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Citations sur Le Principe (68)

Epigraphe
Le maître dont l’oracle est à Delphes ne dit rien, ne cache rien – mais il fait signe.
HÉRACLITE,
fragment 93.

Et Il m’a dit : Entre la parole et le silence, il y a un isthme où se trouvent la tombe de la raison et les tombes des choses.
NIFFARI,
Les Haltes.

Incipit
Vous aviez vingt-trois ans et c’est là, sur cet îlot désolé où ne pousse aucune fleur, qu’il vous fut donné pour la première fois de regarder par-dessus l’épaule de Dieu. Il n’y eut pas de miracle, bien sûr, ni même, en vérité, rien qui ressemblât de près ou de loin à l’épaule de Dieu, mais pour rendre compte de ce qui s’est passé cette nuit-là, nous n’avons le choix, nul ne le sait mieux que vous, qu’entre une métaphore et le silence. Pour vous, ce fut d’abord le silence, et l’éblouissement d’un vertige plus précieux que le bonheur.
Vous ne pouviez pas dormir.
Vous avez attendu, assis tout en haut d’un piton rocheux, que le soleil se lève sur la mer du Nord.
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La bombe était peut-être le destin de la physique, son avilissement, son triomphe et sa perte.
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Partir, c'est accepter que Philipp Lenard, Johannes Stark et tous les esprits malades pour lesquels la science portait les traces de ses origines raciales s'emparent des universités pour y instaurer le règne exclusif de leur délire.
Rester, c'est se condamner à des compromissions inévitables, comme celle à laquelle Planck lui-même devra consentir, un an plus tard, en faisant le salut nazi lors d'une cérémonie d'inauguration, s'y reprenant à trois fois, comme si la vieille main tremblante d'humiliation qu'il devait lever était devenue une main de fonte.
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Il suffisait de renoncer aux questions, celles qui portaient sur une réalité physique que personne ne pouvait observer ni concevoir, il fallait oublier toutes ces histoires d'ondes et de corpuscules, d'orbites et de trajectoires, se libérer douloureusement de la nostalgie des images pour bondir d'un seul coup, par dessus l'abîme, dans le refuge des formes mathématiques, car c'est là que, depuis toujours, la raison a sa demeure - et c'est à nouveau la nuit d'été dans la cour du château de Prunn quand s'élevaient d'un violon solitaire les notes de la chaconne qui vous arrachait à votre douleur en révélant que le monde n'était pas seulement le chaos qu'il semblait être, ce grand corps disloqué, avec ses morts inutiles, ses âmes désorientées, ses vains espoirs, ses ruines, la rancœur et la colère inextinguibles, l'humiliations des diktats, et qu'il était encore possible d'avoir foi en ce que vous n'appeliez pas Dieu mais un ordre central, au sein duquel toute chose prenait sa place. Oui, vous aviez trouvé la bonne voie, la seule, c'était une certitude, et sans doute, pour un moment, vous n'avez pas douté que vous en convaincriez la communauté des physiciens.
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La bombe a fait connaissance avec ses victimes dont certaines, parce qu'elle a offert à la mort de nouveaux visages, n'appartiennent qu'à elle. Et parmi celles-ci, il en est qui ont, plus que d'autres, partagé son intimité et saisi la singularité inédite de son essence. Ce ne furent bien sûr pas celles qui furent, comme tant d'autres avant elles dans tant d'autres villes, ensevelies sous les décombres de leur maison ou qui périrent dans les incendies ; mais ce ne furent pas non plus celles qui ont vu leurs cheveux tomber ou leur peau partir en lambeaux, ni celles dont la partie du corps exposée aux rayonnements fut brûlée jusqu'aux os quand l'autre demeurait intacte et fraîche, ni même celles que la semence radioactive discrètement déposée en elles tua des années plus tard - non : les vrais morts de la bombe ont disparu sans laisser d'eux aucune trace sauf, peut-être, une vague silhouette claire sur un mur calciné, figée dans l'instant de la révélation ; le coeur d'uranium a battu tout près du leur, ils ont communié avec le fond des choses et sont revenus d'un seul coup, sans efforts inutiles, sans étapes superflues, à la substance commune qui les compose, et qui, au fond, comme leur silhouette, comme leur souvenir, comme eux-mêmes, n'est rien.
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On essaye de comprendre les choses à partir de sa propre expérience parce que c'est tout ce dont on dispose.
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On ira jamais au fond des choses, car il n'y a pas de fond des choses
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Ce que le langage des hommes exprime si maladroitement se laisse saisir d'un seul coup dans une équation d'une concision et d'une simplicité telles qu'elles en masquent la toxicité. Car bien avant de prendre la forme des inégalités mathématiques auxquelles il doit son incomparable beauté, le principe consista d'abord dans votre conviction que nous n'atteindrons jamais le fond des choses, non en vertu d'une malédiction ou de la faiblesse de nos facultés, mais pour la raison définitive et radicale que [...] les choses n'ont pas de fond.
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Vous pensiez qu'une cause qui n'est défendue que par la violence, le mensonge et la calomnie fait ainsi l'aveu de sa propre faiblesse, mais vous n'imaginiez pas le pouvoir de la faiblesse, de l'humiliation, du ressentiment et des peurs abjectes.
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Ce qui compose la substance du monde n'est pas matériel.
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