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EAN : 9782742788361
389 pages
Actes Sud (06/01/2010)
3.39/5   196 notes
Résumé :
Pourquoi perd-on l'amour de sa vie ? Pourquoi le doute l'a-t-il si souvent habité ? Quels regrets, quels remords en conçoivent les amants ? Où mène le lien amoureux ?Dans une famille dont le mari s'est absenté, une femme et ses enfants, attendant son retour incertain, regardent un film, Chaînes conjugales, qui met en scène ces énigmes. La vie et la fiction se répondent. Dans un face à face avec les personnages du film, ceux du roman partagent aventures et mésaventur... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (34) Voir plus Ajouter une critique
3,39

sur 196 notes
Déployer une histoire à travers le déroulement d'un film est un procédé peu facile et intéressant. Ferney a entrepris cette tâche, racontant une aventure conjugale actuelle, à travers un film de Mankiewicz datant de 1949 que la protagoniste du roman visionne en boucle depuis trois mois, délaissant le mari. le mari pas content annonce qu'il se barre….
Voilà le scénario de départ du livre d'Alice Ferney.
Avant d'entamer la suite de l'histoire j'ai voulu visionner moi-même le film de Mankiewicz ( disponible sur YouTube ), « Lettre à trois épouses »( titre v.o.), une comédie fabuleuse . Il débute avec Addie Ross , la femme fatale qui envoie la lettre du titre aux trois épouses, et qu'on n'entendra qu'en voix off durant tout le film. Suivent tour à tour trois femmes très différentes, l'Enfant, l'Independante, la Fatale . La lettre perverse annonce aux trois que la dite Addie déguerpit avec un des maris, mais lequel ? Trois types divers de relations de couples, pourtant le doute et la peur d'être quittée saisit les conjointes au même degré, de même qu'elle saisit Elsa, l'ex-danseuse aux quatre enfants, l'héroïne de l'histoire de Ferney.
Elsa qui subit la tragédie du mariage dû à sa longévité , semble chercher les réponses , du moins le réconfort dans cette comédie fabuleuse qui a une dynamique incroyable. le génie de Mankiewicz est d'exposer cette institution sous toutes ses coutures avec vitalité sans jamais tomber dans le mélo et c'est probablement pour cette raison qu'elle le regarde en boucle, « Le film réveille en elle l'énergie primordiale. Elle pense que la sophistication d'une oeuvre insuffle une force vitale à celui qui la contemple. ». Une façon de se rassurer, de se trouver un refuge dans cette vie où tout est éphémère et condamné à disparaître, « Le film produit en elle un tel apaisement qu'il devient un parfait bonheur. Par une alchimie dont elle ne démêle pas les composants, le film remédie à son chancellement intérieur. » Suite à la menace de désertion de son mari , elle s'y enfonce encore plus dans cette dernière nuit pendant laquelle on visionne le film avec elle. La séparation d'un homme et une femme a-t-il forcément une logique comme on le croit ??? Pourrait-il être une erreur, un accident, une folie soudaine sans fondement ?
Entraînée dans la rêverie de ses trois copines du film ( désormais, vu qu'elle les fréquente depuis trois mois 😊) elle s'auto- psychanalyse : que ressent , « à quoi pense une épouse qui craint d'avoir été délaissée ? ». Quand à ses questions sur la nécessité du mariage et les réponses qu'elle en tire , je les ai trouvé, banales , sans intérêt, comme son analyse concernant le personnage de Lora Mae qui perso m'a beaucoup plue chez Mankiewicz.
L'étrange morale du film qui déteint sur le livre est que l'amour a besoin d'être titillé par la menace de la séparation, la perte du conjoint ( du moins ici, peut-être aussi de la conjointe, non ?).J'ai trouvé la fin du film excellent , celle du livre longue et sans intérêt. J'attendais mieux .

