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EAN : 9782878627497
1 pages
Editions Thélème (14/02/2013)
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4.02/5   391 notes
Résumé :
1957. A Alger, le capitaine André Degorce retrouve le lieutenant Horace Andreani, avec lequel il a affronté l'horreur des combats puis de la détention en Indochine. Désormais les prisonniers passent des mains de Degorce à celles d'Andreani, d'un tortionnaire à l'autre : les victimes sont devenues bourreaux. Si Andreani assume pleinement ce nouveau statut, Degorce, dépossédé de lui-même, ne trouve l'apaisement qu'auprès de Tahar, commandant de I'ALN, retenu dans une ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (95) Voir plus Ajouter une critique
4,02

sur 391 notes
Un roman poignant, réaliste, où les mots violents traduisent avec force l'atroce vérité des guerres évoquées ici : la seconde guerre mondiale, la Résistance, le camp de concentration de Buchenwald , l'Indochine , les camps de prisonniers, l'Algérie, la torture …)
Les hommes y perdent leur foi, leur âme, leur humanité…
Ferrari s'appuie sur une documentation rigoureuse, sur des personnages bien campés témoins et acteurs de cette époque pour composer cette fiction.
Lecture, pour moi, à la fois douloureuse et particulièrement prenante.
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Un roman que je voulais lire déjà depuis longtemps dont on m'avait assuré qu'il était encore bien supérieur au prix goncourt "Le sermon sur la chute de Rome" qui a récompensé l'auteur. C'est effectivement un livre magistral, un texte fort. Ce livre de Jérôme Ferrari ne peut laisser indifférent. Il évoque une période noire de notre histoire, cette guerre d'Algérie que pudiquement on nommait "les évènements d'Algérie", avec ses attentats, ses règlements de comptes, ses passages à tabacs, ses tortures perpétrées par un camp ou l'autre. Un livre d'homme qui oppose deux psychologies et philosophies différentes. Celui qui obéit aux ordres et accompli sa tache de tortionnaire comme un simple fonctionnaire, et cet autre qui ne se reconnaît plus et va jusqu'à en perdre son âme... Un très grand livre, servi par une superbe plume, à découvrir...
Lien : http://araucaria20six.fr/
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Où se situent le bien et le mal, où est la trahison : dans la fidélité à un camp coupable ou dans la dissidence ? Voilà l'une des multiples questions qui taraudent le capitaine Degorce à l'heure où la torture est l'alternative à une possible défaite et où lui-même se transformera en bourreau à l'instar de ses condisciples qui ne lui inspirent que mépris...
Dans ce roman dense et bouleversant, Jérôme Ferrari nous renvoie à notre condition très humaine et très faible et assène une vérité universelle : l'homme est misérable et porte le mal en lui, le mal si difficilement discernable du Bien.
Une réflexion sombre et magnifique sur la torture, les questions morales qu'a pu soulever la guerre d'Algérie et la condition humaine tout simplement.
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Il fut une génération d'hommes qui enchaîna les guerres. Seconde, Indochine, Algérie.
Alors, quand Jérôme Ferrari nous présente l'un d'eux au cours de trois jours consécutifs de l'année 1957, on se rend compte combien cet homme a eu le temps de cogiter en étant aux premières loges pour observer le comportement humain et les arrangements que chacun s'octroie avec soi-même pour rendre la frontière du mal plus floue.
Sauf que cet homme n'est pas plus dénué de contradictions qu'un autre, comme le démontre le discours plus "entier" de la seconde voix dans ce roman.
"Chaque matin il faut retrouver la honte d'être soi-même."
Et ce n'est pas de savoir si ces deux soldats combattent pour le FLN ou l'OAS qui changerait l'interprétation de ce texte, parce que le sujet est la guerre au sens général.
C'est brillant de réflexion comme seul un bon philosophe a la capacité de le partager.
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Avec ce roman conseillé et gentiment prêté par un membre babeliote, me voilà plongée dans une histoire d'hommes, un récit de guerre, une amitié virile mais sans concessions.

Le capitaine André Degorce est un homme tourmenté.
Profondément marqué par son passé de prisonnier à Buchenwald et de combattant en Indochine, c'est avec beaucoup de difficultés et d'états d'âme qu'il remplit sa fonction de tortionnaire en Algérie.
Mal à l'aise dans son rôle, il compense en se rapprochant d'un de ses prisonniers, commandant de l'ALN et tente de se justifier.
