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EAN : 9782749945446
235 pages
Michel Lafon (14/01/2021)
3.36/5   18 notes
Résumé :
Un matin de mars 2020, un écrivain se réveille un poids bourdonnant sur la poitrine. Ce dont il souffre, c'est du crève-cœur, un virus mondial prenant les traits d'une guêpe qui entre par les voies respiratoires pour essaimer dans l'organisme et crever le cœur de son aiguillon dans les cas les plus graves. L'écrivain relate son calvaire, sa longue traversée en solitaire pour lutter contre les assauts d'un mal perfide aux mille visages.

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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
1320, 1520, 1620, 1720, 1820, 1920. Qu'on crût ou non à l'implacabilité du destin, ou à de fumeuses théories de renouvellement, force est de constater que chaque année 20, une épidémie frappait de plein fouet le monde. Et voilà qu'en 2020, un mystérieux virus venu de Chine causait la panique sur toute la planète, telle une vague funeste déferlant d'est en ouest.
Les gouvernements de nombreux pays, craignant de se faire déborder, s'appuyèrent sur les conseils des organismes de santé et instaurèrent le confinement de la population. Il fallut accepter l'impensable. Jusqu'à quand ? Personne n'était en mesure de le prévoir.
Pour ma part, à force de passer des journées entières dans mon bureau à écrire, je m'y étais habitué. J'avais toujours été une sorte de Robinson solitaire. Voilà pourquoi l'idée de rester cloîtré de longues semaines chez moi ne m'inquiétait pas outre mesure.
*
Après une nuit traversée par une colonne de rêves, je m'éveillai avec l'étrange impression que ma poitrine abritait un essaim de guêpes.
-Mais qu'est-ce qui m'arrive ?
*
Un matin de mars 2020, un écrivain se réveille avec un poids bourdonnant sur la poitrine. Ce dont il souffre, c'est du crève-coeur, un virus mondial prenant les traits d'une guêpe qui entre par les voies respiratoires pour essaimer dans l'organisme et crever le coeur de son aiguillon dans les cas les plus graves.

Les Alpes, la région où Asia et moi habitions, était pourtant l'une des moins touchées par l'épidémie de crève-coeur. Mais à quelques heures de là, dans des villes comme Colmar, Strasbourg, Bergame, il y tant de morts que les familles se disaient adieu à l'ambulance. Personne n'avait le droit d'accompagner un mourant jusqu'à l'hôpital.
L'écrivain relate son calvaire, sa longue traversée en solitaire pour lutter contre les assauts répétés d'un mal perfide aux mille visages.
Lorsque soudain, à nouveau, à 23h15, je ressentis soudain une violente inflammation, comme si quelqu'un venait d'allumer un feu dans mes poumons. Un immense brasier se déclara dans ma poitrine, et toutes les alvéoles recevant l'oxygène furent brusquement mises hors service.
-J'étouffe ! J'étouffe ! Asia, vite, je t'en prie, appelle le 15 !
*
Sans être un himalayiste, j'étais pourtant habitué à évoluer dans des sphères où l'oxygène se fait rare. de retour chez moi, j'étais bien résolu à retourner là-haut. Dès que j'aurais retrouvé mon souffle. D'autant que, je le subodorais, les guêpes étaient en train de lâcher prise. Elles étaient d'habiles étrangleuses, mais de piètres alpinistes. À force de trop l'insuffler aux autres, elles avaient peut-être contracté le vertige. Elles n'étaient pas prêtes à me suivre en randonnée dans les alpages.
*
Bruxelles, un jour d'avril.
Le portable sonne.
Un appel clignote.
Un nom apparaît sur l'écran.
Lui, et pourtant…
Son souffle est court, la parole est étouffée par le manque d'oxygène, mais il me dit qu'il va mieux.
Je le crois.
Cela fait plus de dix jours que nous, ses aficionados, tremblons dans l'attente des nouvelles que, fort heureusement, il nous distille chaque matin par un petit billet à l'écriture cinglante, pleine de vigueur, l'homme est combatif.
Mais ce matin, à son appel, je le sens toujours sous le choc d'un KO, encore surpris par la sournoiserie d'un adversaire invisible. Il est prêt à rebondir.
Pour un temps à venir, il me propose son gîte, au fond de sa propriété, pour que nous regardions passer le temps.
Moment unique que de parler avec un revenant des abysses.
Je l'écoute.
Dans l'attente de la pente qui s'aplanira enfin… la remontée est encore dure.
Ami, munis-toi à nouveau de ta belle plume. Tu viens de vivre et survivre à l'incroyable, toi qui te pensais confiné dans un environnement « protégé ».
Reprends ton souffle, et nous serons toujours là pour sentir, humer la douceur de ce papier qui nous nourrira une nouvelle fois de tes délicieuses bouffées d'espérance.

