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Carnets d'Orient tome 9 sur 10
EAN : 9782203003682
61 pages
Casterman (23/05/2007)
4.16/5   34 notes
Résumé :
Des moments forts de l’histoire coloniale, une intrigue familiale et sentimentale riche et mouvementée : la saga algérienne de Jacques Ferrandez maintient son haut niveau de qualité. Avec un bonus de choix : la préface de Fellag, humoriste et écrivain né en 1950, désormais bien connu en France.

On retrouve dans ce tome 9 les protagonistes de notre histoire en octobre 1958, au moment ou l’armée française reprend du terrain face aux indépendantistes. De... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Il ne s'agit pas de préférer sa mère à la justice, il s'agit d'aimer la justice autant que sa propre mère. – Jules Roy
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Ce tome fait suite à [[ASIN:2203365072 Carnets d'Orient, tome 8 : La fille du djebel Amour]] (2005) qu'il vaut mieux avoir lu avant pour comprendre les relations entre les personnages. Ce tome a été publié pour la première fois en 2007. Il a été réalisé par Jacques Ferrandez, pour le scénario, les dessins et les couleurs, comme tous les précédents. Il comprend cinquante-six pages de bande dessinée. Il s'ouvre avec une citation célèbre d'Albert Camus (1913-1960) et la réponse de Jules Roy. Vient ensuite une introduction de trois pages, intitulée le miroir de la mémoire commune, écrite par Fellag (Mohand Fellag de son nom complet), acteur, humoriste et écrivain algérien. Il commence par évoquer ce jour de l'hiver 1956, à six heures du matin où des parachutistes défoncent à coups de pied la porte de la maison de ses parents, et éjectent toute la famille dans la cour, puis les poussent à coups de pied et de crosse vers la place du village, comme tous les autres habitants. Il évoque sa jeunesse, parce que cette partie de sa vie ressemble à l'univers décrit par Jacques Ferrandez. Il se retrouve dans la lumière, les paysages, les personnages […]. Ferrandez et lui sont deux frères reliés à la même matrice mémorielle. Deux frères qui voient l'Histoire se faire au détriment d'eux, sans eux, incapables d'arrêter son cours ou de glisser un grain de sable pour en arrêter les rouages. Ce tome se termine à nouveau par une bibliographie listant une vingtaine d'ouvrages d'historiens.

Le 23 octobre 1958, le général Charles de Gaulle s'adresse aux Français dans une allocution télévisée. Il en appelle à la paix des braves : La vielle sagesse guerrière utilise depuis longtemps, quand on veut que se taisent les armes, le drapeau blanc des parlementaires. Et il répond que dans ce cas, les hommes seraient reçus et traités honorablement. Quand la voie démocratique est ouverte, quand les citoyens ont la possibilité d'exprimer leur volonté, il n'y en a pas d'autre qui soit acceptable. Or cette voie est ouverte en Algérie. le commandant Loizeau et le colonel Lebreton ont des avis divergents : le premier estime que c'est une trahison, le second que c'est une bonne chose et qu'il faut faire confiance au général. À Bab el Oued, les frères d'Octave prennent la déclaration du général comme une trahison envers les pieds-noirs.

Dans son exploitation viticole dans la campagne algérienne, Noémie veille sur son mari Octave qui est dans le coma, et repense au déroulement de sa vie : son amour pour Paul, le départ de son fils Octave avec une Arabe. Dans la province du Québec, Octave Alban rentre chez lui dans son pick-up, en ramenant Jean qui s'arrête pour prendre un verre, avec Samia. Ils évoquent le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, les guerres coloniales, le sort des indigènes du Canada, le fait qu'une nation est une colonisation qui a réussi, l'échec de la guerre de conquête de l'Algérie, le droit à la dignité des Algériens et à la justice. À Alger, le colonel Lebreton rend visite à Bouzid dans sa cellule pour lui offrir un marché.

