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EAN : 9782020395113
178 pages
Seuil (04/09/2001)
3.73/5   15 notes
Résumé :

Ethnologue et fin connaisseur des mythes, un homme part se reposer dans une petite pension, au coeur d'une forêt. Il y croise un randonneur qui lui relate d'étranges et terrifiantes rencontres. Très vite, l'antique forêt produit sur le cerveau du narrateur son envoûtant travail : mythe et réalité se confondent. La puissante nature, la mémoire des temps anciens, une série de faits troublants et l'image obsession... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
A l'orée de la forêt des Trois-Frontières, je respire ses parfums, je l'observe longuement de la terrasse, de cette pension reculée où je me repose une choppe de bière à la main. Loin du brouhaha de la oktoberfest, j'apprécie son calme, ses légendes, ses couleurs. Dans un lieu proche de la fantasmagorie, un roman d'Hermann Hesse en poche ou dans la tête, je m'y enfonce avec l'envie, presque obsessionnelle de découvrir le mystère des Trois Frontières, envoûté par le visible et l'invisible.

Le pack de bières dans le sac-à-dos, je m'engouffre au coeur de ces trois frontières, presque imaginaires au fin fond de l'Allemagne. Chaque matin quittant mon sanatorium de luxure ou de solitude, je divague dans la poésie de ces lieux. A la recherche de… la vie… l'arbre… la femme… le sourire d'une vie. Et chaque jour je m'enfonce un peu plus, une musique intérieure qui m'attire comme un concert à Köln au tréfonds de la forêt ou de mon âme.

Et plus je m'enfonce au coeur de la forêt, plus j'ai l'impression de m'enfoncer au coeur de la folie. Une femme perdue et je sombre dans la bière, dans les méandres des hêtres, j'erre dans un labyrinthe de mal-être sous le regard de plus en plus sombre de la lune, la nuit froide et humide se distille dans mes pensées obscures, me promenant jusqu'aux trois frontières, éviter le précipice et les falaises. J'ai envie d'une Paulaner, j'ai envie d'un Gewurtzraminer, j'ai envie d'un Jagermeister, et ainsi je découvrirais peut-être le mystère des trois frontières...
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Ce petit livre m'est très cher. Et il est excellent. Je n'avais jamais lu cet auteur que je ne connaissais pas. le mystère des Trois Frontières est un très court roman de 112 pages. Arrivé par cette bonne vieille poste ce cadeau d'un vieil ami qu'il est convenu d'appeler virtuel m'a beaucoup plu. Cet ami, qui voudrait nous faire croire qu'il porte des gros sabots dans la rude plaine des livres et des musiques alors que la culture japonaise lui est devenue familière, pas mal l'Amérique du Sud aussi, me connait fort bien et, m'envoyant dans une forêt germanique non clairement identifiée, se doutait que je m'y sentirais à l'aise bien que ces confins des Trois Frontières soient un peu effrayants.

Logique, une frontière c'est relativement net. Relativement. Trois pays ça démultiplie les embrouilles et les inquiétudes. C'est bien le cas dans cette histoire où le narrateur, ethnologue, s'installe dans une peite pension au coeur de la forêt, et tente de se remettre d'une rupture amoureuse. Un randonneur lui raconte des choses curieuses. Moi, il m'a semblé que cette forêt, on aurait pu y croiser, dans une ambiance Richard Wagner/ Fritz Lang, Siegfried se baignant à la source à défaut du sang du dragon. le promeneur, lui, y a vu une ou des créatures, peut-être en armes. Une milice?

Constammment à la lisière de fantastique ce récit impressionne par ce climat, cette ambiance romantique, un peu nietzchéenne, ces lieux-dits à consonnance germanique toujours un peu inquiétante dans ce contexte, Opferstein, Krähenberg. On frissonne. La tempête continentale est aussi, et surtout,dans le cerveau du convalescent. Mythe et réalité voyagent ensemble sur les chemins forestiers comme dans ses neurones. Ce récit s'accommode parfaitement de la brièveté. Plus une assez longue nouvelle qu'un court roman, peu importe le nom qu'on lui donne.