*
Je suis un être de passion et d'instinct. Il n'y avait qu'une sorte de bonheur, mais le malheur prenait mille formes différentes. Quand on est dans un avion qui s'écrase, ou la poitrine infestée de guêpes tueuses qui vous grignotent de l'intérieur, on avait beau attacher sa ceinture, ça ne servait à rien. J'avais cependant la chance d'être le survivant d'un crash. Rien sinon la compagnie de mon âme, ne pouvait m'aider à guérir. C'est pourquoi je passais le plus clair de mon temps avec elle, à la dorloter, la choyer, et agir selon mon envie.
Ma première sortie en solitaire, cette promenade, je l'ai vécu comme une délivrance. Une libération après une sortie de prison. J'étais resté si longtemps enfermé dans la cellule de ma chambre, derrière les barreaux de la maladie, que j'avais l'impression d'être un forçat échappé du bagne.
*
Depuis qu'il marchait mieux, je prenais plaisir à écouter la musique de mon coeur…
« La vie était une cerise, la mort un noyau, l'amour un cerisier ». J'avais avalé le noyau de travers, mais désormais j'allais mieux, j'avais fini par le digérer.
La poésie, Asia et l'espoir, telle était ma trilogie…
C'était dans le silence de la lecture que l'on entendait les plus grandes vérités. Or après tout ce fracas intérieur, cette grande brûlure du corps et de l'âme, j'avais besoin de repos, de silence et de prendre le temps de vivre.
*
2020 fut une année terrible pour les écrivains. Après Luis Sepulveda, Carlos Ruiz Zafon avait disparu la veille du solstice, succombant à un cancer du côlon dans un hôpital de Los Angeles où il vivait retiré depuis des années.
Depuis que l'écrivain barcelonais avait dessiné en filigrane l'ombre du vent sur la peau de ses lecteurs, et en l'occurrence la mienne, je savais où se situait la frontière entre le rêve et la réalité. C'est en voyageant à travers la littérature que l'homme parvient à s'évader de sa prison mentale ; et surtout celle de Zafon, constituée du cimetière des livres oubliés que je n'oublierais jamais.
*
Je n'étais pas sur Terre pour vivre avec un virus, mais pour voyager dans l'immobilité parfaite des espaces insoumis.
Enfin devenir écrivain. Lire de la poésie et écrire des romans, boire jusqu'à la lie la coupe de la littérature, créer dans ce frisson de silence et de solitude qu'est le royaume de ceux dotés d'un peu d'imagination.
Kafka, Orwell, Éluard, Sand, Baudelaire, Zafon, Christie, Camus et tant d'autres furent mes compagnons.
Voilà pourquoi j'étais si peu mesuré en toute chose. Je ne voulais pas mourir, or je savais une chose pour avoir lu Neruda : « Il meurt lentement celui qui ne voyage pas, celui qui ne lit pas, celui qui n'écoute pas de la musique, celui qui ne sait pas trouver grâce à ses yeux. »
*
Chaque journée était un élan qui traversait l'histoire, et en ce moment, l'histoire était sombre. Seul l'instant présent était béni. Toul le reste était extrapolation ou souvenir.
Les gens avaient besoin de connecteurs, écrivains, chanteurs, héros, acteurs pour donner forme à leur vie. J'aimais les gens qui secouaient les autres comme un shaker, et les rendaient mal à l'aise. Ceux qui vivaient leur vie comme si elle était un rêve. Je faisais partie de ces gens puisque mon âme, depuis sa naissance, volait dans les nuées des songes, entre spirales étoilées et vide sublunaire. Un voyage intersidéral décuplé lorsque je mélangeais le Lexomil à l'alcool. C'était comme monter à bord d'une fusée en partance pour une autre planète. Désormais, à cause de l'asthme, je buvais un soir sur deux et ne prenais presque plus de drogue. Il fallait savoir varier les plaisirs. Un soir au paradis des ascètes et un autre au paradis artificiel. Je rêvais d'une vie christique. Et tant pis si personne ne me crucifiait jamais, ni ne me bâtissait d'église ou de temple, tant pis si je ne devenais pas une icône de la religion, de la musique ou de la littérature. J'étais un rêveur éveillé au pays des songes.
Peut-être valait-il mieux pour Dieu qu'on ne croie pas en lui. J'avais envie de dire à mes congénères : « N'attendez pas le jugement dernier. En ce moment, il a lieu tous les jours. »
Le temps passait inexorablement, et chaque seconde emportait quelque chose…
« Chaque seconde est un murmure… » dixit Alain Cadéo.