Les événements historiques majeurs continuent de survenir au cours de cette année et demie, du 23 octobre 1958 au premier février 1960. Comme dans les tomes précédents, l'auteur conserve sa narration à hauteur d'êtres humains, par le truchement de ses personnages, sans essayer de faire un cours d'histoire. Par voie de conséquence, en fonction de sa culture et de sa curiosité pour cette période de l'Histoire à cet endroit du monde, le lecteur peut trouver ces références trop intangibles, voire absconses. Ou il eut les prendre comme une invitation à poursuivre sa lecture en allant se renseigner sur ces sujets : l'évolution d'une proposition de Paix des Braves vers l'autodétermination, le plan Constantine (1958-1961, un programme économique élaboré par le gouvernement français, et annoncé par le général De Gaulle devant la préfecture de Constantinople le 03/10/58), le décret Crémieux (du nom de l'avocat et homme politique Adolphe Crémieux, qui attribuait la citoyenneté française aux Israélites indigènes d'Algérie), le plan Challe (du nom du général Maurice Challe, 1905-1979, série d'opérations menées par l'armée française), l'Armée de Libération Nationale (ALN), le général Raoul Salan (1899-1984), le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) installé au Caire, etc. L'auteur intègre différentes unes de journaux d'époque, permettant d'afficher les événements les plus marquants pendant cette phase de la guerre d'Algérie.

Après la première page consacrée à l'allocution sur la Paix des Braves du général De Gaulle, il tarde au lecteur de retrouver les personnages. À la suite d'un décès dans la famille, Octave et sa compagne Samia doivent revenir en Algérie, avec la conscience qu'ils peuvent craindre des actions pour attenter à leur vie. Les dessins montrent un ex-militaire toujours aussi droit, avec un visage de plus en plus fermé, au fur et à mesure qu'il voit ses options se réduire, et qu'il prend conscience que les événements historiques le cantonnent à un rôle, un destin. le petit minois de Samia a conservé toute sa séduction, encore augmentée avec sa nouvelle couleur de cheveux. Elle continue à toucher le coeur du lecteur, par son apparente fragilité générée par sa mince silhouette, par sa gentillesse, et également par le terrible dilemme moral : a-t-elle trahi son pays, sa communauté ? le lecteur retrouve avec plaisir Jacky Tobalem, Juif algérien d'une cinquantaine d'années : léger embonpoint, grosses lunettes, en costume-cravate. Octave Alban retourne voir sa mère Noémie : une femme âgée aux cheveux blancs, au visage peu amène, au caractère marqué par l'amertume du déroulement de sa vie, de la tournure qu'elle prend en ces périodes troublées. L'artiste insuffle autant de vie et de personnalité aux deux gradés militaires, l'un arcbouté sur une victoire militaire en Algérie, l'autre assimilant la nécessité d'aller vers une résolution du conflit. La vie continue et de nouveaux personnages apparaissent, en particulier deux militaires, des soldats, un engagé d'une trentaine d'années, et un appelé d'une vingtaine d'années. Là encore, les dessins montrent deux individus très différents, par la morphologie, les expressions de visage, les postures.

Le lecteur retrouve avec le même plaisir les différents paysages d'Algérie représentés par l'artiste. du fait de la densité des événements, celui-ci a renoncé aux illustrations en milieu de double planche pour pouvoir construire plus de cases, et ainsi intégrer plus de dialogues qui sont régulièrement d'exposition. Toutefois, cela n'empêche l'artiste d'offrir de très belles vues, à commencer par celle d'Alger en bord de mer, puis une grande artère de Bab el Oued (une des communes de la wilaya d'Alger). Première exception à la gestion resserrée des doubles pages : une magnifique vue du ciel inclinée de l'exploitation viticole des Alban. Deuxième exception, une case panoramique de la largeur de deux pages montrant les érables commençant à rougeoyer au Québec. Troisième et dernière exception, une zone désertique et montagneuse d'Algérie. Au fil des séquences, il est donné au lecteur d'admirer les bâtiments de la prison Barberousse à Alger, des routes de campagne, la place d'armes d'un fort militaire, un superbe cèdre, la zone de parking à l'extérieur de l'aéroport d'Alger Maison Blanche avec des voitures d'époque, le bar de Baraka, un ex-compagnon d'armes d'Octave.

