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Critique de Oliv


Oliv
26 décembre 2019
Jusqu'à présent, j'avais une image réductrice des éditions Bamboo : pour moi, leur catalogue se limitait à des séries comiques telles que "Les Profs", "Les Rugbymen", "Les Gendarmes", etc., dont on dira simplement qu'elles ne sont pas ma tasse de thé... Mais je découvre avec grand intérêt leur collection "Grand Angle", réservée à des BD d'un autre niveau. Parmi celles-ci, "Jusqu'au dernier", scénarisée par Jérôme Félix et dessinée par Paul Gastine, me faisait de l'oeil depuis sa sortie il y a deux mois. Merci à Babelio et aux éditions Bamboo, qui m'ont permis de la lire dans le cadre de Masse Critique.

La case utilisée sur la page de titre (issue de la page 30 de l'album) peut être vue comme une déclaration d'intention : elle est calquée sur l'affiche du film "Impitoyable" de Clint Eastwood, oeuvre emblématique du western dit "crépusculaire". "Un western crépusculaire et magistral à l'heure des derniers cowboys" : pour une fois, on a une phrase d'accroche en quatrième de couverture juste et pertinente. Dans l'histoire que nous racontent Jérôme Félix et Paul Gastine, il n'y a pas vraiment de gentils (hormis Bennett le simplet) ni de grands idéaux. On est loin du mythe romantique du cow-boy : ceux-ci savent qu'avec le développement du chemin de fer, leur temps est bientôt révolu et qu'ils devront se reconvertir en fermiers pour les plus honnêtes d'entre eux et, pour les autres, en bandits de grand chemin. Même si l'on peut penser au départ que tout tournera autour de Russell, le vieux convoyeur de troupeaux en passe de raccrocher les éperons, plusieurs protagonistes principaux auront un rôle important à jouer dans le drame.

Les personnages sont une des grandes réussites de "Jusqu'au dernier". Tous sont très bien campés, ce qui est à mettre au crédit du scénariste, mais aussi du dessinateur qui a su leur donner des expressions très réalistes. Outre la représentation des personnages, c'est tout l'aspect graphique qui est d'une qualité exceptionnelle : il saute aux yeux que la moindre case a été travaillée avec soin, les arrières-plans regorgent de détails, si bien que chaque scène, qu'elle se déroule dans la grande ville d'Abilene, le village de Sundance ou les grands espaces du Wyoming, est très vivante. La colorisation n'est pas en reste, avec l'utilisation de teintes claires au début de l'histoire, et des teintes plus sombres à mesure que l'on approche du dénouement. Western crépusculaire oblige, on n'est pas dans un récit manichéen où le Bien triomphe du Mal et, sans trop en révéler (le résumé en quatrième de couverture en dit déjà trop à mon sens), il faut s'attendre à de nombreuses morts violentes. Même si je comprends l'intention, je regrette un peu l'épilogue, qui n'est certes pas un happy end, mais une conclusion douce-amère qui tempère la victoire du cynisme entrevue précédemment...

Au lieu de nous livrer une énième série western à rallonge, les auteurs et l'éditeur ont eu la bonne idée de nous proposer une histoire complète en 65 pages. Jérôme Félix et Paul Gastine travaillent actuellement sur une nouvelle BD, non pas une suite ou une préquelle à cet album, mais une tout autre histoire, indépendante de celui-ci. Ayant beaucoup apprécié ma lecture de "Jusqu'au dernier", il est certain que je guetterai cette future parution.
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