Lien : https://lesplaisirsdemarcpag..
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LE CREVE-COEUR
Maxence Fermine
Éditions Michel Lafon

« Un matin de mars 2020, un écrivain se réveille, un poids bourdonnant sur la poitrine. Ce dont il souffre, c'est du crève-coeur, un virus mondial prenant les traits d'une guêpe qui entre par les voies respiratoires pour essaimer dans l'organisme et crever le coeur de son aiguillon dans les cas les plus graves. L'écrivain relate son calvaire, sa longue traversée en solitaire pour lutter contre les assauts d'un mal perfide aux mille visages. »

… Et me voici avec entre les mains « le Crève-coeur » de Maxence Fermine, moi qui ai lu, matin après matin, les bulletins de l'auteur relatant journalièrement les fluctuations de son mal.

La situation est en soi inédite. Tant pour l'auteur en question que pour ses lecteurs.
Pour l'auteur, parce que, propulsé au coeur d'une intrigue partagée par l'humanité entière, il se saisit du drame qui lui est imposé pour transmettre ce qu'il vit, et le transformer en un témoignage poignant de vérité.

Pour les lecteurs, parce que si l'approche de Maxence Fermine est de ce fait teintée de son propre ressenti, de sa propre colère, de sa douleur, nous nous trouvons tous plus ou moins liés à l'intrigue, et parfois doublement : d'une part parce que cette pandémie nous touche tous dans chacune de nos vies, d'autre part parce que nous avons été, au fil des jours, les dépositaires, témoins, confidents de l'écrivain malade, et avons suivi les épisodes de l'histoire avant même de l'avoir lue.

La dimension supplémentaire est le choix fait par Maxence Fermine, tant dans les billets que dans le roman, de se faire assister de ses plus chers amis, écrivains, poètes, et chanteurs, tous cités en remerciement en fin d'ouvrage. Ce qui rajoute une complicité nouvelle, celle de traits d'union culturels existant entre l'écrivain et ses lecteurs.

Alors oui, cette autofiction est évocatrice pour nous en raison de cet ensemble de ponts initialement instaurés par l'auteur, en raison aussi de son inébranlable fidélité que les pires moments de la maladie (douleur, stress, fatigue) n'ont pas réussi à altérer. Elle ne peut que forcer l'admiration.

A tort ou à raison, «le Crève-coeur » m'a fait pensé à un autre roman de Maxence Fermine : « L'Apiculteur ». Parallèle entre les abeilles et les guêpes tueuses, « L'or de la vie » et le poison mortel, et dans les deux cas, nécessité de traverser les pires épreuves pour parvenir à l'essentiel, même si, dans ce dernier livre, l'auteur se serait bien passé de cette forme d'initiation.