Ferney est futée car elle a vraiment déniché un très bon film simple d'apparence , complexe de fond pour y calquer son histoire et lui donner une consistance . Pour moi il a été préférable de voir le film avant et lire le livre après même si dans cette ordre j'ai fait une overdose car Ferney raconte le film en entier jusqu'à ses tout-petits détails, si bien qu'il compose les trois quarts du livre et on perd Elsa dans ses dédales. Si Mankiewicz était encore en vie Ferney aurait été obligé de lui payer une chic somme pour le copyright 😁!
Le style fouillée de « La conversation amoureuse », qui décortiquait avec brio les pensées et les émois d'une relation naissante entraînant à travers des questionnements l'analyse de ses personnages , qui m'avait beaucoup plue, ici m'a lassée, bref avis mitigé.
Un grand merci à Oneeeee, même si le livre ne m'a pas emballée; j'ai adoré le film , que j'ai finalement visionné deux fois , la seconde en lisant le livre 😁!


« Tromper le public est à la base d'une bonne comédie . »
( Ici qui trompe qui ch'uis pas sûr 😁)

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La lecture d'une récente critique du roman « cinema », de Tanguy Viel, m'a donné envie de vous parler de ce livre d'Alice Ferney, que j'ai lu avant de connaître babélio. Je ne sais pas ce que je penserais de cette lecture aujourd'hui, mais l'avis de 2Paul sur « Cinéma » m'a donné envie de me replonger dans mes sensations de l'époque :
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"Demain soir et les soirs suivants prépare toi à dormir seule. Je ne rentrerai pas. Je ne rentrerai pas dans une maison où ma femme est installée devant la télévision, voit le même film depuis trois mois, ne se lève pas pour me préparer à dîner, et se couche sans me regarder !".
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Voilà ce qu'annonce le mari d'Elsa à sa femme alors qu'elle vient de se refuser à lui une énième fois. Elsa est dans une phase de questionnement, n'est plus tout à fait épanouie dans son couple, se perd dans son rôle de mère et de femme au foyer. Elle a besoin de comprendre ce qui lui arrive et ce qui arrive à son couple, mais ne trouve pas de réponse à ses questions et n'arrive plus à communiquer avec son mari.
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Pour réfléchir sur elle-même, elle se plonge chaque soir dans l'oeuvre (bien réelle) de Mankiewicz intitulée "Chaînes conjugales", parue en 1949, période au cours de laquelle les femmes se sont émancipées professionnellement,  financièrement et sentimentalement. On a toujours plus de recul sur la vie des autres que sur la nôtre, et il est plus facile pour Elsa d'analyser ces couples pour mieux comprendre le sien, et comprendre ce qui ne va plus dans le sien. Cela lui permet d'appuyer sur pause et de repasser un moment du film pour y réfléchir.
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Et pour cause : le film qu'Elsa visionne régulièrement raconte lui-même l'histoire de trois couples en danger : Un genre de « desperate housewives », dans lequel trois amies reçoivent une lettre d'une quatrième femme. Celle-ci leur dit qu'elle part dès ce soir avec le mari de l'une des trois. Bien sûr, durant toute la journée chacune se demande si ce sera son couple qui est fini.
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Nous assistons donc, à travers le regard d'Elsa, aux scènes clés du film et notamment aux flash-back sur chaque couple destinés à faire deviner au spectateur lequel des trois maris est parti. Et, tandis que les personnages du film deviennent presque également des personnages du livre, chaque image du drame qui se joue sous ses yeux fait réfléchir Elsa sur son propre couple, sur l'amour, le lien conjugal, la vie de femme, les torts partagés, etc…
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Elsa a déjà vu ce film beaucoup de fois, mais cette fois est particulière pour elle, depuis l'annonce de son mari. Va-t-il vraiment la quitter ? Leur histoire peut-elle vraiment se terminer ainsi sans qu'aucun des deux époux ne soit plus capable de faire un pas vers l'autre ? Ce roman est finalement l'analyse d'Elsa de la vie de couple, à travers sa propre expérience mais enrichie de celle des trois héroïnes de son film préféré.
