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Citations sur Petit éloge de l'excès (15)

L'idée très humaine de conquête procède d'un désir d'unifier les corps et les esprits, préfigurant la mondialisation des échanges et l'abolition des frontières, saine initiative en soi, sauf que l'Homme, partout, n'a jamais pu encadrer son voisin : invasions, pillages, viols, assujettissements divers et contre tous, guerres à la pelle, religions au marteau, impérialismes sauce barbecue.
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- apprendre à nager (je rappelle aux étourdis qu'on suffoque sous l'eau, que si on pouvait y vivre sans danger ça se saurait, qu'on s'appellerait Bubulle ou Glou-glou, que la propriété de l'eau est de noyer, que c'était même pas la peine de discuter : vous êtes déjà resté ne serait ce qu'un quart d'heure sous l'eau, vous ? Ne parlons même pas des vagues, ces espèces de bras tentaculaires à ventouses happeuses, ni des courants meurtriers qui vous entraînaient jusqu'en Amérique, les bulots aux trousses, pour vous vider les yeux).
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J'ai grandi dans les années quatre-vingt et j'encule Casimir. La formule vaut son poids de baudruche mais savez-vous ce que c'est que d'avoir grandi dans les années quatre-vingt, dans un monde en faux où l'on vous disait en face qu'écraser la gueule de l'autre était superclasse? Que se remplir les poches était la seule liberté?
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J'étais amoureux au-delà de l'amour, cinglé au-delà de la dinguerie. ça faisait presque mal tant de présence absente ...
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Sa soeur Julia garda la ferme et se maria avec un arsouille local, estampillé Tonton Marcel, qui quand il roulait pas dans le fossé avec sa 2 CV, jouait de l'accordéon à tour de bras, fin rond de préférence, tandis que ses soeurs tentaient en vain de papoter.
"Tonton Marcel dans le fossé !" est une des premières joies locutives de ma vie. Il faut dire que le bougre n'y allait pas de main morte, un de ces champions de bistrot qui font les gloires et les légendes de la breizitude profonde.
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Alors, quand il est tout débordé de lui-même, quand il a perdu la boule, les cartes, le but du jeu, quand il ne peut plus s'arrêter de pleurer sur tout ça, quand il ne pleut plus articuler, à peine respirer, qu'il reste là, hagard, avec ses larmes noires qui en coulant de son bandeau ont déteint sur sa joue, comme drogué, cuit à la petite cuillère, c'est moi qui vient le ramasser.
On parle d'amour. Il écoute un peu. Et puis on boit un coup ...
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Clémentine n'aimait pas son prénom... sans doute aurait elle préféré s'appeler Sissi, pour avoir de belles toilettes comme elle disait.
Pourtant elle aimait la vie.
Gamins, pour nous faire rire, elle enlevait son dentier de sa bouche et faisait la sorcière. Pour une impératrice elle le faisait très bien.
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J'ai grandi dans les années quatre-vingt et j'encule Casimir. La formule vaut son poids de baudruche mais savez-vous ce que c'est que d'avoir grandi dans les années quatre-vingt, dans un monde en faux où l'on vous disait en face qu'écraser la gueule de l'autre était la super classe ? Que se remplir les poches était la seule liberté ?
Cette agressivité crasse, cette pauvreté intellectuelle et morale est née dans les années quatre-vingt.
Le début de la fin du journalisme, le sacre des présentateurs et des animateurs, Jean-Claude Bourret, le sex-appeal d'une tanche distillant l'info comme une piquette en tête de gondole, (…), la déréglementation mondiale du marché financier assurant une fluidité totale des transferts de capitaux - source d'enrichissement pour une élite et du concept de chômeur jetable pour d'autres -, le début de l'ère du supermarché, Thatcher qui montrait son humanité en laissant ses prisonniers politiques mourir de faim en prison, les murs barbouillés de merde, son ami Reagan lançant ses escadrons de la mort pour étouffer toutes velléités démocratiques en Amérique centrale, ces deux-là expliquant au monde qu'il fallait dorénavant suivre le nouveau modèle libéral, un truc qu'ils avaient spécialement pensé pour nous, pas un capitalisme à la papa où l'on nourrissait encore un peu la famille, non, un nouveau on nous a dit, celui où les autres peuvent toujours aller ramasser les miettes s'il en reste, celui qui aujourd'hui nous ravit tant... Des serial killers ces gens-là, qui n'ont jamais vu les cadavres de leurs victimes. Hitler non plus n'a jamais visité Auschwitz.
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" On peut dire ce qu’on veut du génie humain, à force de gratifier les mâles dominants, les forts en fer, les mangeurs d’os, de laisser les vainqueurs écrire l’histoire et les marchands s’emparer du vivant avec une marge de quinze pour cent pour les actionnaires, le résultat n’est pas bien marrant.