Alors que restera-t-il de ce roman ? L'écriture du romancier, le témoignage inédit de l'écrivain sur une maladie ayant pu lui faire perdre la vie ? Une réflexion sur ce qu'a été, et est toujours cette pandémie sur le plan politique, économique, sociétal ? Ou encore un questionnement écologique sur ce que ce virus planétaire a pu révéler ?

Il y a dans ce livre incontestablement l'aspect historique d'une histoire en devenir, d'un présent décrit à la première personne qui pourrait se traduire en un « je » nous appartenant, et l'évocation à un temps « T » de ce qui sera sans aucun doute possible l'événement marquant de ce siècle.

Le Crève-coeur est donc un livre à lire au présent, en tant que roman, et à relire, plus tard, lorsque tout cela sera fini, en tant que témoignage d'une période ayant eu la capacité de faire basculer le monde, et que nous pourrons peut-être comprendre, au-delà de l'autofiction, ce qui s'est réellement joué, en 2021, pour l'humanité.


Rachel
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Le thème de ce roman va peut-être en arrêter plus d'un en cette période de pandémie, lire un roman inspiré d'un nouveau virus mondial pourrait être rédhibitoire tant la covid nous pèse depuis un an. Pourtant cela serait une grave erreur car cette autofiction librement inspiré de l'actualité et du vécu de l'auteur est très poétique. Maxence Fermine personnifie le virus sous forme de guêpe. Des essaims qui envahissent les voix respiratoires des malades donnant de graves difficultés respiratoires, de la fièvre et finalement ces insectes peuvent toucher d'autres organes voire crever le coeur du patient d'où le nom donné  la maladie. 

Notre narrateur est un écrivain, il va contracter ce virus qui va le mettre KO bien trop longtemps, Avec beaucoup de justesse inspiré du calvaire vécu réellement l'auteur va nous décrire, les douleurs, les peurs, les espoirs. Sa compagne infirmière est en première ligne mais elle va prendre soin de lui avec amour. le lien qui les lie est touchant et très beau. L'auteur avec délicatesse nous raconte ce couple soudé face à la maladie. Ce roman est aussi un condensé d'hommages aux artistes emportés par maladie et tous les auteurs à qui, il emprunte maintes citations qui accompagnent à merveille ce très beau texte. La plume m'a vraiment charmée! Et la fin est tellement touchante et nous renvoie encore à cette actualité si difficile. 

Ce virus est aussi l'occasion pour l'auteur d'analyser notre société avec un oeil critique, la réaction de certaines grandes puissances gouvernés par des hommes aveuglés. Les inégalités engendrées par l'épidémie. Cette société de consommation à outrance dont finalement la pandémie a permis de mettre en pause notre planète. Ainsi il amène le lecteur à s'interroger et analyser notre monde. 

Une jolie découverte et l'inspiration lié à l'actualité ne m'a pas dérangé tant la plume est poétique. Ce roman est un très bel hommage à toutes les victimes et à tous les artistes ayant accompagnés notre lecture.  J'espère désormais découvrir d'autres roman de l'auteur. 
Lien : https://leslecturesdemamanna..
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Le crève-coeur de Maxence Fermine, présentation

Maxence Fermine a été atteint de la Covid-19. Dans ce roman-autobiographie, il relate ce qui s'est passé pendant ces nombreuses semaines, toujours avec une pointe de poésie dans ses écrits. Autobiographie, oui mais également roman.

Avis le crève-coeur de Maxence Fermine

Est-ce une autobiographie ? Oui. Tous ceux qui ont lu Maxence Fermine sur sa page Facebook pendant sa maladie peuvent en témoigner. Pour les autres, vous aurez un témoignage de ce que peut être la Covid-19, soit le Crève-Coeur, au sens d'un des plus graves du terme. Est-ce un roman ? Egalement car il y a cette fiction, notamment le couple formé par cet écrivain et sa femme.

Maxence Fermine aborde avec délicatesse, avec violence, mais aussi avec poésie toutes ces attaques de guêpes qui ont failli le faire mourir plusieurs fois. Je comprends vraiment mieux le titre choisi par Maxence Fermine, concernant la Covid-19 ? Un titre vraiment bien choisi, comme tous ceux de ses chapitres.

