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Citations sur Le sermon sur la chute de Rome (216)

Epigraphe
Tu es étonné parce que le monde touche à sa fin ? Etonne-toi plutôt de le voir parvenu à un âge si avancé. Le monde est comme un homme : il naît, il grandit et il meurt. (...) Dans sa vieillesse, l'homme est donc rempli de misères, et le monde dans sa vieillesse est aussi rempli de calamités. (...) Le Christ te dit : Le monde s'en va, le monde est vieux, le monde succombe, le monde est déjà haletant de vétusté, mais ne crains rien : ta jeunesse se renouvellera comme celle de l'aigle.
Saint Augustin, sermon 81, §8, décembre 410
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Tu te vois passer des années ici ? Les filles qui défilent, toujours les mêmes pauvres filles. Les petits enculés du genre de Colonna. Les ivrognes. Les cuites. C’est un boulot de merde. Un boulot qui rend con. Tu ne peux pas vivre de la connerie humaine, c’est ce que je croyais, mais tu ne peux pas, parce que tu deviens toi-même encore plus con que la moyenne.
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"[...] chaque monde est comme un homme, il forme un tout dans lequel il est impossible de puiser à sa guise, et c'est comme un tout qu'il faut le rejeter ou l'accepter, les feuilles et le fruit, la paille et le blé, la bassesse et le grâce."
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Les mondes passent, en vérité, l'un après l'autre, des ténèbres aux ténèbres, et leur succession ne signifie peut-être rien. Cette hypothèse intolérable brûle l'âme d'Augustin qui pousse un soupir, gisant parmi ses frères, et il s'efforce de se tourner vers le Seigneur mais il revoit seulement l'étrange sourire mouillé de larmes que lui a jadis offert la candeur d'une jeune femme inconnue, pour porter devant lui témoignage de la fin, en même temps que des origines, car c'est un seul et même témoignage.
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Il n'y avait pas de hordes barbares. Pas de cavalier vandale ou wisigoth. Simplement, Libero ne voulait plus garder le bar. Il attendait la fin de la saison, ou le milieu de l'automne, il trouverait un travail aux filles, quelque chose de bien, et il aiderait son frère Sauveur ou Virgile Ordioni à la bergerie, ou il reprendrait ses études, il ne savait pas, mais il ne voulait plus garder le bar. Il n'aimait pas celui qu'il était devenu. Matthieu avait le sentiment d'être trahi. Et lui que ferait-il? Libero haussait les épaules.
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... il était tout entier concentré sur l'effondrement de son propre corps que l'Afrique contaminait lentement de sa pourriture vivace, il regardait la tombe de sa femme sur laquelle poussaient des plantes qu'il tranchait à grands coups de machette rageurs, et il savait qu'il la rejoindrait bientôt car le démon de son ulcère, nourri d' humidité torride, le torturait avec une vigueur inégalée comme si son intuition démoniaque lui permettait de sentir qu'à l'extérieur, dans la moiteur de l'air corrompu, des alliés sans nombre se tenaient à l'affût pour l'aider à parachever sa lente entreprise de démolition et Marcel gardait les yeux grands ouverts sur la nuit, il entendait le cri des proies, il entendait les corps de sommeilleux égarés glisser sur le sable tandis que les crocodiles les traînaient lentement vers leurs charniers aquatiques, il entendait le brusque claquement des mâchoires qui soulevaient des gerbes de boue et de sang et, dans son propre corps bouleversé, il sentait les organes s'ébranler lourdement, en se frottant les uns aux autres, pour entamer une lente rotation sur l'orbite du démon qui dressait la main au fond de son ventre, immobile comme un soleil noir, des fleurs poussaient la pointe de leurs bourgeons dans les alvéoles de ses bronches, leurs racines en filaments couraient dans ses veines jusqu'aux extrémités de ses doigts, des guerres terribles se livraient dans le royaume barbare qu'était devenu son corps, avec leurs cris de victoire sauvages, leurs vaincus massacrés, tout un peuple d'assassins, et Marcel scrutait ses vomissements, ses urines, ses selles, avec la peur panique d'y découvrir des grappes dorées de larves, d'araignées, de crabes ou de couleuvres, et il attendait de mourir seul, transformé en pourriture avant même de mourir.
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Marcel est seul, et l'heure de la retraite vient lui confirmer ce qu'il avait peut-être toujours su, il ne s'est rien passé, les lignes de fuite sont des cercles secrets dont la trajectoire se referme inexorablement et qui le ramènent vers le village détesté de son enfance (... ) A présent qu'il a porté les siens en terre, l'un après l'autre, la mission harassante qu'il a accompli doit échoir à un autre, et il attend que sa santé toujours chancelante et inaltérable soit finalement vaincue car, dans l'ordre fixé par l'état civil, son tour est maintenant venu de marcher seul au tombeau.

(p.148)
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C’est une aube étincelante dont la lumière brutale éblouit la mémoire des hommes, et leurs souvenirs douloureux sont confiés au reflux des ténèbres qui se dissipent en les emportant avec elles.
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Et ce soir-là, à table, elle ne pensait pas à lui en évoquant la richesse exceptionnelle d'un site laissé à l'abandon depuis des années, les trophées, la cuirasse ceinte du long manteau de bronze, les têtes de Gorgone disparues au fronton des fontaines de marbre, les colonnades des basiliques, et elle parlait de la gentillesse de ses collègues algériens dont elle veillait à ne pas écorcher les noms, Meziane Karadja, Lydia Dahmani, Souad Bouziane, Massinissa Guermat, de leur dévouement, du talent et de la foi avec lesquels ils faisaient surgir de cet amas de pierres muettes, pour les enfants des écoles primaires, une cité pleine de vie et, sous les yeux des enfants, l'herbe jaune se couvrait de dallages et de mosaïques, le vieux roi numide passait sur son grand cheval mélancolique en rêvant au baiser perdu de Sophonisbe et, des siècles plus tard, au bout de la longue nuit païenne, les fidèles ressuscités se pressaient les uns contre les autres et contre les chancels, en attendant que s'élevât parmi eux, dans la nef lumineuse, la voix de l'évêque qui les aimait...
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Quand on l'extirpa du ventre de sa mère, Marcel demeura immobile et silencieux pendant de longues secondes avant de pousser brièvement un faible cri et il fallait s'approcher de ses lèvres pour sentir la chaleur d'une respiration minuscule qui ne laissait sur les miroirs aucune trace de condensation. Ses parents le firent baptiser sur l'heure. Ils s'assirent près de son berceau en posant sur lui un regard plein de nostalgie, comme s'ils l'avaient déjà perdu, et c'est ainsi qu'ils le regardèrent pendant toute son enfance.
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