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EAN : 9782246582113
325 pages
Grasset (07/04/1999)
4.38/5   8 notes
Résumé :

Aux partisans guindés du français d'encensoir, aux flaubertiens, aux écrivains qui s'apitoient, Dominique Fernandez, on le sait, préfère les apôtres de la vie. Chez Dumas, nous dit-il, ça vit. Ça grouille. Alexandre Dumas n'a pas peur de la joie, des affolements humains. Partout la chair, le souffle, les figures incroyables. Dans ses pages, on vit sous terre, endiablés, enjuponnés, prêt aux plus folle... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
De tous les auteurs que j'ai découverts à l'adolescence, Alexandre Dumas est l'un de ceux dont je conserve le plus affectueux souvenir. Ma première lecture des « Trois Mousquetaires » à douze ans a été une véritable révélation : non, la littérature classique n'était pas une longue succession d'interminables pavés aussi barbants les uns que les autres. La littérature pouvait être fun, dynamique, enlevée, amusante, attachante et on pouvait même prendre plaisir à s'y plonger ! Forte de cette découverte, je me suis aussitôt jetée à corps perdu dans l'oeuvre du Dumas et celui-ci a longtemps dominé le petit Panthéon de mes auteurs préférés. Puis, le temps passant, on m'a fait comprendre que, oui oui ma p'tite dame, Alexandre Dumas c'est très sympathique, mais ce n'est pas non plus de la littérature bien sérieuse, hein ? Tous ces mousquetaires, ces coups d'épée, ces fusillades, ces catacombes mystérieuses fourmillant de bandits masqués, c'est bien beau quand on sort de l'adolescence, mais il faut savoir passer au stade supérieur et s'attaquer à des auteurs plus respectables comme Hugo, Zola ou Balzac. Jeune et impressionnable comme je l'étais à l'époque, je me suis laissée influencer et j'ai petit à petit abandonné la lecture d'Alexandre Dumas, conservant avec un amour nostalgique ses romans sur mes étagères, mais sans plus les ouvrir, ni songer à en épousseter la poussière accumulée.

Comme j'ai eu tort… Et comme monsieur Fernandez a su admirablement me rappeler dans son remarquable essai, « Les douze muses d'Alexandre Dumas », toutes les choses que j'aimais tant – que j'adorais même – dans l'oeuvre de Dumas. A travers l'exploration de douze grandes thématiques, c'est Dumas tout entier que Fernandez parvient à ressusciter pour nous, Dumas et son inoubliable humour, son indomptable joie de vivre, son insatiable curiosité, sa gaieté, sa verve, son optimisme, sa finesse, son extravagance… Certes, on peut difficilement taxer Dominique Fernandez d'objectivité et son immense admiration pour le jovial romancier mulâtre transparait à chaque page, mais ce bon monsieur a également l'enthousiasme diablement contagieux et le lire c'est s'exposer à retomber illico follement amoureuse de l'oeuvre dumasienne. Je n'étais pas même arrivée au quart de son essai que je passais déjà mon temps à interrompre ma lecture pour aller piocher dans ma bibliothèque des romans de Dumas pour en dévorer sur le vif des pages entières : et hop, un petit extrait des « Mousquetaires » ! Hop, un chapitre du « Comte de Monte-Cristo » ! Hop, deux ou trois pages de « La reine Margot » !

Et, comme si cela ne suffisait pas, l'abominable Fernandez m'a également fait découvrir des dizaines de romans dont j'ignorais complétement l'existence et semblant tous plus affriolants les uns que les autres. Résultat : j'ai déjà planifié une petite razzia à la librairie ce weekend et, si mon porte-monnaie se retrouve subitement allégé d'une somme substantielle en début de semaine prochaine, je saurais à qui jeter la pierre. Monsieur Fernandez, je ne vous dis pas « Merci » ! (Qui plus est, en plus d'être un fanboy d'Alexandre Dumas, l'infâme bougre semble posséder lui-même un fort joli style et il faudra que je me penche aussi sur ses livres, un de ces jours. Ralala, autant dire que je ne suis vraiment pas sortie de l'auberge…)
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Articulée autour de douze grandes thématiques, douze muses, voilà une étude érudite, qui éclaire de Dumas les différentes facettes, les multiples influences, et par là même entreprend de réhabiliter un écrivain trop souvent méprisé par la critique littéraire contemporaine, qui le cède à un lectorat adolescent ou populaire et n'ose plus l'aimer. La muse du roman, d'ailleurs, offre l'occasion de quelques affirmations bien senties sur l'art romanesque, les rapports entre fiction et histoire, sur l'individualité de l'auteur et les dérives du roman contemporain.

Étude érudite à mille lieues de l'érudition austère, de l'érudition pensum : à l'image des Dictionnaires amoureux qu'il a contribué à créer, la culture chez Fernandez est affaire de passion, pas de devoir. Il parle de ce qu'il aime, avec autant d'enthousiasme que d'intelligence, et je mets au défi quiconque de ne pas avoir au moins envie d'aimer Dumas en refermant ce livre.

