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EAN : 9782742728824
304 pages
Actes Sud (01/08/2000)
4.18/5   1253 notes
Résumé :
Dans un décor de banlieue, une bibliothécaire est saisie d'un désir presque fou : celui d'initier à la lecture des enfants gitans privés de scolarité. Elle se heurte d'abord à la méfiance, à la raillerie et au mépris qu'inspirent les gadjé. Mais elle finit par amadouer les petits illettrés, en même temps qu'elle entrevoit le destin d'une famille sur laquelle règne une veuve mère de cinq fils.
Dans ce troisième roman, récompensé par le prix Culture et bibliot... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (181) Voir plus Ajouter une critique
4,18

sur 1253 notes
♫La caravane du sédentaire est la malédiction du voyageur
Ne jure-t-on pas sur les morts, lorsque le vivant exhume sa noirceur ?
Avec le passé qui prédit l'avenir
Si l'enfant savait, voudrait-il encore grandir ?
Mais on a tous les âges, quand on est un enfant des gens du voyage♫
-Abd al Malik-2019- son Livre-CD "le jeune noir à l'épée "-

https://www.youtube.com/watch?v=F0DfE9laJ5U

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C'est passé dans la Grande Librairie
Quand on a les enfants,
On se demande comment on aime le mari
L'avenir qui leur est échu c'est le présent des parents
Un livre ouvert sur les bouffeurs d'hérissons
Les gens du voyage , les voleurs de poules
Tourner la page, contre-façons, retenez la leçon
Qui vole un oeuf à la coq, finira au billard à coup de queue de pool !
Si tu les crois pas tu vas te prendre une torgnole
L'amour vache, effet boeuf, pour revenir au cas décolle
"C'est de la douleur d'aimer, ça c'est bien sûr, mais c'est tout pire de ne pas aimer"
Et c'est comme ça qu'on s'aime
L'amour est enfant de Bohème
Comme ça consomme
On peut compter sur personne
Pour le plaisir des yeux
Un plissé extatique et douloureux
Comme le sourire des saintes
En clair-obscur ou en demi-teinte
Un sourire plus poignant que n'importe quel sanglot
Les enfants se berçaient dans le flux des mots
La grâce des innocents
sans morale et dans le dénuement .....
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Voici un bien joli roman tout aussi beau que profond promettant en toile de fond un grand message de tolérance.
Esther est une bibliothécaire pour qui, le savoir et les livres sont aussi importants qu'un morceau de pain. C'est ainsi qu'elle brave le froid et la misère pour quelques heures de lecture auprès d'une tribu de gitans.
Au-delà des nombreux visages entre ces deux mondes, il y a surtout le visage du coeur qui réconcilie les deux mondes, il y a dans Esther le visage de l'amour, des lettres, de l'ouverture d'esprit, et quand elle commence à lire, c'est un seul et même monde qui enveloppe la rue froide.
Il y a un goût de liberté dans cette histoire, malgré les difficultés, les vols, l'illettrisme, il y a beaucoup de solidarité, et il y a des mots qui bout à bout amènent des phrases, puis des histoires, puis des rêves, puis de l'espoir.
Beaucoup de grâce dans la plume d'Alice Ferney pour qui l'impossibie n'existe pas.