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Ce livre ne plaira pas à tout le monde mais pour moi c'est un coup de génie, un livre intelligent qui, plus qu'analyse, dissèque en parallèle la vie de couple d'une ex-danseuse et le film qu'elle regarde chaque soir pour s'endormir. Et, finalement, ce ne sera pas une analyse inutile pour Elsa, même si au départ c'est (délicieusement) déstabilisant pour le lecteur.
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Ce que j'adore chez Alice Ferney, c'est qu'elle propose à chaque fois une immersion totale dans un univers complètement différent. Son écriture et la façon dont elle aborde le sujet m'a complètement séduite : La réflexion est très poussée, détaillée. le thème est abordé de manière très originale mais, attention, c'est un livre qui demande de la concentration. Certains du coup l'ont trouvé trop touffu, ou trop lent (du fait des arrêts sur image et du fait que l'héroïne dissèque chaque scène pour y trouver des réponses). Si vous vous lancez, ne vous attendez pas à une histoire banale qui défilerait sous vos yeux : Lisez-le pour découvrir une vraie réflexion sur le lien conjugal et un mode de narration différent.
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Lors de ma dernière critique d'un livre d'Alice Ferney, j'écrivais que j'étais complètement tombé sous le charme de son écriture, à en devenir complètement fan. J'ai eu plus de mal avec celui-ci que j'ai découvert dans la PAL de ma Delphinette en allant mangé la salade composée, une belle journée d'été.
Elsa passe son temps à regarder inlassablement un même film, "chaine conjugal" de Manckievicz, dans lequel les trois héroïnes sont à un carrefour de leur existence. Elle-même ne sait plus trop que penser de la relation avec son mari qui vient de lui laisser un mot : " demain soir et les soirs suivants, prépare-toi à dormir seule. Je ne rentrerai pas. Je ne rentrerai pas dans une maison où ma femme est installée devant la télévision, voit le même film depuis trois mois, ne se lève pas pour me préparer à dîner, et se couche sans me regarder !" Ce soir les deux ainés d'Elsa se joignent à elle pour regarder ce film et devant l'émotion de leur mère, questionneront : est-ce que papa rentrera ce soir ?
Un livre bilan pour les couples qui se sont éloignés, la tristesse de l'habitude ayant pris la place de la passion amoureuse, ou l'on ne voit plus l'autre que comme un objet du quotidien. Est-ce que seul un électrochoc pourra rendre de nouveau cette relation passionnelle et fusionnelle ?
J'ai eu plus de mal à le lire, peut-être parce qu'il ne me concerne en rien, mais alors en rien du tout, je pense même être aux antipodes du sujet de ce bouquin. Je n'ai donc pas pu me projeter sur l'un ou l'autre de ses personnages.
Pourtant j'ai persévéré, bien m'en a pris car le final est de toute beauté ou la richesse des descriptions des émotions est à couper le souffle.
Reste-t-il des livres d'Alice Ferney que je n'ai pas lues ? Vite, vite mettons nous en quête.
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Totalement tombée sous le charme d'Alice Ferney avec les lectures de "Grâce et dénuement" et "Dans la guerre", j'avais hâte de découvrir un autre de ses romans. Une chose est sûre : mon choix avec "Paradis conjugal" n'a pas été le bon. J'ai dû m'accrocher à chaque page pour ne pas abandonner. Pourtant avec l'âge, cela m'arrive désormais fréquemment, mais je gardais espoir de retrouver enfin au prochaine chapitre l'écrivaine que j'avais tant admirée.