Comme dans le tome précédent, les personnages échangent régulièrement leur point de vue, en le développant souvent de manière étoffée. Ils expliquent ainsi leur situation, leurs convictions ou leur histoire personnelle en Algérie. Par exemple, Jacky Tobalem rappelle qu'en 1940, les lois de Vichy ont été appliquées en Algérie. le décret Crémieux a été abrogé, et les Juifs d'ici ont été renvoyés à leur condition d'indigènes. Ils ont perdu la citoyenneté française et le droit d'exercer leurs professions. Les fonctionnaires juifs ont été révoqués, les professions libérales leur ont été interdites, du jour au lendemain. Juif lui-même, il avait fait la guerre de 14-18. Il avait été médaillé. Il était à ce moment-là avocat depuis une dizaine d'années. Ses enfants ont été chassés de l'école laïque et républicaine. Nombre d'entre eux auraient fini à Auschwitz sans le débarquement en novembre 42. Les listes étaient prêtes, la police et la légion auraient fait le sale boulot. le lecteur retrouve également les personnages principaux : il a bien en tête l'histoire personnelle de chacun d'entre eux. Il constate comment les événements, la guerre en Algérie influent sur leur vie. Ils ne sont que des fétus de paille, sans aucune prise sur ces affrontements. Ils ne peuvent que subir et faire avec, plus ou moins accepter, ou se révolter, se battre, s'élever contre l'injustice. le lecteur ressent bien que le parti pris de l'auteur fait sens : il ne s'agit pas de réaliser un cours d'Histoire, mais de montrer des êtres humains dont la vie est modelée par les circonstances sur lesquelles ils n'ont aucune prise. Ils n'ont pas choisi de naître Algérien ou pied-noir, pas choisi leur communauté, pas pu anticiper les conséquences de leur métier, militaire ou médecin. Ils se retrouvent placés devant des choix impossibles : renoncer à leur propriété pour les pieds-noirs, à leurs relations pour les couples mixtes, à leur communauté pour les Algériens qui souhaitent une vie en bonne intelligence avec les Français.

L'introduction de deux nouveaux soldats amène un point de vue différent : ils viennent de France et sont plus jeunes que les personnages principaux. Ils ont déjà une appréhension très différente de la situation, pas d'attache à cette terre. L'un d'eux est un militaire de carrière appréciant la rude vie au grand air pendant les manoeuvres et les opérations, fréquentant les prostituées et les jeunes femmes peu farouches. L'autre est plus jeune, opposé à cette guerre, découvrant progressivement la réalité des atrocités commises par les deux camps. Ils sont eux aussi le jouet des forces historiques en mouvement.

