Et voilà : j'ai (enfin) terminé ces Chroniques des Elfes. Et je suis totalement envoutée par le style de
Jean-Louis Fetjaine.
Elfes, orcs, nains, gobelins, gnômes et hommes sont les populations qui vivent dans ce roman. Rien qu'en apprenant leurs présences dans les pages de cette Intégrale, je me doutais déjà que le récit allait me plaire (on est fan de
Tolkien ou on ne l'est pas...). Et je ne me suis pas trompée.
Pourtant, même si
Fetjaine suit le même "schéma" que la plupart de ses collègues auteurs de fantasy, il parvient à se différencier de ceux-ci grâce à certaines subtilités. « Les Chroniques des Elfes » sont imprégnées d'une ambiance de légende arthurienne. Et les elfes de
Fetjaine sont plus proches de créatures féériques que des elfes de
Tolkien ; même si certains elfes de la tribu de Lliane m'ont rappelé, par leurs qualités guerrières, Glorfindel (l'un des elfes vivant à Fondcombe dans le Seigneur des Anneaux).
Le premier tome, intitulé « Lliane », permet à l'auteur de présenter les personnages récurrents que nous allons rencontrer tout au long des 637 pages de cette Intégrale. L'action n'est donc pas le point fort de ce premier tome mais, pourtant, on ne s'ennuie pas une seconde. La magie des mots, que
Fetjaine attribue aux elfes (qui pratiquent encore l'ancienne langue et parviennent à influencer ceux qui les écoutent) est visiblement une qualité que l'auteur partage avec ses personnages : les descriptions nous entraînent au coeur de la forêt d'Eliande, où l'on partage la vie quotidienne des elfes sans jamais se lasser de la monotonie de leur existence. Car les elfes de
Fetjaine sont un peuple routinier et très peu protocolaire : leur roi et leur reine, les parents de Lliane, vivent aussi simplement que leurs sujets et aucun signe extérieur ne permet de distinguer leur statut.
Aucune crainte à avoir pour les fans de
Tolkien, puisqu'on ne se retrouve donc pas avec une pâle copie des Eldars et autres elfes du Seigneur des Anneaux : aucun rapport entre le faste de Fondcombe ou de la Lothlorien et Eliande. Les populations elfiques sont différentes d'un roman à l'autre ; leur cadre de vie l'est tout autant.
Ensuite, vient le second tome, « L'Elfe des Terres Noires ». L'action se précise grâce aux destins des différents personnages. On comprend, dans ce second tome, où
Fetjaine souhaite nous emmener : à la confrontation entre les différents peuples de la déesse Dana (elfes / nains / hommes d'un côté et monstres de l'autre). La guerre, qui n'était pas spécialement certaine au terme du premier tome, semble inévitable.
Les hommes sont plus présents dans ce second tome. Et leur présence donne au récit une consonance moyenâgeuse très agréable.
Enfin, le troisième tome, intitulé « le Sang des Elfes » nous parle de la guerre contre les monstres et de l'issue des différentes batailles composant ce conflit. C'est le plus trépidant des trois tomes car il fourmille de détails concernant les batailles et la tactiques employées par les diverses armées.
Ce qui m'a particulièrement frappée dans cette Intégrale, c'est la qualité des trois romans pris dans leur ensemble. A aucun moment je n'ai été confrontée à un passage de moindre qualité stylistique : l'écriture impeccable de
Fetjaine se maintient de la première ligne de « Lliane » à la dernière phrase du « Sang des Elfes ». de même, peu de répétitions sont à noter. C'est une des choses qui me fatiguent quand on lit une série de livres. Je me souviens qu'à l'époque où j'ai lu tous les tomes de Harry Potter à la suite l'un de l'autre, j'en avais assez de lire, dans chaque roman, un petit rappel de la mort des parents de Harry (par qui, pourquoi, à quel moment). J'ai adoré la saga « Harry Potter » mais je me suis quand même un peu énervée sur J.K Rowling en relisant pour la énième fois pourquoi Harry était orphelin / élevé par son oncle et sa tante / sorcier / menacé par Voldemort. Pas de rappel de ce genre dans ces « Chroniques des Elfes » où alors très diffus car, je l'avoue, je n'ai pas remarqué de passage de ce genre.
Pour terminer, j'aimerais mentionner l'évolution des personnages, très intéressante chez
Fetjaine. Même les plus odieux d'entre les héros des « Chroniques des Elfes » deviennent, à la longue, plus sympathiques. Au début, j'ai détesté Gorlois de Tintagel et Pellehun, le fils du roi Ker. Je les trouvais sournois et malhonnêtes. Mais la guerre contre les troupes de Celui-qui-ne-peut-être-nommé va révéler certaines qualités de meneur d'hommes chez Pellehun. Et l'épilogue a fini par me convaincre que le jeune homme avait définitivement changé et, surtout, mûri. Je ne dirais pas qu'il est devenu plus honnête au fil des pages, mais les épreuves qu'il a traversées l'ont rendu plus lucide.
Les nains, renfermés et taciturnes, méfiants envers les autres peuples vont eux aussi devoir changer. Même s'ils continuent à se défier des elfes, les sujets de Troïn et de Baldwin vont comprendre que seule une alliance avec Eliande et les Hommes du Lac peut les préserver des monstres des Terres Noires.
Les elfes, quant à eux, restent fidèles à eux-mêmes : un peuple féerique et proche de la nature.
N'hésitez pas à découvrir ces « Chroniques des Elfes », surtout si vous appréciez la fantasy et les récits mêlant le merveilleux et la chevalerie. Vous ne serez pas déçu !