"Demain soir et les soirs suivants, prépare-toi à dormir seule. Je ne rentrerai pas. Je ne rentrerai pas dans une maison où ma femme est installée devant la télévision, voit le même film depuis trois mois, ne se lève pas pour me préparer à dîner, et se couche sans me regarder !". Cette phrase, qui revient d'ailleurs comme un leitmotiv tout au long du livre, c'est celle prononcée par le mari d'Elsa, hier dans leur lit. La jeune femme d'une quarantaine d'années se demande donc s'il va mettre ce soir cette menace à exécution. Elle regarde une énième fois le film évoqué dans cette phrase ultimatum en compagnie de ses deux plus grands enfants (pas très sain comme situation, je trouve), tout en faisant l'introspection de son couple. L'auteure a pris le parti de nous retracer le script de ce film à succès "Chaînes conjugales" de Mankiewicz sorti en 1949. Trois amies, Deborah, Rita et Lora Mae, attendent la quatrième Addie avant de partir ensemble accompagner un groupe d'enfants pour une excursion en bateau. Mais cette dernière n'arrive pas leur faisant porter à la place une lettre où elle leur signale qu'elle est partie avec le mari de l'une d'elles... sans préciser lequel évidemment. Les trois jeunes femmes vont individuellement remettre en cause leur amour, se remémorer leur rencontre avec leur époux respectif et se rendre compte que finalement la sulfureuse Addie incarnait le fantasme de chacun d'entre eux. Il faudra attendre la fin de la sortie et le retour au bercail pour découvrir le coupable. Régulièrement Alice Ferney fait un zoom sur les états d'âme d'Elsa qui se rapprochent de ceux des trois actrices. Le "happy end" du scénario lui apporte même un certain réconfort.

En utilisant cette technique, l'auteure dit avoir voulu faire une comparaison entre cinéma et littérature pour déterminer les avantages de l'un et de l'autre. Même si le lecteur perçoit bien l'interaction entre le film et ce que vit Elsa, il est évident que les images ne traduisent que superficiellement le ressenti des protagonistes alors que sur le papier, Alice Ferney nous dissèque minutieusement le fonctionnement du couple, ce qui peut le faire durer ou le faire éclater. Première question, pourquoi avoir choisi un film de cette époque ? Il me semble qu'en 70 ans, la situation de la femme et sa position dans le couple a évolué. Du coup, le livre se déroulant en une soirée, je n'ai pas vu dans Elsa quelqu'un de moderne mais de contemporain aux actrices. De toutes façons, je n'ai pas eu l'impression de lire un roman mais une psychanalyse d'autant plus ennuyeuse que le style en est intellectualisé (moi qui avait trouvé tant de poésie dans l'écriture de l'auteure...). Un sujet, qui en cette période de St Valentin aurait pu m'émouvoir mais qui traité de cette façon, m'a laissée de glace. Ne connaissant pas le film, ma curiosité a juste été titillée par le fait de savoir qui avait succombé au charme de la vénéneuse Addie. Ma terrible déception se solde par un 6/20.
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Elsa est une femme marié et mère de famille, sa vie est ordinaire et ressemble à n'importe quelle vie d'épouse et de maman si ce n'est que depuis plusieurs semaines, Elsa regarde le même film tous les soirs, un film que son mari lui a offert. Un soir, il en a marre de vivre avec une femme absorbée par sa télé et qui ne s'occupe plus de lui. Cette nuit là, Elsa ne renonce toujours pas à sa tradition et met en marche son film. Les aînés de ses enfants, Max et Noémie regardent avec elle pour la première fois.

Dans ce livre, on a en parallèle le film puis les pensées et les souvenirs d'Elsa qui s'identifie pleinement aux femmes du film. C'est l'histoire de trois femmes (amies entre elles) qui partent en croisière et une lettre va leurs parvenir à leur départ. Addie Ross, une de leur amie annonce qu'elle est partie avec le mari de l'une d'entre elle. Aussitôt Rita, Déborah et Lora Mae s'interrogent : Lequel des maris est partit? Laquelle d'entre elles rentrera dans une maison vide?
Chacune à leur tour se remémore des souvenirs où Addie était au centre d'attention de leurs maris. C'était une femme énormément désirée qui faisait rêver tous les hommes donc n'importe lequel des trois peut l'avoir suivi.