Pour ceux qui l'aiment déjà, c'est un désastre : on a envie de tout (re)lire, y compris ceux qu'on a (re)lus il n'y a pas si longtemps, dans lesquels s'ouvrent tant de nouvelles perspectives.
Comme (re)lire tout Dumas, là maintenant tout de suite, serait cruel pour ma pile de livres en attente, j'ai racheté du Fernandez. Qui va me donner envie de relire plein d'autres choses. Au secours !
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Les douze muses d'Alexandre Dumas est un véritable bonheur à dévorer, une ode à Alexandre Dumas et aux multiples facettes du grand homme, une ode à l'écrivain et à l'homme , et une ode à son oeuvre, protéiforme, fascinante, et très aimée de Dominique Fernandez.
C'est plein d'enthousiasme, un enthousiasme contagieux, même si j'étais déjà toute disposée à aimer un essai célébrant le talent de Dumas et refusant de céder à la mode le taxant d'auteur facile pour lecteurs en culottes courtes ! Complet, bien écrit, c'est un essai que je relirai sûrement, pas forcément d'un seul coup, mais une muse par ci par là. le lecteur des douze muses en ressort d'ailleurs avec l'envie féroce de relire tous les Dumas qu'il connait déjà et de procurer les autres aux plus vite!

Excellent et à mettre entre toutes les mains!
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Lecture recommandée par Ys, alors que je ne suis ni spécialiste ni amatrice des romans de Dumas. Peut-être en ai-je lu dans ma jeunesse mais aucun souvenir marquant ne me rattache à cet écrivain célèbre.
A travers le thème de douze muses imaginées par Dominique Fernandez, je pars à la découverte de l'homme et de son oeuvre évoqués avec passion.
L'admiration et l'enthousiasme de Dominique Fernandez pour son sujet, nous révèle un Dumas hédoniste, fougueux, ardent au plaisir, conforme à sa légende, mais aussi et surtout une analyse de son immense oeuvre beaucoup plus riche et complexe que ce qu'a retenu la postérité.
Bel hommage d'un académicien talentueux à un romancier du 19e siècle injustement classé dans "les petits maîtres".

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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Douze muses ! Mais il n'y en a que neuf, dans la mythologie classique ! Voyons un peu.
Melpomène et Thalie, muses respectives de la tragédie et de la comédie - eh oui ! Dumas a commencé par écrire des pièces de théâtre, et il a été longtemps considéré, à l'égal de Victor Hugo, comme le cofondateur du drame romantique. Henri III, Christine, Antony furent des scandales aussi retentissants qu'Hernani. Le théâtre complet occupe vingt-cinq volumes de l'édition Michel Lévy, et Hippolyte Parigot, dans une des premières monographies consacrées à Dumas (Hachette, 1902), sur 185 pages, en dédie 90 au dramaturge, qui a droit à trois chapitres, contre deux au romancier. Parmi toutes ses comédies ou tragédies, deux pièces au moins n'ont pas vieilli, Kean, qui fut adapté par Jean-Paul Sartre, et Don Juan de Marana (l'erreur sur le nom vient de la nouvelle de Mérimée les Âmes du purgatoire), curieux «mystère» en vers et en prose.
Clio, muse de l'histoire - celle-là, on ne la contestera pas à Dumas.
Calliope, muse de l'éloquence - un autre don que tout le monde lui reconnaît.
Euterpe, muse de la musique - ici, on aurait lieu d'être surpris, si l'on ne savait que plusieurs pièces ont été mises en opéras, tel Piquillo, devenu un opéra bouffe.
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Une partie du roman contemporain, sous prétexte de ne garder que le style, a perdu sa substance. Une vraie supercherie, car ce style est lui-même pauvre, assemblage anémié de paroles. Pas de grand roman sans grand sujet. Pas de chef-d'oeuvre absolu sans la conjonction d'un grand sujet et d'un grand style. On se désole d'avoir à répéter de telles évidences, tout en sachant qu'elles ne ramèneront aucun délicat vers Dumas et n'auront pour effet que d'attirer un sourire de pitié à celui qui les énonce.
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L'heure de la réhabilitation n'est-elle pas venue pour Dumas également ? Quand je demande à mes amis : « Avez-vous lu le Vicomte de Bragelonne, la Comtesse de Charny, le Comte de Monte-Cristo ? ils me répondent : “Autrefois, à quatorze, quinze ans" Ou bien ils n'osent plus lire Dumas, ou bien ils n'osent pas avouer qu'ils continuent à le lire. Dans les deux cas, ils relèguent Dumas dans un casier inférieur de leur conscience. Dumas n'étant pas un auteur qu'on peut révérer, ils se sentent vaguement coupables de l'aimer, ou de l'avoir aimé
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On ne se connait qu'en se projetant en autrui. On n'arrive à la vérité psychologique sur soi-même qu'en s'inventant d'autres traits. On n'est soi-même que sous un masque.
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Seuls les romanciers savent écrire l'histoire.
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Videos de Dominique Fernandez (39) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Dominique Fernandez
Arthur Dreyfus Journal sexuel d'un garçon d'aujourd'hui - éditions P.O.L: où Arthur Dreyfus tente de dire de quoi et comment est composé son livre "Journal sexuel d'un garçon d'aujourd'hui" et où il est notamment question d'intensité de vie et d'écriture, de rencontres sexuelles et de leurs retranscriptions, du désir et de l'amour, de la pulsion de mort, de sexualité gay et des 2300 pages du livre, de honte et de morale, de repentir et de rédemption, d'Emmanuel Carrère et de Michel Foucault, de Guillaume Dustan et de Dominique Fernandez, de Grindr et de plans, de vérité et d'intimité, à l'occasion de la parution de "Journal sexuel d'un garçon d'aujourd'hui" aux éditions P.O.L, à Paris le 19 février 2021
"il faut en finir avec le malheur d'être gay"
"Pendant quelques années, il m'est apparu impossible d'avoir ce qu'on appelle un rapport sexuel sans l'écrire."
+ Lire la suite
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