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Angéline, ses quatre fils, ses trois brus et leurs enfants, toujours menacés d'expulsion parce qu'ils sont gitans, occupent un terrain abandonné. Esther, ancienne infirmière reconvertie en bibliothécaire, a un projet : lire des histoires aux enfants gitans. Tous les mercredis, par tous les temps, Esther arrive au volant de sa voiture, sort des livres, raconte, montre les images aux enfants de plus en plus attentifs au point qu'ils l'attendent avec impatience jusqu'à essayer de prolonger ces instants de lecture. Les mois passent, grâce à la fidélité dont fait montre Esther, si les gitans la nomment encore gadjé c'est gentiment et avec respect.
Alice Ferney, de sa belle écriture, raconte les conditions de vie et le mépris que doivent supporter les gitans. Grâce et dénuement, un beau roman à lire.
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Voici un livre magnifique. Alice Ferney ne dément pas la triste situation des gens du voyage: la crasse, l'analphabétisme, le vol, mais dépeint cette univers avec pudeur, amour et lucidité.
Esther, infirmière mariée et mère de deux enfants, vient demander l'autorisation de venir lire une heure par semaine une histoire aux enfants d'une famille Rom installée sur le terrain d'une institutrice à la retraite. Angéline, la grand-mère, la chef de la tribu, accepte non sans un certain a priori la présence de cette gadgé, qui saura se faire adopter par sa gentillesse et sa générosité. Elle apprendra à connaître les cinq fils d'Angéline, mais surtout leurs enfants, non scolarisés, libres, toujours dehors qu'importe la saison, et à travers eux, les quatre belles-filles effectuant la grosse partie des taches domestiques alors que leurs hommes, oisifs, discutent voitures et ferrailles clopes à la main.
Alice Ferney dépeint ce camp de Roms français depuis plusieurs générations avec beaucoup de réalisme: les morceaux de ferraille et de verre jonchant la terre, les vêtements et les cheveux sales, parce qu'il n'y a ni eau potable ni électricité, et le plus terrible, cette frontière quasi infranchissable entre le monde des Roms et celui des Gadgé, c'est-a-dire les Blancs, les civilisés, parce que la crasse, parce que l'analphabétisme, parce que les enfants sont si difficiles à scolariser, et quand on les accepte dans les écoles, ceux-ci doivent apprendre à se coucher de bonne heure dans une caravane occupée par cinq personnes, à venir tous les jours et à faire les devoirs alors que les adultes n'y entendent rien.
Un monde si éloigné alors qu'ils vivent au pas de nos villes...
Alice Ferney caresse les visages et les âmes de ces Roms, en particulier de ces femmes qui portent leur famille; on s'attache à eux, on voudrait, nous aussi, les écouter et les réconforter, s'asseoir à côté de ce feu éternel qu'Angéline alimente nuit et jour de ses théories sur l'amour et sur les hommes.
Plus d'une fois j'ai eu les larmes aux yeux et je vous recommande vraiment ce beau livre qui nous fait pénétrer dans le foyer de cette famille Rom. Angeline, Milena, Misia et Anita existent-elles vraiment? Pour moi, il n'y a pas de doute.
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Dans Grâce et Dénuement, Alice Ferney poursuit son exploitation dans la veine introspective, avec beaucoup de talent.