Grand suspense jusqu'au moment révélateur.. J'ai énormément adoré ce livre et cette histoire. N'importe qui peut, comme Elsa, s'identifier à ces trois femmes perdues, tristes, effrayée à l'idée d'être celle qui sera retrouvera seule car il en faudra une. Une pour qui tout va s'écrouler. Un livre qui nous transmet de la compassion, de l'attachement, de la tristesse mais il peut aussi aider sur l'amour. L'amour qui, du jour au lendemain peut s'arrêter. le mariage sert-il vraiment si c'est pour à la fin se retrouver séparé? « le film montrait ce que peuvent nous faire les autres quand il cesse de nous aimer et que nous avons à le comprendre. » C'est ce à quoi Rita, Déborah et Lora et même Elsa pensent.. D'ailleurs, le mari d'Elsa lui, rentrera t'il?

Alice Ferney continue de m'impressionner : j'aime son écriture et sa créativité. J'ai voulu prendre mon temps pour le lire, histoire de bien tout savourer. Cette auteure a un style particulier, bien à elle, et je pense que soi on aime, soit on aime pas. Moi, j'adore. « Paradis conjugal » est mon second coup de coeur des ses livres que j'ai lu jusqu'à présent.
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critiques presse (1)
LePoint
22 novembre 2011
Alice Ferney est "l'écrivain" du sentiment amoureux. Elle le décrit, le décrypte, le décortique comme personne. À travers son personnage, elle s'interroge et nous interroge avec une grande subtilité sur le couple, ses limites, ses dégradations, ses variations, son avenir.
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (50) Voir plus Ajouter une citation
On peut se plonger dans une œuvre, se calfeutrer dans ce qu'elle fait lever en soi, rechercher sans finir ni se lasser sa tonalité spéciale et la rencontre qu'elle inaugure, ramifier la complicité que l'on entretient avec elle. Et c'est ce que fait Elsa Platte. On peut chercher le face-à-face intérieur avec ce que dit un artiste, et la confrontation de son langage avec la vie qu'on mène. On peut faire passer le temps à côté d'une œuvre et même à travers elle : le fil des jours dans le chas d'un film. On peut se servir d'une œuvre pour surmonter une épreuve. Est-ce qu'il ne s'agit pas souvent de surmonter ? Quand on n'aime pas la vie, on va au cinéma. Est-ce que le lien à la création d'art n'a pas à voir avec la difficulté d'être ? Comme si la vie avait besoin d'un écho, d'un ensemble architecturé de miroirs qui nous la révèle et nous l'éclaircisse.
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Il s'enfonce en elle. Il posséde un dard qui devient un instant la tige de cette fleur qui n'a pas de tige. La fleur étalée au creux de la femme, comme une décoration collée sur le fond d'elle, un décalcomanie invisible qu'elle visualise seulement dans le plaisir.
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- Pourquoi aimes-tu tellement ce film ? Sais-tu ce qui te plait ? demanda Alexandre pour changer de sujet.
- Je ne sais pas l'expliquer, dit Elsa, il me rend heureuse. C'est un chef d’œuvre. mais au-delà, je voudrais comprendre l'effet du cinéma. Par quel canal, par quel mécanisme intérieur, un film peut agir sur mon humeur, me réjouir l'esprit, me mettre à l'aise avec la vie. Tout d'un coup j'ai le moral, je me sens heureuse. Alors que rien n'a changé dans la vie réelle !
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A tort ou à raison, Elsa se sentait avancer vers l'âge fatal des femmes, celui où, en perdant le pouvoir d'enfanter, elles se rapprochaient des hommes. Elle ne fêtait plus ses anniversaires. Tu n'aimes pas tes anniversaires ? lui demandait Max. Elle disait qu'elle ne les avait jamais aimés, qu'ils étaient, déjà dans sa jeunesse, la marque d'un achèvement et les jalons d'un temps qui détruisait. Mais maintenant ce n'était plus plaintes romantiques, supputations et idées vagues, c'était une réalité : elle s'éprouvait à un cap, dans le creux d'une métamorphose inévitable et fatale, et soudain si fragile devant le miroir du matin et du soir.
