Sur les pas
De Stendhal, vraiment ?
Une promenade culturelle et raffinée en compagnie d'un illustre italianiste à Palerme, Syracuse ou Catane.
Dominique Fernandez est un amoureux de l'Italie, de la Sicile, du Baroque et on apprend beaucoup à le lire. Cet ouvrage peut d'ailleurs être utilisé comme guide de voyage car il y a même de véritables promenades que l'on peut refaire ce livre à la main. Et ce sera tout de même plus chic qu'avec le Petit futé (un challenge assez facile à relever toutefois, il faut en convenir...).
Il y a tout de même des bémols car le livre est une réédition d'un vieux livre agrémentée de compléments sans qu'il ait été jugé utile de dire où se situaient les ajouts. Cela donne des scènes un peu surréalistes ou l'auteur nous dit que Palerme est un véritable coupe-gorge la nuit tombée, ce qui était peut-être le cas en 1988 mais plus en 2017...Une relecture plus attentive aurait évité de telles erreurs.
Ensuite comme
Stendhal avant lui, Fernandez est un fou d'architecture ou de peinture et comme
Goethe il ne parle guère des Siciliens, grands absents de ce livre d'un autre temps. Alors que les grands auteurs de récits de
voyages contemporains braquent leurs projecteurs sur les autres, lui met en scène sa relation avec l'art avec un grand A. Une autre limite tient au style que je n'ai jamais trouvé plus passionnant que cela, rançon peut-être d'un nombre énorme d'oeuvres faites rapidement ? En toute honnêteté on est bien loin
De Stendhal ou de
Paul Morand.
Ensuite les photos de
Ferrante Ferranti n'ont pour moi aucun intérêt, elles sont platement illustratives et n'ajoutent rien au livre.
Enfin
Dominique Fernandez est, on le sait, un défenseur de
Matzneff et un pourfendeur du politiquement correct, mais comment expliquer que dans ce livre, la seule référence à un historien de cet auteur( encarté à l'Obs depuis une éternité) soit
Benoist-Mechin à propos de Frédéric II, autrement dit un historien d'extrême-droite qui est bien la dernière référence (il y a tellement d'autres spécialistes de Frédéric II !) que l'on attendrait sur le sujet ? Car c'est sans doute là que le livre pêche le plus (outre d'être un auto recyclage, mais nous sommes nombreux à devoir payer des impôts !),
Dominique Fernandez est un esthète, il ne se préoccupe que d'histoire de l'art, pas d'histoire tout court. Il se permet ainsi des jugements parfois stupéfiants. La cathédrale de Palerme aurait du être laissée telle quelle, tombant en ruine. La coupole de la cathédrale de Raguse est une erreur...Quel dommage que les artistes italiens des siècles passés n'aient pas connu
Dominique Fernandez, grâce à lui l'Italie aurait pu être encore plus belle !
En somme une visite érudite, mais
Dominique Fernandez ne ferait pas tapisserie lors d'une compétition d'immodestie...