Elle raconte, sans jugement et avec beaucoup de respect, la vie des gens du voyage, des gitans, dans une atmosphère feutrée et contemplative à travers un prisme nouveau, où l'amour des livres est capable de rapprocher des êtres humains qui tout sépare.

Rêveuse des mots et magicienne des songes, Alice Ferney possède cet art subtil qui consiste à nous faire oublier qu'elle emploie des mots, nous prenant en otages de son récit et d'un univers que nous découvrons avidement.

Le dénuement est matériel dans la vie des gitans. Sans moyens de subsistance véritable, sans infrastructures sanitaires, malvenus, indésirables, ils mènent une vie singulière dictée par les traditions, les rituels, une grande fierté, un choix de vie qu'ils acceptent d'endurer dans une inertie pourtant remplie de grâce.

On le sait, les écrivains sont des « voleurs de vie », s'inspirant des confidences et des aveux recueillis. Ils observent, guettent, imaginent la vie des gens qu'ils croisent.

Alice Ferney a une capacité folle à incarner ses personnages avec une aisance presque insolente et elle raconte son histoire de façon poétique, aussi inattendue qu'irrésistible.

Cela permet un juste éclairage et fait naître des réflexions sur certains destins.


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Citations et extraits (204) Voir plus Ajouter une citation
Parce qu’on a beau vouloir croire le contraire, un homme, un mari, ça ne comprend pas tout. Ca ne comprend rien ! disait Angéline, qui pensait à ses nuits de désir muet que l’époux n’avait pas soupçonnées, lui qui avait pu dormir à côté d’elle sans la toucher. Oh mais oui ! Il avait refusé de voir cette nature flamboyante qui avait fait cinq fils sans se coucher. Elle le répétait : les hommes et les femmes, c’est rien de commun, et ça tient toujours à cause des femmes. Parce qu’elles en finissent assez vite de s’aveugler et de vouloir. Elles voient, après la chair, l’amour et les caresses, qu’ils s’arrêtent jamais de prendre, et qu’il y a rien d’autre à faire que donner. Et ce qu’elle-même avait donné, non décidément elle ne l’avait plus, pensait Angéline., son ventre, sa douceur de nid, son élan pour diriger la vie sur un bon chemin et la gaieté d’avoir à le faire. Toute cette grâce pour vivre s’était diluée dans une grande fatigue. L’épuisement était entré en elle imperceptiblement, un jour derrière l’autre à se dire qu’elle se sentirait mieux le lendemain, un mois glacé après un autre, une année mauvaise suivant une qui n’avait pas été facile (on passe son temps à attendre au lieu d’être). L’épuisement avait d’abord emporté la fraîcheur de son visage – sans que personne n’y vît rien car elle continuait de sourire et elle était encore jolie. Puis la force incroyable de son corps, la vitalité inaltérable qui le portait vers une tâche, cela s’était perdu ensuite. Son visage alors était devenu ridé et gris (lui qui avait été rond et fruité) et ses yeux étaient entrés dans deux petites cavernes bleues dont ils ne sortiraient plus jamais, et elle avait grossi à force de moins se remuer. Pour finir il n’était rien resté de ce qui avait fait la femme et la mère. Quand l’immense appétit (de plaisir et d’enfant, de vin, de fêtes, de bon sommeil et de vie) s’était usé contre le mari endormi, affalé, mort enfin, elle était restée seule avec une étrangère : elle-même veuve et vieillie. Elle était lasse maintenant, et lui, ce mari qui l’avait prise et gardée, tout de même n’en était pas venu à bout : il était mort avant elle.
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Esther prenait son livre. Ils ne bougeaient plus et hormis quelques reniflements, le silence était total. Elle ignorait qui, de la chaleur ou de l'histoire, les apaisait d'un seul coup, sans qu'ils ne demandent rien. Ils ne sont pas difficiles, se disait-elle. Jamais ils ne réclamaient jamais ils n'avaient soif ou faim comme d'autres enfants qui ont sans arrêt besoin de quelque chose. Elle lisait dans ce calme. On entendait juste le ronflement d'air chaud. Les enfants avaient posé les mains sur leurs cuisses.\"
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C'étaient les livres qui faisaient rêver la vieille. elle n'en avait jamais eu. Mais elle savait, par intuition et par intelligence, que les livres étaient autre chose encore que du papier des mots et des histoires: une manière d'être. La vieille ne savait pas lire mais elle voulait ce signe dans sa caravane (p.55)
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1

Rares sont les gitans qui acceptent d’être tenus pour pauvres, et nombreux pourtant ceux qui le sont. Ainsi en allait-il des fils de la vieille Angéline. Ils ne possédaient que leur caravane et leur sang. Mais c’était un sang jeune qui flambait sous la peau, un flux pourpre de vitalité qui avait séduit des femmes et engendré sans compter. Aussi, comme leur mère qui avait connu le temps des chevaux et des roulottes, ils auraient craché par terre à l’idée d’être plaints. […]

2

Ils étaient des gitans français qui n’avaient pas quitté le sol de ce pays depuis quatre cents ans. Mais ils ne possédaient pas les papiers qui d’ordinaire disent que l’on existe : un carnet de voyage signalait leur vie nomade. Elle n’était cependant qu’un souvenir de la vieille. Les lois et les règles modernes avaient compliqué le passage d’une ville à une autre et ils s’étaient sédentarisés, comme la plupart des Gitans. […]

La vieille n’avait pas encore soixante ans. Mais, si la vérité est bonne à dire, elle portait bien son surnom. Son visage était fendu de rides si profondes et nombreuses qu’on aurait dit une maladie de peau. A la regarder de près ; on avait mal à sa place. Elle ne souffrait pourtant de rien et les ans difficiles, qui l’avaient précocément vieillie, ne l’avaient pas tuée. Elle en conservait un orgueil sympathique. Elle était en vie, envers et contre le monde et le froid, elle avait un furieux désir de continuer à voir ce spectacle de la terre, du vent, du feu sous les nuages, des nuages même, et des nouveaux venus qu’elle avait engendrés dans cette bourrasque. […]