Huit textes courts à tendance myhtologique complètent le livre d'Eric Faye, un peu inégaux. J'ai aimé l'humour potache d'Un dîner chez les Zeus et le parfum buzzatien qui entoure le jour de la fin du monde.

Merci ami virtuel. Qu'il soit rassuré. J'ai bien obéi aux consignes, lu avec beaucoup d'appétit le mystère des trois frontières, une jolie chope de bière m'accompagnait. Vous le reconnaitrez facilement. Mais je n'ai pas sa compétence en zythologie. 🍻
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Publié à l'origine par l'éditeur le Serpent à plumes, ce recueil de nouvelles date de 1998. Les mythes antiques en sont le fil conducteur. La première nouvelle, qui donne son titre au livre, fait référence tout autant au romantisme allemand qu'aux récits d'errance dans les forêts d'Europe ou aux mythologies nordiques. le narrateur est plongé dans les massifs d'un territoire aux confins de trois frontières, issu d'une géographie imaginaire, entre l'Allemagne et la Tchécoslovaquie. Il lutte pour s'extraire d'une dépression liée à la disparition de la femme de sa vie, Andonia, et trouve refuge dans l'immense forêt et la montagne. La rencontre d'un mystérieux randonneur devenu fou suite à la confrontation terrifiante avec une créature surnaturelle de la forêt, sera à l'origine d'une sombre fascination pour ce territoire et d'interrogations lancinantes sur l'existence de peuplades ancestrales survivant cachées. Ce récit demeure sur le fil entre fantastique et folie des personnages. L'atmosphère intemporelle participe à cette étrangeté ainsi que la présence extrêmement forte de la nature. La nouvelle évoque également Julien Gracq. D'autres nouvelles au ton plus léger, voire humoristique, se rattachent à la veine du fantastique scientifique, évoquent la fin des dieux, les liens entre la religion et le pouvoir, ou la fin du monde, ultime texte du recueil. Ce dernier est très réussi dans l'association incongrue d'un évènement tragique et du bon sens prosaïque et quotidien d'une humanité qui souhaite tout laisser "en ordre".
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L'ethnologie et la randonnée forestière au contact du mythe dans toute son inquiétante puissance.

Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2016/06/13/note-de-lecture-le-mystere-des-trois-frontieres-eric-faye/

Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Près d'un an s'est écoulé depuis la disparition d'Andonia. Un soir, vous rentrez de l'institut, et il n'y a personne chez vous. (...) Vous découvrez alors que vivre au quotidien ressemble à la traversée d'un glacier: un pas de côté, et c'est la crevasse. C'est seul, désormais, que vous enjambez les séracs de l'existence. Discutant, cherchant à comprendre avec son entourage, vous découvrez dans l'existence de votre compagne des trous noirs, des zones interdites. Peut-être avez-vous vécu avec une inconnue, qu'importe : elle n'est plus là. Quels démons l'ont attirée dans quelle oubliette ? Vous l'ignorez. Vous ne le saurez jamais. Quand la disparition est volontaire, vous répétez-vous, elle est la forme d'opposition la plus intransigeante et la plus éloquente. S'abstraire, sans suicide! Un suicide vise à attirer l'attention ; la disparition est une forme aggravée de l'indifférence au monde.
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Attentats en gros plan, réductions budgétaires, plans asociaux qui tranchent des vies. Et partout la peur, de la peur à flots. Au lieu de catapulter des sondes sur Mars pour savoir s'il y a une vie là-bas, les hommes feraient mieux d'en envoyer sur Terre pour déterminer s'il reste des traces de poésie. Ah ! Je l'imagine. De son bras télécommandé, elle prélèverait des roches, des lichens, des humains et des villes, des autoroutes et des chars, des rampes de missiles et des cours de la Bourse, les analyserait, les observerait d'un air dépité. Au petit matin, à midi, le soir. Elle analyserait l'atmosphère qu'osent encore respirer les hommes. Quels éléments subtils sont indispensables pour assurer l'existence de la poésie, vie à l'intérieur de la vie ?
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Dormir la vie, pour ne pas la vivre. Se lever tard, pour que rien ne soit ébauché jusqu'à l'heure de se coucher très tôt, et pendant les maigres heures d'inactivité diurne, se réfugier dans la pénombre car la lumière agresse : voici l'état dans lequel, en juin, je m'étais présenté à la pension. Pourquoi, dans les calmes équatoriaux de la quarantaine, échoue-t-on un jour de la belle saison dans une pension à l'écart de tout, où rien , à priori, ne doit se passer ? Mieux vaudrait, pour retrouver le goût de la vie, réserver une chambre dans une auberge au bord de l'abîme, dont la falaise nuit de pluie après nuit de pluie menace de s'effondrer.
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Le récit que me fit le randonneur, je le répète, avait de quoi édifier tout ethnologue, tout fin connaisseur des mythes. Ce qu’il avait à dire eut la faculté de réveiller en moi ce que la dépression, encore qu’en période d’incubation, avait considérablement entamé ces derniers mois : la curiosité. Les éclats de voix de la veille, sur la terrasse, avaient si bien réussi à la piquer que j’avais trouvé, ce matin, le ressort d’engager la conversation la plus banale qui fût, sur le climat, pour la faire dériver, vite, par allusions, puis directement, vers l’objet de cette curiosité renaissante. Souvent, et notamment au début de ma carrière, j’avais eu affaire, magnétophone en main, à des phénomènes d’apparitions d’animaux extraordinaires. Dans telle contrée, un loup, ou quelque bête présumée telle, avait décimé un troupeau, semé la peur pendant des jours. Ailleurs, on croyait avoir vu un tigre ou un léopard, ou un jaguar, ou une panthère, à moins que ce ne fût une descente de lit emportée par une bourrasque ; et plus loin, que n’avait-on pas aperçu ? Des témoignages de ce type, j’en avais recueilli des dizaines. Je les traitais avec flegme, m’attachant davantage aux consciences humaines et aux scénarios qu’elles échafaudaient qu’aux bêtes elles-mêmes, que je laissais courir jusqu’à ce qu’elles s’essoufflent. De nombreuses lectures, couronnant mes enquêtes sur le terrain, m’avaient convaincu que chaque grande région d’Europe – puisque ces études étaient confinées à notre continent – s’était « spécialisée » dans un type d’apparition : fauves dans les îles britanniques, loups en France, etc., comme si la mémoire collective, à sa façon, voulait perpétuer les blasons des royaumes disparus. Je m’étais plus particulièrement penché sur le rôle du loup et sur sa récurrence dans les plus vieilles légendes de notre monde, de la louve romaine à Skœll et Hatti de l’Edda islandaise. Mais ce dont le randonneur avait été témoin allait bien au-delà de quelque vision de loup errant, de lynx changé en tigre ! Ce dont il avait été témoin était, selon ses dires, beaucoup plus terrible que Skœll et Hatti réunis…
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J'étais seul sous de grands arbres, et m'assis. Des hêtres sans fin (ceux-là atteignaient les quarante, cinquante mètres de haut, ou plus encore ? Rarement j'en avais vu d'aussi grands) me regardaient ; de là-haut, du dernier étage de leur feuillage, une nuit boréale, une de ces nuits de juin bleu pétrole gouttait. Par de petites trouées tombaient des bris de clarté lunaire. Les troncs tanguaient dans le vent, crissant comme les mâts d'un vieux brick. Et parce que le balancement des branches était très lent, on aurait dit qu'un chef d'orchestre, là-haut, dirigeait un mouvement funèbre.
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Vidéo de Éric Faye
Le romancier et essayiste Eric Faye sera au Belvédère du Rayon Vert de Cerbère du 11 septembre au 9 octobre, pour une « résidence duelle transfrontalière ». Organisées par les Rencontres cinématographiques internationales Cerbère-Collioure, ces résidences interrogent la notion de frontière en invitant concomitamment deux écrivains ou écrivaines, l'un(e) de langue française à Cerbère et l'autre de langue espagnole ou catalane à Portbou – Yolanda Gonzalez cette année.
Crédit de la vidéo : « Rencontres cinématographiques de Cerbère-Collioure ».
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