Arrivé au neuvième tome, le lecteur sait que Jacques Ferrandez ne peut pas le décevoir : des dessins faisant passer l'amour de l'artiste pour les paysages de l'Algérie, des personnages ayant chacun une vie différente, un attachement à l'Algérie façonné par leur milieu d'origine et par leur parcours, incarnant par moment une des communautés, une expérience de l'Histoire à hauteur d'hommes, l'incidence des faits historiques sur ces individus. Dans le même temps, la narration nourrit aussi un vrai roman : le lecteur s'inquiète dès qu'il prend connaissance du titre. Il craint que ce chapitre ne soit fatal à l'un ou à l'autre, qu'ils n'y trouvent leur dernière demeure.
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La tragédie algérienne se poursuit, nous nous retrouvons baignés dans ces années où on parle d'opérations de maintien de l'ordre, de pacification, ou pudiquement « d'évènements » …
Comment se sortir de la folie de cette situation … « Les radicaux du FLN veulent une Algérie indépendante sans les descendants des colons, pendant que les pieds-noirs ultras ne rêvent que d'une Algérie sans les Arabes » … situation inextricable … la métropole joue la carte de la modération … la colonie, celle du rien ne doit changer !
Les dessins débordent des pages, une vue globale d'un lieu, parsemée de petites cases qui cherchent à expliquer les enjeux de la situation, on s'y perd un peu mais c'est finalement le reflet de l'époque où on ne sait pas où se situe la raison !
Le scénario se complexifie, le temps passe et le conflit s'envenime et ne peut plus laisser quiconque indifférent… il faut prendre position… où est le bien … où est le mal ?
Le travail de Jacques Fernandez pour nous exposer les faits est remarquable et laissera trace dans les anales de l'établissement de la vérité des faits qui ont constitué ce qu'on n'a pas voulu appeler pendant longtemps « la guerre d'Algérie »
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1958, retour au pouvoir du général De Gaulle.
Quasiment toute la clique des personnages de la saga encore vivants, pourtant éparpillés aux quatre vents (jusqu'au Canada) va se retrouver à l'occasion des obsèques de Casimir, avec un lourd secret de famille en toile de fond.
Encore une fois, Ferrandez va innover graphiquement dans ce nouvel album, avec du pleine page sans bordure, et par moment des cases au format paysage sur les pages en vis-à-vis. Pourquoi pas, mais il aurait peut-être fallu prévenir, j'ai mis un moment à m'en rendre compte et je ne comprenais plus rien.
Le début est un rien trop démonstratif, avec une tendance pédagogiste à faire dire aux personnages des choses qu'on ne dirait jamais. Curieux de la part d'un gars comme Ferrandez qui ne tombe jamais dans cet écueil habituellement.
Las, l'ensemble reste quand même toujours très solide, avec une superbe mise en scène du déchirement dramatique vécu par ces pieds-noirs qui voient les inexorables nuages s'amonceler au-dessus de leur destin, et réagissant soit par la douloureuse résignation, soit par la révolte jusqu'au-boutiste.
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Le tome 9, qui n'est pas celui qui m'a le plus accrochée, débute par un très joli texte de Fellag relatant des souvenirs d'enfance (il est né en 1950). Octobre 1958.
Nous entrons plus profondément dans les déchirements de tous les personnages qui sont amenés à se déterminer de plus en plus frontalement. Certains meurent, d'autres s'expatrient, Samia doit faire un choix crucial. Plus de place pour les tièdes. L'accent est mis sur la condition militaire, et j'avoue encore une fois que cela m'a assez ennuyée, bien que je comprenne que cela est nécessaire pour éviter toute caricature. Jacques Ferrandez excelle toujours dans le parallèle entre les histoires familiales et l'histoire politique, et tente de nous donner la vision la plus complète des forces en présence. le FLN sème la terreur. Jacky, l'enfant juif devenu avocat, tente de rester juste. le 03 juin 1960, on enterre Casimir. le lendemain, sur la route qui les ramène à Alger, les personnages apprennent la mort de Camus. "Alors Camus lui aussi nous abandonne...". L'histoire s'accélère, inévitable.
Lien : http://parures-de-petitebijo..
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Dégoûté de la tournure prise par la guerre, Octave est parti se réfugier au Canada en compagnie de Samia. Quand il apprend que celui qui s'est toujours considéré comme son père est mourant, il rentre en Algérie sur le domaine géré par sa mère. La propriété vinicole est loin de sa splendeur des années trente. Elle est lourdement hypothéquée et appartient presque totalement aux banques. La situation est tellement critique qu'une fois les funérailles achevées, la famille doit rentrer à Alger sous escorte militaire. Les pieds-noirs commencent à prendre conscience que luttant à un contre dix et abandonnés par le pouvoir, l'issue qui se profile devant eux ne pourra être que « la valise ou le cercueil ».