En double narration, son compagnon d'infortune, le lieutenant Andréani, pourtant admiratif de son supérieur, en dresse un portrait lucide et implacable.

Un style très travaillé pour une réflexion riche sur le bien et le mal, sur la justification des actes de guerre, sur le sens de la mort ou de la victoire.
Tout cela dans un contexte sombre et complexe.
Un livre court mais qu'il m'a pourtant fallu du temps pour lire tant le propos est dur et lourd de sens.

Un truc de mecs, je vous dis ;-) mais un livre fort, inoubliable...
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critiques presse (1)
Bibliobs
27 août 2012
Ce roman flamboyant pourrait n'être qu'une belle dissertation un peu théâtrale. Il pourrait signer l'intrusion de la tragédie grecque dans la brève de comptoir, comme aurait presque dit Malraux. Ce ne serait déjà pas si mal. Mais le livre de Ferrari est beaucoup plus que cela, grâce à son intelligence têtue, à son amour de la Corse qui éclate partout,
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (57) Voir plus Ajouter une citation
Nous roulions dans la nuit en dehors de la ville, nous survolions la baie, ils étaient silencieux à l'arrière du camion ou dans l'hélicoptère, ils ne pleuraient pas, ils ne suppliaient pas, il n'y avait plus en eux ni désir ni révolte, et ils basculaient sans un cri dans la fosse commune, ils tombaient vers la mer dans une longue chute silencieuse, ils n'avaient pas peur, je le sais parce que j'ai regardé chacun d'entre eux dans les yeux, comme je le devais, mon capitaine, la mort est une affaire sérieuse, mais ils n'avaient pas peur, nous leur avons rendu la mort douce, nous avons fait cela pour eux, ils me rendaient mon regard, ils voyaient mon visage et leurs yeux étaient vides, je m'en souviens très bien, on n'y trouvait aucune trace de haine, aucun jugement, aucune nostalgie, on n'y trouvait plus rien si ce n'est peut-être la paix et le soulagement d'être enfin libérés car grâce à nous, mon capitaine, aucun d'eux ne pouvait plus ignorer que le corps est un tombeau.
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Le capitaine Degorce allume une cigarette qu'il fume avec soin, le front appuyé contre une vitre. Le soleil brille sur la baie et aucun nuage ne passe au-dessus de la mer mais le ciel n'est pas vraiment bleu, il est parsemé de traînées délavées, jaunâtres, qui lui donnent la teinte sale et terne de l'eau d'un étang. Dans ce pays, le ciel n'est jamais bleu, pas même en été, surtout pas en été, quand le vent brûlant du désert efface les contours de la ville dans ses tourbillons de poussière ocre et que s'élèvent des flots morts de la Méditerranée les vapeurs d'une brume éblouissante où tremble la coque rouge des cargos. Il se rappelle les vacances passées en avril, deux ans plus tôt, avec Jeanne-Marie et les enfants, le déjeuner sur la terrasse d'un hôtel de Piana, en face du golfe de Porto, la déchirure incroyablement nette des calanques sur le bleu profond d'un ciel limpide et il a du mal à croire que les rivages qu'il regarde aujourd'hui sont baignés par la même mer, qui s'étend sous le même ciel.
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J'aimais votre solitude et votre silence, mon frère, mon capitaine, j'aimais votre gaieté, j'en venais même à aimer votre piété, moi qui savais qu'au-delà des nuages de la mousson le ciel immense était vide, et l'univers aveugle, et je vous accompagnais à la messe où nous écoutions sous la pluie l'homélie d'un aumônier hagard qui levait son calice derrière un autel de planches et de tréteaux rouillés, indifférent au sifflements des obus de 105, et regardait s'incliner toutes ensemble les nuques blafardes des officiers, comme si le poids d'une caresse invisible les courbait doucement vers la terre.