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Chaque mercredi (vers onze heures) Ester les installait l'un après l'autre dans la voiture. Elle laissait tourner le moteur et mettait le chauffage au plus fort. Tu vas bouziller ta batterie, disait Sandro. Tu crois ? s'inquiétait Esther. Il hochait la tête. Je coupe ? demandait-elle. Non ! hurlaient les enfants.Ils riaient. C'était toujours le même plaisir. La petite soufflerie ronflait. Esther prenait son livre. Ils ne bougeaient plus et hormis quelques reniflements, le silence était total. Elle ignorait qui, de la chaleur ou de l'histoire, les apaisait d'un seul coup, sans qu'ils ne demandent rien? Ils ne sont pas difficiles, se disait elle. Jamais ils ne réclamaient, jamais ils n'avaient soif ou faim comme d’autres enfants qui ont sans arrêt besoin de quelque chose . Elle lisait dans le calme. On entendait juste le ronflement d'air chaud. Les enfants avaient posé leurs mains sur leurs cuisses. "Un âne comme Cadichon est un âne à part. - Bah! tous les ânes se ressemblent et ont beau faire, ils ne sont jamais que des ânes. ". Ils entraient petit à petit dans la chose du papier, ce miracle, cet entre deux-deux. "Il y a âne et âne. " Certaines tournures leur semblaient drôle. Ils riaient sans retenue. Esther ne s'arrêtait plus de lire pendant près d'une heure, et quand elle finissait, ils s'étiraient, revenant de l'autre monde, plus enveloppant, plus rond, plus chaud que celui dans lequel ils retournaient à peine sortis de la voiture et qui les mordait au visage comme un chien fou.p 110, 111, Babel, Acte Sud
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Vidéo de Alice Ferney
Découvrez l'émission intégrale ici : https://www.web-tv-culture.com/emission/alice-ferney-deux-innocents-53711.html Depuis son premier roman en 1993, « le ventre des fées », Alice Ferney s'est discrètement mais résolument installé dans l'univers littéraire français. Depuis, chacun de ses titres est attendu par un lectorat fidèle qui apprécie à la fois les sujets qu'elle traite mais aussi la qualité de son écriture, classique, allant à l'essentiel, sans artifice et néanmoins sensible et pudique, chargée d'émotion.
La maternité, la place de la femme, la famille, l'engagement, le sentiment amoureux et ses déchirements font partie des thème de prédilection de l'auteur qui signe aussi quelques chroniques dans Le Figaro littéraire.
Avec ce 13ème titre, « Deux innocents », publié chez Actes Sud, maison à laquelle Alice Ferney est fidèle, l'auteure nous emmène en septembre 2018. C'est jour de rentrée des classes, à l'Embellie, un établissement scolaire spécialisé qui accueille des enfants en difficulté, notamment des jeunes atteint d'un handicap mental mais dont on sait aussi que le coeur est deux fois plus gros et la sensibilité est exacerbée.
Et voici Gabriel Noblet, il a 16 ans. Il est nouveau dans l'établissement. Il va intégrer la classe de Claire Bodin, qui donne des cours de bureautique à ses jeunes à qui il faut bien dessiner un avenir.
Claire Bodin est la bonté même. Mère et épouse accomplie, le sourire aux lèvres, elle cherche à faire le bien. C'est ce qu'on lui recommande chaque dimanche, à l'église où elle est assidue. Claire ne cherche pas la lumière mais si elle peut apporter du réconfort, elle est heureuse. Et face au jeune Gabriel, en manque d'attention et de repère dans cette nouvelle école, Claire va faire ce qu'elle croit être utile. Lui donner de l'affection, de la tendresse. Oui, elle va le prendre dans ses bras, oui elle va lui donner son numéro de téléphone et répondre à ses messages. Quel mal y a-t-il ? Ces enfants ont tellement besoin d'affection… Oui mais voilà, jusqu'où est-elle allée ? Et l'ensaignante qu'elle est n'a-t-elle pas été trop loin ? Bien vite, la mère du jeune Gabriel s'invente une histoire, l'histoire se transforme en rumeur, la rumeur en vague, la vague en procès. La fatalité, l'inconséquence, le malentendu deviennent un crime. Claire est alors face à la justice. Sa vie s'écroule, les failles s'entrouvrent.
Choisissant une écriture résolument clinique, froide, insistant sur les dates, les lieux, les moindres détails, Alice Ferney nous raconte cette histoire, inspiré d'un fait authentique, comme une enquête, sans pathos, de façon très factuelle. Ainsi, chaque lecteur vit l'intrigue avec son propre regard, analyse lui-même les personnages, se forge sa propre opinion, tel un juré d'assise. Et c'est glaçant.
Par les sujets qu'il traite, par la fragilité des protagonistes, embarqués dans une histoire qui les dépasse, ce roman touche au coeur, interpelle, émeut et nous redit une fois encore combien Alice Ferney est une grande romancière, combien elle sait manier les mots pour aller au coeur de son histoire.
Ce livre est un coup de coeur
« Les innocents » d'Alice Ferney est publié chez Actes Sud.
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