L’idée très humaine de conquête procède pourtant d’un désir d’unifier les corps et les esprits, préfigurant la mondialisation des échanges et l’abolition des frontières, saine initiative en soi, sauf que l’Homme, partout, n’a jamais pu encadrer son voisin : invasions, pillages, viols, assujettissements divers et contre tous, guerres à la pelle, religions au marteau, impérialismes sauce barbecue, les moins nases de nos soi-disants vedettes ont tenté d’administrer les territoires conquis, les pires appliqué la politique d’Attila ou de Gengis Khan, le plasticien mongol dont l’art de l’empilage de têtes semblait constituer la Très Grande Bibliothèque. Des siècles de progrès et, alors que nous nous sommes péniblement arrachés à la station quatre pattes, aux grognements, à la superstition, à la mainmise des mâles sur les femelles, alors que nous avons ce truc totalement fantasmagorique dans les mains, à savoir l’humanité, alors que nous devrions jouir des multiples possibilités d’existence qui s’offrent à nous, Occidentaux de type caucasien de préférence masculins et plein aux as, plus le temps passe et plus nous avons l’impression d’approcher de la fin. La fin de l’humanité et, c’est le bouquet, le sentiment assez désagréable qu’on pourrait bien y assister… Pas folichon, hein.

Mourir passe encore, mais un par un, et les vieux avant les jeunes. Les rapports des spécialistes sont tous alarmants ; il suffit de songer aux cinq principaux critères définissant la survie ou l’effondrement d’une société, à savoir les dégradations infligées à son propre environnement, les changements climatiques, les conflits avec d’autres sociétés, les relations commerciales amicales et les attitudes culturelles, pour comprendre que nous en sommes à l’alerte rouge. Pour peu qu’on relève la tête de son porte-stock-options, on aurait comme l’impression d’être dans la peau de celui qui attend un bombardement, voire à la veile d’une catastrophe…

Les bombardés sont unanimes : le plus insupportable, c’est l’attente. Pas la joie on vous dit. Aussi l’éconocratie totalisante et phobocratique que nous subissons aujourd’hui mérite que nous tordions le cou au réel : les petits malins qui ont monté l’affaire partant du principe que l’Homme est un animal qui agit selon son propre et unique intérêt, je ne vois pas, moi, nous, l’intérêt de respecter les règles en cours.

C’est d’ailleurs précisément ce qui constitue l’excès. Je n’invente rien, c’est dans le dictionnaire étymologique : le mot est d’abord employé pour désigner un acte qui dépasse la mesure, un dérèglement. Je vous passe les détails mais, à la fin, l’emploi du mot au sens de « très grand », et de son adverbe au sens de « très » ou « tout à fait », et cela sans idée d’excès, est fréquent. L’excès non seulement résiste aux règles imposées par les pauvres types susnommés, mais permet aussi de nous multiplier, de nous essayer à toutes les sauces, tous les possibles, de grandir en somme. tant pis si on est excessivement mauvais. Il n’y a à perdre que des illusions, des résidences secondaires, des voitures des slips de bain. Puisque la fin violente du capitalisme actuel semble inéluctable, opposons-lui l’excès et, par mesure d’hygiène morale, nions la règle mortifère imposée par ces fameux pauvres types.

