les rues. Seuls quelques esclaves transis traversaient en courant le cardo, l’axe nord-sud qui partageait en deux la ville, et se confondait ici, avec la Voie Romaine qui menait à Treveris.
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Réécrire l'Histoire et les histoires, se réapproprier le corps du texte. Si le langage forme notre façon de penser, les légendes et mythes fondateurs façonnent notre perception du monde. Et si nous avons les mythes en commun, c'est bien pour les questionner, les interpréter et faire un lieu où l'imaginaire peut influencer le réel.
Animé par Willy Richert.
Avec les auteur·rice·s Estelle Faye (La Dernière Amazone, Rageot), Murielle Szac (L'Odyssée des femmes, L'Iconoclaste et L'Odyssée d'Homère, RMN), Stéphane Bientz (Le Goût du sel, Espaces 34) et Nicolas Jaillet (Frater, In8).
Avec la participation de Faustine Aynié-Yvinec et des élèves de 3eA du collège Valmy - Paris (75). Un grand merci à Eva Mouillaud, professeure.
Et la voix de Cécile Ribault Caillol pour Kibookin.fr
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