Excellent épisode de cette belle saga, « Dernière demeure » revient aux fondamentaux c'est à dire à l'histoire de la famille d'Octave. Cela permet au lecteur de mieux comprendre quel drame vivent les Algériens qu'ils soient arabes, juifs ou français, pro-indépendance ou pro « Algérie Française ». En toile de fond, la montée au pouvoir de De Gaulle suite au 13 Mai, le discours de Mostaganem, « la paix des braves », et une ligne politique ambiguë et fluctuante amenant à l'« l'auto-détermination », surprenant infléchissement pour ceux qui avaient placé tous leurs espoirs dans le général. Nous ne sommes qu'en 1960 et l'affaire est déjà quasiment pliée quels que soient les succès sur le terrain. Ferrandez revient aussi sur le décret Crémieux accordant aux Juifs la nationalité française et la refusant aux Arabes, créant ainsi, de par cette vieille loi injuste, des citoyens de seconde zone. Livre toujours aussi passionnant et aussi objectif.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
La France est généreuse, mais il suffit que le temps se gâte pour qu’elle reprenne ce qu’elle a donné…
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Le général De Gaulle vient de faire un discours. Il a appelé à la Paix des Braves. On ne peut faire la paix qu’avec ses ennemis. Moi, je te considère comme un ennemi valable. Tu t’es battu dans les maquis pour une cause que tu estimais juste. Et j’avoue que si j’avais été à ta place, j’aurais peut-être pris les armes pour libérer mon pays de l’injustice. D’ailleurs beaucoup d’officiers de l’armée française ont été de valeureux résistants pendant l’Occupation nazie. Et puis un grand nombre de tes frères ont servi la France pour l’aider à se libérer de l’oppression. Tu fais partie des adversaires que nous estimons et le sang versé aura au moins servi faire à prendre conscience à nos dirigeants du problème algérien qui est avant tout un problème de de dignité. Certains Français ne l’ont pas compris. Ceux-là n’ont plus leur place ici. Nous allons vers un véritable changement. Nous sommes prêts à offrir aux Algériens et surtout à ceux qui se battus honorablement, les postes et la responsabilité qu’ils méritent. Les chefs de wilaya auront des places de choix. Les maquis sont épuisés. Vous êtes trahis par vos leaders, bien à l’abri au Caire ou à Tunis. Vous vous battez pour votre dignité. Nous vous la reconnaissons et nous l’imposerons à ceux qui n’ont pas compris qu’une Algérie nouvelle est en marche. Nous voulons le cessez-le-feu étendu à toute l’Algérie.
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C’est vrai, j’aurais pu simplement t’accueillir d’une balle dans la tête. Mais je te connais bien et depuis longtemps. Ça a été ta chance. Les Français commettent des erreurs ridicules ! La paix des braves en est une de plus. Ils sèment le trouble et la discorde dans nos rangs pour que nous nous détruisions nous-mêmes. Certains se laissent intoxiquer et voient des traîtres partout. Ces purges injustifiées ont déjà fait trop de dégâts, Bouzid. Elles font le jeu de l’ennemi et nous privent des hommes de valeur qui nous feront défaut dans l’Algérie de demain. […] Le G.P.R.A. et l’armée des frontières ne nous aident pas beaucoup. Nos chefs, qui sont au Caire ou à Tunis nous oublient et les Français comptent là-dessus pour nous diviser.
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Savez-vous qu’en 1940, les lois de Vichy ont été appliquées ici, en Algérie… Le décret Crémieux a été abrogé, et les Juifs d’ici ont été renvoyés à leur condition d’indigènes. Nous avons perdu la citoyenneté française et nous avons perdu le droit d’exercer nos professions. Les fonctionnaires juifs ont été révoqués, les professions libérales leur ont été interdites, du jour au lendemain. J’avais fait la guerre de 14-18. J’avais été médaillé. J’étais à ce moment-là avocat depuis une dizaine d’années. Nous étions français depuis 1870 et brusquement nous n’étions plus rien. Mes enfants ont été chassés de l’école laïque et républicaine. On leur a dit : Rentrez chez vous, vos parents vous expliqueront. Il n’y avait rien à expliquer. La France est généreuse, mais il suffit que le temps se gâte pour qu’elle reprenne ce qu’elle a donné. Nombre d’entre nous auraient fini à Auschwitz sans le débarquement en novembre 42. Les listes étaient prêtes, la police et la légion auraient fait le sale boulot. Ce n’est qu’en octobre 43, grâce à De Gaulle, que le décret Crémieux a été rétabli et que nous sommes redevenus français. Aujourd’hui, je suis français au plus profond de moi-même. Je suis aussi un enfant de l’Algérie, issu dans doute de l’une des plus anciennes communautés du pays. 1000 ans, 2000 ans, davantage ? Notre inscription dans l’histoire de cette terre nous donne le droit d’y demeurer à égalité avec les autres, tous les autres.
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(général de Gaulle, 16/0959) On peut maintenant envisager le jour où les hommes et les femmes qui habitent l’Algérie seront en mesure de décider de leur destin une fois pour toutes, librement, en connaissance de cause, compte tenu de toutes les données algériennes, nationales et internationales. Je considère comme nécessaire que ce recours à l’autodétermination soit dès aujourd’hui proclamé. Au nom de la France et de la République, en vertu du pouvoir que m’attribue la Constitution de consulter les citoyens, pourvu que Dieu me prête vie et que le peuple m’écoute, je m’engage à consulter les Algériens dans leurs douze départements, au sujet du destin qu’ils veulent adopter.
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