Il en va de notre salut : beaucoup mieux, de notre sens sur la bonne Terre.

Combien de gens, même des femmes pétillantes et superbes, se demandent ce qu’ils foutent ici, sous les bombes ? En attendant le déluge, on notera que tout est bien organisé, l’ennui sponsorisé, l’isolement étudié par de grandes marques de machines à décerveler et les rouages gérés par des spécialistes…

On s’enrichit sur le dos qu’on peut. Quelle élégance ! Tant de panache à ne pas vivre ferait presque ricaner : le problème, c’est qu’à flatter l’infantile reptilien, le génie humain a comme qui dirait des mouches dans les yeux. Dès lors asphyxiés par les conditions technico-spectaculaires de la dictature économique actuelle, deux solutions : ou nous bricoler OGM ou verser dans l’excès inverse. Pas l’excès pompette, avec la tête de la mamie qui tourne comme sous un coup de poppers : non, je rappelle aux indécis qu’il s’agit d’une question de vie ou de mort, qu’on penche aujourd’hui vers la seconde et ce n’est pas vos Sicav qui vont vous sortir de là.

Pour sortir du sillon , il va plutôt falloir déconner, comme disait Deleuze, faire dans l’excès Artaud Corps sans Organes, le dionysiaque jambes en l’air, de préférence tous les jours et coûte que coûte : il va en falloir de la joie au laser pour fendre leurs coeurs de pierre, des fleurs brûlantes pour crever leurs bulles spéculatives. Il n’y a de l’excès que dans l’excès et rien à espérer des gourous qui nous servent la bouillie dans la bouche…

Consommateurs passifs réduits au statut de jeune fille rêvassant de vivre son quart d’heure médiatique, adhésion silencieuse aux valeurs à deux balles, l’attitude des (a)gen(t)s économiques est un suicide collectif qui, non seulement ne dit pas son nom, mais donne celui d’un autre. la faute aux Arabes, demain aux Chinetoques. Aux coupables répondent des irresponsables, et la lame de la petite herbe n’a qu’à bien se tenir. Raison de plus pour cueillir des fleurs en fer et leur coller dans les yeux, histoire de chasser les mouches et de retrouver un peu de lucidité.

Avant d’être sacrifié sur l’autel du gros Capital (car j’ai beau ne pas croire une seconde au Grand Soir de mes aînés, tout ça n’est qu’une question de pognon), il nous reste notre libre arbitre. Libre à nous de ne pas acheter leurs saloperies, de ne pas lire, écouter, regarder leurs saloperies, de ne pas travailler pour leurs entreprises à l’idéologie fascisante, libre à nous d’aimer qui en a envie comme on a envie – en vie – et de ne tenir aucun compte de leurs désastres, des atavismes familiaux, leur business plan, pour une résilience à tous les étages. Ne pas vivre reclus en prédisant l’apocalypse dans un hédonisme de pacotille mais faire tonner le volcan qui grogne en nous… "
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On peut dire ce qu’on veut du génie humain, à force de gratifier les mâles dominants, les forts en fer, les mangeurs d’os, de laisser les vainqueurs écrire l’histoire et les marchands s’emparer du vivant avec une marge de quinze pour cent pour les actionnaires, le résultat n’est pas bien marrant. L’idée très humaine de conquête procède pourtant d’un désir d’unifier les corps et les esprits, préfigurant la mondialisation des échanges et l’abolition des frontières, saine initiative en soi, sauf que l’Homme, partout, n’a jamais pu encadrer son voisin : invasions, pillages, viols, assujettissements divers et contre tous, guerres à la pelle, religions au marteau, impérialismes sauce barbecue, les moins nases de nos soi-disant vedettes ont tenté d’administrer les territoires conquis, les pires appliqué la politique d’Attila ou de Gengis Khan, le plasticien mongol dont l’art de l’empilage de têtes semblait constituer la Très Grande Bibliothèque.
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