Il existe de nombreux témoignages de personnes qui souffrent encore, qui sont encore fatiguées, des mois après avoir été infectées. Maxence Fermine, ayant énormément souffert et souffrant plus ou moins encore, puisqu'il n'a pas encore recouvré toute sa santé, peut s'insurger contre tous et toutes au sommet des états, que ce soit en Amérique Nord et Sud, mais aussi en France. Sur de nombreux points, je suis tout à fait d'accord avec lui. Sur d'autres moins, mais comme on dit, chacun son avis. Lui l'a vécu et je comprends sa prise de position en ce qui concerne la vaccination ou encore le port du masque.

Maxence Fermine nous détaille tout de son infection, de ses nuits sans sommeil, de ses passages aux urgences, de sa quarantaine dans sa propre maison, des médecins vus et de ses essais, pas toujours couronnés de succès pour aller mieux. Il a été atteint dans tous ses organes, en plein coeur. Il explique ce qu'il a ressenti, soit des attaques de guêpes dans tout son corps.

On peut reconnaître les lieux décrits. Il a eu le temps, quand l'infection le lui permettait, de se rappeler de son passé, de lire, notamment des poètes et de rendre hommage à tous ces écrivains, morts pendant la pandémie, qu'il affectionne. Et dans ses phrases, ce que je n'avais pas trouvé dans un livre de Maxence Fermine, précédemment lu, c'est cette faculté à écrire des mots poétiques, même si la situation ne s'y prête pas. Mais j'en avais eu un grand aperçu en lisant toutes ses publications. Il y a énormément de colère, mais ce n'est pas ce que je retiens forcément sur le crève-coeur. J'ai bien aimé tous les surnoms donnés à différents personnages que l'on reconnaît, bien évidemment, mais aussi tous ces rappels sur les épidémies arrivées en 20.
Lien : https://livresaprofusion.wor..
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Sur le papier, ce roman aurait du me plaire. Résumé prometteur, sujet d'actualité, à cela près que vous remplacez le Crève-coeur par la Covid ; Maxence Fermine a écrit pendant sa convalescence, tandis que ce dernier virus attaquait les cellules de son corps. Décidément, les symptômes de cette maladie chez les écrivains, c'est l'inspiration littéraire (poke Henri Duboc). Quasi autobiographique, ce livre nous présente donc son personnage principal, lui aussi atteint d'un virus meurtrier, le Crève-coeur, ce fléau à dard pointu qui poignarde la vie comme les émotions, qui taillade sans vergogne la vitalité des hôtes. Alors au départ, j'étais plutôt conquise.
Et puis s'enchaînent les pages : 50, 100, un sentiment de déjà vu m'assaille à chaque fin de paragraphe. Je revis tout le confinement, les décisions gouvernementales, les applaudissements à vingt heures (dont l'auteur se moque allègrement d'ailleurs). Je suis le bataille contre la maladie, l'épuisement du système de santé ; et je ne sais plus distinguer le livre de la réalité, car tout ceci, je - nous l'avons vécu en direct. En parallèle, le protagoniste souffre entre rémission et rechute ; l'auteur nous livre sans pudeur son ressenti sur la maladie qui le détruit de l'intérieur, témoignage romancé étayé par la colère, la peur, la souffrance parfois crue et sans filtre.
L'écriture est poétique, presque lyrique ; et par ailleurs le protagoniste se passionne pour la poésie, s'en inspirant dans sa narration ce qui contraste avec la dureté du récit de la maladie. Les citations de poète se mêlent aux détresses respiratoires et aux hospitalisations ; tandis que les hallucinations s'immisce parfois dans son esprit, alunissant sur les draps trempés du lit, qui seront de toute façon trempés aussi la nuit suivante. L'amour, arme contre tous les fléaux (mais qui malheureusement flanche parfois), se mélange aux références littéraires et culturelles qu'il utilise pour étayer son histoire (source). Bien évidemment, l'auteur se sert de son personnage pour donner son avis de manière à peine cachée : théorie de la nature vengeresse, incompétence du gouvernement lors de la gestion de la crise... Et le vécu du couple dans la maladie, abordé d'une manière très touchante.