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En tout homme se perpétue la mémoire de l’humanité entière. Et l’immensité de tout ce qu’il y a à savoir, chacun le sait déjà. C’est pourquoi il n’y aura pas de pardon. p 146
(...) Bien sûr, Jeanne-Marie, quelqu’un demeure à l’abri de ton coeur aimant, là où rien ne peut l’atteindre, et aussi dans le coeur des enfants, mais ce n’est pas moi. Moi, je n’ai pas de demeure, pas même en enfer. Mes bras qui se tendent vers vous devraient tomber en cendres. Les pages du Livre saint devraient brûler mes yeux. Si vous pouviez voir ce que je suis, vous vous voileriez la face et Claudie se détournerait de moi avec horreur. C’est ainsi. Quelque chose surgit de l’homme, quelque chose de hideux, qui n’est pas humain, et c’est pourtant l’essence de l’homme, sa vérité profonde. Tout le reste n’est que mensonge. p 147
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[...] si vous êtes encore capable d’honnêteté, vous devez bien admettre qu’à part moi personne n’a aimé l’homme que vous êtes réellement car, en vérité, personne ne vous a connu à part moi. Vous le savez bien, ni votre épouse, ni le garçon que vous avez élevé, ni la fille que vous avez si inconsidérément engendrée ne vous connaissent et je suis sûr que vous vous êtes souvent demandé ce qu’il resterait de leur amour s’ils pouvaient entrevoir, ne serait-ce qu’une seconde, l’homme que vous êtes réellement et que vous vous êtes ingénié à leur dissimuler pendant toutes ces années en ayant constamment peur qu’ils ne finissent quand même par le découvrir et je jurerais, mon capitaine, que vous avez préféré vivre dans la peur et le silence plutôt que de vous risquer à affronter la fragilité de leur amour. Mais moi, je vous connais, mon capitaine, je connais le goût des rancœurs qui vous brûlent la bouche, et vos errements, vos mensonges, je connais l’immensité de votre faiblesse, votre soif inextinguible de châtiment, je connais vos remords parce que je suis votre frère, rappelez-vous, nous avons été engendrés par la même bataille, sous les pluies de la mousson, et jamais je n’ai cessé de vous aimer comme un frère. Oh, je connais vos rêves secrets, mon capitaine, je les connais si bien que j’ai l’impression, certaines nuits, de vous sentir rêver en moi, à moins que ce ne soit moi qui me glisse à vos côtés dans le rêve où nous avons été emportés très loin de la terre ingrate de mon enfance, cette terre qui n’est plus la mienne et n’a jamais été la vôtre, et nous marchons tous les deux le long d’une route désertique, entre Taghit et Béchar, sous la lumière d’un croissant de lune tout jaune suspendu comme un lampadaire dans un ciel sans étoiles, nous marchons au milieu d’objets à moitié recouverts par le sable, qui jonchent le sol à perte de vue autour de nous, des escarpins aux talons cassés, des robes déchirées dont le vent du désert a effacé les couleurs et arraché les broderies de fil d’or, une darbouka crevée, un oud sans corde, des grappes de bijoux noircis, des coffrets de henné et de khôl, des culottes de satin et des morceaux de vaisselle, des breloques porte-bonheur, tout un trousseau qui s’est lentement pétrifié dans le silence de ma mémoire depuis que celle qui l’a assemblé est tombée en poussière, il y a une éternité, mon capitaine, et le vent qui souffle encore si fort n’en fait même plus frémir les reliques exsangues. Vous regardez autour de vous mais aucun de ceux que vous cherchez n’est là, aucune petite fille ne joue dans le sable, aucun petit garçon, votre épouse ne vous attend plus nulle part, et l’homme que vous avez espéré revoir toute votre vie ne viendra pas vers vous et vous essayez de crier son nom dans la nuit mais vous n’avez pas de voix et personne ne peut vous entendre. Il n’y a que moi, mon capitaine, et tout près de nous, au pied d’une dune, un petit dromadaire qui appelle inlassablement sa mère en tendant le cou sous la lune mais qui ne peut pas nous voir car une main pleine de compassion l’a aveuglé afin que nos yeux de loups luisant dans les ténèbres n’effraient plus jamais personne.
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Vidéo de Jérôme Ferrari
Jérôme Ferrari, prix Goncourt 2012, est à l'honneur de cette nouvelle séance du cycle « En lisant, en écrivant ».
Qui est Jérôme Ferrari ? Professeur de philosophie, Jérôme Ferrari obtient en 2012 le prix Goncourt pour le Sermon sur la chute de Rome, saga familiale inspirée par une phrase de saint Augustin : « le monde est comme l'homme, il naît, il grandit, il meurt.» Son dernier roman, À son image (2018), se penche, à travers l'histoire d'une photographe de guerre, sur le pouvoir évocateur – mais aussi l'impuissance – de la photographie.
En savoir plus sur les Masterclasses – En lisant, en écrivant : https://www.bnf.fr/fr/master-classes-litteraires
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