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La vie parfois ne suffit pas et on a le droit d'être triste et inatteignable quand on ne sait plus faire d'efforts, pense leur mère. Tout n'est pas désagréable d'ailleurs dans la tristesse. Il y a une acuité des sens et des émotions spécifique à cet état. Pleurer pour un rien est un genre de vertige, comme si la vie passait en vous grattant le cœur, ce qui vaut toujours mieux que de passer inaperçue.
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Vidéo de Alice Ferney
Découvrez l'émission intégrale ici : https://www.web-tv-culture.com/emission/alice-ferney-deux-innocents-53711.html Depuis son premier roman en 1993, « le ventre des fées », Alice Ferney s'est discrètement mais résolument installé dans l'univers littéraire français. Depuis, chacun de ses titres est attendu par un lectorat fidèle qui apprécie à la fois les sujets qu'elle traite mais aussi la qualité de son écriture, classique, allant à l'essentiel, sans artifice et néanmoins sensible et pudique, chargée d'émotion.
La maternité, la place de la femme, la famille, l'engagement, le sentiment amoureux et ses déchirements font partie des thème de prédilection de l'auteur qui signe aussi quelques chroniques dans Le Figaro littéraire.
Avec ce 13ème titre, « Deux innocents », publié chez Actes Sud, maison à laquelle Alice Ferney est fidèle, l'auteure nous emmène en septembre 2018. C'est jour de rentrée des classes, à l'Embellie, un établissement scolaire spécialisé qui accueille des enfants en difficulté, notamment des jeunes atteint d'un handicap mental mais dont on sait aussi que le coeur est deux fois plus gros et la sensibilité est exacerbée.
Et voici Gabriel Noblet, il a 16 ans. Il est nouveau dans l'établissement. Il va intégrer la classe de Claire Bodin, qui donne des cours de bureautique à ses jeunes à qui il faut bien dessiner un avenir.
Claire Bodin est la bonté même. Mère et épouse accomplie, le sourire aux lèvres, elle cherche à faire le bien. C'est ce qu'on lui recommande chaque dimanche, à l'église où elle est assidue. Claire ne cherche pas la lumière mais si elle peut apporter du réconfort, elle est heureuse. Et face au jeune Gabriel, en manque d'attention et de repère dans cette nouvelle école, Claire va faire ce qu'elle croit être utile. Lui donner de l'affection, de la tendresse. Oui, elle va le prendre dans ses bras, oui elle va lui donner son numéro de téléphone et répondre à ses messages. Quel mal y a-t-il ? Ces enfants ont tellement besoin d'affection… Oui mais voilà, jusqu'où est-elle allée ? Et l'ensaignante qu'elle est n'a-t-elle pas été trop loin ? Bien vite, la mère du jeune Gabriel s'invente une histoire, l'histoire se transforme en rumeur, la rumeur en vague, la vague en procès. La fatalité, l'inconséquence, le malentendu deviennent un crime. Claire est alors face à la justice. Sa vie s'écroule, les failles s'entrouvrent.
Choisissant une écriture résolument clinique, froide, insistant sur les dates, les lieux, les moindres détails, Alice Ferney nous raconte cette histoire, inspiré d'un fait authentique, comme une enquête, sans pathos, de façon très factuelle. Ainsi, chaque lecteur vit l'intrigue avec son propre regard, analyse lui-même les personnages, se forge sa propre opinion, tel un juré d'assise. Et c'est glaçant.
Par les sujets qu'il traite, par la fragilité des protagonistes, embarqués dans une histoire qui les dépasse, ce roman touche au coeur, interpelle, émeut et nous redit une fois encore combien Alice Ferney est une grande romancière, combien elle sait manier les mots pour aller au coeur de son histoire.
Ce livre est un coup de coeur
« Les innocents » d'Alice Ferney est publié chez Actes Sud.
+ Lire la suite
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