C'est sans conteste un livre d'une grande qualité, abordant un sujet pesant par ce témoignage à peine romancé. Mais je pense que ce n'est pas la bonne période (pour moi bien évidemment) pour le lire - il est assez répétitif, et j'ai l'impression de revivre encore et encore cette période qui semble ne plus s'en finir. Cependant, il sera important de se souvenir de son existence dans les années futures, s'en servant comme support de mémoire pour les générations d'après. Puisque même s'il m'est pour l'instant difficile de l'apprécier dans sa globalité, cela n'enlève rien au talent de l'auteur et cela n'invisibilise surtout pas ce qu'il a vécu.
Comme je l'ai dit plus haut, ce livre retrace en fait l'histoire de la Covid sous le nom du Crève-coeur, à laquelle on ajoute l'histoire de la maladie chez le protagoniste. Les moments ne seront pas doucereux, beaux et tendres ; le virus est violent, sans coeur et choisit aléatoirement ses victimes. Maintenant que vous êtes informés, libres à vous de décider si vous souhaitez le lire.
Lien : http://thereadingsession.fr/..
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critiques presse (1)
LeJournaldeQuebec
29 mars 2021
Écrivain à la plume juste, sensible, profonde, Maxence Fermine propose ce printemps "Le Crève-cœur", un roman magnifique qui mêle l’actualité, l’imaginaire et une vision poétique des choses.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
D'Artagnan avait également dit qu'il n'y aurait pas de deuxième vague, les deuxièmes vagues, ça n'existe pas. Maintenant, il ne l'excluait plus.
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Le grand changement, c'était l'acceptation par l'humanité de tenir sa place dans l'ordre universel et naturel des choses au lieu de se comporter comme un cancer détruisant la planète. Il fallait changer le monde et les habitudes des humains, changer nos habitudes de consommation et arrêter la destruction de la planète, sans quoi la pandémie reprendrait jusqu'à éradication de l'humanité.
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La planète n'avait pas besoin de gens qui réussissent, la planète avis désespérément besoin de plus de faiseurs de paix, de guérisseurs, de conteurs d'histoires et passionnés de toutes sortes.
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Cette maladie est une fleur du mal. Un ténébreux orage traversé çà et là par de brillants soleils. Une révolution, or toute révolution avait pour corollaire le massacre d'innocents.
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Je souffrais, transpirais, et les guêpes continuaient imperturbablement leur chemin dans mon corps. La douleur était comme un fleuve qui coulait inlassablement dans mes veines d'amont en aval, avec son cours semé de rapides, de cascades, de cataractes, de chutes, de tourbillons incessants.
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Vidéo de Maxence Fermine
" L'AUTRE, AVEC LE T-SHIRT BLEU, IL NE MÉRITE QUE ÇA COMME NOM. " Jennifer de Araujo, mère de Maëlys Dimanche 27 août, trois heures du matin.
Une petite fille de huit ans et demi, Maëlys de Araujo, disparaît lors d'un mariage à Pont-de-Beauvoisin, en Isère. C'est le début de l'affaire Nordahl Lelandais, un ancien militaire, trentenaire versatile, cocaïnomane, alcoolique et violent.
Quelques mois plus tard, le suspect est également impliqué dans la disparition d'un jeune caporal de 23 ans, Arthur Noyer. Dès lors, un tsunami médiatique et judiciaire va s'emparer de l'affaire. Une cellule est constituée pour étudier son éventuelle implication avec d'autres disparitions énigmatiques dans la région sud-est.
Nordahl est-il le tueur en série français du siècle ? Que sait-on vraiment du mode opératoire, de la psychologie profonde de celui qu'aucun des proches des victimes ne souhaite appeler par son nom ?
Écrit au scalpel, le récit glaçant de l'auteur multiprimé Maxence Fermine retrace fidèlement l'un des parcours les plus pervers de l'histoire hexagonale contemporaine et nous immerge à pic dans la solitude criminelle et l'âme noire de Nordahl.
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